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David Treuer a grandi dans une réserve indienne dans le nord du Minnesota et n’a de cesse de conter les conditions de vie des Amérindiens dans ses écrits. Roman choral, Et la vie nous emportera ne déroge pas à la règle et livre une magnifique histoire où s’entremêlent des thèmes aussi forts que le tabou de l’homosexualité, l’inégalité raciale, les amours impossibles, la guerre, ...
Eté 1942. Frankie vient passer ses dernières vacances dans la résidence estivale de ses parents, située en bordure d’une réserve indienne, avant d’intégrer l’armée. Il y retrouvera, outre ses parents (mère étouffante, père distant), Félix, le vieil indien homme à tout faire du domaine, et Billy, jeune homme métis auquel le lie une amitié très forte et particulière. A peine arrivé, un incident tragique va bouleverser leurs retrouvailles et avoir des conséquences dramatiques pour chacun des protagonistes.
Très fort, très juste dans ses descriptions des sentiments ambigüs qui animent tous ses personnages, David Treuer parvient à nous emporter dans un récit empreint de mystère et de secrets. Un roman sombre, mais non dénué de purs moments de légèreté.
Catherine D.
Paru en août 2016, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Michel Lederer - Existe aussi en format numérique
Quelle épopée! L'histoire se déroule en 1917, dans le centre des Etats-Unis. Le pays est aux portes de la modernité, les voitures côtoient les cavaliers sur les routes, les revolvers sont encore dans toutes les poches et on n'hésite pas à dégainer. La misère est le lot quotidien d'une partie de la population, les inégalités de richesse, d'éducation sont criantes. Dans cet univers explosif socialement, trois frères (sur)vivent avec leur père en gagnant un salaire de misère en travaillant au champ pour un riche propriétaire. Fervent catholique, le père leur promet le banquet céleste après leur mort. Mais quand celui-ci s'écroule un beau matin, les fils n'ont pas vraiment envie d'attendre la rédemption finale et décident de suivre une autre voie.
Ils deviennent de vrais desperados, bien malgré eux. En voulant améliorer leurs conditions de vies, ils se retrouvent dans les embrouilles jusqu'au cou. Et, alors qu'ils sont devenus de vrais gangsters, on ne peut s'empêcher de s'attacher à eux. Ce livre est à la fois violent et drôle. Il a un côté western mais est aussi empli d'humanité, d'amour fraternel. Et c'est un magnifique portrait d'une époque. Un tout bon roman américain qui confirme que Donald Ray Pollock est un des grands romanciers américains du XXIième siècle.
Catherine M
Paru en octobre 2016, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bruno Boudard - existe aussi en format numérique.
Dans ce très beau roman, on suit le personnage de Wendy (13 ans), subitement confrontée à la disparition de sa mère dans les attentats du 11 septembre à Manhattan. Ayant des difficultés à continuer à vivre "comme avant", ne sachant pas comment gérer son propre deuil et celui de ses proches, elle saisit l'occasion que lui offre son père de le rejoindre en Californie. À l'autre bout du pays, elle apprendra à connaître ce père (jusque là plutôt absent, mais idéalisé par l'adolescente).
Maynard nous offre encore une fois des personnages très bien campés et une histoire remplie d'émotion, que l'on dévore avec un plaisir plein de larmes.
Hélène
Rentrée littéraire août 2016, traduit de l'américain par Isabelle D. Philippe - Existe aussi au format numérique
L’écriture si belle de David Vann nous plonge dans le cœur palpitant de Caitlin, petite grande fille aux prises avec une mère aimante rendue brutale par ses souvenirs d’enfance qui, tout à coup, remontent à la surface. Enfant aux premières marches de l’adolescence, Caitlin cultive un monde intérieur et des secrets pleins de chaleur et de vie, qui la protègent face aux sursauts de folie de sa maman. Et Caitlin a aussi un allié, marqué mais déterminé.
