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Voici un très beau roman, un des premiers romans écrit par une afro-américaine, en 1937, et aujourd’hui traduit en français, grâce aux éditions Zulma, qui régulièrement nous invitent sur les chemins de la découverte. Janie, petite fille d’esclaves, est élevée par sa Nanny (grand-mère), dans une petite ville des Etats-Unis. A l’âge où Janie n’est plus une enfant, à l’âge où elle rêve d’un avenir plein de promesses et de surprises. Sa Nanny, pour préserver celle qu’elle a toujours aimée, du monde et de ses dangers, la marie à un vieux monsieur... Il faudra trois mariages et autant de vies pour que Janie atteigne son rêve d’indépendance.
C’est un roman d’amour (surtout pas niais), c’est surtout l’histoire d’une émancipation, écrit dans une langue savoureuse et chatoyante.
Véronique
Paru en septembre 2018. Existe aussi au format numérique.
La traductrice du livre, Sika Fakambi, sera l'invitée de l'Intime festival le dimanche 25 août à 14h45.
A l’approche de la quarantaine, Josie, une mère dépassée par son quotidien décide de tout laisser derrière elle. Son ex-mari lâche, son métier pénible et ingrat, ses mauvais choix passés. Elle loue un camping car et prend la route vers l’Alaska, avec ses deux jeunes enfants. Dans l’espoir d’un nouveau départ. Entre les incendies, les péripéties, les rencontres en tous genres, la boisson et les frasques des deux adorables gamins, Dave Eggers écrit un récit initiatique et une ode au changement et à l’aventure.
À la fois légère et tranchante, drôle et amère, la plume de l’auteur nous offre un regard limpide sur les doutes intimes de notre société.
Olivier
Paru en novembre 2018. Existe aussi au format numérique.
"Tu ouvres la porte et il est là."
"Je le reconnais tout de suite, alors qu'il devrait être méconnaissable. Il n'a pas bien vieilli. Ces gamins qui ont une belle peau, des taches de rousseur et qui ne vieillissent pas ? A la quarantaine, j'imagine, ils commencent à avoir les joues flasques, les traits bouffis, la peau comme de la chair de poule. On dirait qu'il n'a pas beaucoup dormi.
Salut, dis-je, et je lâche un rire gêné, un mauvais choix, semble t-il, car son regard se durcit encore davantage. Il frissonne.
"Aaron est là ?" demande t-il d'une voix rauque."
Qui est vraiment Dustin, psychologue, la quarantaine, marié, père de deux adolescents, un homme d'apparence faible, qui a du mal à terminer ses phrases, qui cherche ses mots, subjugué par ses propres contradictions et les failles de sa mémoire.
"La vérité - mes vrais souvenirs - a toujours été contaminée par mes fantasmes ou mes rêveries; ils n'ont jamais cessé d'échanger leurs places, de bouger, si bien que je n'ai jamais vraiment su distinguer ce qui était du domaine du souvenir de ce qui était celui de l'imagination."
Dustin, dont les parents, de même que l'oncle et la tante sont morts brusquement, alors qu'il était un garçonnet.
"Je me rappelle avoir marché, avoir marché sur la scène de crime...Ma mère sur le perron. Mon père dans le salon, avec de la musique en bruit de fond. Ma tante sous la table de la cuisine. Mon oncle adossé au comptoir."
Dustin, dont le frère adoptif, accusé du meurtre, puis innocenté, vient, 30 ans plus tard, de sortir de prison.
Dustin, entraîné dans une enquête périlleuse par l'un de ses patients, ancien policier, obsédé par d'étranges disparitions de jeunes étudiants.
Un roman noir de noir, à la construction ingénieuse !!!
Véronique
Paru en août 2018. Existe aussi au format numérique.
Un intello mexicain décroche une bourse pour écrire une thèse à l’université de Barcelone. Mais quelques jours avant de s’envoler avec sa fiancée, un cousin foireux profite de son séjour dans la capitale espagnole pour l’enrôler dans une magouille douteuse. Voici donc un rat de bibliothèque confronté à la brutalité du monde de la mafia catalane. Des personnages drôles déployés par une écriture intelligente et pleine de dérision. C’est un récit à plusieurs voix qui teinte ce livre des codes du roman noir, tout en s’en amusant.
