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Arno Geiger est un des grands écrivains autrichiens contemporains. Nous l'avions découvert avec le récit très réussi et très intimiste "Le vieux roi en son exil" où il se livrait sur son rapport à son père atteint de la maladie d’Alzheimer. Geiger change totalement de registre ici avec "Tout sur Sally" qui est une foisonnante autopsie de la vie conjugale à travers le personnage de Sally, quinquagénaire tourmentée, délurée et toujours séduisante.
Ce livre raconte une histoire, celle de Sally et Alfred, mais il porte aussi en lui toutes les interrogations sur le temps qui passe, sur la passion des premiers mois qui se mue en tendresse, sur l'amour, sur le sexe, sur l'intimité, sur le regard qu'on porte sur l'autre au fil des années, sur ce qu'on décide d'ignorer ou au contraire d'affronter...
On lit ce livre, non pas pour l'histoire, mais bien pour le suivi psychologique qui est fait des différents personnages et où finalement aucun n'apparait comme tout blanc ou tout noir. On s'attache aussi bien à Sally qu'à Alfred, et même à leurs amis Nadja et Erick qui troublent leur vie conjugale.
Catherine
Mars 2015 - existe aussi en format numérique.
Au commencement de cette histoire : une famille américaine traditionnelle, une maison de banlieue, un gamin joueur de base-ball. Le père, Arthur Wise, est un avocat ambitieux.
La réussite de ce dernier va conduire la famille au Cape Cod dans une superbe maison où l'argent coule à flots, où la mère, de simple ménagère, devient une femme au consumérisme frénétique.
Hilly, le fils, fil rouge de ce roman en trois temps, raconte son adolescence à Bluepoint (Cape Cod), l'été où il tombe amoureux fou de Savannah, jeune noire et nièce du boy de la famille, Lem Dawson. Un amour interdit dans ce pays où la ségrégation persiste.
Hilly devient journaliste puis père de quatre filles. Toute sa vie, il sera hanté par cet amour de jeunesse et rongé de culpabilité par la mort de Lem, le boy de couleur. Il n'aura de cesse de retrouver Savannah. C'est un homme tourmenté par la fortune de son père, fortune qu'il n'acceptera que bien plus tard et qu'il gérera à sa manière.
Mais la culpabilité et les bonnes intentions peuvent-elles racheter le passé ?
Un premier roman américain ambitieux et réussi.
Véronique B
Février 2015 - existe aussi en format numérique.
Avec justesse, Phil Klay décrit la guerre et ses désillusions à travers ce recueil de nouvelles. Il nous entraîne tantôt en Irak lors des attaques ou dans les longs moments d'ennui, tantôt aux USA lorsque les soldats sont de retour et qu'il leur faut vivre avec les images cauchemardesques qui les hantent ainsi qu'avec le poids du regard des autres sur leur statut de « soldat ».
Ce livre est lucide, interpellant. Il nous parle de la guerre avec nuance et c'est peut-être cela qui est particulier. Il n'est ni noir, ni blanc bien que fortement gris. Il est pourtant émouvant également. L'auteur, lui-même ancien combattant d'à peine une trentaine d'années, couche sur le papier une écriture terriblement sensible et nuancée (bien que la première nouvelle soit assez 'cash' dans son vocabulaire et violente, surtout ne pas s'arrêter là).
Voilà un auteur qu'on aimerait bien vite retrouver et suivre pour voir où il peut nous emmener.
Phil Klay sera à Namur le vendredi 28 août lors de l'Intime festival!
Catherine
Février 2015.
La vie de Lila... elle se passe sur les routes à suivre les adultes que se déplacent de ferme en ferme et travaillent comme saisonniers, sans jamais se poser. La vie de Lila, elle la passe à apprendre tant de choses de la nature et sur les hommes en bien, en mal. Et au bout du chemin, rencontre un vieux pasteur qui tombe en amour.