Vann manie les atmosphères et les images avec art. Il nous immerge dans un centre aquatique où le monde étrange de la vie sous-marine renvoie aux humains son miroir doux-amer. Ce faisant, Vann nous ensorcelle dans ce roman qui nous secoue dans tous les sens mais nous amène vers une issue pleine d’espoir.
David Vann est également l’auteur du très remarqué Sukkwan Island, de Impurs et de Goat mountain.
Natacha
Paru en octobre 2016, traduit de l'anglais (Etat-Unis) par Laura Derajinski.
Comme l'ombre qui s'en va, c'est l'histoire de l'errance de deux hommes dans la ville de Lisbonne. L'errance de James Earl Ray d'abord, l'assassin de Martin Luther King, qui, en mai 1968, parvient à fuir les Etats-Unis sous une fausse identité et rejoint la capitale portugaise un peu par hasard, espérant rallier l'Afrique par bateau depuis son port et y disparaître. L'errance de l'auteur lui-même ensuite, qui nous raconte ses quelques jours d'évasion en 1987 dans la ville de Pessoa, afin de s'y imprégner de l'ambiance de cette petite ville pour écrire son second roman Un hiver à Lisbonne.
Le récit entremêle les trajectoires de ces deux hommes à deux époques différentes, dans des contextes bien différents, mais qui se retrouvent tous les deux à un moment charnière de leur existence, avec la volonté de se perdre pour mieux se trouver ensuite. La ville de Lisbonne y fait figure de personnage en tant que tel, avec ses ambiances, ses odeurs, ses images presque hypnotiques. Le récit est envoûtant, l'écriture ondoyante, en spirale, finit par perdre le lecteur lui-même qui se met à errer avec les personnages dans le dédale des rues de Lisbonne.
Antonio Munos Molina, fasciné par James Earl Ray, retrace avec beaucoup de précision son parcours depuis sa naissance en Louisiane, jusqu'à sa fuite en Europe après avoir assassiné Martin Luther King et essaie surtout d'entrer dans la tête de cet assassin, de comprendre ses obsessions et de combler par la fiction les zones d'ombre que l'histoire a laissées floues. Il nous livre aussi avec beaucoup de sincérité ses propres réflexions sur l'acte d'écriture, sur la création littéraire et sur le sens de la vie. Ce texte, très fort et exigent, nous porte par sa beauté hypnotique et laisse des traces.
Delphine
Paru en août 2016, traduit de l'espagnol par Philippe Bataillon - Existe aussi en format numérique.
Amos Oz est un grand écrivain israélien, partisan de la paix et de la création d'un état palestinien.
A travers ce roman, on découvre l'histoire d'Israël, on apprend pas mal de choses sur les débats qui ont précédé la création de l'état juif. Et entre les lignes, c'est aussi la question de la pertinence de la création d'un état juif qui est posée. Tout au long du livre, on va suivre Schmuel, un jeune homme, un peu en manque de repères, dans la Jérusalem des années 1950, soit quelques années après la création de l'état. Celui-ci abandonne ses études et est engagé dans une étrange maison pour faire quotidiennement la conversation à un vieil homme. On découvre rapidement que cet homme a été proche de Ben Gourion et d'autres intellectuels qui ont mené des débats lors de la création de l'état. Parallèlement, l'auteur nous parle de Judas Iscariote et propose une lecture de l'histoire différente de celle habituelle présentée. Et si Judas n'était pas le traître mais bien le plus croyant et fidèle des disciples?
C'est un roman brillant d'intelligence et d'érudition. Il remet en question des choix politiques passés, il pose des questions sur l'histoire des religions et des relations entre religions. C'est un livre aux multiples facettes qui est aussi plein d'émotion et d'amour.
Catherine M
Paru en août 2016, traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen - existe aussi en format numérique.
Palerme dans les années 80, un endroit qui "a toujours été une poudrière, enculée de misère". C'est dans ce cadre que Davide Enia campe ses personnages hauts-en-couleur.
En 1932, Beckomberga, près de Stockholm, ouvre ses portes.
