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Gus Voorheest, médecin dans un Centre pour femmes, dans l'Ohio, est assassiné le 2 novembre 1999, par Luther Dunphy. Gus est un idéaliste et un travailleur acharné, père de trois enfants, Naomi, Darren et Mélissa, il s'éloigne souvent de sa famille pour accomplir ce qu'il considère comme son devoir. Dans l'Etat de l'Ohio, un mouvement antiavortement très organisé est financé par des Républicains conservateurs. Bien que Gus sauve des foetus, autant qu'il pratique l'avortement, pour ses ennemis, il est un "tueur d'enfants".
"Les gens qui venaient à la clinique devaient passer devant ces ardents chrétiens ...qui s'élançaient souvent en hurlant à l'arrivée d'une jeune fille ou d'une femme;"
"Fervents, exaspérants, semblant répéter infatigablement, à l'infini, ces mots... cessez de vous mentir, aucun bébé ne choisit de mourir..."Dieu aime votre bébé.."
Luther Dunphy est un excellent charpentier, un peu bourru, de 39 ans. Qu'est-ce qui a pu pousser ce père de famille à un tel crime ? Luther, blessé par différents événements qui ont jalonné sa vie, se sent investi d'une mission divine qui lui occulte la réalité. Meurtri, par un sentiment de culpabilité dans l'accident mortel qui a tué un de ses enfants et, par son échec à l'école pastorale, qui l'a empêché d'être le pasteur de l'église qu'il fréquente assidûment, l'église missionnaire de Jésus de Saint Paul. Sa rencontre avec le charismatique activiste antiavortement , le professeur Wohlman, sera décisive. "Nous déclarons notre allégeance à la Parole de Jésus et non à la Loi des hommes.
Ce meurtre et ses conséquences dramatiques laissent leurs familles respectives dans un désarroi extrême. Les deux filles aînées sont particulièrement ébranlées par la perte de leur père. Sept ans après l'enterrement de Gus, Naomi cherche à en dresser le portrait et retourne sur les lieux des faits. Dawn Dunphy se lance dans le monde de la boxe comme exutoire et cherche à dépasser ses limites.
Sept ans après la tragédie, trouveront-elles une forme de paix ?
J.C Oates construit ce roman sous forme de kaléidoscope et donne la parole à tous les protagonistes. Elle étudie chaque personnage, ses motivations, les justifications que chacun se donne. Elle met en cause la frontière ténue entre le bien et le mal, sans jugement. Brillant!
Véronique
Paru en septembre 2019, traduit de l'américain par Claude Seban. Disponible également au format numérique.
Coup de coeur absolu pour ce premier roman graphique d'une beauté bouleversante, aussi bien par son propos que par son dessin.
Son jeune auteur, AJ Dungo, entrelace avec talent l'histoire du surf à Hawaï (et de deux grandes figures historiques qui ont marqué l'histoire de cet art) et un récit autobiographique. Il faut dire que son rapport au surf et à l'océan est intimement lié à son histoire d'amour pour Kristen, son amoureuse depuis l'adolescence malheureusement disparue après une longue lutte contre le cancer. AJ Dungo nous parle des beaux moments, des épreuves aussi, jusqu'à la douleur de la perte... Il souligne le rôle primordial qu'a tenu le surf dans leur relation. L'émotion est palpable de bout en bout mais le ton n'est jamais larmoyant. On sent tout l'amour et le respect qu'il éprouve pour Kristen. Et de respect il est aussi question quand il évoque l'histoire de Duke Kahanamoku (1890-1968) et de Tom Blake (1902-1994), ces hommes qui ont permis au surf de devenir aussi mythique. Les deux récits, aux ambiances colorées bien distinctes (tons bleus pour son histoire personnelle, tons sépias pour l'histoire du surf) sont passionnants et se mêlent avec naturel.
AJ Dungo n'a pas seulement le talent de raconter avec des mots, il est surtout très doué pour raconter par l'image. Ligne claire, dessin épuré, coup de crayon délicat : peu de traits mais beaucoup d'effet. Et le traitement en bichromie crée des atmosphères très singulières dans lesquelles le lecteur s'immerge avec bonheur.
Le résultat est étonnant et très sensible. AJ Dungo est une nouvelle (et très prometteuse) voix du paysage de la BD américaine. Un auteur à suivre très certainement !
Delphine
Paru en août 2019.
