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Ce livre court et intense nous parle de famille, de transmission, de fratrie, de folie, de deuil... Parfois, c’est après leur mort qu’on comprend mieux la vie de nos proches. Ce premier roman très intimiste nous emmène aussi dans les grands espaces de la Gaspésie. Un livre tout en finesse qui se lit d’une traite et qui marque les esprits.
Catherine M.
Paru en février 2020.
Vittorio, romancier autrefois célèbre, disparaît le soir de Noël, absent du repas concocté par son épouse. Autour de la table se retrouvent sept femmes aux relations le plus souvent teintées d’hostilité. Sept femmes qui gravitent autour de sa personne : sa mère de 89 ans, sa femme, son ex, sa sœur, ses deux filles et sa jeune maîtresse. Au fil des semaines, les masques tombent. "Car si Vittorio était leur dénominateur commun, il était aussi la raison de leur rivalité."
Roman choral psychologique, chronique drôle et féroce du milieu bourgeois milanais et du carcan familial.
Véronique
Paru en mai 2020. Traduit de l'italien par Lise Caillat. Existe aussi en version numérique.
Une vieille maison inconfortable, battue par les vents, sur le rivage atlantique. Cette demeure autant honnie qu’aimée, Hélène l’a acquise dix ans plus tôt. Qu’y trouve-t-elle sinon les traces d’une personne autrefois aimée et celles d’une légende qui résonne en elle, réveillant une blessure d’enfance jamais cicatrisée. Cet automne, Hélène s’y rend avec la ferme intention de vendre la vieille baraque. Mais c’est sans compter sur la présence de Joe qui y a élu domicile, photographe des traces d’histoire en voie de disparition qui fait le tour des blockhaus de la région, ni sur l’arrivée intempestive de Bambi, sa chère filleule. Tout ce petit monde va bousculer ses plans, de même que la rencontre avec un certain Mr Flint et une terrible tempête.
D’envolées poétiques en répliques humoristiques, la langue d’Anne-Marie Garat est superbe.
Véronique
Paru en février 2020. Existe aussi au format numérique.
Voilà un sacré grand roman d’anticipation qui se situe dans un monde hyper connecté où tous nos déplacements sont tracés, analysés afin de nous “protéger“ et de nous proposer des expériences toujours plus proches de nos “envies“. Bref, un monde idéal... Pas si sûr ! L’État a de moins en moins de pouvoir ; les entreprises privées se chargent de toute une série de services, à commencer par l’enseignement qui est complètement privatisé. Mais dans cette société où tout est contrôlé, il se raconte que des êtres vivants échappent aux radars. S’agit-il d’une légende urbaine ? S’ils existent, ces furtifs, sont-ils extra-terrestres ? Sont-ils des formes animales ? Végétales ? Humaines ?
Une lecture exigeante, interpellante et qui amplifie la compréhension de notre monde.
Catherine M.
Paru en avril 2019. Existe aussi en version numérique.
Rob Hopkins, c'est cet activiste anglais souriant souvent associé au mouvement des Villes en transition. Transition écologique, résilience face au pic de pétrole, aux changements climatiques et aux inégalités sociales : autant de concepts qu'on peut associer à ce mouvement.
Face aux questions du "que faire?" et "comment faire?", qui nous laissent souvent un amer goût d'impuissance ou de découragement, Hopkins raconte dans ce livre une kyrielle d'histoires vraies, des initiatives locales qui ont montré un potentiel de transformation étonnants: le petit groupe qui a transformé un sinistre terminal de bus en place du village verdoyante pour un jour, éveillant ainsi la conscience que c'était possible; les éducateurs qui ont réaménagé une carrière en site de formation pour d'anciens détenus; et tant d'autres.
Vivifiant, libérateur, lucide aussi, ce texte porte en son coeur un outil puissant: l'imagination. Habituellement associée au manque de réalisme, au rêve sans suite, elle est au contraire, on en sort convaincu après la lecture de ce livre, un levier incroyable de changement et d'action.
Un livre à lire, à prêter, à relire et à faire circuler !
