Animations
Nos lectures
Rechercher parmi nos chroniques
"Etunwan" ou "Celui-qui-regarde". C'est ainsi que les Indiens Sioux Oglalas baptisèrent Joseph Wallace, photographe de profession, lorsqu'ils firent sa connaissance en 1867 dans les Montagnes Rocheuses. Joseph Wallace y accompagnait une expédition scientifique chargée de faire le relevé cartographique de la région. Il y a été subjugué par l'immensité des paysages de cet Ouest américain et marqué par la rencontre avec ces tribus indiennes qui lui laissait entrevoir un autre monde que le sien, fait de traditions ancestrales et régi par les lois de la Nature.
Car il s'agit bien de la rencontre de deux mondes dont il est question dans ce roman graphique : la civilisation américaine en plein développement industriel et démographique, et la civilisation indienne, malheureusement déjà en voie de disparition. Joseph Wallace est frappé par les différences entres les deux univers et touché par le mode de vie des Indiens. Il décide de les immortaliser par la photographie, son métier. Entre 1867 et 1869, il monte plusieurs expéditions dans les Rocheuses, afin de rester en contact avec les Sioux et de mener à bien son projet. Il en ramène quantités de photographies qu'il essayera de faire exposer et publier.
L'histoire de Joseph Wallace a été imaginée par Thierry Murat. Pourtant, ce personnage de fiction paraît authentique et nous touche par son projet, son parcours et les réflexions sincères qu'il nous livre à travers ce livre narré à la première personne. On apprend aussi beaucoup sur l'histoire et la disparition des civilisations indiennes d'Amérique et sur l'histoire de la photographie.
Avec son dessin sublime dans les teintes sépia, relevé par des noirs profonds à l'encre de Chine, Thierry Murat a réussi à restituer l'ambiance en clairs-obscurs des clichés photographiques de l'époque où la photographie en était à ses premières heures. Un réel charme se dégage de ces pages aux images superbes, aux longs silences et à l'émotion palpable. Un vrai coup de coeur !
Delphine
Paru en août 2016.
Dans ce très beau roman, on suit le personnage de Wendy (13 ans), subitement confrontée à la disparition de sa mère dans les attentats du 11 septembre à Manhattan. Ayant des difficultés à continuer à vivre "comme avant", ne sachant pas comment gérer son propre deuil et celui de ses proches, elle saisit l'occasion que lui offre son père de le rejoindre en Californie. À l'autre bout du pays, elle apprendra à connaître ce père (jusque là plutôt absent, mais idéalisé par l'adolescente).
Maynard nous offre encore une fois des personnages très bien campés et une histoire remplie d'émotion, que l'on dévore avec un plaisir plein de larmes.
Hélène
Rentrée littéraire août 2016, traduit de l'américain par Isabelle D. Philippe - Existe aussi au format numérique
Le petit pays de Gaël Faye, c'est le Burundi. C'est aussi celui de Gabriel, ce garçon né dans les années 1980 de l'union d'un Français et d'une Burundaise, à Bujumbura.
A travers les yeux de cet enfant, on découvre avec plaisir le Burundi d'avant, celui du bonheur, de l'insouciance, des amitiés fortes, dans l'ambiance parfumée de son quartier qui a des allures de petit coin de paradis.
Mais on plonge aussi avec effroi dans le Burundi d'après-le-bonheur : zones d'ombres, trahisons, tensions grandissantes entre ethnies Hutus et Tutsis, jusqu'à l'horreur du génocide. Comment un enfant voit son monde basculer, passer de la douceur à la douleur.
Un texte vibrant, fort, parfois dur, inspiré du vécu de Gaël Faye, cet auteur-compositeur-interprète qui nous signe de sa plume sincère un premier roman touchant. Voilà qui ne laissera personne indifférent.
Delphine
Rentrée littéraire août 2016 - Existe aussi au format numérique
David Treuer a grandi dans une réserve indienne dans le nord du Minnesota et n’a de cesse de conter les conditions de vie des Amérindiens dans ses écrits. Roman choral, Et la vie nous emportera ne déroge pas à la règle et livre une magnifique histoire où s’entremêlent des thèmes aussi forts que le tabou de l’homosexualité, l’inégalité raciale, les amours impossibles, la guerre, ...