Un duo de choc (Alain Ayroles au scénario, très en verve, et Juanjo Guarnido au dessin, au sommet de son art de la caricature et de l’ambiance) signe cette réjouissante et généreuse BD digne des romans picaresques le plus extravagants de l’âge d’or espagnol !
Ils poursuivent les péripéties du héros racontées dans L’histoire de la vie de l’aventurier don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et miroir des filous, un récit signé par Francisco de Quevedo et publié en 1626. Ce récit promettait un second opus, jamais écrit... C’est désormais chose faite sous la plume de nos très inspirés auteurs.
Alain Ayroles et Juanjo Guarnido s’en donnent à cœur joie pour nous conter les (més-)aventures de cette fripouille de don Pablos Ségovie au cœur des contrées sauvages des Indes (entendez le continent d’Amérique). Et nous donnent une savoureuse leçon sur l’art de berner les plus puissants de ce monde avec panache !
Cette BD très grand format aux ambiances presque picturales, certes un peu plus chère que la normale, vaut bien le détour. Un récit truculent servi par des planches d’une beauté époustouflante.
A lire absolument !
Delphine
Paru en août 2019. Existe au format numérique.
Une sombre affaire de famille, dans un univers d'une violence inouïe.
Un père, deux frères, appartenant à des camps opposés.
Un pays, dont on parle si peu : la Colombie, en proie aux difficultés de la "réconciliation" (qui veut la paix, qui s'y oppose, et pourquoi ?)
Un thriller haletant, nerveux, à déconseiller tout-de-même aux coeurs sensibles, même s'il est, aux dires de l'auteur, très en-deçà de la réalité !
Avec Paz, Caryl Ferey continue d'explorer l'Amérique latine, après Mapuche et Condor.
Véronique
Paru en octobre 2019. Existe aussi au format numérique.
Aucun pathos dans l’histoire de cette jeune fille désorientée qui raconte le suicide de sa mère et la folie de sa sœur, sans avoir l’air d’y toucher, par des traits délicats et lumineux. Au travers de chapitres courts et incisifs, on pose la question du deuil, de l’hérédité, des peurs, de la tristesse, sans que la lecture ne pèse un gramme. Un roman touchant, qui fait souvent sourire, presque innocent, au style unique et dans une langue qui respire et n’en fait jamais trop.
Olivier
Paru en août 2019. Disponible aussi en version numérique.
1947, à Madagascar, la colère gronde au sein d’un peuple opprimé par le pouvoir colonial. Anciens soldats ayant servi pour la France, tirailleurs méprisés par une nation qui les a utilisés puis abandonnés, c’est tout un peuple qui menace de se révolter par les armes. Parmi eux, Zébu Boy, combattant fort et sans pitié, cherche à se reconstruire après une guerre qui a laissé trop de marques et à effacer les injustices du passé. Il finira, avec ses camarades du front, par incarner la révolte rageuse de ses compatriotes, un peu malgré lui, hanté par les images de la guerre.
Un roman fort qui traite d’un pan oublié de l’histoire à travers un personnage ambivalent ; attachant et dur, rempli de tendresse et de cicatrices, fier et altruiste. Parfaitement documenté, on nous plonge dans la fureur de l’injustice et de la violence, dans la dureté de la guerre et du deuil, grâce à des mots incisifs et percutant.
Olivier
Paru en août 2019. Disponible aussi en version numérique.
À 26 ans et après avoir accompli des études de philo sans jamais vraiment se frotter à la vie, Theodore-James Libski tourne en rond, entre ennui et oisiveté. Pour remédier à cela, son père l’envoie prendre part à une expédition ayant pour but d’observer la migration d’animaux en voie d’extinction. Theodore-James s’engage alors à bord de l’Izoard où il rencontre un équipage hétéroclite, formé de personnages rocambolesques. Leur navire traverse ainsi le globe à la rencontre d’espèces animales rares. Notre héros goûte lui à la vie et ce que le monde a à lui offrir.
Une premier roman drôle, parfois loufoque, au style singulier et à la langue riche et foisonnante.
Olivier
Paru en août 2019. Aussi disponible en version numérique.
Comment un des magnats les plus en vue de New York voit-il la vie qu'il a bâtie se déliter petit à petit jusqu'à s'effondrer ?
Jay Gladstone, la cinquantaine fringante, est à la tête d'une considérable fortune immobilière. Il est également le propriétaire d'une équipe de basket, une passion qui date de sa jeunesse.
