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Dans ce très beau roman de Corinne Royer, des histoires familiales s'entremêlent à l'histoire de la recherche scientifique, et plus particulièrement de la recherche en génétique. Louisa, jeune héroïne qu'on va découvrir autour de ses dix ans et qu'on va suivre pendant une quinzaine d'années, va nous emmener sur les traces de la généticienne Marthe Gautier, personnage non pas fictif mais bien réel, qui a œuvré pendant toute sa carrière dans le domaine de la recherche autour de la trisomie 21.
Marthe Gautier a 93 ans aujourd'hui. Surnommée la découvreuse oubliée, elle est à l'origine des recherches et des analyses en laboratoire qui ont mis en évidence la présence d'un chromosome surnuméraire auprès des enfants atteints du syndrôme de Down. C'est ensuite en 1960 que la maladie prendra le nom de trisomie 21.
Louisa Gorki, personnage de fiction, est abandonnée par sa mère vers l'âge de 10 ans. En effet, celle-ci est soprano et se déplace régulièrement quelques jours à l'occasion d'un concert. Mais un jour, elle ne revient pas d'un de ses voyages. Le père de Louisa détient probablement plus d'information qu'il ne le laisse entendre. Et Louisa devra grandir avec cette absence de mère sans autre explication. Lorsqu'elle se lance dans un doctorat en médecine, elle rencontre Marthe Gautier.
L'auteure mélange habillement fiction et réalité et nous livre un texte d'une grande beauté, plein de douceur, de finesse. On est à la fois embarqué dans une histoire familiale complexe et pleine de mystère et dans l'Histoire de la science. C'est passionnant.
Catherine M
Paru en janvier 2019. Existe aussi en format numérique.
Le roman s'ouvre dans le bureau de recrutement de la légion étrangère où Nino se fait engager, avec d'autres jeunes venus des quatre coins du globe, pour servir la France, et surtout, gagner sa paie chaque mois. Nino s'adapte tant qu'il peut, se glisse dans la peau de ce qu'on attend de lui là-bas dans cette étrange armée. Il passe les tests physiques avec succès et baisse la tête quand on lui demande... Mais il n'avait pas pensé à tout et malheureusement (ou heureusement), il sera recalé après quelques jours, rattrapé par son passé.
Il enchaîne ensuite les petits jobs pour tenter de gagner de quoi survivre. C'est la débrouille pour se nourrir, pour se loger, pour se saouler... Nino cultive des amitiés fortes, se laisse embarquer dans des plans foireux, est amoureux. C'est le portrait d'une jeunesse pour qui l'avenir semble noir, flou, sans perspective...
La nuit, Nino sort, vit, rencontre des personnes étonnantes aux destins hallucinants. Une de ces rencontres va l'entraîner dans un milieu dont il ne connaît rien, où il semble ne pas maîtriser les codes mais qui va pourtant faire basculer sa vie.
Simon Johannin nous avait déjà bluffé avec L'été des charognes paru en 2017. Avec ce nouvel opus, écrit à quatre mains avec son épouse Capucine, il réitère une prouesse littéraire et dresse aussi un vrai portrait de société. Ils nous parlent du monde du travail dans lequel tout le monde devrait entrer mais qui est loin de laisser de la place pour tout le monde, et particulièrement les jeunes qui ne sont pas tout lisses. Ils nous parlent aussi des grandes inégalités de notre société, une société où d'un côté, on peut gagner un salaire de misère en bossant comme un dingue pour un ignoble patron, et où d'un autre côté, on peut gagner des milliers d'euros pour quelques photos de mode.
Capucune et Simon Johannin sont des auteurs atypiques, à suivre, à découvrir. Leur roman ne laisse pas indifférent, il bouscule par la noirceur et l’âpreté qu'il porte, il interpelle par sa violence mélée de poésie et au final il nous touche terriblement.
Catherine M
Paru en janvier 2019.
Pour les curieux, une petite vidéo complémentaire à découvrir ICI
Rendez-vous avec les auteurs à l'Intime festival le samedi 24 août de 13h00 à 14h15
Nicéphore Niepce et Edouard-Léon Scott de Martinville sont les inventeurs respectivement de la photographie et du phonographe; mais qui se souvient encore d'eux? Christophe Donner excelle à leur redonner vie, dans le tourbillon d'une France et d'un 19e siècle plein de promesses et d'innovations technologiques, de liberté, de passion(s) et de savoirs. Touchant, drôle et instructif, à lire !