Olivier
Paru en septembre 2018. Existe aussi au format numérique.
On avait adoré Comment j’ai rencontré les poissons, on poursuit la découverte de l’oeuvre du journaliste, écrivain et multi-tâches Ota Pavel dans ce nouveau recueil d’articles intitulé A chacun sa part de gâteau. Composé de quinze récits contant les exploits et déconvenues d’athlètes de haut niveau, ce recueil nous touche par l’empathie qui se dégage de l’écriture sensible et émouvante de son auteur, lui-même sportif, qui a côtoyé chacun de ces sportifs de différentes disciplines (vol à voile, cyclisme, ping-pong, gymnastique, football, canoé, hockey) jusqu’à, pour certains, devenir leur ami proche. Il rend justice, sans larmes ni fanfare mais tout en finesse, à leur souffrance et à leur capacité d’abnégation. Un très bel hommage à de grands champions !
Ils ne seront plus jamais champions du monde.
Mais est-ce que tout le monde peut et doit devenir champion du monde?
Catherine D.
Paru en octobre 2018, traduit du tchèque par Barbora Faure.
Alors qu’il vit sous protection policière, Roberto Saviano voit l’âge des caïds de son quartier baisser drastiquement. Il se lance alors dans la rédaction de ce roman choquant, de par son sujet qui colle trop à la réalité napolitaine et symptomatique d’autres grandes villes gangrénées par la mafia. En utilisant la comparaison avec les bancs de piranhas, Roberto Saviano nous plonge dans l’univers de ces baby-gangs, composés de jeunes adolescents armés (de 10 à 18 ans) qui ne rêvent que d’une vie criminelle, même si parfois écourtée, pleine de pouvoir, de fric et de gloire à diffuser à coups de publications chocs sur les réseaux sociaux, tellement préférable à une vie rangée et studieuse. Violent et glaçant.
Catherine D.
Paru en octobre 2018, traduit de l’italien par Vincent Raynaud. Existe aussi au format numérique.
Fable écologique, roman choral et initiatique, réflexion humaniste et plaidoyer environnemental en faveur du monde végétal, c’est tout ce qui nourrit, et bien plus encore, cet Arbre Monde du génial Richard Powers. On y découvre et on s’attache inexorablement aux destins des 9 personnages principaux, chacun relié à une essence végétale particulière, et qui vont se rencontrer, s’aimer parfois, s’entraider surtout, à l’image de ces arbres dont la botaniste fictive Patricia Westerford va s’attacher à comprendre le système de communication et d’interdépendance. Ici, ce sont les arbres les héros, l’humain doit se réinventer et reprendre sa place dans une vision holistique du monde... Coup de coeur absolu !
Catherine D.
Paru en septembre 2018, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin. Existe aussi au format numérique.
De l'histoire d'amour et du mariage de Sylvia Plath et Ted Hughes, on ne connaît généralement que la version de la première, abondamment détaillée dans ses lettres et ses journaux. Son époux, quant à lui, refusait de s'exprimer à son sujet après son tragique suicide, souhaitant avant tout protéger leurs deux enfants. Ce n'est qu'en 1998, quelques mois avant son propre décès, qu'il publiera Birthday Letters, un recueil de poèmes dédié à Plath. Souvent accusé d'avoir causé la mort de celle-ci, dépeint comme un époux cruel et coureur de jupons, il a stoïquement encaissé les attaques et les ragots durant trente-cinq ans.
Connie Palmen lui donne une voix dans ce roman qui se lit comme un récit, basé sur les œuvres des deux poètes et sur les nombreuses biographies qui leur ont été consacrées, et apporte une nuance bienvenue au mythe de ce couple iconique. Sous sa plume, on découvre un Ted fou amoureux de "[sa] jeune épouse", plein de compassion pour elle, sa maladie mentale et ses démons intérieurs, l'encourageant à trouver sa voix poétique. Le texte évoque leur rencontre, leur vie commune, leur complicité et leur complémentarité, sans pour autant romantiser les drames vécus par l'un et l'autre.
