Derrière son apparence de femme tranquille et raisonnable, Jeanne cache une personnalité surprenante, aimant le hasard, vénérant une artiste totalement déjantée et peu conventionnelle. Comme elle le dit elle-même, « il y a deux Jeanne en moi, une qui a eu envie de cette vie calme et bien rangée et l’autre qui voulait être différente ». Avec des phrases courtes et simples, une écriture belle et délicate, Claudie Gallay nous parle du bonheur simple, des petits riens qui font du bien, de la beauté des choses quotidiennes ordinaires face à l’art particulier de la performance. Un roman accessible, sympathique, très agréable à lire.
Isabelle
Paru en août 2017. Existe aussi au format numérique.
Etait-ce mieux avant? Et si c'était mieux après? Les auteurs, bien informés et non dénués d'humour, nous proposent une centaine de paires "avant/après", qui concerne aussi bien la nourriture, la mode, l'économie ou les sentiments - pour ne citer qu'eux. Une agréable façon d'ouvrir le débat entre les enfants de la Télé et ceux des Ecrans, les adeptes des Clarcks et ceux des Crocs, les couples qui se sont formés le temps d'un Slow ou d'un Speed Dating, les aficionados du Polaroid ou du Selfie, les voyageurs avec leur carte Michelin et ceux qui utilisent le GPS... Voici un petit livre qui tient ses promesses, on commence la lecture tout seul et puis, on le lit en famille ou on invite ses amis à donner leur avis sur l'une ou l'autre confrontation (entre le télégramme et le tweet par exemple) et la soirée s'anime drôlement. Véritable petite mine d'or pour se souvenir du temps d'avant et encore mieux apprécier, peut-être, celui d'aujourd'hui!
Catherine D.
Paru en octobre 2017.
Voici un superbe livre qui ravira autant les professionnels que les amateurs de techniques sonores et d'histoire du son sous toutes ses formes! Agrémenté de magnifiques images, photographies d'époque, reproductions de plans techniques, ce livre a pour ambition de retracer un siècle de découvertes technologiques dans le domaine de l'enregistrement sonore. Au début, il y a eu Thomas Edison et son phonographe; à la fin, il y a la dématérialisation du son. Et entre les deux, quatre révolutions (acoustique, électrique, magnétique et numérique) se sont succédées et ont transformé progressivement notre manière de consommer la musique, tout en élargissant plus encore l'imagination des artistes qui se sont emparé de ces nouveaux outils sonores. Un beau livre, richement illustré, à offrir sans hésitation!
Catherine D.
Paru en octobre 2017.
Quelle belle idée que celle des éditions Télémaque d’avoir proposé à Patric Brion de revenir sur les 40 premières années de cette émisson mythique pour tous les amoureux du 7ème art, le Cinéma de minuit, diffusé –toujours actuellement- sur la chaîne de télévision française France 3. C’est l’occasion de présenter la genèse de ce ciné-club qui démarre en mars 1976, avec comme précepte la diffusion de films muets et d’oeuvres en version originale, comme c’est le cas pour le premier cycle consacré à Greta Garbo par exemple. C’est ainsi 2000 films qui sont présentés chronologiquement, dont certains ont pu, grâce au Cinéma de minuit, être sauvés de l’oubli dans lequel ils étaient plongé! Petit plaisir supplémentaire : un encart sonore accompagne l’ouvrage, diffusant la reconnaissable musique du générique composée par Francis Lai.
Catherine D.
Paru en octobre 2017.
Eduardo Berti et le duo Monobloque ont pioché et trouvé de l'inspiration dans un tas d'oeuvres littéraires pour réaliser cet Inventaire d'inventions (inventées). Chaque objet, de la mitrailleuse à gifles à la cafetière pour masochistes en passant par le chambardoscope et le GPS sentimental, reçoit sa définition, souvent pleine d'humour et toujours révélatrice de l'imagination des écrivains, capables des meilleurs paradoxes !
Le livre va de pair avec une exposition qui a eu lieu à La Marelle à Marseille et avec un court métrage disponible sur le web.
A laisser sur la table du salon (le livre est aussi visuellement très réussi), pour y picorer des petites lectures savoureuses.
