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Voici un essai qui se dévore comme un roman ! L'auteur nous entraîne dans les parcs nationaux africains. Il nous raconte leurs créations et comment depuis plus d'un demi-siècle, ils organisent et régissent la vie des Africains. Ces parcs instituent une nouvelle sorte de colonialisme qui s'organise par le biais de grandes orgnisations internationales qui ont pignon sur rue et très bonne réputation.
Un document qui claque, qui provoque, qui nous fait réfléchir. C'est le genre de texte qui nous rappelle combien le monde est complexe et combien il est indispensable de comprendre avant de juger. Un texte important !
Catherine M
Paru en septembre 2020, existe aussi en format numérique.
Pedro Correa livre ici un témoignage trés émouvant et inspirant. Docteur en sciences appliqués, il est aujourd'hui photographe et auteur, après avoir travaillé plusieurs années comme cadre supérieur dans le secteur bancaire.
Dans une langue simple et qui va droit au coeur, Pedro Correa raconte son parcours et revient sur l'histoire de sa famille. Du côté de son père, son grand-père a combattu durant la guerre d'Espagne. Son père d'abord instituteur va tout faire pour éloigner ses enfants des quartiers pauvres de Madrid et va décrocher un poste de professeur à l'école européenne de Bruxelles. Du côté maternel, beaucoup de secret et de mystère entourent l'histoire des grands-parents. Sa mère devient artiste. L'héritage familial est donc chargé d'histoire et de rêve pour les générations à venir.
Pedro Correa nous raconte alors comment se libérer des "voix" intérieures, de la pression sociale et familiale, et comment écouter son coeur et suivre sa propre voie. Un texte inspirant à plus d'un titre, et trés agréable à lire !
Paru en octobre 2020, existe aussi en format numérique.
Lisette Lombé est un autrice et artiste à découvrir sans attendre. Son dernier titre en date, Brûler, brûler, brûler, est un formidable recueil de textes poétiques et de collages qui viennent percuter notre quotidien tantôt avec douceur, tantôt avec rage. Ces textes suscitent l'émotion d'une part parce qu'ils peuvent faire écho en chacun en abordant des sujets qui nous concernent tous mais sur lesquels on met rarement des mots, d'autre part parce qu'ils nous donnent aussi accès à une réalité méconnue, à un ailleurs.
Cette autrice a également publié Black words et Vénus poética aux éditions de l'Arbre à paroles, Tenir aux éditions Maelström et La magie du burn-out aux éditions Image publique. Elle a participé au recueil collectif On ne s'excuse de rien publié aux éditions Maelström. Tous ses livres sont à lire et à relire.
Les textes de Lisette Lombé sont à la fois intimes et politiques. Pongez-y sans hésiter ! Et pour la petite histoire, Lisette Lombé vit aujourd'hui à Bruxelles mais est née et a grandi à Namur. Nous espérons bien l'accueillir à la librairie dès que cela sera possible.
Catherine M
Brûler Brûler, brûler, paru en octobre 2020, existe aussi en format numérique.
Des questions qui découlent de notions abstraites telles que destin, hasard, fatalité, chance, ou quel que soit le nom que l'on donne à cet instant sidérant où, sans crier gare, votre vie sort de ses rails et vous propulse ailleurs. Vous. Alors que tout autour de vous, des millions d'êtres humains continuent leur chemin. Pourquoi? Pourquoi est-ce vous que l'Existence choisit? Pourquoi se précipite-t-elle soudain pour vous sauver, vous détruire, vous transformer, vous punir, vous récompenser, ou juste vous frôler, vous rappelant votre petitesse au cas où vous auriez l'orgueil de l'oublier?
On lit Arène comme on regarde une série : après le premier chapitre de présentation, on est happé et on ne peut plus détourner la tête des mots qui défilent sous nos yeux.
Négar Djavadi frappe fort avec son deuxième roman dont l'action, terriblement actuelle, se déroule à Paris et met en scène des personnages de la vie quotidienne (un producteur de séries télé/web, des adolescents désoeuvrés, une jeune flic au parcours sans faute, des mères et des pères de famille sans histoire, un gourou, etc.) qui vont finir par se téléscoper à la faveur d'un événement de violence policière qui va se retrouver diffusé anonymement sur les réseaux sociaux et donner lieu à une flambée de violence... Plongez dans l'Arène, vous ne le regretterez pas !
Catherine D.