Une très bonne lecture à propos de deux poètes ayant marqué le XXème siècle par leur œuvre et leur vie.
Hélène
Paru en octobre 2018, traduit du néerlandais par Arlette Ounanian. Disponible aussi en version numérique.
Pourquoi écrivons-nous ? Irruption du cœur.
Parce que nous ne pouvons pas simplement vivre.
La création, et le geste créatif, sont au coeur de ce texte qui nous livre les impressions de Patti Smith lors d’un voyage à Paris et alentours; impressions qu’elle intériorisera et transformera pour en écrire la nouvelle qui donne son titre à ce livre, Dévotion. Magnifique, tout simplement !
Catherine D.
Paru en novembre 2018. Existe aussi au format numérique.
Peter Stamm a la plume fine et concise. Ce livre, dans lequel se mélangent les temps et dans lequel la mémoire crée des correspondances inédites, se lit avec beaucoup de plaisir et une certaine délectation vertigineuse, tant la fluidité de l'écriture nous conduit dans les curieux échos entre présent et passé.
Le narrateur raconte à une certaine Lena son histoire d'amour ancienne avec Magdalena. Les deux femmes se ressemblent comme deux gouttes d'eau.
Un livre court et très bon.
Natacha
Paru en août 2018. Traduit de l'allemand par Pierre Deshusses
Laura Kasischke s'inspire ici d'une communauté religieuse ayant réellement existé au début du XXème siècle, en plein cœur du Michigan. Ses adeptes, vêtus de blanc, aux longs cheveux et aux longues barbes, se rassemblaient autour du charismatique Benjamin Purnell, qui leur promettait la jeunesse éternelle de leur corps après la mort. Véritable destination touristique quelques années seulement après sa création, "Eden Springs" comprenait un petit zoo, un parc d'attraction, un verger luxuriant; et se présentait presque comme un paradis sur terre... jusqu'à ce que le corps d'une jeune fille de 17 ans soit enterré en secret.
Par la voix de plusieurs personnages clés, en un court roman, l'auteure imagine les dessous de cette affaire et décrit une communauté aux allures de secte moins paradisiaque qu'il n'y paraît. Un livre troublant qu'on lit d'une traite.
Hélène
Roman inédit, paru en août 2018 et traduit de l'américain par Céline Leroy. Existe aussi au format numérique.
Avec son nouveau roman, Jon Kalman Stefansson nous emporte dans son univers à la fois âpre et poétique, sauvage et beau, à l’image de son pays, l’Islande. Comme dans ses précédents romans, l’histoire d’une famille nous est racontée dans un récit construit comme un puzzle, voyageant entre plusieurs lieux et époques, depuis les années 1950 jusqu’au début du XXIe siècle.
Sigvaldi et Helga se rencontrent dans les années 1950 à Reykjavik, vivent une passion brûlante et de leur union, naîtront deux filles, dont Asta, la cadette. Mais Helga est instable, attirée par la nuit et l’alcool, et abandonne sa famille. Sigvaldi ne peut assumer seul la charge des jeunes enfants et les confie : Asta sera recueillie par Steïnvor, une nourrice, qui lui donnera tout son amour. Malgré la tendresse de sa vieille nourrice, Asta se perd à l’adolescence et sera envoyée le temps d’un été, dans une ferme isolée dans les landes islandaises, en compagnie d’un autre adolescent, Josef. Une rencontre qui marquera la suite de son existence.
Voici les grandes lignes de ce récit qui parle d’amour, de la recherche du bonheur, de la mort, de la vie. (Rien que ça...) Stefansson nous livre aussi une description de son pays, son évolution sociale et économique sur plus d’un demi-siècle, la rudesse de son climat, la beauté de ses paysages. Asta est une saga à l’islandaise narrée par la voix si singulière de Stefansson, dans une prose poétique à la grande puissance évocatrice. Un texte magnifique à découvrir.