Natacha
C'est l'histoire d'un silence, du silence lié à l'indicible et à la honte. Santiago H. Amigorena, dans une écriture douce et subtile, nous livre les pensées et la vie "rêvée" de son grand-père, juif polonais émigré en Argentine dans les années 1920, laissant derrière lui sa famille, sa mère et son frère... Comment continuer à vivre une vie insouciante et pleine de vie (il aura 3 enfants avec son épouse argentine Rosita) quand l'horreur menace sa famille à l'autre bout du monde ? Comment appréhender les nouvelles qui arrivent avec des mois de décalage et qui sont quelque peu édulcorées par la censure ? Comment arriver à comprendre et à accepter l'enfermement physique dans lequel se retrouve progressivement sa mère et qui la conduira à la mort dans les camps ? Vicente, ce grand-père qu'Amigorena n'a presque pas connu, s'est dès lors lui-même enfermé dans un silence dévastateur dont son petit-fils en porte encore le poids et les traces aujourd'hui... Magnifique texte rempli de pudeur et d'émotions.
Catherine D.
Paru en août 2019. existe aussi au format numérique.
Nous sommes dans les années 1960. Par une habile mosaïque de sources, Béatrice Kahn nous fait remonter le fil de l'histoire dans ce village, par les yeux et les oreilles d'Élisabeth, quatorze ans, dont l'amie de vingt ans vient d'être retrouvée morte près du barrage et qui se cache aujourd'hui sous la table du café de la place, à l'écoute des conversations des adultes.
Roman à la construction sans faille sans que cela le prive de poésie, Les dessous montre aussi comme la guerre et les destinées individuelles peuvent tragiquement s'entrecroiser, s'enmmêler dans la confusion.
Un coup de coeur à la fois doux et empoisonné.
Natacha
« Elles ont encore la majeure partie de leur vie devant elles. Elles font des erreurs, mais rien de fatal. Elles ne sont plus jeunes, mais ne sentent pas vieilles. La vie est encore malléable et pleine de potentiel. L’entrée des chemins qu’elles n’ont pas empruntés ne s’est pas encore refermée. Il leur reste du temps pour devenir celles qu’elles seront. »
Une belle histoire de femmes, d’amitié, où il est question de choix, d’art, de carrière, de maternité, de doutes et d’amour, le tout servi par l’écriture empathique de son autrice. Un très bon moment de lecture en ces temps troublés !
Catherine D.
Paru en février 2020, traduit de l’anglais par Elodie Leplat. Existe aussi au format numérique.
Voici une très belle biographie de Magellan qui nous replonge dans l’époque des épopées marines européennes du 16e siècle et qui nous apprend que les populations vivant à l’époque dans les îles du Pacifique étaient déjà bien plus développées que ce que l’histoire nous raconte habituellement.
On croit connaitre l'histoire mais en réalité, le prisme du lieu où ce récit a été construit, raconté, transmis aux générations doit être appliqué pour démêler ce qui relève de la vérité ou de la construction sociale, de la production d'un mythe qui arrange ceux qui racontent les faits.
Une lecture qui nous voyager et réfléchir, le tout servi par une plume belle et fluide.
Catherine M
Paru en février 2020.
Aux confins de l’Europe, la Bulgarie, la Grèce et la Turquie se partagent une frontière faite de montagnes, de forêts et surtout chargée d’histoire. Aujourd’hui, des migrants africains ou venant du Moyen-Orient tentent là-bas d’entrer en Europe, alors que durant la guerre froide, des allemands de l’Est la traversaient dans l’autre sens pour rejoindre la Turquie. Ces lieux sont aussi chargés de mystères et de légendes qui se racontent de génération en génération, qui se transforment au fil du temps.
L’autrice, bulgare, parcourt ce territoire et nous raconte la vie des gens qu’elle rencontre, de leurs familles et à travers elles, l’histoire de cette région, de l’Europe. On découvre des personnages incroyables issus de populations malmenées et déplacées au gré des remous politiques. Instructif, dépaysant, passionnant !
Catherine M
Paru en février 2020. Existe aussi en format numérique.
