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Nos lectures
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Ce superbe roman d'ambiance dépeint l'Amérique des années 1940 à 1990. On côtoie la bourgeoisie, les amoureux de la littérature et les femmes. C'est magnifiquement écrit sans être pompeux. Les personnages sont attachants et pleins de finesse. Un régal !
Catherine
Rentrée littéraire - août 2014 - disponible aussi en format numérique
On avait adoré Imaqa et Maurice et Mahmoud, les romans joyeusement débridés de Flemming Jensen qui traitaient avec un humour tout nordique mais pas mal d'humanité du thème des différences culturelles et de l'intégration. On se délecte cette fois de ce petit traité pas comme les autres, à l'attention de tous les noctambules et autres philosophes de la nuit, qui mettent à profit ces "heures perdues" pour refaire le monde. Si ce petit livre est un exercice de style drôlement réussi, il nous donne surtout à réfléchir sur autant de sujets de fonds qu'on prend rarement le temps d'aborder, en plein jour. De l'existence de Dieu à la guerre en Irak, Flemming Jensen, romancier et humoriste danois, nous livre sa vision du monde, sans prétention, avec beaucoup de sincérité et de bonne humeur. Un petit livre tendre et drôle à offrir sans hésiter !
Delphine
Zeruya Shalev tisse un magnifique roman autour du thème de l'amour à travers la quête de trois personnages : Hemda, la mère, Dina, la fille et Avner, le fils. Hemda, à la fin de sa vie, alitée, repense à la dureté de son enfance au kibboutz, à la figure de son père adoré mais exigeant, à son mariage sans amour et à sa maternité problématique. Dina, prof heureuse en couple, vit mal la fin de la douce fusion avec sa fille unique, devenue adolescente et rêve d'adopter un autre enfant mais est-ce la bonne solution ? Avner, le préféré de sa mère, avocat des Bédouins et des Palestiniens, ne peut plus supporter son mariage raté et se perd dans la fascination d'un couple aimant entrevu à l'hôpital : il a vu le vrai visage de l'amour...
Dans ce livre profond, à l'écriture puissante, l'espoir arrivera comme une superbe éclaircie qui baignera ces trois personnages blessés.
Ce livre vient d'obtenir le prix Femina en novembre 2014 et on s'en réjouit, c'est bien mérité.
Véronique G.
Rentrée littéraire - septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
Dans un jeu subtil, l'écrivain irlandais John Banville met en scène l'un de ses doubles, Alex Cleave, comédien vieillissant de nouveau engagé sur un grand projet, qui est hanté par le souvenir de deux étoiles mortes : Mme Gray, mère de son meilleur ami mais surtout son premier (et unique ?) amour à 15 ans, et sa fille Cass, qui s'est suicidée il y a 10 ans. Pour Alex, la douleur de la perte s'adoucit grâce à ses souvenirs, qu'il ressasse, et à son nouveau rôle au cinéma où il joue un imposteur (encore un double !) face à une jeune actrice célèbre dont l'extrême fragilité lui rappelle celle de sa fille. Bouleversé, il avance doucement dans la compréhension des autres mais surtout de lui-même...
Mêlant sensualité et poésie, l'écriture de Banville sert ce bel hommage à la mémoire des êtres aimés.
Véronique G
Rentrée littéraire - octobre 2014 - disponible aussi en format numérique
Le ravissement des innocents, c'est le sourire éclatant des enfants africains face à leur pauvreté, pour se sentir plus forts qu'elle, libres et dignes...
Ce premier roman magnifique nous parle des racines, entre Ghana et Nigeria, d'un couple et de ses trois enfants, partis vivre le rêve de la vie occidentale aux Etats- Unis. Il est chirurgien, elle, fleuriste. Ils portent tous les deux le poids de leur passé africain même s'ils ont espéré tout réinventer. Ils n'y ont pas totalement réussi, leurs enfants symbolisant, chacun à leur manière, leurs failles et leurs aspirations secrètes.
Véronique G
Rentrée littéraire - Septembre 2014 - disponible aussi en format numérique
Dans ce magnifique roman fleuve, Tim Gautreaux nous invite à embarquer sur un bateau à aube, l'Ambassador, qui parcourt le Mississippi dans les années 1920. C'est l'époque de l’émergence du jazz qui tente d'adoucir les mœurs dans un monde violent et parfois fort miséreux.
L'Ambassador est un bateau dancing qui va de ville en ville, proposer des excursions pour quelques heures, une après-midi ou une soirée. Sur ce bateau, un orchestre composé soit de musiciens de couleurs, soit de musiciens blancs (s'alternant selon le lieu de l'escale) fait danser les passagers, souvent rustres et peu habitués à ce genre de festivités. On s'enfonce petit à petit dans des coins reculés, terriblement isolés, appartenant à un monde en voie de disparition, proche de celui de la conquête de l'Ouest.
Sam Simoneaux, héros de "Nos disparus", est rongé par la culpabilité. Il est persuadé d'être responsable de l'enlèvement d'une fillette de deux ans. Il se fait engager sur l'Ambassador dans l'espoir de la retrouver en parcourant le fleuve. Sur le bateau, il veille à l'embarquement, confisque les armes, tente de mettre un terme aux bagarres lorsque l'alcool a échauffé les esprits, joue aussi un peu du piano, et prend sous son aile la famille de la fillette disparue.