Delphine
Paru en août 2018, traduit de l'islandais par Eric Boury.
Le livre s'ouvre sur le récit d'un transfert, celui d'une maison d'arrêt à une prison pour femmes en Californie. Romy Hall vient d'être condamnée pour le meurtre d'un client qui la harcelait, pour lequel elle a écopé de deux peines à perpétuité, plus six ans. On suit dès lors son quotidien derrière les murs de cet établissement pénitencier, où la brutalité est loi, tout en remontant le fil de sa vie. De la banlieue pauvre de San Francisco où elle a grandi, au Mars Club où elle a dansé pendant plusieurs années avant d'être contrainte de fuir la ville avec son fils, son récit nous hypnotise. Il révèle une jeune femme intelligente et débrouillarde, tout à la fois maîtresse de sa vie et victime d'un système défaillant.
Hélène
Traduit de l'américain par Sylvie Schneiter, paru en août 2018. Existe aussi au format numérique.
Quelques années après son roman Guerre et térébenthine, nous retrouvons avec un grand plaisir la plume de l'écrivain flamand Stefan Hertmans, dans le très beau roman Le cœur converti, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin.
Le livre s'ouvre à Monieux, dans le Vaucluse, où l'auteur séjourne une partie de l'année. Ce petit village paisible et tranquille du sud de la France a été pendant le Moyen-Age le lieu d'un terrible pogrom. Intrigué par l'étrange histoire de l'endroit, Hertmans enquête et découvre l'histoire de la belle Vigdis, une jeune femme issue de la bourgeoisie catholique, qui, par amour, renonce à la vie confortable que sa famille pouvait lui offrir. Elle devient une fugitive, parcourt toute la France, se cache, se convertit, aime, enfante, reconstruit de nouvelles relations, et fuit encore et encore.
L'auteur dresse aussi le portrait d'une époque assez méconnue, époque violente et sombre en Europe. Un temps où l'intolérance religieuse est de mise. Tout en étant très documenté, ce livre est pourtant un vrai roman, on vibre avec Vigdis et David, on fuit avec eux, on tremble que leurs poursuivants approchent d'un village où ils se sont réfugiés.
C'est à nouveau un grand roman que Stefan Hertmans nous propose ici. Il nous plonge dans une époque avec originalité car il nous raconte en parallèle l'histoire de ces deux amoureux en plein Moyen Age et l'histoire de sa propre enquête sur leurs traces à travers l'Europe (et jusqu'aux portes du Maghreb).
Par en août 2018. Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin.
Nous recevons l'auteur le mardi 27 novembre à 19h30.
Lorsque Maddy et Dalton se rencontrent, c'est une évidence, comme le nez au milieu de la figure : ils s'aimeront d'un amour pur, pimenté d'un humour sauvage, au gré des descentes de rivières sinueuses et de poissons pêchés comme des trophées. Et puis, la vie s'ébroue, se carapate, c'est la sortie de route pour Mad qui, alors qu'elle est enfin enceinte de ce premier enfant qu'ils attendent depuis plusieurs années, se découvre atteinte de la sclérose en plaques... C'est toute la force et le talent de Pete Fromm de nous plonger dans un mélodrame qui se joue des codes, sans être larmoyant ni englué dans le pathos. Mad et Dalt vont affronter la maladie en continuant de rire à leurs blagues pas si subtiles que ça mais si importantes pour faire face à la déchéance du corps et de la mémoire de Mad, ils auront deux enfants, déménageront, changeront de métier, mais en s'aimant toujours plus fort au gré des nombreuses remises en question que traversera leur couple profondément uni.
D'une écriture limpide comme l'eau qui scellera leur amour éternel, ce roman nous emporte avec lui et on se prend à glisser avec eux dans les rapides du Wyoming, à subir le sort qui s'acharne et à mettre de l'amour dans les gestes quotidiens. Un roman intense, qui perdure dans nos mémoires longtemps après l'avoir refermé...