Françoise, la cinquantaine, s'enlise dans une vie morne. Chaque jour, elle s'acquitte de ses tâches comme une ombre discrète, les tâches ménagères dans leur appartement à la cité, les recherches d'emploi infructueuses au Pôle emploi. Son quotidien est bien terne avec un mari peu attentif, un fils unique dont les visites s'espacent. Les seuls bons moments sont ceux passés en compagnie de son amie Rose. Cette dernière, immobilisée à cause d'un plâtre, demande à Françoise de lui rendre un service : s'occuper pendant quelques semaines de la parcelle de jardin d'un potager collectif de quartier dont elle vient de devenir propriétaire. Françoise n'y connaît rien en jardinage, mais accepte. Après tout, ce ne doit pas être si compliqué, et ça lui permettra de changer d'air.
Mais aux "Beaux jours", Françoise découvre de nouveaux gestes, un nouveau rythme de vie, et la joie de travailler la terre. Elle va aussi devoir y faire sa place, apprivoiser les habitués, créer des liens. Et pourquoi pas vivre une autre vie, juste quelques heures par jour, en se faisant passer pour la veuve Rose ?
Chronique sociale, cette histoire simple et touchante nous rappelle l'importance de réenchanter le quotidien. Quelle délicatesse que ce roman graphique ! Hervé Duphot nous offre un petit bijou de fraîcheur dessiné en couleurs directes à l'aquarelle. Petite bulle d'oxygène bien agréable à lire en ce printemps.
Delphine
Paru en mars 2020. Existe aussi en version numérique.
Avec ce premier tome d'une fresque familiale qui devrait en compter trois, Leïla Slimani nous emporte dans un recit doté d'un souffle impressionnant. Elle y raconte l'histoire d'une famille franco-marocaine, inspirée de sa propre histoire familiale. Ce premier roman est consacré à la décennie 1945-1955.
En 1944, Mathilde tombe amoureuse d'Amine, jeune et beau soldat marocain venu combattre sur le front français en Alsace. Ils se marient et elle le rejoint à Meknès après la Libération. La fougueuse Mathilde rêvait d'exotisme, elle va se heurter à l'aridité du quotidien qui l'attend au Maroc. Le couple s'installe sur des terres familiales situées dans la campagne aux alentours de Meknès, érige une ferme, décide de vivre du travail de ces terres. Le labeur est harassant, les revenus maigres, l'isolement pesant, surtout pour Mathilde qui est nostalgique de la France et de l'insouciance de sa jeunesse. Deux enfants naîtront rapidement : Aicha et Sélim.
Mais le climat au Maroc est tendu, les violences envers les colons français se multiplient, le peuple marocain réclamant l'indépendance. Mathilde et Amine incarnent la mixité : elle est Française chrétienne, lui Marocain musulman, leurs enfants métissés et à mi-chemin entre les deux cultures. Une mixité bien inconfortable en ces périodes de montée du nationalisme... La notion d' "étranger" est au coeur de ce roman, le "pays des autres" est sans cesse questionné : celui des indigènes marocains et leurs coutumes étranges aux yeux de Mathilde, celui des colonisateurs français et leur arrogance envers le peuple indigène, celui des hommes qui opposent leur autorité parfois brutale aux femmes, celui des pensées d'une femme européenne comme l'est Mathilde et qui restent un mystère pour Amine... La question de la féminité est aussi sans cesse interrogée : dans cette société marocaine, mais aussi en France, quel est le devoir d'une femme, d'une mère, d'une jeune fille (la jeune Selma, soeur d'Amine y tient aussi un rôle central), quelles sont leurs libertés ?
Leïla Slimani est douée d'une grande finesse pour décrire la psychologie de ses personnages, tout en nuances. Elle est très habile pour tisser un fil narratif dense et fluide à la fois. Elle excelle dans l'art de reconstituer les ambiances colorées de ces années 1950 au Maroc, un pays écartelé entre ses traditions ancestrales et son souhait de modernité. Son écriture est à la fois précise et souple, envoûtante, on se laisse emporter au fil des pages avec beaucoup de plaisir.
Un roman passionnant, d'une grande humanité, que l'on recommande vivement et dont on attend la suite avec impatience.
Delphine
Paru en mars 2020. Existe aussi au format numérique.