Une erreur fatidique l'entraînera dans une chute vertigineuse. Et ce renversement de situation est mené tambour battant, dans une Amérique à l'ambiance électrique.
Ne pas trop dire ...
Le bûcher des vanités de Tom Wolfe compte parmi les romans préférés de Seth Greenland. A la lecture de Mécanique de la chute, personne ne s'en étonnera.
Véronique
Paru en août 2019, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch. Existe aussi au format numérique.
Karine Tuil nous offre un excellent roman ancré dans le réel d'une société dirigée par les médias, le pouvoir et l'argent et à la lecture de celui-ci, on ne peut s'empêcher de rapprocher son travail de celui de l'écrivain journaliste Tom Wolfe.
Jean Farel, star du journalisme politique français au bras long, se pavane sur les réseaux sociaux tout en entretenant des liaisons avec de jeunes et jolies femmes; son épouse, Claire, est une essayiste féministe reconnue pour ses engagements et depuis peu, en couple avec un professeur de confession juive; et enfin, Alexandre, leur fils chéri, est étudiant aux Etats-Unis et de passage à Paris pour assister à la cérémonie de décoration de son père à l'Elysée... Et c'est par ce fils introverti, peu sûr de lui mais ne doutant pas de sa qualité de mâle dominant, meurtri par un chagrin d'amour, que le scandale va arriver, lorsqu'il se retrouve accusé d'un viol qu'il doute avoir commis...
Il y avait toujours un moment dans la vie où l'on piétinait ses idéaux avec une velléité suspecte.
Karine Tuil porte un regard incisif et tranchant sur les rapports humains qui se délitent lorsque surgit un "incident" qui ne permet plus le retour en arrière. Elle dissèque avec brio les pensées, sentiments et actions de ses personnages qui, tout en dénonçant leur perversité, nous ébranlent dans nos certitudes. On sombre avec eux dans les tentatives de corruption, on baigne dans la manipulation médiatique, parentale, amoureuse, filiale, on frissonne à l'évocation des détails scabreux et surtout à la lecture des mots de ceux qui veulent protéger à tout prix ce fils immature élevé comme un roi; et puis, on referme ce livre en conservant un arrière-goût de questions restées sans réponse... Intelligent, acéré, Les choses humaines est le roman du pouvoir des médias, du pouvoir tout court, et d'une époque par laquelle #metoo est passé. Brillant !
Catherine D.
Paru en août 2019. Existe aussi au format numérique.
Ils s'appellent Bern, Nicola et Tommaso. Ils sont adolescents et empreints d'idéaux, dans cette ferme isolée au coeur des Pouilles. Teresa les rencontre un été et toute sa vie en sera bouleversée, marquée de leur(s) empreinte(s). Fascinée par Bern, le plus jusqu'au-boutiste des trois "frères", elle épousera sa soif d'absolu, son amour de la nature, la vie en communauté et toujours leurs vies vont se croiser, se fondre les unes dans les autres, au plus près des corps et des pensées, malgré les absences, les non-dits, les secrets. Teresa va lutter pour garder cet amour intact, elle abandonnera quelques plumes dans cette quête éperdue d'amour et d'avenir dans ce monde en transition.
Paolo Giordano nous convie au coeur de l'adolescence, dans ses ruptures et ses désirs, dans ses extrêmes et son innocence. Les années 90 sont évoquées, les combats en faveur de l'écologie et la préservation de la nature sont le terreau de cette histoire où la vie et la mort se côtoient de près, où les tentations destructrices sont assumées, où la soif d'appartenance au clan se dispute à la réalisation de rêves plus concrets...
Très beau!
Catherine D.
Paru en août 2019, traduit de l'italien par Nathalie Bauer.
Avez-vous déjà eu envie de mettre votre vie sur pause, rien que quelques semaines, le temps de souffler un peu?
C'est ce que va faire la narratrice de ce roman. À l'aide de divers somnifères et opiacés prescrits par une psychiatre un peu laxiste, elle décide d'hiberner pendant un an, dans son appartement new-yorkais. La jeune femme est plutôt riche (ayant hérité de parents décédés dans un accident), plutôt belle (selon Reva, sa meilleure amie par défaut). Elle est diplômée de Princeton et travaille vaguement dans une galerie d'art contemporain à Manhattan. Mais elle décide de tout mettre entre parenthèses pour plonger dans un profond sommeil, entrecoupé de courtes périodes de réveil somnolent pour se nourrir et regarder la télé.