Natacha
Créé en 1978, le label Mute Records n’a cessé de se renouveler au fil des décennies, jusqu’à se lancer aujourd’hui dans la fabrication de synthés miniatures. Son créateur, Daniel Miller, revisite pour notre plus grand plaisir d’amateur de musique électronique, près de 40 ans de l’histoire créative de son label, où les plus grands noms de groupes alternatifs se sont succédé, comme Depeche Mode, Erasure, Goldfrapp, Nick Cave & The Bad Seeds, Moby, Plastikman, Richard Hawley ou encore Kraftwerk avec les rééditions de leurs premiers albums, pour n’en citer que quelques-uns. C’est toute l’histoire du label farouchement indépendant qui est retracée sans détour dans cet ouvrage très complet, foisonnant d’images d’archives jamais publiées auparavant.
Indispensable pour tout fan de musique électronique et de pop synthétique!
Catherine D.
Paru en novembre 2017.
Comme mû par un besoin de reprendre son souffle ou de pousser un cri, Sébastien Van Malleghem nous transporte cette fois dans les pays nordiques, de l’Islande au Danemark, en passant par la Finlande, la Laponie et la Suède. Il en revient avec des images somptueuses, d’une beauté à couper le souffle, qu’elles montrent à voir l’immensité des plaines sauvages et froides ou l’intimité d’une jeune fille à la peau nue... Travail plus poétique, plus personnel peut-être aussi, Nordic Noir sort Sébastien Van Malleghem de la veine “photo-journalisme” dans laquelle il nous avait plongés avec ses précédents ouvrages, mais avec une force égale, un happement auquel il est difficile de résister... Sublime!
Catherine D.
Paru en août 2017.
"C'est pas juste une coiffeuse, c'est la Meryl Streep des cheveux"...
Durant cinq ans, le documentariste Loïc Prigent a récolté, sans méchanceté, des petites phrases et des traits d'humour qui font mouche à la sortie des défilés de haute couture, qu'il publiait au compte-gouttes sur son compte Twitter. Les philosophes à l'origine de ces bons mots déambulent, pendant la fashion week, sous les traits de fashionistas, attachés de presse, journalistes, stagiaires et autres it-girls. Ce petit recueil est une plongée très drôle et décalée dans un monde à part, une très chouette lecture pour ceux qui aiment la mode et ceux qui aiment en rire!
Hélène
Paru chez Grasset en 2016, le format poche est sorti en novembre 2017. Également disponible au format numérique.
Ce livre magnifique et rempli d’émotion ravira les amateurs de sensations fortes et de grands espaces, sur un sujet très à la mode, l’ultra trail. Qui n’a pas un.e ami.e, une connaissance, qui pratique la course à pied ou le trail seul.e ou en groupe, et qui participe à des courses officielles? Voici le livre indispensable à lui offrir ! Préfacé par le champion espagnol Kilian Jornet, cet ouvrage propose de détailler 35 des plus belles courses du monde (l'Ultramarathon Transvulcania en Espagne, les 80 km du Mont-Blanc, le Marathon des Sables au Maroc entre autres) de l’avis du coureur, photographe et auteur de ce magnifique ouvrage Ian Corless, et de transmettre à l’aide de superbes images la liberté que ressentent ces coureurs de l’extrême, ces gladiateurs des temps modernes. De quoi trouver l’inspiration pour vos prochaines vacances sportives et vous (re)donner l'envie de chausser vos baskets !
Catherine D.
Paru en octobre 2017.
L’Orient-Express a déjà fait couler beaucoup d’encre (celle des stylos de Paul Morand, Agatha Christie et Graham Greene entre autres), il a même permis à James Bond de gagner la partie (dans Bons baisers de Russie réalisé par Terence Young) et c’est également dans celui-ci qu’Une femme disparaît (film réalisé par Alfred Hitchcock). Dans ce livre consacré au « roi des trains et au train de rois », Clive Lamming, historien des chemins de fer, se fait fort de raconter l’histoire de ce train composé de voitures-lits et d’une voiture-restaurant, dont l’idée géniale germa dans le cerveau d’un banquier belge, le visionnaire Georges Nagelmackers, au retour d’un voyage aux Etats-Unis en 1872, et fondateur de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits (CIWL). Voici un ouvrage très bien documenté, étonnant dans ce qu’il propose à la fois une très belle iconographie et un récit truffé de détails et d’anecdotes savoureuses, et l’évocation précise et rigoureusement exacte de son évolution technique, qui ne fut pas des plus simples.
Un magnifique ouvrage à offrir aussi bien aux passionnés des chemins de fer ainsi qu’à tout amateur fasciné par ce train mythique !