Paru en août 2020. Existe aussi au format numérique.
Vous est-il déjà arrivé d’entendre une histoire au détour d’une conversation anodine, de ne plus pouvoir cesser de la ressasser les mois qui suivent et d’enfin tout lâcher pour vous y plonger à corps perdu ? C’est exactement ce qui arriva à Kirk W. Johnson lorsqu’il entendit parler lors d’une partie de pêche à la mouche d’Edwin Rist, un jeune américain, musicien virtuose, qui en 2009 s’introduisit dans un prestigieux musée d’Histoire naturelle près de Londres pour y voler plus d’une centaine d’oiseaux entreposés là depuis parfois plus d’un siècle.
Fasciné par cette affaire, il se lance dans une palpitante enquête sur ce vol, enquête qu’il nous livre dans ce récit et qu’il replace dans un contexte historique plus large. Il s’agit là aussi, malheureusement, d’un chapitre supplémentaire sur la frénésie destructrice des hommes à vouloir accaparer tout ce que la nature peut « offrir », dont sa beauté (pour le plaisir des yeux, regardez sur internet la photo d´une mouche à saumon victorienne).
Un beau livre, avec une mise en pages emplumée, et un thriller plus véridique que… nature dans le monde des collectionneurs d'oiseaux exotiques. Lecture addictive et instructive recommandée.
Gregory R.
Paru en octobre 2020, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Doug Headline. Existe aussi au format numérique.
Je ne voulais pas être considérée comme une femme s’intéressant à la science, une femme noire s’intéressant à la science, je voulais être considérée comme une scientifique, un point c’est tout.
Gifty est une jeune chercheuse en neurologie qui préfère la compagnie de ses souris de laboratoire à toute autre compagnie humaine. Lorsque que sa mère, dépressive, vient habiter chez elle alors qu'elle est sur le point de terminer sa thèse, c'est l'occasion pour Gifty, américaine d'origine ghanéenne, de revenir doucement sur son passé et de tenter de comprendre la résonnance que celui-ci a sur son présent. Elle se livre par petits bouts et au fil de la lecture, on comprend progressivement ce qui l'a menée à s'intéresser au processus de l'addiction et de la dépression, deux mécanismes qui ont détruit sa famille : son frère Nana d'abord, le héros de son enfance, adolescent promis à un bel avenir dans le basket que la drogue anéantira; sa mère ensuite, aux croyances religieuses immenses, qui ne se remettra jamais vraiment de la disparition du fils, tandis que le père a fui et est retourné refaire sa vie au pays...
Gifty se construit comme elle peut, jeune femme noire aux pays de l'Oncle Sam, partagée entre son désir de croire en un Dieu hypothétique et le besoin vital de se réfugier dans le raisonnement scientifique, ses difficultés à exprimer ses émotions que ce soit dans ses relations amicales ou amoureuses et à exister en tant que femme et scientifique.
Voici un très beau roman intimiste qui aborde subtilement la question raciale en Amérique et les difficultés rencontrées par une famille ordinaire issue de l'immigration, à travers la relation complexe qu'entretiennent la mère et la fille tout au long de leur vie.
Mais être en vie dans le monde, chaque jour, tandis que nous recevons chaque jour davantage, tandis que la nature de ce que « nous pouvons supporter » change et que nos façons de le supporter changent également, c’est une sorte de miracle.
Catherine D.
Paru en août 2020, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Damour. Existe aussi au format numérique.
Voilà un ouvrage singulier et passionnant ! De manière très détaillée, presque comme une chronique, Antonio Scurati nous relate dans de courts chapitres la fulgurante ascension du fascisme ainsi que les faits et gestes de son guide, le Duce, et d’autres personnes connues ou moins connues l'ayant côtoyé. Entre ces chapitres, l’auteur a intercalé des documents d'archives -correspondances, articles de journaux, tracts, circulaires, extraits de discours, qui répondent chaque fois à ces chapitres et inversément. L’auteur fait donc dialoguer dans un style incisif réalité et fiction, un procédé littéraire qui nous tient en haleine (le roman, qui couvre la période 1919-1925 fait tout de même 800 pages).
