Le code de cette communauté coule dans vos veines depuis votre plus tendre enfance.

On retrouve avec joie les inspectrices Eva Croce et Mara Rais, épaulées par le commissaire Vito Strega et la nouvelle recrue Clara (rencontrée lors de la précédente enquête, La septième lune), au coeur d'une intrigue située dans le quartier populaire de Sant'Elia, à Cagliari. Il y fait chaud, la violence et le silence y règnent quand il s'agit de protéger les siens, famille et amis. Lorsqu'on retrouve le corps sans vie de la magnifique Stella, c'est tout le quartier qui s'embrase et les suspects qui se multiplient d'heure en heure. Un véritable casse-tête que le trio d'enquêtrices va devoir s'attacher à résoudre au plus vite, tandis que Strega est rattrapé par son passé... On adore et on en redemande quand Pulixi excelle à raconter la banalité du mal !!

Catherine D.

L'incendie que nous avons laissé prendre, nous ne l'éteindrons pas en pissant dessus. Il faut le recouvrir de cendres. Pour cela, nous avons besoin d'un massacre qui ressemble à une apocalypse, une tuerie qui ait l'air d'un symbole. Alors seulement, et de toutes ses forces, le peuple réclamera la paix.

A la fois polar, roman social et historique, L'affaire de la rue Transnonain nous embarque 190 ans en arrière, dans le Paris des opprimés où la colère gronde et où le régime de la Monarchie de Juillet cherche à réprimer définitivement toute velléité de révolte émanant du peuple. Tandis que l'armée a écrasé durement les émeutes à Lyon, Marseille ou encore Grenoble, on assiste à une multiplication des barricades dans la capitale et dans la nuit du 14 avril 1834, au massacre des habitant.e.s d'un immeuble, supposément un repaire d'insurgés, par les troupes armées. 

Jérôme Chantreau excelle à faire revivre minutieusement l'époque et la vie parisienne, celle des petites gens autant que celle des politiques, des filles de rue aux premières féministes, des flics pourris aux rebelles de la Société des droits de l'homme. L'auteur nous promène de quartier en quartier, aux odeurs bien reconnaissables, guidés par l'inspecteur Lutz, au passé trouble et hyper violent, qui s'est lancé à la poursuite d'Annette Vacher, seule témoin rescapée du massacre de la rue Transnonain, jeune femme libre, pauvre et farouchement indépendante, dont la chevelure rousse ne fait qu'attiser les convoitises... 

Ce roman foisonnant se lit comme on regarde une série policière, tout en rebondissements et en coups durs, quand les détails historiques et sociaux se fondent dans la fiction et font écho à notre société contemporaine, on ne peut s'empêcher de penser à Victor Hugo et à ses Misérables. Une réussite, pour tout amateur de polar et/ou de roman historique ! 

Catherine D. 

Que même les mots les plus fragiles sont irremplaçables, dès lors qu'un homme ou une femme les a dits pour de bon, un jour, au milieu d'un certain paysage, dans une certaine lumière, avec une certaine charge de tristesse ou de joie, et jamais plus cet instant ne reviendra, jamais plus ni la la pensée ni l'humeur de cet homme ou de cette femme ne seront les mêmes, jamais plus ces mots précis ne seront prononcés sur ce ton, par cette voix, à cet endroit, dans cette lumière. 

C'est une certaine vision de l'Amérique et de ses citoyens qui nous est racontée dans ce récit original du voyage en auto-stop réalisé par l'auteur le long de la frontière mexicaine.
Ce road-trip est savoureux, d'une part grâce à sa construction narrative et à la pirouette qu'elle contient, d'autre part grâce aux hommes et femmes rencontré.es qui se livrent toustes de façon plus ou moins intime et personnelle sur leur pays, Mexique et/ou Etats-Unis, sur Trump et son mur, sur leurs ambitions, leurs désillusions, leurs rêves... Sylvain Prudhomme entrecoupe ces conversations de réflexions personnelles, teintées de références cinématographiques (No Country for Old Men, Paris-Texas, Easy Rider...) et littéraires (Sur la route, 2666...), et nous offre le portrait en polaroïd, sensible et touchant, de chaque chauffeur au terme de leur voyage commun.