Eté 1942. Frankie vient passer ses dernières vacances dans la résidence estivale de ses parents, située en bordure d’une réserve indienne, avant d’intégrer l’armée. Il y retrouvera, outre ses parents (mère étouffante, père distant), Félix, le vieil indien homme à tout faire du domaine, et Billy, jeune homme métis auquel le lie une amitié très forte et particulière. A peine arrivé, un incident tragique va bouleverser leurs retrouvailles et avoir des conséquences dramatiques pour chacun des protagonistes.
Très fort, très juste dans ses descriptions des sentiments ambigüs qui animent tous ses personnages, David Treuer parvient à nous emporter dans un récit empreint de mystère et de secrets. Un roman sombre, mais non dénué de purs moments de légèreté.
Catherine D.
Paru en août 2016, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Michel Lederer - Existe aussi en format numérique
Kimiâ attend dans la salle d’attente d’un hôpital parisien et se souvient.
C’est le début d’un récit foisonnant, qui alterne les bonds dans le passé, parfois lointain, de cette famille iranienne forcée à l’exil dans les années 80, et le présent qui convoque la procréation médicalement assistée et l’homosexualité de son héroïne. A l’image de ces récits orientaux chatoyants, l’histoire que nous conte Négar Djavadi nous replonge dans la Perse luxuriante des harems, peuplés de femmes volubiles et soumises à l’autorité de leur maître, mais aussi dans l’Iran des années 70 qui verra le déclin du Shah, la révolution de 1979 et l’avènement de Khomeiny. C’est avec humour que l’auteure parsème son récit de notes de bas de page éclairant le lecteur sur l’histoire de son pays et lui éviter un recours à Wikipedia. Et c’est avec curiosité que nous découvrons, à travers le destin de la famille Sadr, l’histoire d’un pays, des ses traditions, de ses moeurs et leur évolution. Kimiâ, dont les parents sont de grands activistes opposés au régime, découvrira la France à dix ans, ce pays tant convoité et sa réalité plus sombre qu’espérée, elle s’y sentira étrangère, sera en rupture avec sa famille et cherchera refuge auprès des laissés pour compte de la société. De Paris à Berlin en passant par Bruxelles, elle se noiera dans l’alcool et le rock’n’roll, deviendra ingénieur du son pour des groupes undergound et finira par tomber amoureuse...
Voici un livre sur l’identité, l’exil, la famille, mais aussi sur la politique d’un pays qui n’en finit pas de se révolter.
Catherine D.
Août 2016 - Existe aussi en format numérique
On plonge avec délectation dans l’histoire mouvementée et romanesque de ce couple effrontément amoureux, qui va nous entraîner dans des aventures brillamment contées par Benacquista.
Lui, un braconnier, elle, une glaneuse, vont se rencontrer en plein Moyen Age et ne vont plus jamais se quitter, animés d’une pure et naïve passion amoureuse qui ne plaira ni à leurs voisins et membres de la communauté villageoise, ni même au Roi qui, faute de reproches à leur adresser, ordonnera leur mort sur le bûcher... Seuls au monde, ils n’auront de cesse de chercher à se retrouver et ainsi, de par les rencontres faites chacun de leur côté, de tisser leur propre légende. On retrouve un peu de toutes ces légendes et mythes qui façonnent nos imaginaires, de l’apprentissage de la lecture comme acte révolutionnaire à la représentation théâtrale comme catharsis d’un peuple contemporain en mal d’identification. Récit d’aventures, on traverse allègrement le temps et les époques tout comme les continents; du Moyen Age à l’époque contemporaine, de la France aux confins de l’Asie en passant par l’Amérique, ou encore d’un asile psychiatrique géorgien au palais florentin d’un prince déchu.
On ne s’ennuie pas un seul instant, tout au plus les amants contemporains reflètent-ils un amour plus détaché, peut-être bien à l’image de leur époque...
Catherine D.
Août 2016 - existe aussi en format numérique
Palerme dans les années 80, un endroit qui "a toujours été une poudrière, enculée de misère". C'est dans ce cadre que Davide Enia campe ses personnages hauts-en-couleur.
Comme l'ombre qui s'en va, c'est l'histoire de l'errance de deux hommes dans la ville de Lisbonne. L'errance de James Earl Ray d'abord, l'assassin de Martin Luther King, qui, en mai 1968, parvient à fuir les Etats-Unis sous une fausse identité et rejoint la capitale portugaise un peu par hasard, espérant rallier l'Afrique par bateau depuis son port et y disparaître. L'errance de l'auteur lui-même ensuite, qui nous raconte ses quelques jours d'évasion en 1987 dans la ville de Pessoa, afin de s'y imprégner de l'ambiance de cette petite ville pour écrire son second roman Un hiver à Lisbonne.