Catherine D.
Paru en octobre 2017.
On retrouve avec grand plaisir toute la délicatesse de cette autrice islandaise dans ce cinquième roman traduit en français. Olafsdottir n’a pas son pareil pour illuminer la noirceur de son propos, puisqu’il s’agit ici du dernier voyage d’un homme de 49 ans qui a décidé d’en finir avec la vie, n'ayant plus aucune femme dans sa vie (son ex-femme l'a quitté 8 ans auparavant, sa fille vole de ses propres ailes et sa mère est à l'hospice; toutes trois prénommées Gudrun). On suivra donc, d’abord avec inquiétude, puis très vite avec empathie, le voyage entrepris par Jonas Ebeneser dans un pays ravagé et traumatisé, emportant avec lui quelques outils dont sa fidèle perceuse et devenant le locataire inhabituel de l’Hôtel Silence, dirigé par un couple frère/soeur, rescapé d’une guerre jamais nommée.
De même que dans Rosa Candida, Audur Ava Olafsdottir parvient à aborder ici des sujets difficiles - le suicide, la solitude, les cicatrices accumulées au fil du temps - avec légèreté et poésie et c’est bien là que réside toute la force et l’humanité de son écriture. Une histoire lumineuse, simple et tendre, qui (re)donne foi en l’humanité !!
Catherine D.
Paru en octobre 2017. Existe aussi en format numérique.
Bernard Cosey, grand nom de la bande dessinée récompensé pour son oeuvre par le festival d'Angoulême en janvier 2017, signe un roman graphique assez unique : il délaisse dans cet album les couleurs qui lui sont chères pour nous livrer un récit lumineux en noir et blanc. Si l’exercice de style est très réussi (quelles magnifiques planches il nous donne à découvrir !), c’est surtout la qualité des ambiances et la fine description des relations entre les personnages que le lecteur pourra apprécier. Il y est question de retrouvailles entre deux amoureux de jeunesse, Gus, ouvrier soixantenaire, et Georgia Gould, ancienne étoile du cinéma hollywoodien, revenue en Suisse pour se soigner. Et de faux kidnapping orchestré par les anciens amants. Le tout sur fond de décor des Alpes suisses que Cosey connaît et dessine si bien. Un récit intime et très juste, touchant. Une nouvelle démonstration du talent de Cosey, de sa virtuosité et de sa capacité à se renouveler en créant de nouvelles formes graphiques. Excellent !
Delphine
Paru en octobre 2017. Existe aussi en version numérique.
En ce début de XXIe siècle, aussi surprenant que cela soit, il existe encore des zones de notre planète qui sont encore à l’état sauvage et non « domptées » par l’homme. Si ce dernier a toujours voulu dominer la nature depuis la nuit des temps, jusqu’aux excès qu’on connaît aujourd’hui, il a aussi été fasciné par la puissance des éléments et la beauté du monde sauvage, qu’il a exploré avec passion. Dans son atlas recensant 45 territoires de notre planète qui ont échappé au contrôle de l’être humain, Christ Fitch, journaliste britannique pour la revue Geographical, nous rappelle les rapports étroits et ambigus qu’il existe entre l’homme et la nature. Nous voyageons d’un continent à l’autre, découvrons des terres sauvages et indomptées : territoires hostiles jamais habités, zones abandonnées par la civilisation où la nature a repris ses droits, terres encore vierges. Nous découvrons l’histoire de ces lieux et les explorons à travers de très belles cartes, des photographies. Tous ces territoires, parfois méconnus, méritent qu’on y fasse halte pour les admirer et nous questionner sur l’importance de la nature sauvage pour notre planète et pour l’humanité. Un bel ouvrage qui nous invite au voyage et à réfléchir à notre rapport à la nature.
Delphine
Paru en octobre 2017.
Ce livre magnifique présente de façon quasi exhaustive le travail monumental réalisé pendant près de 70 ans par Ettore Sottsass, ingénieux et brillant architecte et designer né en Autriche d’un père italien et d’une mère autrichienne. L’ensemble de ses différents travaux en photographie, design industriel, céramique, bijouterie, mobilier divers, architecture, etc., est illustré par de nombreuses photographies, images, fac-similés de dessins de l’artiste, et présenté selon un découpage qui suit chronologiquement les grandes période de sa vie créative, en regard de ses multiples collaborations et expositions à travers le monde.