Catherine D.

La littérature nous permet de vivre mille vies. Adichie le démontre avec un talent et une intelligence exeptionnels dans ce roman qui nous invite dans la tête, le coeur et le corps de quatre femmes, quatre amies qui chacune à leur manière et de là où elles partent, sont en quête d'une vie bonne, d'un rêve. Puisant notamment dans un événement qui a fait la une des médias, l'agression sexuelle d'une employée dans un hôtel par un homme célèbre, le récit nous fait vibrer avec chacune de ces quatre femmes avec entre autres fils conducteurs, très délicatement et finement dévoilés, les préjugés qui polluent les rencontres et les trajectoires des personnages.

Un grand roman, passionnant et contemporain.

Natacha

Quand la famille, plutôt que soutenir, creuse des brèches, des trous à éviter…

Entre le récit et l’essai, un texte truffé de références à des œuvres qui interrogent la question des liens familiaux, des racines. Car les livres, les films ont le pouvoir de nous faire voyager dans le temps, dans l'espace, et surtout de proposer d'autres récits que notre propre existence, et nous font avancer…

Un vrai plaisir de lecture !

Catherine M.

Echenoz, c’est de la poésie romanesque. Avec humour et cynisme, l’auteur nous raconte une histoire rocambolesque qui se déroule dans le monde du cinéma avec un anti-héros mélancolique et plutôt attachant.

Catherine M.

Un texte autobiographique puissant où l’écrivaine nous partage son voyage au Mexique à la découverte des zapatistes.

Pourquoi voyage-t-on ? Vers où va le monde ? Ce livre est truffé de réflexions intimes, politiques et philosophiques qui nourrissent l’esprit.

Gros coup de cœur !

Catherine M.

Original, surprenant, drôle. Voici une lecture qui interroge nos rapports aux animaux en questionnant tout particulièrement le besoin de domination des humains. Zoo, safari, chasse, élevage,…

Attention, c’est un wallaby qui nous raconte cette histoire...

Catherine M.

Voici une plongée dans le monde rural et paysan. On découvre Gilles à travers un bout d’enfance, puis via le regard de sa sœur qui revient à la ferme pour quelques jours.

Un texte d’une grande beauté, touchant et sincère.

Catherine M.

Combien coûte le courage ? Combien le gramme ?
De quoi est-il fait, pour brûler autant ?
Quelle vanité, le courage ! Qu'il est ostentatoire !
(...)
Quel bruit fait le courage quand il tombe ?

Roberto Saviano, auteur de Gomorra, nous propose un texte d'une densité et d'une force remarquables pour offrir un nouvel espace de recueillement, de souvenir, au juge Giovanni Falcone, assassiné par la mafia sicilienne le 23 mai 1992.

Si l'on pense que tout a déjà été dit sur le juge, son travail et sa mort, il faut d'autant plus se plonger dans ce pavé de six cents pages qui reconstitue, faits après faits, l'abnégation, l'entêtement, le travail acharné du juge Falcone, des magistrats et des enquêteurs qui l'ont suivi dans sa quête de vérité absolue et de démantèlement d'une mafia qui avait colonisé toutes les sphères de la vie politique et civile sicilienne et italienne, au mépris de leur propre vie...
Ce récit, admirablement construit et ultra-documenté, se lit comme on regarde une série télévisée, chaque chapitre, court et intense, en appelle un autre, on lit et on se perd dans le dédale des administrations pénitencières et politiques, dans la succession des noms des mafieux et des acteurs/actrices de ce monde qui nous semble lointain mais qui est encore si présent.

On ne peut que ressentir de l'admiration pour le travail de mémoire et de documentation réalisé par Saviano, sachant que lui-même vit en reclus et sous protection policière depuis une vingtaine d'années.

Mais si le verbe italien ricordare, "se souvenir", contient la racine latin cor, "coeur", alors tout acte de mémoire est un "retour au coeur"; c'est pourquoi j'ai estimé plus que jamais nécessaire de pénétrer ces zones de silence, en me laissant guider par les matériaux disponibles. Roberto Saviano

Catherine D.