Catherine D.
Paru en avril 2018, traduit de l'anglais (Etats-Uniq) par Juliane Nivelt. Existe aussi au format numérique.
Le livre commence pendant les vacances d'été. Julia et Cassie ont douze ans, elles sont amies depuis toujours, aiment faire croire qu'elles sont sœurs grâce à leurs yeux bleus. Durant cet été, elles imaginent des jeux sophistiqués dans les lieux qu'elles explorent: une carrière à l'eau limpide, un asile psychiatrique abandonné, leur petite ville de l'Est américain... Mais à leur entrée au collège, les choses changent, les deux filles s'éloignent. Julia, la narratrice, poursuit une scolarité exemplaire et se débat dans un début d'adolescence. Cassie se fait quant à elle de nouveaux amis plus âgés, va à des fêtes pour fuir le climat orageux qui règne chez elle, où son nouveau beau-père tente d'exercer une autorité pour elle illégitime.
Trois années passent et Julia décortique avec nous cette séparation graduelle avec Cassie, l'éloignement subtil mais inéluctable, les liens qui se desserrent jusqu'à ce que, stupéfaite, elle ne soit plus capable de connaître avec certitude les pensées qui traversent son amie, tandis que celle-ci prend des risques de plus en plus grands dans une quête paradoxale de sécurité.
Claire Messud signe un roman réussi sur l'amitié, l'adolescence, sur la compréhension que l'on peut avoir (ou que l'on pense avoir) des autres et sur la séparation... un livre qui pousse à la réflexion ainsi qu'au souvenir de sa propre adolescence avec un arrière-goût de sombre nostalgie.
Hélène
Paru en avril 2018. Traduit de l'anglais (américain) par France Camus-Pinchon. Aussi disponible en livre numérique.
Lors d’une journée pluvieuse qu’il passe à farfouiller dans une bouquinerie, le célèbre écrivain Gil Coleman aperçoit par la fenêtre la silhouette de son épouse Ingrid, disparue depuis douze ans sans laisser de traces. En se lançant à sa poursuite, il fait une chute assez grave qui ramène auprès de lui leurs deux filles, Nan et Flora, dans la maison au bord de la mer où elles ont grandi.
Tout au long du livre, des lettres écrites par Ingrid au cours des dernières semaines avant sa disparition vont faire découvrir au lecteur entre chaque chapitre « l’histoire vraie » de sa relation avec Gil: leur mariage précipité qui avait fait suite à leur liaison d’été, et la vie de famille pas toujours confortable qui en a découlé par la suite, alors qu'Ingrid avait sacrifié ses projets de voyage et de carrière pour vivre le grand amour avec son ancien professeur...
Un mariage anglais est un roman au parfum de mer et de sable, de mystère et de secrets, d’amour et de trahison… bref, une lecture idéale pour les vacances.
Hélène
Traduit de l’anglais par Mathilde Bach. Paru en mai 2018.
Gallmeister nous offre à nouveau une très belle publication avec ce premier roman de l’américaine Emily Ruskovitch. Au cœur des montagnes de l’Idaho vivent Ann et son mari Wade. Ce dernier a vu sa famille brisée quelques années auparavant par un événement dramatique survenu au cours d’une journée ordinaire. Sa mémoire le quitte peu à peu, tout comme celle de son père et de son grand-père les avaient quittés au même âge. Avant l’inéluctable disparition de ses souvenirs liés à ce jour décisif, Ann tente de relier les indices qu’elle a trouvés au fil des années pour se faire une image cohérente de ce qui s’est passé, et que son mari a enfoui le plus profondément possible. Durant toute leur vie commune, elle sera hantée par cette après-midi qui a tout changé, obsédée par l'idée qu'elle en est d'une certaine façon responsable.
Le récit est guidé par une plume à la fois détachée et empathique, presque hypnotique, et on ne peut s’empêcher d’engloutir les pages pour tenter, comme Ann, de comprendre les événements passés et les conséquences qu’ils ont provoquées dans l’existence des personnages qui témoignent. Idaho est un roman qui reste en tête longtemps après qu'on l'ait refermé.