Cet hôpital psychiatrique se veut avant tout un havre de paix, "un nouveau monde où personne ne serait laissé pour compte".
Beckomberga a marqué l'adolescence de Jackie, l'héroïne du roman, qui s'évertue à maintenir les liens avec son père, Jim, alcoolique, dévastateur et suicidaire, en lui rendant régulièrement visite. Jim est soigné par Edvard, un médecin non conventionnel, qui cherche à humaniser et à responsabiliser ses malades.
La psychiatrie a beaucoup évolué, elle a aidé ses malades à rejoindre le monde du dehors. C'est cette histoire que nous revisitons en nous plongeant dans ce roman, orchestré par chapitres courts, donnant la voix aux différents protagonistes.
Un superbe roman sur le monde marginal de la folie douce.
Véronique
Paru en août 2016, traduit du suédois par Jean-Baptiste Coursaud - existe aussi en format numérique.
Tom est un soldat britannique ambitieux, ultra motivé. Il part en zone de conflit et en reviendra salement amoché.
Probablement largement autobiographique, c'est l'histoire de Tom qu'Harry Parker va nous livrer dans ce roman, au moyen d'un procédé narratif relativement original. En effet, les multiples narrateurs de ce roman sont des objets: un casque, un garrot, un sac-à-dos, un cathéter, une chaise roulante, une bombe, une bière, etc., etc. Cette manière de raconter l'histoire tient le lecteur en haleine, car chaque début de chapitre est une petite surprise. On se demande qui va nous adresser la parole et les premières lignes ne sont pas toujours explicites à ce sujet, on tente donc de découvrir au fil du récit de qui, ou plutôt de quoi, il s'agit. Cela rend la lecture assez amusante bien que le propos du livre soit plutôt tragique.
Catherine M
Paru en août 2016, traduit de l’anglais par Christine Laferrière - existe aussi en format numérique.

Avec Les fondamentaux de l'aide à la personne revus et corrigés, on embarque dans le quotidien tragique de Benjamin et Trevor, qui tous deux ont été malmenés par la vie, l'un physiquement, l'autre moralement. Lequel des deux est le plus cassé? Finalement l'histoire ne le dit pas, mais cheminer avec eux est un pur bonheur de lecture. On découvre petit à petit leurs histoires, ce qu'ils trimballent avec eux comme casseroles, mais on entrevoit aussi ce que pourrait être leur avenir (ou pas). Dans ce roman, il y a de l'aventure, de l'amour, de l'amitié, de l'humour (parfois ras des pâquerettes) mais aussi une philosophie de vie qui nous amène à penser à ce que la vie nous a donné (ou repris) à nous, lecteur. Il y a aussi de la folie, du "c'est juste pas possible" et ça, c'est aussi ce que la littérature a de magique et d'incroyable, c'est qu'elle peut tout ou presque. Voici une terriblement bonne lecture qui, en plus, vous fait voyager à travers la moitié des USA (sans devoir demander de visa, ça ne se refuse pas).
Catherine
Avril 2016 - Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie-Odile Fortier-Masek - Existe aussi en format numérique.
Nos années sauvages raconte l'histoire d'une famille traumatisée, puis séparée, par un événement survenu alors que la narratrice, Rosemary, n'était qu'une enfant : la disparition de sa "jumelle", Fern. Difficile, à partir d'ici, de parler du roman sans trop en dire sur l'intrigue. Fowler entraîne ses lecteurs dans un récit original abordant des thèmes variés, des dysfonctionnements familiaux à la psychologie, en passant par la primatologie. Voici un livre qui ne manquera pas de vous happer, et ne vous laissera sans doute pas de marbre.
Hélène
Avril 2016 - aussi disponible en format numérique.