Jasmine est une jeune avocate d'origine aborigène. Elle vit à Sydney et s'est un peu éloignée de sa famille, qui vit dans une toute petite ville à quatre heures de route. Passionnée de littérature, elle s'envole en compagnie de sa mère pour l'Angleterre, sur les traces des grandes écrivaines et des grands auteurs qu'elle admire depuis toujours. De Londres à Haworth en passant par Bath ou Oxford, elles visiteront (avec un guide rescapé des soap operas et un petit groupe d'amateur.ice.s de littérature anglais) les demeures de Jane Austen, Virginia Woolf, Charles Dickens, Thomas Hardy ou encore les soeurs Brontë.

Contraintes, par ce temps passé ensemble, de rétablir une communication devenue un peu superficielle au fil des années, Jasmine et Della vont pouvoir évoquer le drame qui a secoué leur famille près de trente ans auparavant: l'enlèvement de la soeur de Jasmine, Brittany. Mais leur plongée dans la culture britannique va également leur permettre d'échanger sur leur propre culture, celles des Aborigènes d'Australie, qui remonte à des dizaines de milliers d'années.

La journaliste Larissa Behrendt, elle-même d'origine aborigène, signe ici un premier roman émouvant et divertissant, qui nous apprend des tas de choses sur la littérature mais qui nous permet aussi de décentrer notre regard de l'Europe et de l'Occident. En alternant les points de vue de Della et de Jasmine tout au long du livre, elle nous permet de nous mettre dans la peau de deux personnages sensibles, avec deux manières uniques de voir le monde. Une très belle découverte!

Hélène

L'océan se déployait perpétuellement, explorait perpétuellement, bricolait perpétuellement la forme, et chacun de ses éléments parlait sans cesse de ce qui l'entourait. Tout comme Evie. Et comme toute créature issue de ces eaux. Autrement dit, tout être vivant.

Voici un magnifique roman choral qui nous emporte dans les fonds marins du monde entier, sur une petite île du Pacifique et sur les traces de deux amis d'enfance que la vie ne va pas épargner et dont les idéaux vont être ébranlés, à l'ère de l'avènement des réseaux sociaux et de l'Intelligence Artificielle...
A la fois plaidoyer pour les océans et critique de la société de consommation, ce texte virevoltant et intense est rempli d'humanité et de beauté !
Quelle joie de retrouver la plume engagée de Richard Powers <3

Catherine D.

Elle comprit que la vérité était peut-être le prix de l'amour.

Silvia Avallone nous propose un roman âpre et tendre à la fois, où la dureté des actes se confronte à l'amitié, où l'amour côtoie la haine, où le pardon permettra la rédemption. L'autrice italienne, qui nous avait conquis avec son premier roman D'acier, excelle à raconter les affres de l'adolescence, et lorsque nous rencontrons Emilia, elle a déjà trente ans mais vit dans un monde qui n'existe plus, celui de sa jeunesse, celui des rêves brisés à jamais. Emilia ne sait pas comment faire pour reprendre pied dans cette société qui a évolué sans elle,  qui l'a tenue à l'écart pendant une quinzaine d'années, emprisonnée à Milan, autrice d'un acte indicible qui rendra fragile toute tentative de relation amoureuse avec Bruno, solitaire lui-même au coeur déjà brisé... Le décor n'est pas en reste, Sassaia est ce petit hameau perdu en pleine montagne, accessible uniquement par un petit sentier pentu et ardu, où ne vivaient que deux hommes avant qu'Emilia ne vienne s'y installer.
L'écriture de Silvia Avallone nous plonge directement dans la difficulté de l'ascension de ce sentier, métaphore de l'histoire à venir, dans la solitude de ce hameau, dans la rudesse du monde. Mais on y trouvera aussi beaucoup de poésie, de moments tendres et suspendus, d'humanité entre ces âmes égarées qui ne cherchent qu'un peu de repos, une caresse, un peu de chaleur humaine. 

C'est un roman inoubliable, beau mais violent, habité par une héroïne insaisissable dont on ne connaîtra l'histoire qu'à la fin. Une histoire d'amour absolu entre un père et sa fille, des amitiés qui se brisent, d'autres qui aident à survivre dans l'enfer du milieu carcéral, une romance banale et forte à la fois entre deux solitudes... 
Coup de coeur pour ce roman qui m'a fait verser quelques larmes et qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière ligne !