De discussions en discussions ensemble, va-t-elle enfin lui faire confiance et se poser?
Intemporel et tout simplement beau.
Véronique
Février 2015 - aussi disponible en format numérique.
Cette lecture est une porte ouverte étonnante sur la vie de la diaspora indienne et son intégration à la société américaine. Un univers qui m'était tout à fait inconnu.
La communauté indienne aux Etats-Unis semble en effet fort soudée, organisée et tente de s'intégrer tout en perpétuant les rites propres à sa culture. Probablement largement autobiographique, ce livre percutant est émouvant et très intime. L'auteur se livre avec honnêteté, il nous parle d'exil mais aussi de la famille tout simplement.
Catherine
Janvier 2015 - aussi disponible en format numérique.
Dans ce roman de Peter Ackroyd, nous plongeons dans le Londres populaire d'après-guerre, en suivant le destin de trois frères dans un quartier ouvrier du nord de la ville.
Si Harry, Daniel et Sam sont très soudés enfants, la famille va se dissoudre suite au départ brutal mais définitif de leur maman quand les trois garçons n'ont pas encore dix ans. Ils vont rapidement prendre leur indépendance et suivre des routes très différentes en fonction de leurs affinités et de leurs caractères : l'aîné, ambitieux et opportuniste, va gravir de manière fulgurante les échelons du quotidien Le Chronicle pour en prendre la direction très jeune, le second, intellectuel plus introverti, obtiendra une bourse pour la prestigieuse université de Cambridge ou il sera nommé professeur de Lettres et le cadet, solitaire marginal, finira homme à tout faire d'un puissant et sombre homme d'affaire dans l'immobilier.
À travers les destins croisés de ces trois jeunes hommes, Peter Ackroyd dépeint une réaliste, assez noire et foisonnante fresque de la ville de Londres, et nous décrit avec un flegmatisme tout british ses intrigues, ses jeux de pouvoir, son cynisme, dans le monde du journalisme, de la politique, de la littérature et des affaires.
Avec son écriture précise, Ackroyd parvient à rendre vivante la ville, à faire sentir les ambiances, les odeurs, les couleurs de chaque quartier. Il nous happe aussi dans une intrigue extrêmement bien ficelée où les voies de ses trois personnages centraux vont habilement se séparer avant de se recroiser plus loin.
Belle ambiance, roman passionnant !
Delphine
Rentrée littéraire - Janvier 2015
Après La merditude des choses pour lequel il a été primé et la géniale Entrée du Christ à Bruxelles, Dimitri Verhulst reprend sa plume incisive dans ce nouveau roman plutôt réussi.
Désiré, 75 ans, décide de se débarrasser une bonne fois pour toute de son épouse acariâtre et étouffante, Monik, en simulant la maladie d'Alzheimer. Petit à petit, il va réussir à convaincre sa famille qu'il perd la raison, et obtenir qu'on le place en maison de retraite pour retrouver la paix, loin de sa femme.
Comme toujours, Verhulst est redoutable de noirceur et d'acidité. Sa plume est virulente et efficace, les situations burlesques qu'il y décrit sont parfois drôles, parfois tragiques, toujours diaboliques. Car cet auteur flamand est le roi du tragi-comique et l'intelligence de ce roman est de nous montrer un homme qui en voulant tromper ses proches, finit par se perdre lui-même.
Peut-être un peu moins surprenant que ses romans précédents, ce livre se révèle malgré tout un condensé d'humour noir où l'on passe du sourire amusé aux larmes, en passant par un rire un peu jaune, et nous donne à réfléchir sur la question de la vieillesse.
Certainement, un très bon moment de lecture.
Delphine
Rentrée littéraire - janvier 2015
Comédie familiale, pleine d'ironie, regard acéré sur notre époque, sous forme de parodie.