Catherine D.
Paru en août 2018. Existe aussi au format numérique.
Quel style ! Quel texte ! Catherine Poulain nous éblouit tant son écriture est belle, à la fois aérienne, et terreuse ; travaillée, sans être ampoulée.
Dans ce deuxième roman, deux personnages féminins sont à l'avant de la scène : Rosalinde et Mounia. Deux personnalités hors du commun, deux destins tragiques, deux âmes solitaires, deux femmes libres. Nous sommes dans le sud de la France, dans des villages agricoles où les saisonniers débarquent en fonction des récoltes et selon la main d’œuvre recherchée par les propriétaires (vendange, récolte des abricots, des olives...). Ces deux femmes font toutes les deux parties de cette horde de saisonniers qui sillonnent la campagne à la recherche d'un boulot pour quelques jours, d'un toit, et d'un bar où passer quelques heures après les longues journées de travail.
De nombreux personnages secondaires émaillent aussi ce roman, des bras cassés en grande partie, des errants. On sent que tous ces individus portent des histoires dures en eux, des secrets. Ils plongent dans le travail et l'alcool pour fuir une autre vie, une famille, un passé... et malgré la dureté de leur vie, de leurs actions, on s'attache à certains d'entre eux, on palpite avec eux, on fuit dans leurs pas, on rêve avec eux d'une vie plus douce.
Catherine Poulain nous emmène avec brio dans cet univers des ouvriers agricoles, un sujet particulièrement intéressant, et plutôt méconnu par les habitants du Nord que nous sommes (enfin moi en tout cas). On ne sort pas tout à fait indemne de cette lecture car la violence et la dureté sont bien au rendez-vous, il n'en reste pas moins que c'est un rendez-vous littéraire incontournable de cette année 2018.
Catherine M.
Paru en octobre 2018. Existe également en format numérique.
Dans ce nouveau roman, Pascal Manoukian nous montre que la lutte des classes est loin d’être terminée.
Dans une petite ville de l'Oise, dans une petite banlieue pavillonnaire, on découvre Léa, fille de Aline et Christophe, tous deux ouvriers dans des usines de la région. La famille arrive à joindre les deux bouts, est propriétaire d'une petite maison et Léa est en train de passer son bac. Or, dans la même année, les deux usines vont se restructurer et délocaliser une partie de leurs activités. Une partie des travailleurs va donc être mise à la porte. Ce genre de situation est relayé chaque semaine dans nos journaux, et ce que réussit admirablement Pascal Manoukian, c’est de nous faire vivre cette réalité depuis l’intérieur d’une famille ; une famille qui voit ses revenus diminuer fortement tout en ayant une forte conscience de ce qu’elle vit. Les parents tentent alors tant bien que mal de masquer la réalité aux enfants ; et les enfants tentent tant bien que mal de briller dans leurs études pour donner l’illusion à leurs parents qu’ils changeront de classe sociale, qu’ils gagneront mieux leur vie qu’eux, qu’ils quitteront ce ghetto...
Voici un vrai roman social qui parle de déclassement, de fracture sociale. Un livre fort qui se lit d'une traite, un livre un peu dérangeant car il nous parle d'une réalité toute proche de nous, un livre essentiel et qu'il faudrait que tous les dirigeants d'entreprise et les dirigeants européens lisent...
Nous recevons l'auteur le mardi 6 novembre à 19h30 à la librairie.
Catherine M.
Paru en août 2018. Existe aussi en format numérique.
Un livre très personnel et très fort qui nous fait partager l'amour de cette jeune auteure québécoise pour le Nunavik, ce "grand territoire" au Nord du Québec, où elle travaille dans le domaine de l'éducation depuis plusieurs années.
Là-bas, la vie est rude et impitoyable et le plus mauvais de ce que peut apporter la civilisation semble s'abattre sur les Inuits. Et pourtant là-bas, Eva la narratrice du roman, ne peut s'empêcher de s'y rendre chaque été, le cœur rempli de rencontres et d'amour. Un roman brut et tranchant, qui préfère s'éloigner du misérabilisme, mais pas de la réalité, pour nous faire vivre la beauté âpre du Grand Nord.