Il faut toutefois garder à l’esprit que ce livre n’est pas à proprement parler une étude historique sur cette période. Il s'agit bien d'un roman, avec des erreurs et des approximations, avec des inventions et des suppositions, mais un roman documenté qui à sa façon fait aussi œuvre d´Histoire. Et même si les situations ne sont jamais identiques et les comparaisons entre les époques souvent boiteuses, ce livre permettra à d’autres lecteurs que ceux habitués aux études historiques de s’intéresser à ces temps sombres de l’Italie, et aussi de faire les liens qu’ils jugeront pertinents avec la politique aujourd´hui, la montée des populismes, le pouvoir et la violence, la démocratie et les élections…
Deux ou trois autres tomes devraient compléter ce premier.
Gregory R.
Paru en août 2020, traduit de l'italien par Nathalie Bauer. Existe aussi au format numérique.
Le bois de Jeroen Brouwers est un terrible roman ! Terrible par l'histoire qu'il raconte, terrible dans le style proposé, un style qui rend bien le trouble dans lequel le narrateur est plongé et son cheminement.
Nous sommes dans les années 1950 dans un monastère franciscain qui abrite un pensionnat pour garçons adolescents au Pays-Bas. Un homme laïc, et au départ engagé comme enseignant, se retrouve dans la vie monastique et revêt l'habit de moine sans avoir mûri cette décision. Petit à petit, il se trouve démis de ses fonctions d'enseignement pour se consacrer au culte. Dans ce lieu, on éduque les enfants à la dure, les brimades et violences physiques sont quotidiennes. Et depuis l'arrivée au monastère du frère Mansuetus, cela va beaucoup trop loin... Un soir, un garçon manque à l'appel.
Une lecture qui laisse une empreinte indélébile dans le coeur du lecteur et qui nous rappelle que le silence peut être une arme et que la parole a un véritable pouvoir.
Catherine M
Paru en octobre 2020. Traduit du néerlandais par Bertrand Abraham. Existe aussi en format numérique.

Andreas Malm est un militant pour le climat qui, comme d'autres auteurs, établit un lien fort entre capitalisme et crise climatique. Dans ce livre, il se fait l'observateur et l'analyste de la première phase de la pandémie de Covid-19 et, dans une première partie, il compare les réactions des gouvernements face à deux urgences, l'urgence sanitaire et l'urgence climatique et environnementale, qui diffèrent par bien des aspects. L'essai explore ensuite les liens de cause à effet entre les déforestations massives et les épidémies ou pandémies ayant démarré d'une transmission de virus d'un animal vers l'espèce humaine. Comme l'indique le titre, Malm propose enfin une stratégie qui s'appuie sur les États pour diminuer drastiquement les émissions liés aux énergies fossiles.
Cet essaie se lit rapidement, est très accessible, cite de nombreuses sources et est porté par l'énergie électrique de son auteur.
Natacha
Paru en septembre 2020. Traduit de l'anglais par Étienne Dobenesque.
En 1666, un vieil astronome prédit une éclipse totale du soleil à venir, qui plongerait le continent dans l’obscurité la plus complète l’espace de quatre secondes. Une prédiction qui surprend, non seulement parce qu’il est le seul de ses collègues à l’annoncer mais surtout parce que ce scientifique est aveugle. Intrigué, le jeune Leibniz va partir à sa rencontre. Ce livre raconte leur entrevue inédite, le dialogue des deux hommes durant les trois heures qui précèdent ladite éclipse, retraçant l’histoire du savant et de sa prédiction, à coup d’anecdotes fantasques et de digressions tantôt loufoques, tantôt interminables, souvent les deux à la fois.
Un roman subtilement drôle, tout à fait étonnant, dans un style flamboyant et (très) digressif. On se demande en permanence ce qui tient de la réalité ou de l’invention pure et dure. Une lecture exigeante, qui pose aussi de vraies questions philosophiques, sur le mode de l’absurde ou de l’anecdote, mais qui en vaut le détour !
Olivier
Paru en août 2020, traduit de l'américain par Claro. Existe aussi en version numérique.
Quelle claque que ce premier roman de Stephan Markley, le genre qui vous laisse un peu assommé une fois la dernière page achevée. Originaire de l’Ohio, Markley appartient à cette génération – il a 35 ans, qui a vu son pays basculer après le 11 septembre, une génération qui a connu la guerre, la crise des subprime, le déclin économique, la montée du populisme, l’explosion de l’usage des opioïdes,… Ohio, c’est justement l’histoire de quatre trentenaires, anciens élèves du lycée de New Canaan, qui se retrouvent par hasard réunis dans cette petite ville où ils ont grandi. Par hasard, oui mais pas tout à fait, car de bonnes raisons de revenir à la « maison », ils en ont tous les quatre : tout ce qui s’y est vécu -les amours, les addictions, les traumatismes et les mauvais choix, marque encore aujourd’hui leur vie et éclaire leur présence ce soir-là.