Hélène
Roman traduit de l'anglais (américain) par Simon Baril. Paru en mai 2018, existe aussi en version numérique.
Un régal ! un livre-reportage teinté d'humour et d'empathie pour l'Afrique et pour les Africains, sur les traces de Savorgnan de Brazza, explorateur au Congo.
Engagé par une certaine Idanna, descendante de Brazza, Clemente Bicocchi, se rend au Congo, en 2008, pour filmer l'imposant mausolée, très controversé, dans lequel repose la dépouille de l'explorateur. Il en tirera un film "Africa nera, marmo bianca" (Afrique noire, marbre blanc) et un livre "Il bianco del re" (Le blanc du roi).
Emporté par des rencontres inattendues et des situations insolites, C. Binocchi raconte, d'une plume réjouissante, son approche du Congo et sa perception du "Grand chef blanc" qu'était Brazza, qui a donné son nom à Brazzaville. Ce dernier ayant privilégié l'approche pacifique entre civilisations et cultivé un projet de développement pour l'Afrique.
"Je suis resté vingt-cinq jours sous le toit de Makoko (roi des Téké), j'ai séjourné deux mois dans ses Etats. Il n'aurait pas mieux traité ses enfants que nous l'avons été par lui... Je n'ai jamais eu l'habitude de voyager dans les pays africains en guerrier, comme M Stanley, toujours accompagné d'une légion d'homme armés, et je n'ai pas eu besoin de faire des échanges, parce que, voyageant en ami et non en conquérant, j'ai trouvé partout des gens hospitaliers." (Extrait de son journal, 1880)
Ainsi, comme le souligne l'éditeur, dans sa présentation du livre "Il a existé, à la fin du 19ème siècle, une autre voie que la colonisation brutale mise en œuvre par les grandes puissances européennes "
Véronique
Paru en mai 2018, traduit de l'italien par Samuel Sfez
Il y a le titre et puis, la couverture. Nos souvenirs sont des fragments de rêve, c'est une plongée dans la vie intime du narrateur , jamais nommé, qui va, enfant, rencontrer celui qui va devenir son meilleur ami envers et contre tout (et tous), Alex, et la soeur de celui-ci, Stella, dont il va tomber éperdument amoureux. Pendant un demi-siècle, nous allons suivre ces trois personnages, sur fond de clivage social puisque Alex et Stella sont les enfants d'une famille de riches entrepreneurs, tandis que le narrateur est issu de la classe moyenne inférieure dont le père a été rétrogradé et dont la mère est secrète et engoncée dans des traditions familiales. Mais c'est aussi et surtout l'histoire d'amour entre Stella et le narrateur, professeur et écrivain, qui n'auront de cesse de se chercher pendant toutes ces années, après avoir vécu quelques années d'amour absolu à l'adolescence... Amour absolu que le narrateur ne parviendra jamais à oublier totalement. C'est enfin un roman qui s'inscrit dans l'histoire contemporaine de la Finlande, dans ses rapports avec ses voisins russes et allemands, à l'heure où les attentats ont touché Madrid et Paris et où l'économie chancelle à la fin des années 2000.
Voici une sombre et belle histoire d'amour qui a comme écrin les majestueux paysages finlandais et qui est baignée de la musique de Georges Harrison!
Catherine D.
Paru en janvier 2018, traduit du suédois (Finlande) par Jean-Baptiste Coursaud - Existe aussi en format numérique.
Grande fresque historique (de 1873 à 1896) narrant la colonisation de l'Afrique, notamment celle du Congo de Léopold II, et parallèlement, la difficile émancipation des Noirs Américains. Roman choral qui alterne les lieux et les combats de figures emblématiques telles que David Livingstone, Henry Morton Stanley, Pierre Savorgnan de Brazza, Georges Washington Williams, Booker Taliaferro Washington, Roger Casement et Joseph Conrad... Livingstone, Stanley et Savorgnan de Brazza, ces trois explorateurs, désireux d'abolir l'esclavage pratiqué par les Arabes, ouvrent la voie de l'Afrique aux Européens. Léopold II n'hésitera pas à se servir d'eux et à abuser de leur confiance. Car derrière ce simulacre de désir de justice, abolition de l'esclavage et apport de civilisation, c'est d'argent et de pouvoir dont il est question.