Catherine D.

On pense qu'on va lire l'histoire d'une créature mythologique, on se trompe un peu. C'est surtout un voyage au coeur de la nature, au coeur de la vie d'une femme, Sandy. Elle vit seule dans un chalet perdu dans la forêt canadienne, sa vie est plutôt derrière elle. Un soir d'hiver, elle aperçoit des énormes traces de pas dans la neige qui ne lui sont pas inconnues... Récit en flashback, la narratrice se lance à la poursuite d'un mythe et de sa propre histoire.

Premier roman de Sarah Louise Bulter qui oscille entre le nature writing et le réalisme magique, peu importe, c'est surtout une écriture qui nous touche droit au coeur.

Tom

L'exercice difficile du deuxième roman est réussi avec brio!

Après le succès mérité de L'odyssée de Sven, Nathaniel Ian Miller nous revient avec un roman islandais. Une histoire de famille, une histoire de la vie à la ferme, une histoire du quotidien. L'auteur américain écrit un peu à la manière de Jim Harrison ou de Jon Kalman Stefansson, le récit est surtout un prétexte pour évoquer des sujets profonds, les changements, les transmissions familiales, la dualité de la vie et de la mort.

Quel bonheur de retrouver la plume sensible et vivante de N. Miller. A nouveau, il réussit à créer un univers où on se sent bien, où les personnages nous parlent, nous émeuvent, comme des miroirs sur nous-mêmes.

C'est un coup de coeur ! 

Tom

C'est l'histoire d'une jeune femme habitant une petite ville très au Nord des États-Unis, d'où toutes les routes partent vers le Sud, où presque tous les hommes sont des marins, où presque tout le monde est alcoolique.
Elle pense qu'elle est une sirène. C'est ce que son père lui a raconté, quand elle était petite. Lui a disparu en mer, mais elle pense qu'il reviendra, tel Triton, pour la chercher.
Elle vit dans une grande maison encombrée avec sa mère, qui guette elle aussi son mari disparu, et son grand-père, ancien imprimeur cherchant ses mots, occupé depuis des années à écrire son propre dictionnaire.
Elle est amoureuse d'un homme plus âgé qu'elle, qui a combattu en Irak et qui en est revenu profondément différent, marqué de manière indélébile par son expérience.
Sa mère lui dit de partir vers le Sud, de se réinventer loin du vase clos où elle a grandi. Bien qu'elle perde lentement pied, elle est retenue par l'espoir que son père revienne, et par celui d'être un jour aimée de Jude.

Voici un livre qui sort de l'ordinaire pour nous happer, qui ne fait qu'une bouchée de nous comme nous n'en faisons qu'une de sa lecture. Seul l'océan pour me sauver est un texte hypnotisant, dans lequel on nage au gré des courants d'un océan omniprésent, un livre teinté de poésie et de réalisme magique. On est fasciné.e par la prose de Samantha Hunt, tellement singulière, traduite avec talent pour le public francophone par Alex Ratcharge. Encore une pépite dénichée par les éditions du Gospel, avec une très belle postface de Maggie Nelson. Coeur coeur coeur.

Avec cet ouvrage savoureux, Bill François nous emmène à la rencontre de saveurs et de mets variés, étranges pour certains, délicieux pour d'autres, mais tous intimement imbriqués dans le contexte historique et scientifique qui les a vus naître !

Drôle et savant, ce livre nous fait voyager à travers le temps et l'espace, de l'époque si lointaine des dinosaures aux constellations lunaires. Tout au long de cet étonnant menu sur mesure, nous allons rencontrer des espèces exotiques devenues indispensables sur nos tables contemporaines ainsi que des scientifiques amateurs de gastronomie et aventuriers de toutes sortes. On y croisera un ours à Oxford, des boeufs à oreilles tombantes (résultat de la domestication); on y découvrira l'histoire d'un pistachier parisien, des tomates soi-disant toxiques et on y comprendra l'origine (grecque) du nom de la coriandre que l'on doit à la... punaise ou encore le concept de chiralité qui nous promet d'accéder directement au septième ciel !