Ohio réussit la prouesse d’être à la fois un roman à suspens, mais également un grand roman politique. En explorant successivement le passé de chacun des protagonistes, Stephan Markley nous fait découvrir une jeunesse paumée, une Amérique déboussolée, meurtrie, prête à se laisser gouverner par des leaders qui encouragent la violence et prônent des solutions simplistes. Une claque par le contenu donc, mais aussi une claque par la qualité littéraire. Par la construction de l’intrigue et par cette écriture qu’on pourrait qualifier de magnifiquement noire, agressive et crue, mais jamais loin de la poésie non plus, qui porte au mieux le lecteur dans ce climat réaliste et sombre qu’est celui de New Canaan, Ohio.
Un premier roman (up)percutant qui demande à être apprivoisé à la lecture des première pages mais qui ne peut plus être lâché lorsque les pièces de l’intrigue se mettent progressivement et terriblement en place!
Gregory R.
Publié en août 2020, traduit de l'anglais (américain) par Charles Recoursé. Existe aussi au format numérique.
Ce roman est une toile, en cours de tissage, belle et subversive.
Nous sommes dans un grand-duché où le luxe, les cadres sous pression et les auteurs à succès cohabitent avec les migrants malmenés en attente de droit d'asile, les associations qui les soutiennent, et toute une classe moyenne sur le fil, qui réfléchit et agit.
On suit et on s'attache à plusieurs personnages, dont la trajectoire est éclairée par un texte en cours de construction, un pamphlet politique construit par un groupe de personnages qui se répartit le travail, fait oeuvre critique et reformule ce qui deviendra un manifeste anticapitaliste. C'est parce que ce texte, dont la beauté tient aussi à ce qu'on le voit se construire sous nos yeux, porte une lumière crue sur les destins des personnages du roman, qu'il a tout son intérêt et qu'il prend une dimension palpable, concrète. Les idées ne survolent pas le paysage de loin, elles se vivent et s'illustrent dans les vies qui s'entrecroisent, nous touchant au coeur.
C'est aussi grâce à cet entrecroisement de personnages que Diane Meur, bien loin d'enfoncer des portes ouvertes, s'attèle à crocheter avec soin des serrures diablement bien sécurisées.
Un roman soigné, qui fait bouger les lignes.
Natacha
Paru en août 2020.
Alice Zeniter prend ici une photo instantanée d'une grande netteté de la France de 2019, à travers le prisme de l'engagement politique, interpété de deux manières : la manière "classique" pour le personnage d'Antoine, assistant parlementaire, la manière "underground" pour le personnage de L., hackeuse militante et peut-être pourchassée dans la vraie vie.
La romancière du magnifique Art de perdre change de décor et fait oeuvre utile en documentant l'univers du web souterrain de façon passionnante et hyper accessible à ceux qui en ignorent tout, et en montrant au passage qu'une partie du monde politique le méconnaît, voire le sous-estime. Elle nous présente aussi deux personnages de sa génération, attachants, d'une belle épaisseur psychologique et formidablement "de leur temps".
Très bon roman, sur fond de gilets jaunes, de changement de société, de juste-avant-covid.
Natacha
Paru en août 2020, existe aussi au format numérique.
Aux quatre coins du globe, des jeunes aventureux aux profils variés sont sollicités et réunis autour d'un projet de grande envergure, destiné à repenser la crise climatique. Cette initiative ambitieuse sera détournée dans le but d'initier une véritable révolution climatique, quitte à parfois user de la violence.
Un roman total qui aborde des thématiques contemporaines de manière innovante, en variant les registres de langue avec brio et en parvenant à nous tenir en haleine jusqu'au bout.
Olivier
Paru en août 2020. Existe aussi en version numérique.
Emmanuel Carrère n'est pas un écrivain comme les autres, c'est sûr, entre autres choses parce qu'il n'hésite pas à se livrer tout nu même, et surtout, lorsqu’il se sent perdu et écrasé par le poids d’un moi trop envahissant, trop changeant. Alors oui, depuis longtemps, pour calmer ses démons, il pratique le yoga, la méditation. Avec succès semblait-il. Devenus à la mode aujourd’hui mais souvent pratiqués sans en connaître plus loin, Emmanuel Carrère s’était résolu il y a quelques années de là à écrire un livre « subtil et joyeux » sur le sujet. Si ce n’est qu’entretemps beaucoup de choses se sont passées dans le monde et dans la vie de l’auteur -notamment un internement en hôpital psychiatrique où une bipolarité de type 2 lui a été diagnostiquée, et que le livre a dévié de sa tonalité et, partiellement, de son intention initiale.