Le ton est léger, le propos est ironique et dérangeant. On rit (jaune) en suivant les aventures de cette Belle au bois dormant shootée mais la fin du livre est une claque qui fait qu'il reste longtemps avec nous après sa lecture... À découvrir!
Hélène
Traduit de l'américain par Clément Baude. Paru en août 2019, disponible aussi au format numérique.
Voici un livre drôle et pertinent, cocasse et plein d'ironie salutaire sur les folies des humains.
Wendy est manouche et, malgré le scepticisme de son entourage, elle a décidé de sauver les gadjé de leur malheur. L'occasion pour l'autrice de chambrer allègrement, en inversant les rôles d'une façon assez jubilatoire, la condescendance exercée souvent à l'encontre des gens du voyage qu'on veut "aider".
Mais il y a bien plus dans ce livre fou et artistique : des manipulations génétiques, des panels de citoyens, du farniente, un hôtel bruxellois, des enfants et des films d'horreur.
Lecture piquante, vive et parfois à mourir de rire !
Natacha
Paru en août 2019.
Nous recevons Emmanuelle Pireyre le mercredi 22 janvier 2020 à 19h30. Soyez les bienvenues et bienvenus.
Les personnages de Jean-Paul Dubois sont tout un monde à eux seuls, chacun. À la fois construits avec inventivité et criants de vérité, pour ce qu'ils révèlent d'une époque, d'un monde. Les injustices affleurent, évoquées avec une évidence à peine teintée d'amertume.
Incarcéré pour deux ans, Paul Hansen partage sa cellule avec un Hells Angels gigantesque et nous relate l'intimité impitoyable qui est la leur, tout en nous racontant ce qui l'a conduit, lui, dans cette prison de Montréal où viennent chaque soir le retrouver ses trois fantômes et leur douce présence.
Dans un récit prenant et fluide à la manière du delta d'un fleuve, Hansen évoque son père, pasteur norvégien en France, et sa mère, beauté directrice d'un cinéma de création, notamment dans les années 60-70 où la libération de toutes les entraves concerne aussi le 7ème art.
Il évoque aussi son amour Winona, aviatrice aux origines mi-irlandaise mi-inuit. Mais encore son chien fidèle, son voisin solidaire et tous ceux qu'il a croisés sur sa route jusqu'au moment de son arrestation.
Le monde du travail et ses terribles détricotages sont un des fils conducteurs du roman : Paul Hansen a été de longues années homme à tout faire dans un immeuble où il recousait aussi parfois les chagrins, puis a vu son métier se réduire à sa part la plus glaciale et strictement productive. Son père s'était retrouvé parachuté dans une région truffée de mines d'asbeste. Son ancien voisin doit fouiller l'intimité des endeuillés pour une compagnie d'assurances. Etc...
Un excellent Jean-Paul Dubois, empreint d'empathie, de révolte et d'humanité.
Natacha
Paru en août 2019
De nombreux auteurs et autrices ont invité dans leurs livres les situations vécues par des migrant.e.s ces dernières années (amorce de liste éclectique : Pascal Manoukian, Emmanuelle Bayamack-Tam, Hugo Boris, Eva Melandri, Hakan Günday et tant d'autres).
Marie Darrieussecq le fait ici avec une honnêteté qui lui permet de venir nous chercher, nous lecteurs, au coeur de nos contradictions d'Européens et d'Européennes touché.e.s par les situations des exilé.e.s mais pas toujours prêt.e.s à sortir de leurs vies pour venir en aide ou pour interpeller face à l'indifférence. Cela fait de son livre un miroir à la fois empathique et subtilement dérangeant.
Rose vit à Paris, a un adolescent connecté, une petite fille allergique, un mari au bord du burn-out, elle travaille comme psychologue dans un centre de santé mentale. Tout ça, ça remplit une vie. La misère humaine à l'occidentale, elle connaît, et elle la côtoie de près dans son métier. Mais un métier, c'est défini, ça a des contours, on rentre chez soi le soir et on peut fermer la porte.
Au début du roman, Rose est en croisière sur la Méditerranée - un cadeau de sa mère, en cabine "juste un peu mieux que la cabine sans fenêtre". Le bateau croise une embarcation en détresse, certains passagers sont recueillis sur le paquebot, d'autres sont morts. Avant que le bateau de croisière débarque les migrants sur une vedette italienne de garde-côtes, elle rencontre le jeune Younès et lui donne le téléphone de son fils.