En 1980, un père nombriliste et ses trois fils assistent au spectacle d'un hypnotiseur qui leur révèle au fil du tour ce que vont être leurs destins. Trente ans plus tard, les trois frères font le bilan de leurs vies. Martin s'est fait prêtre sans conviction. Yvan est peintre et critique d'art cynique. Eric est conseiller financier et se retrouve au chômage, viré suite à la crise de 2008.
Mensonges, méprises, angoisses et psychotropes. Un tout bon roman drôle et intelligent.
Véronique B.
Janvier 2015 - aussi disponible en format numérique.
Dans ce très beau roman, Rosa Montero mélange avec intelligence et humour les genres : notes biographiques sur Marie Curie et notes intimes très personnelles, avec comme point commun l'amour d'un homme et la perte de cet amour.
De multiples questions surviennent et sont abordées avec finesse. Comment survivre au deuil? Qu'en est-il de la résilience? De la relation entre l'homme et la femme? Et la littérature dans tout cela?
"Les romans nous unissent au reste de l'humanité, la littérature fait de nous une partie d'un tout et, dans le tout, la douleur individuelle semble faire un peu moins mal".
Original, surprenant, à découvrir.
Véronique B.
Janvier 2015 - aussi disponible en format numérique.
Ifemenu est une jeune Nigériane brillante et vive qui décide, vers 20 ans, de partir en Amérique, comme bon nombre de ses compatriotes, dans l'espoir de se former et de se garantir un avenir meilleur. En partant, elle laisse derrière elle son grand amour Obinze, mais aussi une partie de son innocence de jeunesse. Ses débuts aux Etats-Unis ne sont pas simples. Elle finira pas sortir la tête de l'eau, non sans y avoir laissé quelques plumes. Une quinzaine d'années plus tard, Ifemenu décide de retourner au pays.
Americanah est un grand roman sur l'Amérique et le rapport à la question de la race, et à l'identité. En effet, c'est en arrivant aux USA qu'Ifemenu devient "noire". Elle découvre en réalité que la couleur de sa peau va commencer à influencer l'éventail des possibles qui s'offre à elle. Elle découvre que, dans ce pays qui se proclame ouvert, le fait qu'on soit noir ou qu'on soit blanc change tout.
Au delà de cette thématique bien présente dans le roman, c'est aussi la question de l'exil qui est explorée car on s'intéresse au départ d'Ifemenu mais à celui d'autres personnages, partis vers l'Angleterre ou les Etats-Unis comme elle. On parle aussi des retours au pays plus ou moins difficiles, de la face qu'on doit sauver.
C'est également un très beau roman d'amour, dans lequel on s'embarque sans soucis et qui se lit d'une traite avec beaucoup de plaisir. Certains passages sont peut-être un peu "bateau", mais le résultat est délicieux. D'une page à l'autre, on a les larmes aux yeux, on rit, on s'émeut des possibles retrouvailles des amants de jeunesse. On vibre avec Ifemenu.
Catherine
Hiver 2015 - disponible aussi en format numérique.
Roman policier, enquête, complot économique et financier, course poursuite, Kobra a tout du bon roman d'espionnage. L'histoire commence dans une guest-house isolée en Afrique du Sud où un citoyen britannique semble se cacher... mais se cacher aux yeux de qui? Et pourquoi? Très vite, différentes pistes se dessinent, plusieurs fils s'entremêlent. En parallèle, Tyrone, simple petit pick-pocket plutôt sympathique, se retrouve au cœur d'une affaire dont il ne mesure pas tout de suite l'ampleur.
La narration est vive et variée. D'un chapitre à l'autre, on change de rythme. D'une part, on est emporté dans une véritable course poursuite haletante où les coups de feu fusent. D'autre part, on suit l'équipe des enquêteurs dans leurs réflexions, dans les embûches qu'ils rencontrent (et pas des moindres quand l'affaire atteint les sphères de la finance) et dans les stratégies qu'ils mettent en place. Tout cela donne un très bon roman policier, bien construit, équilibré. Un rien inquiétant aussi, car à la fin, on se demande si le mobile des meurtres ne correspond pas à une réalité actuelle.