Parsemé de citations, d’anecdotes et d’expériences pleines d’à-propos, d'humour aussi, ce roman nous révèle alors le chemin thérapeuthique d’un homme qui essaye d'écrire sur lui-même en trichant le moins possible et qui, à travers ces écrits, cherche ce qui peut être dit de la condition humaine. Terrassés que nous sommes par celle-ci -à des degrés divers tout de même, l’auteur nous laisse finalement entrevoir l’espoir d’une vie plus apaisée par la pratique, si ce n’est comme lui de l’écriture, de toute autre discipline pouvant mener à une meilleure connaissance de soi et à la réalisation de notre désir de salut… et par l’amour aussi. Un introspection bouleversante, avec cette qualité d’écriture incroyable qui caractérise les œuvres d’Emmanuel Carrère… on ne referme le livre qu’une fois achevé !
Gregory R.
Paru en août 2020. Existe aussi au format numérique.
Sa famille ayant toujours vécu à la campagne -mais lui-même ayant grandi à Paris, Serge Joncour a voulu replonger dans ses souvenirs familiaux, ceux d’un monde rural proche de la nature mais radicalement transformé par l’évolution rapide du monde et de la société durant la seconde moitié du 20ème siècle. Il s’en inspire pour son nouveau roman au long duquel il nous invite à partager l’histoire des Fabrier, agriculteurs dans le Lot depuis plusieurs générations. Et plus particulièrement celle d’Alexandre, seul garçon de la fratrie, qui va vite comprendre que ses trois sœurs ne portent aucun intérêt à la ferme et que c’est à lui que va incomber la lourde charge de reprendre l’exploitation.
Nous sommes au milieu des années 70, les idées politiques, les progrès techniques, les habitudes de consommation, le travail et les loisirs, tout change à une vitesse considérable, sans compter les catastrophes industrielles. Et ce n’est pas à ceux qui partent vers la ville pour être acteurs d’un monde nouveau que Serge Joncour s’intéresse mais plutôt à ceux qui restent et vont se faire rattraper par ce monde nouveau, « mondialisé ». Que va devenir le métier d’agriculteur?.... nouvelles machines, nouvelles étables, nouvelles nourritures pour le bétail, obligation de voir « grand », faut-il tout changer et s’endetter à vie pour livrer le nouvel hypermarché (les expéditions la famille Fabrier au Mammouth valent presque à elles seules la lecture)? Ou doit-il rester là à préserver et entretenir ce bout de nature qu’aime tant Constanze, cette jeune est-allemande -qui fréquente des groupes d’activistes !- dont il est tombé follement amoureux mais que les aspirations professionnelles portent loin de la France?
Quel rapport veut-il finalement avoir avec cette Nature dont il n’est, comme tout un chacun, qu’une seule pièce de l’ensemble ? Le livre se dévore ! On s’attache rapidement aux Fabrier, à leur façon d’analyser et de traverser ce bout de 20ème siècle (de 1976 à la fin des années 2000), et à leur histoire qui se révèle être une captivante chronique de la société française de cette époque.
Gregory
Paru en août 2020. Existe aussi au format numérique.
Dans les années 1980, à l'âge de trente ans, Eddy L. Harris ressent le besoin de vivre une expérience hors norme. Il est depuis son enfance fasciné par le Mississippi, ce fleuve mythique qui traverse les Etats-Unis du Nord au Sud. Il décide de le descendre en canoë depuis sa source dans le Minnesota jusqu'à son embouchure dans le Golfe du Mexique et se lance dans l'aventure, sans doute innocent des dangers qui l'attendent : le trentenaire n'a jamais canoté plus de quelques heures dans sa vie, est équipé assez sommairement d'une tente et de quelques sacs étanches pour protéger son matériel de survie assez rudimentaire. Il n'a jamais non plus expérimenté la solitude. Mais il est bien décidé à parcourir les 6500 km de l'Old Man River, à la force de ses bras. Et à découvrir les différentes visages de l'Amérique, les ambiances contrastrées entre les états du Nord et les états du Sud, à rencontrer ses habitants tout en prenant la mesure du racisme : Eddy L. Harris a la peau noire, et ne s'est jamais vraiment vécu comme Noir jusqu'à ce jour. Ce voyage sera l'occasion de sonder le coeur des Américains et de plonger au plus profond de lui-même.