"Si le collectif humain n'est qu'un noeud de relations au milieu qu'il habite, les limites dans l'usage de ce milieu ne sont plus des contraintes externes imposées par une Nature dont il faudrait s'émanciper, mais les lignes mêmes de notre visage. De notre visage réel, non fantasmé : celui d'un vivant insufflé de vie par la communauté biotique qui le porte à bout de bras."
Voici une lecture dont on ressort transformé, un peu sonné aussi, et surpris. Surpris d'avoir tant appris, surpris par la beauté des mots, supris par la force des concepts élaborés savamment par l'exemple. Car Baptiste Morizot est un philosophe engagé, pour qui le réel et l'expérience fondent la pensée, cette dernière s'inscrivant au coeur du vivant. Il nous emmène alors avec lui dans les montagnes du Vercors sur la piste des loups, et conséquemment sur celle des brebis, des bergers et de la prairie qu'ils occupent pour, tour à tour, nous faire "ressentir" leurs manières d'être. C'est avec force et subtilité que le philosophe de terrain va nous inviter à repenser la politique du vivant en remettant la relation au centre de tout, en déployant un art de l'attention, de l'interprétation, de la "diplomatie interspécifique des interdépendances comme théorie et pratiques des égards ajustés." Plonger dans le monde de Baptiste Morizot, c'est comme prendre un bain de forêt tout en pensant aux photos qu'on ira poster en rentrant sur son réseau social préféré : notre position est équivoque, un trouble d'ordre moral se fait sentir et paradoxalement, c'est à cet endroit-là précisément que nous pouvons agir, sans prendre position mais en écoutant notre "barbouillement moral" qui nous fait entrer en toute discrétion dans une politique du vivant... c'est rassurant et vivifiant!
Il y a tant à lire (et tant à dire), tant à s'imprégner et à découvrir, le tout servi par une écriture virtuose, ancrée et poétique, sensible. Une lecture vibrante, engagée, utile à tous les vivants, humains et non humains, et qui ne tombe pas dans l'opposition extractivisme versus sanctuarisation de la nature, mais qui réconcilie l'interconnectivité (pour la défense d'une culture de l'internet libre) avec l'expérience de la nature. Brillant!
Catherine D.
Paru en février 2020, collection Mondes Sauvages chez Actes Sud Nature. Disponible également au format numérique.
"Plus qu'en appeler à l'amour de la Nature, ou agiter la crainte de l'Apocalypse, il me semble qu'une voie plus ajustée aux enjeux du temps revient à multiplier les approches, les pratiques, les discours, les oeuvres, les dispositifs, les expériences qui sont capables de nous faire sentir et vivre depuis le point de vue des interdépendances. Nous faire sentir et vivre comme vivant parmi les vivants, comme eux pris dans la trame, partageant des ascendances et des manières d'être vivant, un destin commun, et une vulnérabilité mutuelle.
Paradoxalement, c'est la crise aujourd'hui qui est le dispositif de cet ordre le plus efficient : la crise des abeilles, la crise de la vie des sols, la crise des forêts amazoniennes comme puits de carbone, parce que la fragilisation d'une forme de vie prise dans le tissage fait tinter toute la trame jusqu'à nous, et nous rapelle que nous n'avons jamais été seuls, que nous ne sommes vivants que glissés dans la vie des autres, dans une situation de vulnérabilité mutuelle.
C'est l'expérience de la vulnérabilité mutuelle avec les pollinisateurs, les vers de terre, la vie des océans, qui nous pousse à sentir depuis le point de vue des interdépendances. A élargir le spectre du souci. C'est que nous traitons désormais de vivant à vivant. Et plus d'"Homme" à "Nature". Si nous sommes vulnérables à leur fragilisation, c'est qu'ils sont importants. Et s'ils sont importants, pourquoi tous les autres ne le seraient-ils pas aussi? Et, de là, la brèche est ouverte dans notre attention politique, où peut s'engouffrer le reste du vivant. C'est une manière de comprendre le déploiement si soudain d'un mouvement comme Extinction Rebellion, comme le sens profond de son mot d'ordre aux allures paradoxales : "Avec amour et rage". L'amour est le souci des interdépendances, la rage va contre ce qui les détruit."
Ce roman graphique se lit comme un polar : une histoire d'agent double, de crapule ou de héros dans l'Espagne de Franco.