Un roman, un essai, un coup de gueule saisissant et une très belle écriture!
Gregory
Paru en 2015 au Canada
Roman qui se dévore, au rythme soutenu et à la tension constante, La vraie vie brosse le portrait d'une famille dans laquelle la fille aînée refuse dès l'enfance d'être fataliste face à l'ambiance de terreur installée par un père malheureux.
Enfants, la narratrice et son petit frère assistent à un accident choquant qui les traumatise, surtout le petit Gilles, dont les yeux cessent alors de sourire. Mais cet accident n'est peut-être pas le pire pour ces deux-là. Le pire est peut-être à l'intérieur de leur propre maison. Est-ce dans les yeux de la hyène empaillée ramenée par leur père d'une de ses expéditions de chasse ?
Avec une détermination à couper le souffle, la jeune fille déploie une énergie propre à déplacer des montagnes pour rendre à son jeune frère le rire qu'il a perdu.
Adeline Dieudonné nous tient en haleine de bout en bout et déploie un très beau sens de la formule enfantine puis adolescente, nous tirant des larmes et des sourires et nous poussant à lire ce roman sans interruption, quitte à laisser brûler le steak !
A lire, incontestablement.
Nous recevons l'auteure le mardi 4 décembre à 19h30 à la librairie.
Antonia, photojournaliste d'une trentaine d'années reconvertie en photographe de mariage, meurt au petit matin dans un accident de voiture, éblouie par le soleil levant sur une route sinueuse corse. Ce huitième roman de Jérôme Ferrari revient sur la vie de cette jeune femme à travers les souvenirs des différents protagonistes qui l'ont connue et qui lui rendent un dernier hommage à son enterrement. L'homélie est longue, chantée par un choeur inspiré, et le prêtre n'est autre que l'oncle et parrain d'Antonia, celui qui lui offrit pour son quatorzième anniversaire son premier appareil photo, celui qui l'encouragea, malgré lui, à poursuivre sa route et à se rendre sur les champs de bataille en ex-Yougoslavie ou ailleurs.
Jérôme Ferrari nous propose une réflexion sur le pouvoir de la photographie, intimement liée à la mort, tout comme la guerre et la représentation du réel. Il aborde également, comme il l'avait déjà fait avec le philosophe Oliver Rohe dans le troublant et questionnant "A fendre le coeur le plus dur" (éditions Inculte), le caractère obscène de la représentation de la violence par la photographie, des milieux autonomistes corses des années 1980-1990 à la guerre en Irak du début des années 2000, avec un plongeon dans le passé colonial de la conquête italo-turque des années 1900 et les premières photographies de cadavres ennemis... Où se situe la liberté de représenter le monde? Antonia, devenue lasse après avoir été photo-reporter de guerre, va se lancer dans les reportages photo de mariage... Quels sont les choix qu'il nous reste lorsque tout semble vain?
C'est avec beaucoup de talent que Ferrari nous emmène à la suite d'Antonia, dont on voudrait croire que cet accident n'est pas réel et qu'elle va revenir nous montrer ses trésors cachés, toutes ces photographies oubliées au fond d'une caisse en carton... Exigeant et très beau !
Catherine D.
Paru en août 2018. Existe aussi en format numérique.
Helen croise par hasard son meilleur ami, Frank, dans une rue de Londres. Elle ne l'a pas vu depuis dix-neuf ans, depuis qu'un tragique événement a mis fin à leurs relations. C'est l'occasion pour elle de lui raconter la véritable nature de ses sentiments à son égard, en retraçant leur vie commune depuis leur rencontre à l'âge de douze ans dans une ambassade à Rome, en passant par l'appartement qu'ils partagèrent à Amsterdam et jusqu'à leur maison dans la campagne française.
Julia Kerninon nous mène d'un bout à l'autre du récit, presque dans un souffle, de son écriture délicate et incisive. On n'a pas envie de lâcher le livre avant de savoir ce qu'il est advenu de ce duo auparavant inséparable. Un très beau roman, doux et amer à la fois, sur une amitié fusionnelle, une histoire d'amour et ses conséquences dévastatrices.
Hélène
Paru en août 2018, disponible en livre numérique.