Le récit entremêle les trajectoires de ces deux hommes à deux époques différentes, dans des contextes bien différents, mais qui se retrouvent tous les deux à un moment charnière de leur existence, avec la volonté de se perdre pour mieux se trouver ensuite. La ville de Lisbonne y fait figure de personnage en tant que tel, avec ses ambiances, ses odeurs, ses images presque hypnotiques. Le récit est envoûtant, l'écriture ondoyante, en spirale, finit par perdre le lecteur lui-même qui se met à errer avec les personnages dans le dédale des rues de Lisbonne.
Antonio Munos Molina, fasciné par James Earl Ray, retrace avec beaucoup de précision son parcours depuis sa naissance en Louisiane, jusqu'à sa fuite en Europe après avoir assassiné Martin Luther King et essaie surtout d'entrer dans la tête de cet assassin, de comprendre ses obsessions et de combler par la fiction les zones d'ombre que l'histoire a laissées floues. Il nous livre aussi avec beaucoup de sincérité ses propres réflexions sur l'acte d'écriture, sur la création littéraire et sur le sens de la vie. Ce texte, très fort et exigent, nous porte par sa beauté hypnotique et laisse des traces.
Delphine
Paru en août 2016, traduit de l'espagnol par Philippe Bataillon - Existe aussi en format numérique.
Amos Oz est un grand écrivain israélien, partisan de la paix et de la création d'un état palestinien.
A travers ce roman, on découvre l'histoire d'Israël, on apprend pas mal de choses sur les débats qui ont précédé la création de l'état juif. Et entre les lignes, c'est aussi la question de la pertinence de la création d'un état juif qui est posée. Tout au long du livre, on va suivre Schmuel, un jeune homme, un peu en manque de repères, dans la Jérusalem des années 1950, soit quelques années après la création de l'état. Celui-ci abandonne ses études et est engagé dans une étrange maison pour faire quotidiennement la conversation à un vieil homme. On découvre rapidement que cet homme a été proche de Ben Gourion et d'autres intellectuels qui ont mené des débats lors de la création de l'état. Parallèlement, l'auteur nous parle de Judas Iscariote et propose une lecture de l'histoire différente de celle habituelle présentée. Et si Judas n'était pas le traître mais bien le plus croyant et fidèle des disciples?
C'est un roman brillant d'intelligence et d'érudition. Il remet en question des choix politiques passés, il pose des questions sur l'histoire des religions et des relations entre religions. C'est un livre aux multiples facettes qui est aussi plein d'émotion et d'amour.
Catherine M
Paru en août 2016, traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen - existe aussi en format numérique.
En 1932, Beckomberga, près de Stockholm, ouvre ses portes.
Cet hôpital psychiatrique se veut avant tout un havre de paix, "un nouveau monde où personne ne serait laissé pour compte".
Beckomberga a marqué l'adolescence de Jackie, l'héroïne du roman, qui s'évertue à maintenir les liens avec son père, Jim, alcoolique, dévastateur et suicidaire, en lui rendant régulièrement visite. Jim est soigné par Edvard, un médecin non conventionnel, qui cherche à humaniser et à responsabiliser ses malades.
La psychiatrie a beaucoup évolué, elle a aidé ses malades à rejoindre le monde du dehors. C'est cette histoire que nous revisitons en nous plongeant dans ce roman, orchestré par chapitres courts, donnant la voix aux différents protagonistes.
Un superbe roman sur le monde marginal de la folie douce.
Véronique
Paru en août 2016, traduit du suédois par Jean-Baptiste Coursaud - existe aussi en format numérique.
Notre héros s'appelle Paul, c'est un spécialiste de la pelote basque, il a fait sa vie en Floride et revient en France à la mort de son père.
Est-il possible d'échapper à son destin, à son héritage ?
Mélancolie, humour noir, le tout servi par une écriture réjouissante. Jubilatoire tout simplement.
Véronique
Paru en août 2016 - existe aussi en format numérique.
L'inoubliable auteur du "Chagrin" persiste à faire de sa vie une oeuvre littéraire.
Cette fois, le narrateur, Augustin, subit - littéralement - un nouveau déménagement : il doit vendre sa maison, suite à son divorce, et cette catastrophe lui en rappelle une autre, vécue dans son enfance, quand les huissiers avaient chassé toute sa famille de son appartement.
"L'absente" tient du roman, du journal intime et du road movie à travers le temps et l'espace. Des rencontres improbables, des découvertes inattendues, qui n'écartent cependant pas Augustin de sa quête : explorer les blessures de l'enfance et peut être comprendre, enfin, sa mère.