Un must pour tout amateur de design et de belles idées créatives !
Catherine D.
Paru en août 2017.
Bernadette Murphy, historienne irlandaise expatriée dans le sud de la France, a mis 7 ans pour élucider le mystère de l’oreille coupée de Van Gogh et de l’identité de la jeune femme à laquelle il a offert sa propre chair... Elle nous emporte dans une enquête minutieuse et passionnante qui va nous plonger dans le quotidien des habitants de la ville d’Arles à la fin du 19ème siècle, ainsi que dans les archives détenues et parfois oubliées des bibliothèques américaines et européennes. Que s’est-t-il passé cette fameuse nuit du 23 décembre 1888 ? Gauguin est-il responsable de cet acte ou est-ce la seule folie du peintre néerlandais qui est en cause ? La mutilation que l’artiste s’est infligée concerne-t-elle l’oreille entière ou seulement une partie ? Qui est cette jeune femme qui s’est évanouie à la vue de ce présent pour le moins étonnant ?
Toutes ces questions ont trouvé réponse grâce à l’acharnement sans faille de Bernadette Murphy, qui nous comble de précieux détails et de nombreux documents d'archive permettant de comprendre petit à petit, comme si nous y étions, la chronologie de cette funeste nuit... Remarquable et captivant !
Catherine D.
Paru en octobre 2017.
Quel bonheur de retrouver le style et l’écriture de cet auteur que nous admirons, au service de l’Art ! Consacrées à des artistes plasticiens, dont une majorité français, les chroniques de Barnes nous emmènent dans un voyage ludique et érudit à la découverte des histoires entourant une toile spécifique d’un peintre (“Le radeau de la méduse” de Géricault ou “L’Exécution de Maximilien” de Manet) ou l’ensemble de son oeuvre. Il nous propose surtout de revisiter nos connaissances de ces artistes célèbres, à force d’anecdotes plus ou moins connues, et de recontextualiser le travail et les relations existantes entre ces différents artistes (Delacroix ayant par exemple posé pour Géricault ou encore le “Daed Dad” de Ron Mueck comparé à la “Vénus ataxique” du médecin Paul Richer).
On traverse l’histoire de l’art l’air de rien, comme une longue promenade qui éveille les sens, suivie d’un repos bien mérité au coin du feu avec une délicieuse tasse de thé... Raffiné!
Catherine D.
Paru en octobre 2017. Existe aussi en format numérique.
L'auteur d'Au départ d'Atocha et de 10:04 (délicieux, intello et très drôle), deux romans traduits aux éditions de l'Olivier en 2014 et 2016, est décidément, comment dire? un auteur pour lequel on aimerait trouver un mot neuf, un mot qui ne serait qu'à lui, un mot qui le qualifierait et ne pourrait qualifier personne d'autre. Ce mot ne serait pas le mot "virtuose" (trop pompeux) ni le mot "drôle" (trop gras) ni encore les mots "subtil", "fin", "incroyablement talentueux", "brooklynesque" (une sorte de fils caché qu'auraient eu ensemble Paul Auster et Woody Allen)... mais un peu de tout ça. Pourquoi pas tout simplement "parfait" ?
La haine de la poésie est un texte à l'humour ultra-fin qui évoque à merveille la poésie, la place qu'elle occupe dans notre société. Ce n'est pas tout à fait un coup de gueule, peut-être un cri d'amour désespéré pour un genre qui, par sa nature même, s'extrait du monde réel et s'en fait oublier pour mieux le dire en contrepoint.
J'ai adoré ce texte qui m'a donné envie de mieux défendre les poètes et leurs livres, et que je relirais volontiers.
Notons qu'il est publié dans une collection qui gagne à être connue aux éditions éditions Allia.
Natacha
Jérusalem, c’est non seulement l’histoire, sur plusieurs générations d’hommes et de femmes, de la famille Vernall-Warren, dont on découvre Michaël et sa soeur Alma à notre époque, c’est également l’histoire du quartier populaire des Boroughs, Southampton, petite ville située à une centaine de kilomètres au nord de Londres, du Moyen Age jusqu’aux années 2000.