A travers l'intrigue sur cette disparition, c'est aussi la question du besoin de vengeance et de la nature de l'homme qui est questionnée. Ce roman nous plonge dans un ambiance incroyable, il vaut le détour.
Catherine
Rentrée littéraire, septembre 2014
Wally Lamb est un conteur d'envergure, un fin disséqueur de l'âme humaine, un bâtisseur de récit hors-pair. Il le montre à nouveau dans cette mosaïque familiale où chaque protagoniste sollicite notre empathie et suscite notre attachement, chacun dans sa complexité, son humanité, son histoire, au travers de plusieurs décennies.
Annie et Orion ont eu trois enfants, devenus adultes tous les trois. Ce sont principalement ces cinq personnages que nous écoutons et découvrons tour à tour avec leur itinéraire marqué par l'histoire de leur famille, mais aussi par celle de leur univers, l'Amérique de la seconde moitié du XXème siècle, dans laquelle la ségrégation raciale et les inégalités hommes-femmes marquent le paysage.
Ce sont des trajectoires de libération que nous livre Lamb, trajectoires ponctuées par les drames et dans lesquelles la création et l'art jouent notamment leur rôle de puissant levier.
Ceci est un livre magnifique.
Natacha
Tsukuru Tazaki est un ingénieur de trente-six ans qui semble détaché de la réalité. Il vit à Tokyo, construit des gares, n’a pas d’amis proches et n’entretient des relations amoureuses que de courte durée. Il mène une vie sans heurts et sans passions, sans couleurs, et ce, depuis seize ans, depuis le jour de ses vingt ans où ses quatre amis inséparables lui ont fait comprendre qu’ils ne voulaient plus jamais avoir affaire à lui, sans explications. Mais le jour où il rencontre Sara, dont il tombe amoureux, il accepte de revenir en arrière et de partir en quelque sorte en pèlerinage, pour retrouver ses amis perdus et essayer de comprendre les raisons de cette rupture brutale d’autrefois.
Haruki Murakami décrit avec réalisme mais beaucoup de subtilité et de finesse psychologique, les relations entre son héros principal et les personnages qui l’entourent et avec lesquels il essaie tant bien que mal de rentrer en résonance. Un roman juste, grave et emprunt de mélancolie qui nous plonge dans le Japon contemporain. Une très belle écriture aussi, fluide et sensible.
Delphine
Rentrée littéraire - septembre 2014
Tom Lanoye est un auteur venu de Flandre que l’on apprécie tout particulièrement chez Papyrus. Dans son dernier roman, « Troisièmes noces », il nous séduit une fois encore par sa verve, sa langue unique, à la fois truculente et brute, qu’on entend chanter au rythme d’un phrasé enlevé, son ton direct qui touche les cœurs.
Tom Lanoye est incontestablement le roi du tragi-comique, celui qui sait parler avec un humour décapant et beaucoup de justesse de sujets qui dérangent comme l’immigration, la solitude, le chômage, la maladie ou l’homosexualité.
Maarten Seebergs, quinquagénaire homosexuel veuf depuis quelques années d’un compagnon mort trop jeune, accepte de faire un mariage blanc avec Tamara, une jeune et belle Africaine. Il reçoit de l’inconnu qui lui propose le marché une coquette somme en échange du service rendu, mais les conditions sont claires : « Tu te maries avec elle, tu vis avec elle. Mais si tu la touches, je te massacre. » Commence alors une cohabitation étrange entre le quinquagénaire altruiste et la jeune Africaine désinvolte. Entre les désagréables visites des inspecteurs du service de l’immigration, les sautes d’humeur de Tamara, les insomnies de Maarten, une complicité se noue contre toute attente entre les deux cohabitants, qui aboutit à une relation vraie faite de respect et d’affection.
« Troisièmes noces » est un roman qui marque. Truffé de passages hilarants, de réflexions noires sur notre société, mais aussi de scènes particulièrement crues, ce livre ne laissera personne indifférent. Tom Lanoye frappe fort et dit bien haut certaines choses qui dérangent, et c’est ça aussi qui fait son charme.
Delphine
Rentrée littéraire - août 2014
Situé entre l'essai et le roman, Un monde flamboyant nous emmène sur les trace d'Harriet Burden, artiste new yorkaise intrigante. Hustvedt commence par raconter le cheminement qui l'a amenée à découvrir Burden et l'enquête qu'elle a ensuite réalisée pour construire son roman. Après quelques dizaines de pages, on est happé par la vie de cette femme qui, faute d'être reconnue sous son nom, va utiliser des pseudonymes pour exposer. Ces "pseudonymes" sont des hommes (jeunes et beaux) qui séduisent les galeries et la presse. Car, selon elle, une femme (qui plus est l'épouse d'un collectionneur de renom, pas spécialement belle, ni jeune) est discriminée dans la course à la reconnaissance dans le milieu de l'art. Paranoïa ou fait avéré ? Hustvedt nous laisse y réfléchir.
C'est un magnifique portrait de femme combattive, une vraie artiste qu'on rencontre à travers ce livre. Siri Hutsvedt propose par ailleurs une série de notes de bas de page qui complètent les propos de Burden et qui apportent un éclairage philosophique intéressant à la lecture du récit. A travers ce roman, on découvre également le milieu artistique new yorkais et l'oeuvre de Burden en particulier, que les descriptions de ses installations délirantes donnent envie de connaître davantage. Un livre particulier, pas évident à aborder, mais qui vaut le détour.
Catherine
Rentrée littéraire - septembre 2014