Lionel Duroy nous séduit une fois de plus !
Véronique
Paru en septembre 2016 - existe aussi en format numérique.
Andreï Makine, grand auteur d'origine russe, installé en France depuis de longues années, nous emmène en Sibérie, et quelle réussite !
Nous sommes sous la dictature de Staline. Une poignée d'hommes, soldats de l'armée soviétique, est envoyée en mission à la recherche d'un fugitif échappé d'une prison sibérienne. On ne sait rien sur ce criminel, si ce n'est qu'il est un excellent marcheur et chasseur. En effet, il avance dans la Taïga pendant plusieurs semaines sans se faire rattraper par la brigade épuisée. Pavel, un des soldats impliqués dans cette poursuite, est de plus en plus intrigué par ce mystérieux personnage et sera bouleversé quand il découvrira de qui il s'agit.
Ce roman puissant nous entraîne aux confins du monde, là où l'homme n'a presque plus sa place, là où la modernité, les technologies, les civilisations ne sont quasi pas présentes. C'est un roman à la fois haletant, car nous sommes dans une chasse à l'homme, mais aussi empli de philosophie et de réflexions sur la vie et les hommes. La nature tient une place centrale puisque la Taïga est presque un personnage en soi.
Catherine M
Paru en août 2016 - existe aussi en format numérique.
POLICE, c'est d'abord une immersion dans la profession policière. C'est aussi un huis-clos et un drame qui se lit d'une traite, passionnant et bien construit. C'est encore un angle d'approche particulier pour évoquer la situation des migrants dont la demande d'asile est rejetée et qui se retrouvent escortés par trois policiers jusqu'à l'avion.
Si le personnage du migrant débouté nous bouleverse par sa trajectoire à la fois terriblement banale et à chaque fois tragique, c'est néanmoins à la vie des trois policiers d'escorte que l'auteur va ici s'intéresser : leur métier mais aussi leurs vies privées, qui s'entrelacent dans un scénario très réussi. Chacun ici est avant tout un être humain.
Parmi les qualités d'Hugo Boris, j'ai envie de souligner son talent pour camper ses personnages, nous les rendre attachants, émouvants et si réels qu'on croirait les connaître pour de bon. POLICE se lit d'une traite !
Natacha
Paru en août 2016 - existe aussi en format numérique.
Tom est un soldat britannique ambitieux, ultra motivé. Il part en zone de conflit et en reviendra salement amoché.
Probablement largement autobiographique, c'est l'histoire de Tom qu'Harry Parker va nous livrer dans ce roman, au moyen d'un procédé narratif relativement original. En effet, les multiples narrateurs de ce roman sont des objets: un casque, un garrot, un sac-à-dos, un cathéter, une chaise roulante, une bombe, une bière, etc., etc. Cette manière de raconter l'histoire tient le lecteur en haleine, car chaque début de chapitre est une petite surprise. On se demande qui va nous adresser la parole et les premières lignes ne sont pas toujours explicites à ce sujet, on tente donc de découvrir au fil du récit de qui, ou plutôt de quoi, il s'agit. Cela rend la lecture assez amusante bien que le propos du livre soit plutôt tragique.
Catherine M
Paru en août 2016, traduit de l’anglais par Christine Laferrière - existe aussi en format numérique.
Mathilde est la deuxième fille de Paulot et Odile, tenanciers du café Le Balto, cœur d'un petit village de province. Lorsque ses parents sont durement touchés par la tuberculose, la vie de la famille bascule et Mathilde tente envers et contre tout de maintenir sa famille en lien. Nous sommes dans les années 1950, c'est le début des Trente Glorieuses qui ne sont pas glorieuses pour tout le monde. En effet, c'est le début de la sécurité sociale, mais les indépendants et commerçants n'y ont pas encore droit. Et lorsque la maladie les touche, c'est la dégringolade. Mathilde sera trimbalée par la vie, passera par des familles d’accueil puis sera émancipée et vivra seule dans l'ancienne maison familiale alors que des scellés sont posés.
L'auteur dépeint magnifiquement une époque et des lieux fortement marqués par l'histoire, ainsi par exemple le sanatorium dans lequel séjournent ses parents, qui est aujourd'hui à l'abandon. L'écriture est fluide et belle. Et malgré la dureté de l'histoire, nous sommes face à un roman lumineux. Le personnage de Mathilde rayonne de rêves, d'illusions, d'envie de liberté, de courage. Quel beau roman !