Rédigé en dix ans par Alan Moore, le scénariste de BD “The Watchmen” ou encore “V pour Vendetta” pour n'en citer que quelques-unes, Jérusalem est bien plus qu’une histoire impossible à résumer. C’est un chef d’oeuvre littéraire qui brasse tous les genres et toutes les époques en un récit foisonnant, profond, métaphysique où le fantastique saupoudre le tout, tandis que la dimension temporelle devient elle-même extensible et physique. On y rencontre des toxicomanes, des artistes et des Maîtres Bâtisseurs; on y côtoie Cromwell, Lucia Joyce ou encore Becket; on y perçoit la folie comme une malédiction héréditaire; on y déambule aussi bien dans la “réalité” entendue communément avec son lot de faits sordides, que dans l’En-Haut, le royaume des morts et des enfantômes; et on y lit une langue virtuose, magnifiquement traduite par Claro, qui donne une tonalité différente à chacun des chapitres, l’un sera entièrement écrit en vers, un autre sans ponctuation ou presque, ou encore un chapitre entier écrit dans une langue totalement inventée et malgré tout compréhensible... Alan Moore offre une magnifique déclaration d'amour à sa ville de Northampton dont il se sent le gardien et qu'il considère comme étant le centre du monde.
Il serait vain de vouloir résumer ce pavé de près de 1300 pages à des généralités, mais voici un roman gigantesque, où l’on ne s’ennuie pas une seule seconde et qui remet en perspective notre propre appréhension du monde. Brillant !!
Catherine D.
Paru en août 2017. Traduit de l'anglais par Claro. Existe aussi en format numérique.
Toujours sur le thème des inégalités (ses deux premières BD publiées en français chez le même éditeur étaient résolument féministes), Liv Stromquist s'attaque cette fois à l'économie. Le capitalisme sans limite et l'hyper-richesse sont mis en question dans ses dessins pleins d'humour et très expressifs. Cet ouvrage permet également d'interroger notre façon de lutter contre les systèmes d'oppression, et de passer par la même occasion un excellent moment de lecture!
Hélène
Paru en octobre 2017
Jean-François Flamey est autodidacte, il aime questionner l'image, ses images, et créer ainsi de nouvelles interprétations, de nouvelles histoires, de nouveaux regards. Son travail photographique est le résultat de prises de vue brutes, en numérique ou argentique (il affectionne les Polaroid), sans retouches ou au contraire soumises à des manipulations diverses : imprimées une première fois, plongées dans des bains de produits mordants ou des colorants, collées sur des papiers glanés de ci de là, mises en culture au fond d’une cave humide ou à même la rue au gré du temps qui passe et de celui qu’il fait… Le résultat est ensuite (re)photographié ou scanné avant d’être imprimé à nouveau, offrant ainsi une autre lecture de l'image initiale. Ici, la photographie est désacralisée et la matière parle autant que la représentation de son contenu. Non Dits, sa première et remarquable monographie, par la qualité d'impression et le choix des images, exprime à merveille l'univers particulier et fantasmagorique de Jean-François Flamey, révélant les ratages et les dérapages des images qui permettent au lecteur de laisser l'imaginaire faire son oeuvre et de réinventer sa propre lecture photographique.
Catherine D.
Paru en septembre 2017.
Quel beau premier roman! Dans Faux départ, on découvre une vrai plume, touchante, acerbe, piquante, teintée de jeunesse mais aussi déjà mature.
Aurélie, héroïne de ce roman, est à l'aube de sa vie adulte. Elle décode déjà fort bien les mécanismes de la société française qui rendent difficile son ascension sociale malgré le discours politique qui promeut l'égalité des chances. Aurélie vient en effet d'une famille ouvrière. On la suit dans ses études, ses petits jobs, ses errances, ses amours, ses galères... D'autres beaux personnages jalonnent ce livre : Alejandro, exilé colombien idéalisant son pays d'origine tout en ne voulant pas y retourner malgré la dureté de sa vie en France; Franck, quadra en mal d'amour; Benjamin qui semble apporter un peu de sérénité dans la vie d'Aurélie.
L'auteur nous livre aussi un portrait terriblement juste (et parfois cruel) de Paris aujourd'hui. C'est un roman à la fois intime et urbain, qui se lit avec fluidité. Une auteur à suivre.
Catherine M
Paru en septembre 2017. Existe aussi en format numérique.
Franz était enfant dans Abraham et fils, le voici adolescent dans Les histoires de Franz. Toujours observateur candide et lucide des années 60-70 dans la petite ville française imaginaire de Tilliers. Tilliers qui ressemble à Pithiviers.