Le roman relate les mois qui suivent. Le téléphone a maintenu un fil possible entre Younès et Rose. Rose qui continue à vivre sa vie de française de la classe moyenne pas trop mal lotie, qui déménage, retrouve un travail, s'inquiète de l'eczéma de sa petite fille, et que, régulièrement, Younès appelle avec l'ancien téléphone de son fils.
La mer à l'envers est un excellent roman qui se lit d'une traite et dont nous ne vous révélerons pas l'issue.
Natacha
Paru en août 2019.
Les livres d'éducation ne manquent pas et on peut parfois craindre ceux qui prétendent nous donner des "recettes". Rien de tel avec le livre de Maëlle Challan Belval qui, ne se contentant pas d'être bien écrit, est aussi une invitation à prendre le temps de se pencher sur l'éducation affective et sexuelle que nous avons nous-mêmes reçue, à réfléchir à ce que nous désirons transmettre à nos enfants comme valeurs, comme aptitudes émotionnelles et relationnelles, etc.
Un des constats de l'autrice est que l'éducation sexuelle et affective des jeunes est trop souvent synonyme de prévention et donc de peurs, alors qu'elle pourrait d'abord être une démarche positive : on éduque "pour" avant d'éduquer "contre".
Un livre facile à lire, ressourçant, rafraîchissant et immédiatement applicable.
Natacha
Paru en mars 2019
C'est une vraie délectation de retrouver Benjamin Trotter et les personnages de Bienvenue au club et du Cercle fermé, et de renouer avec un Jonathan Coe portraitiste d'époque dans une satire sociale et politique qui excelle à croquer l'air du temps, sur fond de pré-Brexit.
Les quinquagénaires confiants qui ne croient pas une seconde que le référendum puisse donner lieu à un "non" à l'Europe, le journaliste éberlué par la légèreté politicienne, l'adolescente pourfendeuse d'oppression, la protection des minorités sexuelles, les subtils avatars du racisme ordinaire, la précarité qui déborde de ses frontières habituelles : Jonathan Coe est bel et bien resté branché aux phénomènes de société de son temps et du nôtre, il a gardé sa délicieuse ironie et dans le même temps, ils nous tient en haleine avec des personnages attachants, humains-trop-humains et un scénario savamment construit.
Plaisir et réflexion garantis !
Natacha
Paru en août 2019. Traduit de l'anglais par Josée Kamoun.
L'entrée en matière de ce livre passionnant et singulier mérite d'entrer dans le top 20 des incipit les plus surprenants : nous voici pris aux tripes, tout de suite. Et le livre de poursuivre, de nous guider sans ménagement ni brusquerie dans le Grand Nord avec Uqsuralik, toute jeune fille accompagnée de cinq chiens et d'une lance brisée.
Sans didactisme, Bérengère Cournut nous immerge aussi dans la culture des Inuit, où les chants et les jeux de scène régulent la vie sociale, où les âmes voyagent et où rester en vie est banalement précaire. Naissances et morts, conflits et chasses marquent le rythme des saisons, qui basculent de la lumière totale à la nuit permanente. Et dans cet univers de grande interdépendance avec la nature, une femme trace son chemin, viscéralement attachée à la vie et faisant naturellement face à la mort qui rôde, dans un livre qui scintille comme la glace.
Rien de trop dans ce livre magnifique !
Natacha
Août 2019
Rendez-vous avec l'autrice à l'Intime festival, en grande lecture le samedi 24 août 2019 de 21h à 22h, et en entretien le dimanche 25 août 2019 de 13h à 14h15.
Enfin, le duo de choc Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri nous reviennent avec un 6e opus de leur irrésistible série Le retour à la terre... et le charme opère toujours ! Un album qui réserve malgré tout bien des surprises : Manu & Mariette attendent un second enfant, Madame Mortemont s’essaie aux joies du smartphone, l’éditeur de Manu, en visite aux Ravenelles, retrouve un second souffle spirituel au contact de la nature... Des demi-planches qui font mouche et qui vous feront littéralement pleurer de rire ! ! Un incontournable pour cet été.
Delphine
Paru en mars 2019. Existe aussi au format numérique.