Catherine
Octobre 2014 - disponible aussi en format numérique.
Rétro mais délicieux, ce dessert de Noël ! Seul écrivain de sa célèbre famille, un unique fils assez calme mais six filles plus excentriques les unes que les autres, Nancy Mitford possédait l'art consommé de dénoncer un certain type de société et d'éducation, mélange d'hypocrisie et de politesses, de ridicule et de grandiose et son style si particulier décrit finalement très justement les vraies souffrances, petites et grandes, de l'existence. Ici, l'atmosphère particulière d'un Noël anglais à la campagne, guindée mais capable de folies, va révéler la profondeur inattendue de certains personnages et nous donner, mais oui, quelques leçons de vie. Drôle, ironique et même méchant mais, assurément , très digeste !
Véronique G.
Décembre 2014 - aussi disponible en format numérique.
Ce superbe roman d'ambiance dépeint l'Amérique des années 1940 à 1990. On côtoie la bourgeoisie, les amoureux de la littérature et les femmes. C'est magnifiquement écrit sans être pompeux. Les personnages sont attachants et pleins de finesse. Un régal !
Catherine
Rentrée littéraire - août 2014 - disponible aussi en format numérique
On avait adoré Imaqa et Maurice et Mahmoud, les romans joyeusement débridés de Flemming Jensen qui traitaient avec un humour tout nordique mais pas mal d'humanité du thème des différences culturelles et de l'intégration. On se délecte cette fois de ce petit traité pas comme les autres, à l'attention de tous les noctambules et autres philosophes de la nuit, qui mettent à profit ces "heures perdues" pour refaire le monde. Si ce petit livre est un exercice de style drôlement réussi, il nous donne surtout à réfléchir sur autant de sujets de fonds qu'on prend rarement le temps d'aborder, en plein jour. De l'existence de Dieu à la guerre en Irak, Flemming Jensen, romancier et humoriste danois, nous livre sa vision du monde, sans prétention, avec beaucoup de sincérité et de bonne humeur. Un petit livre tendre et drôle à offrir sans hésiter !
Delphine
Zeruya Shalev tisse un magnifique roman autour du thème de l'amour à travers la quête de trois personnages : Hemda, la mère, Dina, la fille et Avner, le fils. Hemda, à la fin de sa vie, alitée, repense à la dureté de son enfance au kibboutz, à la figure de son père adoré mais exigeant, à son mariage sans amour et à sa maternité problématique. Dina, prof heureuse en couple, vit mal la fin de la douce fusion avec sa fille unique, devenue adolescente et rêve d'adopter un autre enfant mais est-ce la bonne solution ? Avner, le préféré de sa mère, avocat des Bédouins et des Palestiniens, ne peut plus supporter son mariage raté et se perd dans la fascination d'un couple aimant entrevu à l'hôpital : il a vu le vrai visage de l'amour...
Dans ce livre profond, à l'écriture puissante, l'espoir arrivera comme une superbe éclaircie qui baignera ces trois personnages blessés.
Ce livre vient d'obtenir le prix Femina en novembre 2014 et on s'en réjouit, c'est bien mérité.
Véronique G.
Rentrée littéraire - septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
Dans un jeu subtil, l'écrivain irlandais John Banville met en scène l'un de ses doubles, Alex Cleave, comédien vieillissant de nouveau engagé sur un grand projet, qui est hanté par le souvenir de deux étoiles mortes : Mme Gray, mère de son meilleur ami mais surtout son premier (et unique ?) amour à 15 ans, et sa fille Cass, qui s'est suicidée il y a 10 ans. Pour Alex, la douleur de la perte s'adoucit grâce à ses souvenirs, qu'il ressasse, et à son nouveau rôle au cinéma où il joue un imposteur (encore un double !) face à une jeune actrice célèbre dont l'extrême fragilité lui rappelle celle de sa fille. Bouleversé, il avance doucement dans la compréhension des autres mais surtout de lui-même...