Toujours avide de comprendre ce qui se passe autour de lui, il nous aide à comprendre les mouvements qui traversent ces années où l'émancipation, dans tous les domaines, est en ébullition.
Son papa, Abraham, devient directeur de la maternité. La nouvelle femme d'Abraham, Claire, crée avec deux amies un cercle pour informer les femmes sur la sexualité. Franz grandit et se trouve lui aussi confronté aux médecins, comme patient. On retrouve donc les thèmes chers à Martin Winckler : le soin, la médecine, la santé, l'autonomie. Et comme à chaque fois, l'auteur nous emporte dans son enthousiasme et dans une trame romanesque efficace, fluide, convaincue et convaincante.
On voudrait faire partie de cette famille où l'amour circule, on voudrait faire corps avec les enthousiasmes des personnages dans cette époque de découverte des libertés...
Ne boudez pas votre plaisir, rencontrez Franz et ses histoires qui sont aussi les histoires de France, avec le regard engagé et singulier que Martin Winckler, didactique et chaleureux, porte sur elles.
Vous pouvez rencontrer Martin Winckler à la librairie le lundi 23 octobre à 19h30. La soirée sera suivie d'une séance de dédicaces et d'un verre de l'amitié.
Valentine Goby, on la connaît pour ses romans (notamment Kinderzimmer et Un paquebot dans les arbres, édités par Actes Sud). Ici, elle nous plonge dans l'univers de Charlotte Delbo, écrivaine française, engagée dans la résistance et qui a vécu dans différents camps de concentration. Elle sera libérée à la fin de la guerre et écrira toute une série de romans relatant le vécu dans les camps. Elle meurt en 1985.
Charlotte Delbo fait partie des auteurs de littérature concentrationnaire, au même titre que Primo Levi, Imre Kertész et beaucoup d'autres. Elle sera pourtant longtemps méconnue du grand public. Est-ce parce qu'elle était une femme? Est-ce parce qu'elle semble avoir été heureuse après la guerre? Valentine Goby s'interroge sur ce personnage, sur sa vie après les camps, sur ce que la littérature permet pour survivre à ce genre de tragédie.
Je me promets d'éclatantes revanches est donc un essai littéraire mais se dévore comme un roman. En effet, on est aussi emporté dans l'enthousiasme de l'auteur vis-à-vis de cette femme étonnante. On chemine avec elle à la découverte de Delbo. Une petite pépite qui nous parle des pouvoirs des mots.
Catherine M
Paru en septembre 2017, existe aussi en format numérique.
A la suite d'une rupture affective qui le plonge lentement dans la dépression, l'auteur se voit conseiller une psychanalyse. Rapidement, le psychanalyste l'interroge sur ses parents et révèle des failles, des manques dans la structure familiale. Investi d'une nouvelle mission qui l'éloigne du souvenir douloureux de sa fiancée, Renato Cisneros va alors fouiller dans son passé familial et surtout celui de son père, Luis Cisneros Vizquerra, général militaire surnommé El Gaucho, mort d'un cancer une vingtaine d'années auparavant.
"Tout comme un père n'est jamais préparé à enterrer un fils, un fils n'est jamais préparé à déterrer son père", c'est avec ces mots que l'auteur clôt son roman, consacré à cette figure paternelle aimante, mais stricte et secrète. Le récit de son histoire familiale se transforme peu à peu, au fil des découvertes et des rencontres avec des personnes ayant connu El Gaucho, en une histoire nationale où la personnalité du père se révèle bien plus contrastée et fortement liée aux événements historiques qui ont jalonné l'histoire du Pérou et des pays voisins... Ce père dictateur fut en même temps amoureux des femmes, militaire exemplaire, opposant au régime, ministre de l'intérieur, ministre de guerre, poète à ses heures, ami et fervent admirateur de Pinochet et Videla, féru de littérature, mais insensible aux tortures infligées à son peuple...
Il aura fallu beaucoup de courage et de ténacité à Renato Cisneros pour écrire ce roman particulier, qui navigue entre sphère privée et sphère publique et qui livre le portrait troublant d'un homme que l'on voudrait détester, mais auquel on s'attache paradoxalement. "La distance qui nous sépare" est un roman passionnant et émouvant, tant on en apprend sur l'histoire récente du Pérou tout autant que sur la relation difficile entre un père et son fils.
Catherine D.
Paru en août 2017, disponible aussi en format numérique.