Catherine M
Paru en août 2016 - existe aussi en format numérique.
Roman d'anticipation, mais pas que, Station Eleven est une exploration de la vie - avant et après le virus qui a décimé la majorité des humains - et de ce qui survit quand l'humanité a presque disparu : Shakespeare, la musique, la solidarité mais aussi la méfiance envers les autres.
L'auteur décrit le destin de plusieurs personnages: un acteur de théâtre et les femmes de sa vie; une jeune fille qui n'a presque pas connu le monde "d'avant", et les musiciens et comédiens de la troupe itinérante dont elle fait partie. Au fil de sauts dans le temps, elle nous permet de reconstituer leur biographie et les liens qui les unissent les uns aux autres, à la fois dans l'ancien monde (le nôtre) et le nouveau, en cours de reconstruction.
Le tout, magnifiquement écrit. On ne lâche pas ce livre, c'est un vrai coup de cœur !
Hélène
Paru en août 2016, traduit de l'anglais (canada) par Gerard De Cherge - existe aussi en format numérique.
L'envers des pôles nous entraîne dans la tête d'une femme bipolaire. Elle nous raconte son quotidien en hôpital psychiatrique mais revient aussi sur des épisodes familiaux qui l'ont marquée. C'est un roman qui nous permet de comprendre cette maladie, de l'appréhender d'une manière très intime et personnelle. Je le recommande aux professionnels de la santé mentale mais aux autres aussi qui, comme moi, n'y connaissent pas grand chose. C'est une lecture touchante qui ne laisse pas indifférent.
Catherine M
Paru en octobre 2015 - existe aussi en format numérique.
Encore un grand cru pour Laurent Gaudé. Dans ce roman, l'auteur nous parle à travers plusieurs narrateurs qui sont tous d'une manière ou d'une autre, et parfois contre leur gré, impliqués dans une guerre qui a marqué notre histoire. On voyage donc dans le temps et l'espace en se retrouvant tantôt avec le capitaine Grant dans les dernières batailles de la guerre de Sécession, tantôt aux côtés d'Hannibal et de ses éléphants lors de leur marche vers Rome ou encore au cœur du commando américain qui a assassiné Ben Laden, ou de Daech.
Dès que l'on s'est habitué à l'alternance très fréquente des narrateurs (chaque paragraphe marque un changement de personnage), on est emporté par l'écriture magistrale de Laurent Gaudé, sans un accroc. Et à travers ces récits, c'est évidemment une belle réflexion sur l'histoire de notre civilisation qui nous est offerte. Qui est vraiment le vainqueur lorsque des milliers de jeunes partent au combat ? Toutes ces guerres ne produisent-elles pas que des perdants ? Quels sont les vestiges de notre histoire ? Faut-il les préserver envers et contre tout ? Et pourquoi certains groupes s'acharnent-ils à détruire ces traces ?
Catherine M
Paru en août 2016 - existe aussi en format numérique.
Mariages arrangés, enfants illégitimes, projets de vengeance, Venise, Berlin, ruée vers l'or... Voici quelques ingrédients du dernier livre de Vincent Engel. L'histoire démarre chez un notaire avec une mystérieuse mission confiée à un jeune Italien qui a grandi en pleine campagne. Dès le départ, on sent que l'histoire de cet étrange héritage est tortueuse et, alors que beaucoup d'éléments sont déjà révélés dans une longue lettre qui constitue le début du livre, Engel continue à nous surprendre tout au long du roman jusque dans les dernières pages.
On va voyager dans l'Italie du 19ième siècle, à Venise, Milan, en Toscane mais aussi à Berlin, New-York, San Francisco. Le roman peut se lire indépendamment du reste de l’œuvre de Vincent Engel, mais les lecteurs de Retour à Montechiarro retrouveront le destin de Laetitia et Raphaël. Voici donc une très bonne saga familiale où passions, trahisons, rêves de liberté se mélangent efficacement.
Catherine M
Paru en mai 2016, existe aussi en format numérique.
"Le grand jeu" raconte l'histoire d'une retraite en montagne dans un récit émouvant et poétique. Tout au long du roman, des éléments pragmatiques liés à l'organisation de la vie quotidienne en solitaire et en montagne s’entremêlent avec des réflexions plus philosophiques et le récit des découvertes que fait la narratrice au fil des jours. Découvertes qui évoquent la montagne dans toute sa splendeur mais qui peuvent aussi être parfois très surprenantes. En effet, elle semble ne pas être seule sur ce coin de rocher qu'elle croyait complètement désert.