Mêlant sensualité et poésie, l'écriture de Banville sert ce bel hommage à la mémoire des êtres aimés.
Véronique G
Rentrée littéraire - octobre 2014 - disponible aussi en format numérique
Le ravissement des innocents, c'est le sourire éclatant des enfants africains face à leur pauvreté, pour se sentir plus forts qu'elle, libres et dignes...
Ce premier roman magnifique nous parle des racines, entre Ghana et Nigeria, d'un couple et de ses trois enfants, partis vivre le rêve de la vie occidentale aux Etats- Unis. Il est chirurgien, elle, fleuriste. Ils portent tous les deux le poids de leur passé africain même s'ils ont espéré tout réinventer. Ils n'y ont pas totalement réussi, leurs enfants symbolisant, chacun à leur manière, leurs failles et leurs aspirations secrètes.
Véronique G
Rentrée littéraire - Septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
Dans ce magnifique roman fleuve, Tim Gautreaux nous invite à embarquer sur un bateau à aube, l'Ambassador, qui parcourt le Mississippi dans les années 1920. C'est l'époque de l’émergence du jazz qui tente d'adoucir les mœurs dans un monde violent et parfois fort miséreux.
L'Ambassador est un bateau dancing qui va de ville en ville, proposer des excursions pour quelques heures, une après-midi ou une soirée. Sur ce bateau, un orchestre composé soit de musiciens de couleurs, soit de musiciens blancs (s'alternant selon le lieu de l'escale) fait danser les passagers, souvent rustres et peu habitués à ce genre de festivités. On s'enfonce petit à petit dans des coins reculés, terriblement isolés, appartenant à un monde en voie de disparition, proche de celui de la conquête de l'Ouest.
Sam Simoneaux, héros de "Nos disparus", est rongé par la culpabilité. Il est persuadé d'être responsable de l'enlèvement d'une fillette de deux ans. Il se fait engager sur l'Ambassador dans l'espoir de la retrouver en parcourant le fleuve. Sur le bateau, il veille à l'embarquement, confisque les armes, tente de mettre un terme aux bagarres lorsque l'alcool a échauffé les esprits, joue aussi un peu du piano, et prend sous son aile la famille de la fillette disparue.
A travers l'intrigue sur cette disparition, c'est aussi la question du besoin de vengeance et de la nature de l'homme qui est questionnée. Ce roman nous plonge dans un ambiance incroyable, il vaut le détour.
Catherine
Rentrée littéraire, septembre 2014
Wally Lamb est un conteur d'envergure, un fin disséqueur de l'âme humaine, un bâtisseur de récit hors-pair. Il le montre à nouveau dans cette mosaïque familiale où chaque protagoniste sollicite notre empathie et suscite notre attachement, chacun dans sa complexité, son humanité, son histoire, au travers de plusieurs décennies.
Annie et Orion ont eu trois enfants, devenus adultes tous les trois. Ce sont principalement ces cinq personnages que nous écoutons et découvrons tour à tour avec leur itinéraire marqué par l'histoire de leur famille, mais aussi par celle de leur univers, l'Amérique de la seconde moitié du XXème siècle, dans laquelle la ségrégation raciale et les inégalités hommes-femmes marquent le paysage.
Ce sont des trajectoires de libération que nous livre Lamb, trajectoires ponctuées par les drames et dans lesquelles la création et l'art jouent notamment leur rôle de puissant levier.
Ceci est un livre magnifique.
Natacha
Tsukuru Tazaki est un ingénieur de trente-six ans qui semble détaché de la réalité. Il vit à Tokyo, construit des gares, n’a pas d’amis proches et n’entretient des relations amoureuses que de courte durée. Il mène une vie sans heurts et sans passions, sans couleurs, et ce, depuis seize ans, depuis le jour de ses vingt ans où ses quatre amis inséparables lui ont fait comprendre qu’ils ne voulaient plus jamais avoir affaire à lui, sans explications. Mais le jour où il rencontre Sara, dont il tombe amoureux, il accepte de revenir en arrière et de partir en quelque sorte en pèlerinage, pour retrouver ses amis perdus et essayer de comprendre les raisons de cette rupture brutale d’autrefois.