Ce livre est à la fois un récit de voyage, une étude sociologique sur l'Amérique, une description fascinante de la beauté et de la force de la Nature, un récit intimiste et philosophique sur la solitude et la quête du bonheur. C'est un texte passionnant, palpitant et émouvant.
Trente ans plus tard, Eddy L. Harris revient sur ce livre qui a été décisif dans sa carrière d'écrivain et sur cette expérience qui l'a marqué. Pour le bien d'un documentaire, il a décidé de refaire le même voyage.
Publié aux Etats-Unis en 1988, Mississippi Solo est publié pour la première fois en français. Ce texte important, plébiscité Outre-Atlantique, méritait une traduction en français, c'est désormais chose faite, grâce au travail éditorial des éditions Liana Levi. Merci à eux !
Delphine
Paru en septembre 2020. Traduit de l'américain par Pascale-Marie Deschamps.
Après Au bord de la Sanda, ce roman constitue le deuxième ouvrage consacré à la solitude par Gyrdir Eliasson. A la manière d’un peintre, cet auteur islandais écrit par petites touches qui composent elles-mêmes un tableau plus général ; celui d’un romancier peu inspiré venu se réfugier dans une minuscule cabane, dans un village isolé, au bord de la mer, pour achever un roman qui décidément n’avance pas. Ces multiples petites touches sont autant d’états d’âme d’un artiste qui se frotte aux vertiges de la solitude et des questionnements relatifs à la création littéraire. A quoi donc se rattacher dans ce monde qui ploie sous les mauvaises nouvelles ? Aux rêveries que suscitent les moindres manifestations de la nature? A l’amour ? A soi-même ? Aux feuilles de papiers qui sortent de sa vieille machine à écrire ? Ou alors à rien, s’effacer jusqu’au néant ? La force de ce beau roman est de nous confronter à des banalités qui d’apparentes peuvent aussi se révéler fulgurantes et poétiques et dans lesquelles se dévoilent les difficultés du processus créatif d’un écrivain qui ne manque pas d’un certain et désabusé humour.
Gregory R.
Paru en septembre 2020, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson.
Enquête passionnante sur la famille Rimbaud - celle d’Arthur bien sûr, mais aussi celle de Frédéric, son frère; une famille qui n’a cessé d’effacer toute trace de ce dernier de la mythologie du génial poète afin de ne pas en altérer son éclat. David Le Bailly nous emmène dans son voyage au coeur des Ardennes, à la recherche de documents, de personnes même encore, qui pourraient l’éclairer sur la vie de ce frère maudit. Et c’est justement parce que celui-ci a « raté » sa vie que l’auteur-journaliste s’intéresse à lui, parce qu’il ne veut pas se contenter de l’Histoire véhiculée par les canaux officiels mais plutôt essayer de retracer une autre Histoire, celle vue et vécue par des personnages mineurs. Le Livre alterne des chapitres où l’auteur nous explique son enquête et d’autres où il laisse libre cours à sa plume et à son interprétation de ce que fut, au sein de cette famille obsédée par la position sociale et la réussite matérielle, la vie de Frédéric -qui n’a sans doute pas tout raté!
Un vrai plaisir de lecture !
Gregory R.
Paru en août 2020. Existe au format numérique.
Très, très beau livre… dans cette situation politique inextricable que semble être le conflit israélo-palestinien, il se trouve encore et toujours des hommes pour qui la vengeance et le cloisonnement sécuritaire ne sont que des illusions destructrices. Deux pères, l’un israélien, l’autre palestinien. Tous deux détruits par la disparition de leur fille dans cet engrenage de violence. Une vie à reconstruire et un sens à retrouver. En mille petits chapitres qui sont le reflet des nombreuses facettes de ce conflit, Colum McCann nous raconte l’histoire de ces porteurs de paix et comment la volonté de sauver des vies a pu naitre de leur douleurs et de leur chagrin.
Un livre exigeant mais qui nous touche et interpelle.
Gregory
Paru en août 2020. Traduit de l'anglais (Irlande) par Clément Baude. Existe aussi au format numérique.