Rodrigo Mendoza est journaliste culturel pour un périodique espagnol. En 1984, on lui confie l'écriture d'un article sur une exposition de photographies d'Antoni Campana, exposition consacrée à la lutte républicaine et à la résistance au franquisme. Il y découvre avec stupéfaction une photographie présentant son père comme un potentiel résistant alors qu'il l'avait toujours considéré comme un monstre, chef de la censure et de la propagande à l'époque de Franco. Mais son père est mort et ne peut donc livrer son secret depuis sa tombe. Rodrigo décide d'entamer une enquête personnelle qui l'amènera de suprises en surprises.
Le scénario de Pablo Velarde est bien doumenté et diablement bien ficelé. Au long des 300 pages, on ne s'ennuie pas une minute. Par un jeu de flash-backs (traités avec des couleurs différentes), on remonte dans le temps, et on voyage ainsi entre l'époque franquiste et la période qui suit la fin de la dictature, début des années 1980. Jusqu'à l'épilogue, qui nous réserve une surprise de taille et nous donne furieusement envie de reprendre la lecture à la première page.
Le dessin au crayon noir de Velarde est original, assez graphique, les planches sont dotées d'une atmosphère vraiment particulière qui convient tout à fait au genre du polar. Pablo Velarde a mis beaucoup d'intensité dans ce roman graphique, on sent que ce projet lui tient à coeur.
A découvrir.
Delphine
Paru en février 2020.
Jarret Krosoczka nous livre dans ce roman graphique un récit intimiste touchant : il nous raconte son enfance et son adolescence dans le Massachusetts, comment il a été élevé par ses grands-parents, sa maman étant toxicomane et son père aux abonnés absents depuis sa naissance. Il nous montre combien ses grands-parents, avec leurs caractères bien trempés et leur âge grandissant, ont été non seulement des tuteurs responsables mais aussi des proches aimants, qui ont contribué à ce que Jarret devienne ce qu'il est aujourd'hui : un adulte bien dans sa peau, un artiste aussi. Jarret Krosoczka a voulu dans ce récit montrer combien il leur était redevable, et aussi dire à ses parents qu'ils les aime malgré leurs faiblesses.
Les dessins expressifs presque caricaturaux, cernés de traits épais, sont spontanés et vivants, les ambiances colorées en gris et orange confèrent à l'objet une touche rétro, les photos et souvenirs qui agrément le récit nous rappellent que l'histoire de Jarret est vraie.
Le ton du récit est parfaitement juste : entre témoignage et humour, l'auteur se raconte avec beaucoup de sincérité et sans pathos. Ce roman graphique se lit comme un hommage, une déclaration d'amour d'un homme à sa famille pourtant ô combien dysfonctionnelle. Et une ode aux pouvoirs de la création qui ont permis à Jarret de trouver sa voie et une reconnaissance.
Belle découverte. Un livre que j'ai dévoré.
Delphine
Paru en février 2020. Existe aussi au format numérique.
Gros coup de coeur pour ce roman qui se déroule dans une cité à Marseille et dans un bidonville tout proche, occupé par des gitans sédentarisés.
Au sein d’une famille située à l’autre extrémité de l’échelle sociale si on la compare à la famille mise en scène dans Les garçons de l’été, Rebecca Lighieri met en scène un père violent et maltraitant.
Ses trois enfants tracent leur chemin entre les coups et les cris, surtout le dernier-né qui est affecté de plusieurs problèmes de santé considérés comme d’impardonnables tares par le paternel. Quant aux deux aînés, dotés d’une beauté qui fascine, il n’hésite pas à tenter d’exploiter leur apparence en les traînant de casting publicitaire en audition.
Dans ce bouleversant roman, la beauté va se loger où on ne l’attend pas, comme souvent chez Rebecca Lighieri, qui fait fleurir des éclats de lumière dans les interstices de la glauquitude.
Natacha
Janvier 2020
Lire le premier chapitre de ce livre est une expérience frappante pour toute personne qui se sent « sensibilisée » à la cause climatique et aux causes sociales… Nous serons nombreux à nous y reconnaître dans les moindres détails et cela déjà suffit à rendre ce livre particulièrement digne d’intérêt.