Haruki Murakami décrit avec réalisme mais beaucoup de subtilité et de finesse psychologique, les relations entre son héros principal et les personnages qui l’entourent et avec lesquels il essaie tant bien que mal de rentrer en résonance. Un roman juste, grave et emprunt de mélancolie qui nous plonge dans le Japon contemporain. Une très belle écriture aussi, fluide et sensible.
Delphine
Rentrée littéraire - septembre 2014
Tom Lanoye est un auteur venu de Flandre que l’on apprécie tout particulièrement chez Papyrus. Dans son dernier roman, « Troisièmes noces », il nous séduit une fois encore par sa verve, sa langue unique, à la fois truculente et brute, qu’on entend chanter au rythme d’un phrasé enlevé, son ton direct qui touche les cœurs.
Tom Lanoye est incontestablement le roi du tragi-comique, celui qui sait parler avec un humour décapant et beaucoup de justesse de sujets qui dérangent comme l’immigration, la solitude, le chômage, la maladie ou l’homosexualité.
Maarten Seebergs, quinquagénaire homosexuel veuf depuis quelques années d’un compagnon mort trop jeune, accepte de faire un mariage blanc avec Tamara, une jeune et belle Africaine. Il reçoit de l’inconnu qui lui propose le marché une coquette somme en échange du service rendu, mais les conditions sont claires : « Tu te maries avec elle, tu vis avec elle. Mais si tu la touches, je te massacre. » Commence alors une cohabitation étrange entre le quinquagénaire altruiste et la jeune Africaine désinvolte. Entre les désagréables visites des inspecteurs du service de l’immigration, les sautes d’humeur de Tamara, les insomnies de Maarten, une complicité se noue contre toute attente entre les deux cohabitants, qui aboutit à une relation vraie faite de respect et d’affection.
« Troisièmes noces » est un roman qui marque. Truffé de passages hilarants, de réflexions noires sur notre société, mais aussi de scènes particulièrement crues, ce livre ne laissera personne indifférent. Tom Lanoye frappe fort et dit bien haut certaines choses qui dérangent, et c’est ça aussi qui fait son charme.
Delphine
Rentrée littéraire - août 2014
Situé entre l'essai et le roman, Un monde flamboyant nous emmène sur les trace d'Harriet Burden, artiste new yorkaise intrigante. Hustvedt commence par raconter le cheminement qui l'a amenée à découvrir Burden et l'enquête qu'elle a ensuite réalisée pour construire son roman. Après quelques dizaines de pages, on est happé par la vie de cette femme qui, faute d'être reconnue sous son nom, va utiliser des pseudonymes pour exposer. Ces "pseudonymes" sont des hommes (jeunes et beaux) qui séduisent les galeries et la presse. Car, selon elle, une femme (qui plus est l'épouse d'un collectionneur de renom, pas spécialement belle, ni jeune) est discriminée dans la course à la reconnaissance dans le milieu de l'art. Paranoïa ou fait avéré ? Hustvedt nous laisse y réfléchir.
C'est un magnifique portrait de femme combattive, une vraie artiste qu'on rencontre à travers ce livre. Siri Hutsvedt propose par ailleurs une série de notes de bas de page qui complètent les propos de Burden et qui apportent un éclairage philosophique intéressant à la lecture du récit. A travers ce roman, on découvre également le milieu artistique new yorkais et l'oeuvre de Burden en particulier, que les descriptions de ses installations délirantes donnent envie de connaître davantage. Un livre particulier, pas évident à aborder, mais qui vaut le détour.
Catherine
Rentrée littéraire - septembre 2014