Nous sommes en Angleterre, dans les années 1990. Kevin prend le train vers Glasgow pour enquêter sur un ancien ami artiste, écrivain. Il revient ainsi dans sa ville natale alors qu'il réside à Londres depuis une dizaine d'années avec son fils, David. Il s'intéresse à cet ancien ami, Mike, dont il fut le confident littéraire, et qu'il n'a pas revu avant son décès du SIDA. Entraînant le lecteur avec lui, Kevin se remémore sa vie à Glasgow et nous plonge dans ses souvenirs, dans le milieu de la drogue, dans les entrailles de la ville ravagée par le déclin économique. Le récit de sa rencontre avec Mike est tout aussi hilarant que glauque et donne le ton du livre dès le départ. On ne va pas s'ennuyer. Kevin se souvient de ce qu'était la vie de Mike avant son départ de Glasgow, une vie faite d'écriture et de piqûres d'héroïne. Il cherche aussi à savoir ce qu'il est devenu par la suite en contactant leurs anciens amis communs.
A travers cette quête, ce sont de multiples questions, réflexions qui surgissent. Qu'est ce que l'amour et l'amitié ? Pourquoi écrit-on ? Pourquoi se drogue-t-on? Où nous emmène la vie quand on démarre l'âge adulte à coup d'injections? Ce texte retourne notre estomac par son réalisme et nous livre une galerie de personnages finalement très attachants.
Un roman noirissime mais qu'il ne faut pas mettre sur le côté pour autant. Le style est lumineux, sans accroc et le livre nous appelle dès qu'on le referme.
Catherine
Mars 2016 - Traduit de l’anglais (Ecosse) par Clélia Laventure.
Justin, 11 ans, disparaît un soir d'été, sans laisser de traces. Pendant quatre ans, ses parents et son frère ne vont jamais cesser d'espérer, vont poursuivre leurs recherches, inlassablement. Ont-ils encore raison d'y croire après ces longues années ? Quand on le retrouve, comme par miracle, après quatre ans, sa famille va tenter de se reconstruire, de surmonter ses angoisses, de panser ses blessures. Pas si évident de retrouver une vie normale quand on a vécu si longtemps dans l'attente et l'angoisse...
Ce roman traite de l'absence mais surtout de la culpabilité d'une famille au retour du fils perdu. Ont-ils vraiment fait tout leur possible pour essayer de retrouver Justin ? Comment vont-ils faire face à cette explosion d'émotions mêlées ? Comment vont-il se reconstruire et redevenir une famille comme les autre après avoir traversé cette épreuve ? Comment Justin va-t-il se réintégrer à ce monde qu'il pensait avoir perdu ?
Bret Anthony Johnston nous pose toutes ces questions dans ce roman habilement construit et décrit les membres de cette famille avec une grande finesse psychologique et beaucoup de pudeur. Nous sommes happés par le récit, rythmé, suspendus au destin de cette famille au bord du gouffre.
Un premier roman réussi et très juste.
Delphine
Mars 2016 - Traduit de l'anglais (USA) par France Camus-Pichon - existe aussi en format numérique.
Virtuose de la langue, Alessandro Baricco nous entraîne une fois de plus dans un monde étrange et envoûtant, plein de poésie et de sensualité.
Nous suivons les pas de la Jeune Epouse, jeune fille de 18 ans fraîchement débarquée d'Argentine pour rejoindre le jeune homme à qui elle est promise. Nous sommes à la fin du XIXe siècle, dans une maison du Nord de l'Italie habitée par d'excentriques aristocrates aux moeurs bien fantasques mais raffinées. La jeune fille y fera la connaissance de la Fille, la Mère, le Père, l'Oncle, mais pas de futur mari en vue. C'est que le Fils est parti depuis quelques temps en Angleterre et personne ne sait exactement la date de son retour. Qu'à cela ne tienne, la Jeune Epouse décide donc de l'attendre dans cette si singulière maisonnée et de s'y laisser initier à ses étonnants rituels. Mais peu à peu sa présence modifiera le cours tranquille de la vie de la maison...
Dans cette fable presque hors du temps, Alessandro Baricco joue avec ses personnages, nous livre une vision malicieuse de notre société et nous offre une formidable réflexion sur le métier d'écrivain. Car il n'hésite pas à s'y mettre en scène dans de savoureuses digressions sur la narration et l'écriture. Ce livre est une preuve, s'il en faut encore, que Baricco est décidément maître de l'écriture subtile.