Nympheas noirs, Didier Cassegrain & Fred Duval, d’après le roman de Michel Bussi, Dupuis, Aire Libre
Cassegrain et Duval s’emparent avec succès de ce best-seller de Michel Bussi : atmosphère, suspense et originalité sont au rendez-vous de ce roman graphique qui se lit comme un bon polar et vous surprendra par sa chute… Le dessin restitue à la perfection les ambiances impressionnistes de Monet puisque toute l’intrigue se déroule à huis-clos dans le petit village de Giverny, où plane l’ombre du peintre sur fond de crime inexpliqué et de tableau disparu. Fred Duval adapte avec brio l’intrigue de Bussi par un scénario maîtrisé qui distille habilement ses effets de surprise. Belle réussite !
Delphine
Paru en janvier 2019. Existe aussi en livre numérique.
Cassandra Darke est une de ces (anti-)héroïnes qu’on aime pour ses failles et ses faiblesses, surtout quand elles sont croquées par la plume incisive de Posy Simmonds, reine du roman graphique outre-Manche… Propriétaire d’une galerie d’art, l’égocentrique, égoïste et misanthrope Cassandra vit dans une maison bourgeoise d’un quartier cossu de Londres. Un brin malhonnête (elle est poursuivie par la justice pour avoir vendu des faux à ses clients), elle va se retrouver impliquée, contre son gré, dans une sombre histoire de détention d’armes et de meurtre qui la dépasse complètement... La géniale Posy Simmonds nous sert dans cet album un récit enlevé, entre polar et confessions intimes, arrosé d’une bonne dose de sauce anglaise. Elle nous livre aussi sa vision au scalpel de la société londonnienne d’aujourd’hui. Savoureux !
Delphine
Paru en avril 2019.
Hope Jahren, chercheuse en géobiologie, raconte et transmet son amour de la science, de la nature et des arbres dans cette superbe autobiographie. Ce récit touchant ne manquera pas d’éveiller la curiosité de ses lecteurs et leur émerveillement devant la planète que nous habitons.
Hélène
Paru en mars 2019. Existe aussi au format numérique dans sa version originale.
Ce roman nous plonge au cœur de l’Amérique rurale contemporaine (mais aux allures de Western) dans l’Etat de Géorgie. Est-il possible de s’en sortir quand on vient d’une famille ultra-violente et qu’on a un père chef de gang ? Une lecture très prenante qui met en scène des personnages féminins surprenants. Un tout bon polar, à lire jusqu’à la dernière page (qui vous surprendra encore).
Catherine M.
Paru en mars 2019. Existe aussi au format numérique.
Polar psychologique à trois voix en terre scandinave... Sam et Merry quittent New-York pour s’installer dans un ravissant chalet au milieu de la forêt suédoise. Recommencer une nouvelle vie, proche de la nature, avec Merry au foyer et Sam qui assure la protection physique et financière des siens... Le tableau semble idyllique jusqu’à l’arrivée de Francesca, la meilleure “amie“. La couche de vernis que chacun a appliqué sur sa vie va doucement mais irrémédiablement se craqueler. Un roman de facture classique mais efficace qui remplacera parfaitement votre série pendant ces vacances.
Grégory
Paru en mai 2019. Existe aussi au format numérique.
L’auteur, Nigérian exilé aux Etats-Unis, se met en scène dans son retour dans sa ville natale. Il y dépeint de manière objective et minimaliste les interactions qui parsèment son itinéraire. Entre corruption, violence, vétusté, il dresse un portrait critique d’un pays magnifique, aujourd’hui en perdition. Par un style épuré et des clichés pris par lui-même, Teju Cole raconte un récit plus universel qu’il n’y paraît.
Olivier
Paru en octobre 2018. Traduit de l'anglais par Serge Chauvain. Existe aussi au format numérique.
Eddie Brown prépare le combat d’une vie. S’il gagne dans quelques semaines, il sera le nouveau champion de boxe. Un journaliste le suit dans la préparation minutieuse de ce combat essentiel, ces jours déterminants qui précèdent le combat. C’est aussi l’occasion pour Doc, son mentor, son père spirituel, d’accomplir sa carrière en point d’orgue. Au-delà du sport, ce superbe roman aux dialogues succulents et au style sec et musclé met en jeu les plus belles valeurs de l’espèce humaine. L’intrigue nous tient en haleine, le suspense quant au dénouement va crescendo. Encore un bijou de cet éditeur.
Olivier
Traduit de l'anglais pas Emmanuelle Aroson. Paru en février 2019.