La suite nous plonge dans un récit d’anticipation proche, inspiré des théories dites de l’effondrement. Il nous envoie à la rencontre de personnages qui doivent, de façon soudaine, en 2022, faire face à la disparition de ce qui fait aujourd’hui le tissu de notre quotidien, dans nos pays et dans les milieux les moins précaires : énergie électrique ou autre à profusion, institutions relativement fiables qui nous prennent par la main, paix sociale, confort matériel, alimentation au bout de la rue, antidouleurs à la salle de bain et service d’urgences à moins de 15 km…
Antoinette Rychner explore, avec une inventivité parfois glaçante, plusieurs dimensions d’un effondrement de société soudain et radical. Les récits d’anticipation sont nombreux, mais celui-ci a la particularité de se situer sciemment tout tout près de nous, au point que la prise de distance fictionnelle est à peine possible.
Inconfort matériel, violences, lutte pour la survie, tentatives tantôt bancales tantôt solides de refaire société dans ces conditions tout autres...mais aussi perpétuation de la création artistique, des relations amicales complexes, des tâtonnements éducatifs… Une exploration passionnante.
Natacha
Janvier 2020
Que dire de Belt Magnet ? Belt Magnet a 38 ans, vit chez son père (sa mère étant décédée quand il était adolescent), souffre de psychoses légères. Il parle avec des objets inanimés depuis l’enfance, ressent de la compassion pour eux au point de détruire à coups de battes de baseball les balançoires rouillées qui ornent son patelin et le supplient de mettre un terme à leur souffrance. Il entreprend d’écrire ses mémoires, ce qui plonge le lecteur dans le passé de Belt et nous donne un aperçu de ce qui se joue dans sa tête. Son cerveau fonctionne comme un tourbillon, il (sur)analyse chaque situation, chaque interaction, chaque moment de son quotidien et de son passé, dans des digressions interminables.
Dans un style addictif, rythmé, inventif, des dialogues maniaques, des personnages à la logorrhée délirante, l’auteur nous partage la solitude de la folie (douce, tragique et drôle) avec une finesse et une maitrise qui imposent le respect.
Il y décrit aussi, avec une justesse et un œil visionnaires, le monde qui est le nôtre, mais qui déborde, par certains traits, dans une version dystopique mais tout à fait réaliste de ce monde. Par exemple, il explique comment les Curios, adorables animaux de compagnies créés pour apaiser les personnes atteintes de troubles comportementaux légers, deviennent avec le temps des objets de consommation massive, détournés de leur utilisation première pour expérimenter la violence et l’extase. Tout cela, jamais sans poser de jugement, à l’image de Belt, ce héros drôle et attachant, personnage principal d’un roman drôle et attachant.
Sensationnel de maîtrise et d’émotions ! Chef d’œuvre !
Olivier
Traduit de l'américain par Maxime Berrée. Paru en octobre 2019. Aussi disponible en version numérique.
Après un brutal accident, François se retrouve amputé des deux bras. A 22 ans, sa vie bascule et une nouvelle existence débute, faite de combats de tous les instants, de batailles perdues mais aussi de belles victoires. C'est une véritable métamorphose que François va opérer, il ne s'agit pas seulement de rebondir, il faut trouver une nouvelle manière d'être au monde, d'être en relation, d'exister.
Voici un magnifique roman qui parle d'un évènement dramatique et d'une vie qui bascule mais qui met surtout en scène le courage et l'espoir. Comme dans ses ouvrages précédents, Valentine Goby réussit à nous plonger dans une époque (ici les années 1950 en Europe) avec brio. On a des images plein la tête, et tout résonne avec beaucoup de justesse. A travers ce roman, c'est aussi une histoire du handisport qui nous est livrée, c'est une véritable ouverture sur cet univers assez méconnu finalement.
Une vraie réussite littéraire!
Catherine M. et Isabelle
Paru en août 2019
Nous recevons Valentine Goby à la librairie le mercredi 18 mars 2020 à 19h30.
Derrière l’immaturité, la maladresse et l’irresponsabilité de cet anti-héros alcoolique et autodestructeur, on découvre un homme touchant, noyé par l’amour. Une belle déclaration d’amour à travers le récit d’une déchirante séparation, racontée avec humour et dérision.