Minard nous surprend et divise les libraires, les critiques, les lecteurs qui ne savent quoi penser de ce nouveau roman. Moi je l'ai adoré, lu presque d'une traite. Il m'a transporté dans un univers montagneux que j'admire et vénère. Il plaira, je pense, beaucoup aux amoureux de la montagne... les autres pourraient s'ennuyer.
Catherine M
Paru en août 2016 - existe aussi en format numérique.
Karine Tuil s'empare de questions qui bousculent et questionnent le monde d'aujourd'hui et la société française en particulier. Elle le fait avec brio et sur un rythme enlevé, voire endiablé, qui rend palpitante la lecture de ce roman par ailleurs électrique et efficace.
Une jeune journaliste déboussolée, un richissime patron de groupe multinational, un éducateur devenu conseiller du président français, un soldat traumatisé par l'Afghanistan : nous plongeons d'emblée dans les sujets qui passionnent les médias des années 2000.
Le propos de l'auteur est aussi d'interroger l'obsession pour les identités : quand est-on raciste aujourd'hui ? Comment étiquetons-nous les autres et nous étiquetons-nous nous-mêmes au XXIème siècle en Europe occidentale ? Les personnages du roman vont tantôt revendiquer tantôt rejeter comme non avenues les identités qui leur collent à la peau et le roman nous renvoie la question de leur pertinence : "Noirs" ? "Juifs ?" "Musulmans ?" Qu'est-ce que ça signifie à Paris en 2016 ? Peut-on échapper au verdict médiatique en la matière ?
L'insouciance nous fait aussi le cadeau d'une belle trame romanesque et d'un joli plaisir de lecture.
Natacha
Paru en août 2016 - existe aussi en format numérique.
Adélaïde de Clermont-Tonerre nous offre un de ces livres qu'on ne peut lâcher et qui donne tout son sens au plaisir simple de la lecture. Dans cette saga habilement construite, l'auteure nous emporte dans un récit palpitant, entre le Manhattan enjoué de la fin des années soixante et le Dresde en ruines de la fin de la Seconde Guerre mondiale. On tremble, on palpite, on tourne les pages avec frénésie pour essayer de découvrir les liens qui existent entre ces deux mondes et ces deux époques. De sa plume vive et enjouée, l'auteure réussit son pari de nous tenir en haleine du début à la fin avec ce roman doté d'un grand souffle.
Delphine
Août 2016 - Existe aussi au format numérique
La chaleur, les odeurs, la nature tout entière avec sa boue, ses insectes, ses humains empêtrés et indissociablement liés à la vie animale dont ils procèdent, tout cela nous accueille d'emblée dans ce roman puissant et marquant de Jean-Baptiste Del Amo.
D'abord, la vie d'avant la première guerre avec son travail rude, ses silences, sa lutte constante pour la survie. Puis la guerre qui casse et prend des vies. Ensuite, les années 80 et la brutalité de l'élevage industrialisé.
Dans ces deux grandes périodes, on rencontre cinq générations d'une même famille dont le sort est lié à celui des porcs par un noeud secret mais aussi par tradition et par nécessité. Les humains et les animaux semblent en perpétuel équilibre instable, les hommes essayant sans cesse de dominer la vie qui reprend le dessus sous toutes ses formes, des plus effrayantes et abjectes aux plus folles, indomptables et libres.
Lisez ce livre porté, de plus, par une écriture richissime !
Natacha
Août 2016
Voyageurs, voyageuses, embarquement immédiat ! Un seul bagage et une seule robe, voilà ce que la jeune journaliste américaine Nellie Bly emporte avec elle pour effectuer son tour du monde en 72 jours, lors duquel elle rencontrera notamment Jules Verne et son épouse dans leur demeure à Amiens. Féministe avant l'heure, elle aura raison des idées reçues et ira avec enthousiasme et détermination à la rencontre de ces peuples qui lui étaient jusqu'alors inconnus. Nellie Bly porte un regard rafraichissant, rempli d'humour et gaiement désuet sur son aventure pendant laquelle les situations cocasses vont se succéder, pour notre plus grand bonheur. Nous découvrons avec ravissement les us et coutumes des Anglais, Arabes et Asiatiques croisés lors de ses escales de quelques heures ou jours, en cette tout fin du XXe siècle. Une lecture passionnante qui accompagnera parfaitement vos envies de voyages !
Catherine D.
Avril 2016 - aussi disponible en format numérique