C'est donc à une aventure gastronomique sans pareille que nous convie le biophysicien et naturaliste Bill François, une aventure qui ne laissera personne indifférent et qui modifiera notre perception de ces aliments présents sur nos tablées. Brillant !

Catherine D.

Trois destins de femmes, tous reliés à la deuxième guerre mondiale et à un lieu bien sinistre, le "Lebensborn" (maternité nazie) du château de Wégimont à Soumagne. Irène, Heida et Agnès sont les protagonistes d'une fresque sociale et historique de la seconde moitié du vingtième siècle, qui commence à une époque qui poussera les femmes à tout tenter pour survivre alors que la guerre les brutalise dans leur chair, pour se poursuivre dans les années 1970 et les premières luttes féministes, avant de se terminer près de cinquante ans plus tard, dans la vie d'une jeune femme au passé inconnu...

Le Lebensborn était un élément d'un ensemble plus grand, une machinerie redoutable, et la honte que j'ai ressentie quand je l'ai compris n'a été que plus cuisante.

Voici un premier roman réussi, très bien documenté et rempli d'émotions !

Catherine D.

William grandit dans la solitude, avec deux parents dévastés par le chagrin. Seul le basket lui offre un peu de joie, et son équipe un sentiment d'appartenance. À 18 ans, il quitte Boston pour commencer l'université à Chicago. Il y rencontre Julia, une jeune femme ambitieuse pressée de se lancer dans sa vie d'adulte, qu'elle planifie depuis si longtemps. Aînée de quatre filles, elle entretient avec ses soeurs des liens très proches, la vie de chacune étant entrelacée à celle des autres. Dès le début de leur histoire d'amour, les Padavano adoptent William pour en faire l'un des leurs. Alors que se dessine devant le jeune couple un avenir radieux, le passé familial du jeune homme va remonter à la surface, causant des dommages irréversibles mais ouvrant aussi de nouvelles possibilités...

Alternant les points de vue de William, Julia, et sa cadette Sylvie, le roman se déploie sur presque quarante ans, depuis la fin des années 1970 au début des années 2000. Cette poignante fresque familiale parle de sororité, de liens qui se nouent et se rompent, d'amour, de santé mentale et de transmission. On n'a pas envie de quitter ces personnages, qu'il s'agisse des soeurs Padavano ou de William et ses amis basketteurs, si bien décrits et tellement touchants!

Hélène

Juno et Legs se rencontrent enfants dans un quartier populaire de la banlieue de Dublin. Et "tombent en amitié" l'un pour l'autre. Mais le quotidien est dur, marqué par la précarité et la violence des adultes. Ils se perdront de vue avant de se retrouver jeunes adultes, pour mieux se reconnaître.

Voici un texte qui égratigne, qui remue et qui cogne. Comment survivre dans le Dublin des laissés-pour-compte des années 1980 quand on est un enfant à la merci de la misère, des coups, des ravages de l'alcool et de la sécheresse des coeurs ? Avec une infinie tendresse, Karl Geary nous fait aimer Juno et Legs, ses deux personnages écorchés en quête d'amour... à tout prix.

Un roman social puissant, âpre mais éblouissant de beauté, de justesse. Et bouleversant. 

Delphine

Après s'être livré dans Matins clairs, Pedro Correa revient avec Le cercle des héros anonymes, une fiction très romanesque à mi-chemin entre roman d'initation et thriller. A travers les lignes de ce livre, on voyagera de New York à Madrid, en passant par Bruxelles et Barcelone, sur les traces de personnages portés par leurs idéaux et bien décidés à changer le monde, engagés dans une sorte '"d'armée de l'ombre"... De son écriture simple et directe, Pedro Correa va à l'essentiel : il propose une histoire sans temps mort, une course-poursuite ébouriffante et réjouissante. Mais il nous invite aussi par le biais de ce texte à repenser différemment la société et à appréhender d'autres modèles.

"Le cercle des héros anonymes" est un roman divertissant et inspirant, dans la toute nouvelle collection "Verso" aux éditions du Seuil, un label grand public dédié aux différentes formes de littératures de genre.

Delphine

Alfred nous ouvre les portes de ses jardins intimes, tout en pudeur. Il revient dans des histoires courtes, sur des petits moments marquants de son existence, des instants qui font légèrement bifurquer une trajectoire.