Delphine
Avril 2016 - Traduit de l'italien par Vincent Raynaud - existe aussi en format numérique.
Le sport, ça conserve. Aganetha Smart, ancienne coureuse olympique, a atteint l'âge de 104 ans. Médaillée d'or aux Jeux olympiques d'Amsterdam en 1928, avec l'équipe canadienne, elle a surtout passé toute sa vie à courir, inlassablement, comme portée par un élan irrépressible, une force incontrôlable, ne perdant jamais le souffle. Et du souffle, ce premier roman de Carrie Snyder n'en manque pas.
Au fil des pages, la mémoire confuse de cette centenaire va livrer au lecteur ses souvenirs depuis son enfance dans la ferme familiale au Canada, ses secrets enfouis aussi, et nous révéler une vie de femme forte qui traverse de nombreux drames, très seule dans son combat pour avoir le droit de vivre au grand jour sa passion, la course.
Si Aganetha Smart est un personnage de fiction, il est fortement inspiré des pionnières de la course féminine du début du siècle dernier. Elle symbolise le combat des femmes à une époque où le sport était réservé aux hommes. C'est aux Jeux olympiques de 1928 que certaines disciplines olympiques athlétiques ont été ouvertes aux femmes... pour leur être ensuite interdites, par crainte de leur épuisement...
Le roman est intelligemment construit, l'écriture limpide et le destin d'Aganetha Smart, passionnant !
Une très bonne lecture qui donne un éclairage inédit sur la condition des femmes au long du XXe siècle.
Delphine
Mars 2016 - Traduit de l'anglais (Canada) par Karine Lalechère - existe aussi en format numérique.
Dans ce roman, Mickey, 12 ans, nous fait vivre les quelques semaines de vacances estivales qui séparent son dernier jour à l'école primaire de son entrée au collège. Nous décrit son monde, dur, avec son regard d'enfant, doux, mais pas si insouciant que cela. Car nous sommes en 1980, dans un quartier populaire de Belfast, en plein conflit entre catholiques et protestants en Irlande du Nord. Et Mickey va découvrir au long de cet été tumultueux que la vie n'est pas si facile, et qu'il est parfois nécessaire de se battre et de franchir certains limites pour aller de l'avant. Entre un père alcoolique et violent, une mère devenue rêche à force d'épuisement, un frère aîné qui semble de plus en plus proche de l'IRA, une grande soeur qui s'éloigne peu à peu du foyer et une petite soeur avec qui il va être obligé de prendre un peu de distance, Mickey se débat entre son envie de grandir d'une part, sa peur d'être différent de l'autre. Car différent, il l'est, et les redoutables bandes de jeunes du quartier auxquels il ne parvient pas à se mêler le lui font bien sentir : sensible, doux, gentil, on le traite de "petit pédé", de fille.
Avec une écriture juste et sensible, Paul Mc Veigh nous décrit son pays et nous plonge dans l'ambiance de ce quartier populaire de Belfast, avec ses émeutes, ses habitants endurcis, où la peur de mourir et l'envie furieuse de vivre se côtoient. Car sous la noirceur du quotidien, on sent l'espoir d'un monde meilleur. Il a surtout créé un personnage très attachant, qui nous touche et nous parle. Un roman décidément plein de vie.
Delphine
Mars 2016 - Traduit de l'anglais (Irlande) par Florence Lévy- Paoloni - existe aussi en format numérique.
D'abord on rencontre Charlie, jeune écrivain mais déjà vétéran de la guerre de Corée, et sa jeune compagne Jaime, qui elle aussi se laisse aller à l'écriture. Ensuite, on fait la connaissance d'un ancien détenu qui fascine en même temps qu'il effraye le milieu littéraire.