Olivier
Traduit de l'américain par Théophile Sersiron. Paru en janvier 2020.
Nous sommes au tout début des années 1990, dans la banlieue de Chicago. Brian Oswald a 17 ans, il est fan de musique punk, et il est en colère. Parce que ses parents font chambre à part et que leur couple n'a pas l'air de s'arranger, parce que les enseignants de son lycée catholique ont des idées trop arrêtées sur les tenues vestimentaires acceptables, parce qu'il découvre la politique et les injustices, mais surtout parce qu'il est amoureux de Gretchen, sa meilleure amie, qui ne rêve que de sortir avec un tocard de 26 ans. Ancien loser invisible, il tâche tant bien que mal de devenir cool (tout en restant authentique et punk) - même si sa moustache ne pousse pas, et qu'il est encore loin de pouvoir acheter un van pour draguer les filles.
On plonge avec grand plaisir dans la vie quotidienne de Brian: ses questionnements, sa découverte des filles, ses indignations... Le tout au rythme des groupes punks et hard rock américains et de la quête de la compil/playlist ultime qui lui permettra de déclarer sa flamme à Gretchen.
Une super découverte et un véritable régal de lecture!
Hélène
Traduit de l'américain par Estelle Flory. Paru en septembre 2019. Aussi disponible en version numérique.
Pierre Lemaitre est généreux : il nous offre avec ce roman riche en rebondissements, dense et rythmé, agrémenté d’une panoplie de personnages bien typés et de décors historique précis, une fin à sa saga en trois tomes entamée avec l’inoubliable Au revoir là-haut.
Concentrée sur une période courte, les premières semaines de la Seconde Guerre mondiale, l’invasion allemande, la débâcle française et l’exode, l’histoire est menée tambour battant par un Pierre Lemaitre qui sait doser ses effets...
Une fresque historique colorée, de belles ambiances, des situations savoureuses, de superbes méchants (dont un incroyable imposteur) et de naïfs gentils : si ce dernier tome est certes un peu moins percutant que les précédents, on ne s’ennuie pas !
Delphine
Paru en janvier 2020. Existe aussi au format numérique.
Dans ce court essai, Pascale Seys nous livre une belle réflexion sur le pouvoir de la poésie. En se référant à des auteurs classiques, elle nous rappelle que nous ne sommes pas des îles (Virgina Woolf, John Donne) et que nous vivons en constante interdépendance avec les autres, ceux qui nous entourent. Dans ce monde complexe d'interconnections, la poésie "déchire l'opacité de notre quotidien", "pulvérise" nos croyances, nous ouvre à d'autres visions du monde, et nous permet de supporter notre vie, de rendre l'ordinaire extra-ordinaire. Les poétes, tout comme les artistes peuvent être des visionnaires incroyables, nous parler de demain, bousculer nos imaginaires, proposer de nouveaux récits. Et à ce titre, ils sont tous aussi importants que les philosophes, sociologues, historiens qui étudient notre civilisation présente et passée.
Ce magnifique texte édité par l'éditrice Mélanie Godin, directrice des Midis de la poésie, nous invite donc à lire et relire de la poésie, à se laisser embaquer par les mots. Un vrai régal de lecture ! Un livre indispensable.
Catherine M
Paru en novembre 2019
Dialogue brûlant, passionné et parfois brutal entre le narrateur, père de famille quadragénaire et Laura, son amour d’adolescence, que les classes, le temps et la vie séparent.
L’auteur allie étonnamment le sensuel et le sociologique, dans une ambiance sombre et mélancolique.
Olivier
Paru en janvier 2020.
Dans son patelin, Luky tue le temps et la fin de son enfance en trainant avec ses deux potes, Abdoul et Diego. Un jour, alors que Diego raconte comment il va se faire Vanessa, Luky confie à ses copains qu’il entend des voix. Mais difficile de le croire pour Abdoul et Diego. Alors Luky se renferme un peu sur lui-même et voit se rétrécir ses perspectives d’avenir et son entrée dans l’adolescence.
Un roman touchant, des personnages attachants, et surtout, une langue singulière, entre L’attrape-cœurs de Salinger et L’été des charognes de Johannin.
Olivier
Paru en janvier 2020