L'affaire de la rue Transnonain

L'incendie que nous avons laissé prendre, nous ne l'éteindrons pas en pissant dessus. Il faut le recouvrir de cendres. Pour cela, nous avons besoin d'un massacre qui ressemble à une apocalypse, une tuerie qui ait l'air d'un symbole. Alors seulement, et de toutes ses forces, le peuple réclamera la paix.

A la fois polar, roman social et historique, L'affaire de la rue Transnonain nous embarque 190 ans en arrière, dans le Paris des opprimés où la colère gronde et où le régime de la Monarchie de Juillet cherche à réprimer définitivement toute velléité de révolte émanant du peuple. Tandis que l'armée a écrasé durement les émeutes à Lyon, Marseille ou encore Grenoble, on assiste à une multiplication des barricades dans la capitale et dans la nuit du 14 avril 1834, au massacre des habitant.e.s d'un immeuble, supposément un repaire d'insurgés, par les troupes armées. 

Jérôme Chantreau excelle à faire revivre minutieusement l'époque et la vie parisienne, celle des petites gens autant que celle des politiques, des filles de rue aux premières féministes, des flics pourris aux rebelles de la Société des droits de l'homme. L'auteur nous promène de quartier en quartier, aux odeurs bien reconnaissables, guidés par l'inspecteur Lutz, au passé trouble et hyper violent, qui s'est lancé à la poursuite d'Annette Vacher, seule témoin rescapée du massacre de la rue Transnonain, jeune femme libre, pauvre et farouchement indépendante, dont la chevelure rousse ne fait qu'attiser les convoitises... 

Ce roman foisonnant se lit comme on regarde une série policière, tout en rebondissements et en coups durs, quand les détails historiques et sociaux se fondent dans la fiction et font écho à notre société contemporaine, on ne peut s'empêcher de penser à Victor Hugo et à ses Misérables. Une réussite, pour tout amateur de polar et/ou de roman historique ! 

Catherine D.