Carpenter, dans ce roman magistral, dépeint ainsi progressivement une galerie de personnages terriblement attachants bien que souvent dépravés, alcooliques et auteurs. Des hommes et des femmes en manque de repères, qui se cherchent, qui construisent et déconstruisent leurs vies dans une Amérique qui semble proposer une seule voie pour sortir gagnant.
Nous sommes dans les années 70, sur la côte Est des États-Unis, et on navigue dans un cercle d'écrivains influencé par la beat génération, proche du poète Brautigan, proche du milieu hollywoodien friand de scénaristes capables de rendre banquable un film. Dans ce livre probablement en partie autobiographique, l'auteur nous permet d'approcher les joies et les tourments des écrivains et le pouvoir ou l'emprise que les mots lus et/ou écrits peuvent avoir sur eux. C'est un livre empli de nostalgie, d'amour, d'humanité.
Catherine
Mars 2016 - Traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy.
Joseph est acteur, surtout dans des pubs pour du dentifrice. Del (Delphine) est biologiste, spécialiste des reptiles et travaille au zoo en attendant d'obtenir sa Green Card. William est le meilleur ami de Joseph, acteur lui aussi, mais moins talentueux et donc jaloux de celui-ci. Madi est la meilleure amie de Del et aussi la soeur d'un de ses ex. Tout ce petit monde évolue tant bien que mal dans le milieu assoiffé, arty et défoncé de New-York, et la rencontre entre Madi et William va entraîner le lecteur dans une toile poisseuse dont il ressortira chancelant et k.o. Brillant!
Catherine D.
Janvier 2016 - Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny - existe aussi en format numérique.
Elyria, jeune New-Yorkaise, scénariste de soap-opéras, est une personne extraordinaire : lucide, drôle, courageuse, un peu décalée aussi et surtout au bord du burn-out émotionnel : le suicide de sa soeur, un mari brillant mais castrateur, une mère alcoolique, c'est vraiment beaucoup... Elle avance et même, elle fuit jusqu'en Nouvelle-Zélande, comme ça, sans prévenir quiconque. Elle ne veut divorcer de personne, seulement de sa propre histoire, mais est-ce possible? ça n'arrête pas de tourner dans la tête d'Elyria et c'est un vrai coup de coeur, coup de poing de partager ses pensées et ses rencontres.
Un magnifique roman, sur le fil entre folie et normalité, juste un gros manque d'amour...
Véronique G.
Février 2016 - Traduit de l'anglais (États-Unis) par Myriam Anderson - Existe aussi en format numérique.
Quand les livres résonnent fort avec l'actualité, notre envie de vous en parler redouble : c'est le cas de ce roman qui brille par ailleurs par sa grande qualité d'écriture et de construction.
L'auteur relate la rencontre entre Albert Drilling et Irin Past. Le premier a pour mission de renvoyer chez eux les étrangers en séjour illégal en toute diplomatie, en particulier quand il s'agit d'une personne qui pourrait mettre en danger la carrière de son ministre. Rigoureux et législatif, il a l'habitude de maîtriser chaque détail dans son travail et dans sa vie. Mais ici, parfois, tout dérape...
Irin Past, elle, s'appelle peut-être Irin Past...mais peut-être pas. Néerlandaise jusqu'au bout des ongles, elle ignore tout de son passé et du pays qu'elle a quitté à l'âge de cinq ans. Elle vit et travaille sur une île où elle est devenue la protégée de trois hommes qui l'aiment chacun à leur manière. Une île farouchement attachée à son indépendance vis-à-vis de la métropole, aussi !
Plein d'humour malgré la gravité de son sujet, avec une tonalité tantôt absurde, tantôt émouvante, ce roman traite son sujet avec une grande intelligence et raconte aussi une belle histoire. L'auteur, comme il l'indique en commentaire, a joliment documenté son sujet sans que jamais cela n'alourdisse le propos.
A découvrir avec délectation.
Natacha
Janvier 2016 - Traduit du néerlandais par Danielle Losman.
Nous avions aimé En mer, du même Toine Heijmans.