Rencontre entre Roger Casement et Joseph Conrad, le 6 septembre 1890
Vous semblez un homme intelligent, avait dit Casement en haussant le ton pour se faire entendre de son camarade. Alors prenez garde à vous, puisque vous allez remonter le fleuve. Soyez préparé à découvrir une part de vous-même que vous ne soupçonniez pas. Nous sommes nés blancs, c'est ainsi et on ne peut rien y faire. Nous ne saurons jamais ce que signifie être nègre, alors autant ne pas essayer. Mais en tant qu'être humain, je vous le dis, nous aurons à répondre de ce qu'il se passe ici. Vous vouliez de l'aventure, vous en aurez. Mais vous ne vous en apercevrez pas, trop occupé à surmonter les chocs que vous subirez. Vous allez voir des morts... Mais ça n'est rien comparé aux conséquences du pillage de l'ivoire et du caoutchouc. La civilisation ? La lutte contre l'esclavage ? Un tissu de mensonges. A l'intérieur, ce sont des centaines, des milliers de morts que vous allez voir. C'est ça le Congo... Quand vous rentrerez en Europe, souvenez-vous des morts. Quand vous jouerez au billard, ou aux échecs, quand vous utiliserez une canne pour vous déplacer. Souvenez-vous des morts que cet ivoire a coûtés, pour le seul plaisir des Européens.
Dans le même temps, en Amérique, malgré certaines lois passées, les Noirs sont toujours lynchés, tués, dans les Etats du Sud. Au fil des pages, Georges Washington Williams et Booker Taliaferro Washington, militants pour la cause des Noirs, livrent leur combat. Par ailleurs, George.W.Williams se rendra au Congo et critiquera ouvertement l'attitude des colonies belges.
A lire d'urgence, tant ces lignes résonnent encore furieusement aujourd'hui. Assurément, Jennifer Richard signe un grand roman.
Véronique
Paru en mars 2018.
Voilà un livre rondement mené! On prend les mêmes protagonistes, au Vietnam à la toute fin des années 60 et puis aujourd'hui dans le cadre d'une élection sénatoriale aux Etats-Unis. Les deux histoires vont s'imbriquer à cause d'un petit mensonge, juste une formalité pour le commissaire Fremantle: venir sur un plateau télé et confirmer les faits d'armes du sénateur Drake (du moins sa version des faits), sénateur qui fut son soldat au Vietnam et dont la campagne de réélection s'embourbe. Mais un second petit mensonge en vue de confirmer le premier pourrait s'avérer nécessaire. La course au pouvoir peut-elle tout justifier? Plus rien n'est certain... si ce n'est qu'il y a eu une sale guerre et qu'un sénateur va devoir être élu dans l'Etat du Nouveau-Mexique.
Gregory R.
Paru en avril 2018, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Fanchita Gonzales Bantlle.
Ruth est infirmière en maternité depuis plus de vingt ans. Elle est une employée exemplaire, appréciée de tous, qui élève seule son fils adolescent, Edison, depuis le décès de son mari en Afghanistan. Elle est également la seule infirmière afro-américaine de son service. Turk et Brittany sont les jeunes parents d'un bébé qui vient de naître dans le service de Ruth. Ils sont tous deux convaincus de la supériorité de la "race blanche", et refusent catégoriquement qu'une personne de couleur s'occupe de leur fils. Cette directive s'avère cruciale lorsque, à la suite d'une opération bénigne, le nouveau-né se retrouve en détresse respiratoire, sans personne d'autre que Ruth pour lui porter secours.