« Il ne reste presque plus rien à La Bassée : un bourg et quelques hameaux, dont celui qu’occupent Bergogne, sa femme Marion et leur fille Ida, ainsi qu’une voisine, Christine, une artiste installée ici depuis des années. On s’active, on se prépare pour l’anniversaire de Marion, dont on va fêter les quarante ans. Mais alors que la fête se profile, des inconnus rôdent autour du hameau. »
Roman noir, polar psychologique… aucun de ces deux adjectifs n’est galvaudé ! Plus de 600 pages pour nous relater une nuit fatale dans le hameau des Trois Femmes Seules, îlot de vie abîmé et planté au milieu de nulle part. Disons-le tout de suite, ce livre est une sorte de goutte-à-goutte, vicieux et cruel. Un drame va se jouer, on le sent assez vite, mais Laurent Mauvignier prend son temps. Car c’est dans la tête de chacun des protagonistes qu’il veut nous faire plonger, c’est là qu’il donne au récit toute son ampleur, le fait se dilater dans le temps et éclaire à l'aide d'une lampe torche les recoins que certains ont voulu les plus cachés. Le texte est certes long mais aucun mot ne semble pouvoir être retiré au risque de ne plus être capable de cerner au mieux les résolutions, les doutes et les peurs des personnages, de ne plus saisir pleinement comment leurs blessures et leurs secrets, mais aussi leur amour, ont pu engendrer un tel enchainement. Un excellent roman que vous ne lacherez pas malgré son poids!
Gregory
Paru en septembre 2020. Existe aussi au format numérique.
Never(s) ets un très beau roman sur la présence et l'absence, doublé d'une subtile réflexion sur le pouvoir de l'écriture.
Etiennette et Georges se rencontrent à Casablanca en 1942, elle est enceinte d'un soldat qui l'a abandonnée et est rentré au pays, il est amoureux d'elle et sera le père de son fils Jean, sourd de naissance. Engagé volontaire, Georges part aider à la libération de la France en 1943 juste après leur mariage et sera ensuite affecté en Indochine jusqu'en 1948. Etiennette quant à elle, doit quitter le Maroc pour une petite bourgade française près de Nevers où elle sera accueillie comme une étrangère avec ses deux enfants par la famille de son mari. Ce sera donc six longues années remplies de centaines de lettres, une relation épistolaire avec ses hauts et ses bas, pour apprendre à mieux se connaître, pour se dire des choses indicibles en vrai, pour écrire le roman de leur rencontre, de leurs premières années de mariage.
Etiennette est la grand-mère de Frédérique Berthet, elle lui a légué une petite valise remplie de ces lettres dont elle n'avait jamais (never) parlé à personne. Et l'une comme l'autre, ont fait "des écritures" pour raconter cette histoire d'amour.
Magnifique de délicatesse et de profondeur des sentiments !
Catherine D.
Paru en mai 2020. Existe aussi au format numérique.
Du jour au lendemain, le patron de cette petite imprimerie à l’ancienne disparaît, entraînant dans sa foulée la mise sur la touche de ses quatre employés. Désœuvrés par l’arrêt subit de leur activité, ils se retrouvent dans un bar pour noyer leur désarroi dans des litres de schnaps. Nous sommes dans les années 1970 en RDA et ces quatre destins marginaux vont raconter des révoltes sourdes, quasi invisibles, contre leur quotidien. Les révoltes des laissés-pour-compte de l’époque du Mur. Un petit concentré de puissance. Étrange, troublant, tendre et drôle.
Olivier
Paru en octobre 2019. Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine. Existe aussi en version numérique.
Le narrateur traverse l’Allemagne de fête en fête, bravant les gueules de bois et les rencontres sauvages dans une épopée drôle et pleine de sentiments malgré la froideur des personnages qu’il rencontre. Il dépeint la jeunesse allemande des années 1990 et sa consommation de toutes sortes de drogues, avec cynisme et drôlerie. Au travers d’un ton brut et d’une voix d’une honnêteté troublante, il dresse un constat glaçant d’une jeunesse privilégiée, envahie par le vide. La ressemblance avec Bret Easton Ellis est frappante, si ce n’est qu’on trouve chez Kracht une dose d’humour qu’il décline avec adresse, dans une langue directe. Admirable.
Olivier
Paru en septembre 2019. Traduit de l'allemand (Suisse) par Corinna Gepner. Existe aussi en version numérique.