Quel diable, ce Veronesi ! Après le choc de Chaos calme, était-il possible d'imaginer une suite au destin si particulier de Pietro Paladini ? Mais oui, et c'est une vraie réussite, un bonheur total : une journée catastrophique, une fille unique qui fugue chez sa tante, d'énormes ennuis au boulot et pourtant... la vie éclate, et l'Italie aussi !
Véronique G.
Janvier 2016 - Traduit de l'italien par Dominique Vittoz - Existe aussi en format numérique.
Ruth Kowalsky, 12 ans, a bien l'intention de fausser compagnie à sa famille en pic-nic pour aller à la rivière toute proche. Elle sait que la frontière entre la Caroline du Sud et la Géorgie se situe au milieu de la Tamassee, elle pourrait mettre un pied de chaque côté... Elle n'a pas pensé à la profondeur, au froid, au courant qui, finalement, l'emporte.
Les jours passent et la rivière ne rend pas le corps de Ruth. Ses parents mobilisent leurs puissants moyens pour tenter d'imposer un dynamitage pourtant interdit par le statut du site. S'installe alors un débat public entre leur conception et celle des écologistes mais aussi des amoureux de cette splendeur sauvage. Pour eux, Ruth repose dans un endroit sacré et il ne faut ni la déranger ni déranger son sanctuaire...
Avec ce roman, Ron Rash nous offre une magnifique réflexion sur notre condition humaine, notre rapport à la nature et surtout sur nos responsabilités, des plus intimes aux plus citoyennes.
Puissant et passionnant.
Véronique G.
Si proche et si lointain... La vie d'un homme à travers trois moments importants de sa vie : la fin de l'adolescence et le décès de sa mère ; l'âge mûr, le divorce et le travail de prof, si prenant ; enfin la soixantaine, la retraite, la douce liberté retrouvée. Il vibre de passions, politiques et amoureuses, il est discret et attachant mais aussi singulier et profond. Si proche et si lointain... Un ami, somme toute...
Véronique G.
Janvier 2016 - Traduit du danois par Alain Gnaedig.
Nous sommes à Londres en 1920. Deux années ont passé depuis la fin de la terrible guerre où tant de choses ont changé pour tous : les hommes revenus vivants qui, profondément marqués, peinent à retrouver du travail, un amour simple et une place dans ce monde. Et les femmes, qui tentent de les comprendre, tout en pansant leurs propres blessures - celles de la perte, souvent.
Dans cette époque où tous les équilibres semblent rompus, nous suivons trois magnifiques personnages.
Hettie a 19 ans et, tous les soirs, elle travaille pour gagner de l'argent pour elle, pour sa terrible mère et pour son frère rendu amorphe par la guerre. Son travail est particulier: pour six pence, elle accompagne dans un salon de danse les hommes qui n'ont pas de partenaire. Avec son amie Di, elle sort aussi danser pour le plaisir et fait l'étrange rencontre d'Ed dans une soirée où la musique l'enivre.
Evelyn, elle, a perdu son fiancé pendant les combats. Elle voit chaque jour défiler devant son bureau les anciens soldats qui revendiquent une meilleure pension, et pour qui elle remplit des formulaires en trois exemplaires.
Ada a perdu son tout jeune et unique fils. Elle voudrait comprendre, n'a reçu que des informations lacunaires sur les circonstances de sa mort au front. Entre elle et son mari, Jack, ce deuil impossible creuse un fossé qui s'agrandit...
Ces trois femmes attachantes, nous les suivons ainsi que leurs frères, maris, collègues, amies, pendant les cinq journées qui précèdent le 11 novembre 1920, jour où une immense cérémonie est organisée en mémoire du soldat inconnu britannique.
Tout est si juste, émouvant, équilibré dans ce roman : la construction, la pudeur, le poids de l'Histoire sur les liens d'amour, d'amitié, de famille. C'est un roman des nœuds qui se délient, des paroles qui libèrent. C'est bien plus encore et nous vous invitons chaleureusement à le découvrir !
Un grand coup de cœur, vraiment.
Natacha
Janvier 2016