Avec beaucoup de fluidité, il passe d’une époque à l’autre, nous narrant sa relation avec sa fille, ses souvenirs de famille, sa carrière (et ses doutes) de dessinateur. Il nous parle de son amour de l’Italie. C’est un album de confidences, l’autoportrait d’un homme et d’un artiste attaché à ses racines.

De l'ensemble, il se dégage de cet album beaucoup de douceur, de tendresse, de chaleur et de positivité malgré les difficultés rencontrées et racontées. Tout en légèreté, Alfred donne des clés de compréhension pour éclairer son lecteur sur lui-même. Il explique l'importance de ses racines, l'importance de savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va. Une BD poétique qui revient sur les petites choses qui font une vie. A savourer.

Olivier C.

Le classique du mois.

Avec cette histoire publiée en 1997, Etienne Davodeau fait dans l'humain. Son créneau, sa marque de fabrique. C'est joyeux, amical, pimpant, drôle, chaleureux, tendre, attachant... Véritables tranches de vie, il décide, ici, de narrer des retrouvailles tour à tour joyeuses, émouvantes et surprenantes sans jamais perdre de vue de donner de l'épaisseur à un sujet aussi léger.

Cinq amis trentenaires qui n’ont pas l’air de se ressembler et que pourtant une amitié profonde et sincère unit, décident de prendre une semaine de vacances dans un chalet de montagne, sans femmes ni enfants. Ils se retrouvent autour d'un bon repas ou devant une partie d'échecs. Mais cette semaine ensemble leur réserve bien des surprises. En effet, le partage de cette maison de vacances sera prétexte à des confidences, des révélations de secrets, des regrets ou le terreau fertile d'une remise en question.

L'intérêt de ce récit ? La confrontation de ces cinq personnalités aussi distinctes que finalement attachantes, le tout sur fond de secret ne manquant pas de titiller la curiosité du lecteur avide de révélations !
Un mélange détonnant occasionnant des situations rocambolesques systématiquement désamorcées par le sceau de l'humour et de la franche camaraderie bienveillante.
Cette réunion, c'est également l'heure des bilans et de s'apercevoir que derrière ces semblants de réussite se cachent, parfois, des blessures à vif, profondes, à mille lieues des éphémères rêves de jeunesse.

Un quotidien empreint de nostalgie, une réflexion douce-amère, véritable ode à l'amitié et au temps qui passe.

Olivier C.

Traînée contre son gré à un immense concert de K-Pop, une jeune coréo-américaine tombe en fascination devant Moon, l'un des membres du groupe. Quand Moon décide de quitter le groupe, cette fascination va la mener à se rendre à Séoul pour embrasser le fantasme qu'elle s'est construit. En Corée du Sud, elle va renouer avec ses racines au contact d'une série de personnages marginaux.

Tout semble planer dans ce curieux et délicieux roman. Une quête irréelle, des dialogues lunaires et profonds à la fois. C'est étrange, délicat et aérien. Encore une belle découverte aux éditions du Gospel.

Olivier EK

Nous parlons régulièrement de dématérialisation lorsque nous évoquons les nouvelles technologies et la numérisation de nos activités. Or, tous les équipements nécessaires à notre vie numérique sont consommateurs de ressources, de matières premières et responsables de catastrophes humaines et écologiques liées notamment à l'extraction des métaux. Fabien Lebrun a réalisé une enquête poussée et minutieuse autour de l'industrie minière et de la face cachée du monde numérique, en mettant en lumière toute la matérialité de ces activités virtuelles.

Le Congo et la région des Grands Lacs en Afrique, région déjà exploitée à l'époque coloniale pour ses ressources en caoutchouc notamment, sont sur le devant de la scène de ce qui se joue aujourd'hui en maitère d'extractivisme. Et c'est sur ce terrain que Fabien Lebrun nous entraîne dans cet ouvrage nécessaire bien que dérangeant : esclavage moderne, guerres, viols de masse, destructions des écosystèmes, les tragédies sont nombreuses dans cette région. La révolution numérique est un processus mondial dont nous ne pouvons pas ignorer tous les tenants et aboutissants...

Catherine M.