À travers la tragique histoire d'un enfant décédé, et du procès qui s'ensuit, Jodi Picoult nous raconte une "banale" histoire de racisme aux États-Unis. Le lecteur est immergé dans les histoires individuelles des trois personnages principaux: Ruth, Turk, et enfin Kennedy, l'avocate de Ruth. Trois parcours de vie, trois visions du monde et a fortiori de la même affaire... Une lecture haletante qui remue un sujet malheureusement toujours d'actualité, et pas uniquement outre-Atlantique.
Hélène
Paru en mars 2018, existe aussi au format numérique.
Le roman tourne autour de deux femmes, Adèle, 17 ans et Dora, de 13 ans son aînée. Adèle vit avec sa mère, Rosaria et sa soeur Jessica "quinze ans, tartinée de fond de teint, avec une minijupe qui laissait voir sa culotte, dès qu'elle se penchait, un papillon tatoué dans le cou". Elles habitent aux "Lombriconi", près de Bologne, un ensemble de tours, "Huit cents mètres de longs, énorme : six cent soixante-douze appartements, cinq étages, vingt-huit escaliers". Avant le départ de leur père, elles habitaient dans un joli quartier. Et Adèle est enceinte d'un bébé qu'elle ne désire pas vraiment. Dora est professeur de lettres, dans un lycée renommé du centre de Bologne. Elle a épousé le beau gosse du collège, mais ce qui lui manque par dessus tout, c'est d'être mère. Tout son être aspire à la maternité qui semble lui être refusée, ce qui mine son couple à petit feu. Autour d'elles gravitent le beau Manu, petit ami d'Adèle et père de l'enfant à venir, et Zeno, le voisin, élève studieux des "Lombriconi", amoureux secret d'Adèle...
Silvia Avallone nous avait déjà séduit par son roman D'acier, récit planté dans la cité industrielle de Piombino en Toscane. La vie parfaite s'inscrit de nouveau dans l'Italie contemporaine, dans une société en crise, décrit des êtres fragilisés par des enfances fracassées, aux avenirs plus qu'incertains, des vies brisées, chacun aspirant à vivre un petit bout de ce que serait "une vie parfaite". D'une écriture parfaitement maîtrisée, ce roman social est aussi empreint d'une grande tendresse et offre de très belles pages sur la maternité.
Véronique
Paru en avril 2018, traduit de l'italien par Françoise Brun, existe aussi sous format numérique.
De l'enfance de Maroussia à l'âge mûr de Nora, il y a un siècle. Grand-mère et petite-fille vivent l'une et l'autre comme elles l'entendent à chaque extrémité de ce siècle au cours duquel l'Histoire russe rudoie les familles, sépare les amoureux, entrave parfois les artistes.
A la mort de sa grand-mère Maroussia, Nora hérite d'une malle d'osier pleine d'archives et de lettres. A travers elles, nous découvrons la jeunesse de Maroussia et de Jacob, amoureux de culture et épris l'un de l'autre. Une Maroussia qui affirme d'emblée son indépendance et son souhait de ne pas s'enfermer dans la seule vie de famille. Qui découvre une créatrice de renom dans le monde du spectacle et suit sa voie avec détermination.
En alternance avec la vie de Nora, nous suivons cette Maroussia passionnante et passionnée, et Jacob aussi, au fil des multiples éloignements infligés à leur couple, du service militaire à l'exil en Sibérie.
A l'autre bout du siècle, Nora conduit aussi sa vie hors des sentiers battus. En bons termes avec un mari de façade qui ne partage pas sa vie, elle éduque seule leur fils Yourik. Scénographe, elle réinvente avec son amant metteur en scène les grandes oeuvres du répertoire russe et international.
Dans ce roman inspiré de l'histoire de sa propre grand-mère et à travers ces deux destins de femme, Ludmila Oulitskaïa nous livre aussi son regard placide et ironique sur le XXème siècle russe et c'est ample, ambitieux, captivant.
Natacha
Paru en mars 2018. Traduit du russe par Sophie Benech. Existe aussi en format numérique.