Vous ne verrez plus jamais un aéroport de la même manière après avoir lu ce livre !
Une femme erre dans l'aéroport de Roissy, sa mémoire flanche, pourquoi est-elle là ? Qu'a-t-elle commis pour en arriver là ?
C'est la débrouille, de même que pour des sans-abris venus y chercher un refuge.
Elle s'invente des vies, des destinées, se trouve toujours en partance pour un futur inventé.
Puis, elle rencontre Luc, qui vient tous les jours à l'arrivée du Rio-Roissy, qui revit l'attente de sa femme, jamais arrivée à destination !
Âmes perdues en survie, en reconstruction.
Un très bon roman, une intrigue originale, une belle plume.
Véronique
Isidore, onze ans, est le dernier d’une fratrie de surdoués. Ses frères et sœurs aînés sont sur le point de décrocher qui un doctorat, qui deux maîtrises simultanées, ou de composer une symphonie. L’avant-dernière, quatorze ans, est en terminale et prévoit de devenir un grand écrivain. D’ailleurs, Isidore, avec qui elle partage sa chambre, est prié de se mettre à rassembler le matériau pour sa biographie.
Il n’a, quant à lui, jamais sauté de classe, et n’est au demeurant pas très intéressé par l’école. Terre à terre, il se consacre plutôt à essayer de lier des amitiés (avec la correspondante délaissée de sa sœur, ou avec la jeune fille dépressive et désabusée qui passe les récrés à nourrir les pigeons), de comprendre comment fonctionne le monde, ou de fuguer pour partir à l’aventure. Isidore remarque des choses que sa famille ne voit pas, il pose des questions sur ce qui l’entoure tandis que ses aînés préfèrent se taire que d’admettre leur ignorance.
Lorsqu’un drame survient inopinément, Izzie/Dory devient le lien invisible entre ses frères et sœurs et leur mère, les encourageant à exprimer ce qu’ils ressentent et à faire face au monde.
Isidore et les autres est une belle fresque familiale, touchante et souvent drôle. Une excellente surprise pour cette rentrée littéraire.
Hélène
Paru en août 2018. Aussi disponible au format numérique.
Je suis devenu écrivain parce que je ne savais pas qui j'étais.
Eric Fottorino, privé de son père naturel, imagine sa mère, Lina, 17 ans, jeune fille insouciante et amoureuse, déambulant dans la ville de Nice où elle allait mettre au monde son petit garçon.
Pourquoi ce mal-être dans sa relation avec sa mère ?
Je ne comprenais pas ces sautes d'humeur, ces sautes d'amour.
Quand Lina raconte à ses fils un secret, une blessure béante, impossible à cicatriser, une fenêtre s'ouvre, qui éclaire d'un jour nouveau un passé enfoui et qui conduit à une réconciliation.
Eric Fottorino livre ce récit très personnel dans une langue magnifique.
Véronique
Revoici la plume acide, caustique, drôle et tragique de In Koli Jean Bofane. Ce nouveau roman nous entraîne au Maroc dans les pas du jeune Sese et de la belle Ichrak qui attaquent tous les deux la vie à pleine dents. Sese est un jeune Congolais qui, en fuyant le Congo, fut berné par son passeur qui le débarqua à Casablanca au lieu de le mener jusqu’en Normandie comme prévu. Qu’à cela ne tienne, c’est là-bas, au Maroc, qu’il va rouler sa bosse et nouer de nouvelles relations. Ichrak est une jeune Marocaine d’une grande beauté qui est aussi mystérieuse que débrouillarde. Elle intrigue le lecteur et les personnages secondaires du roman, elle manipule son entourage avec force alors qu’au fond, elle souffre de profondes blessures.
Tissé comme un polar, ce nouveau livre de In Koli Jean Bofane se dévore et surprend. Il nous emmène à nouveau en Afrique et sur les routes de l’exil que ses personnages empruntent. Terriblement actuel, ce roman est pourtant également universel et atemporel tant il questionne de multiples thèmes qui ont toujours traversé notre monde (les liens familiaux, les rapports homme/femme, les inégalités sociales, les migrations et le déracinement).
Bofane a l’art de parler du tragique avec humour, de dépeindre ce qui est désespérant comme ce qui est palpitant. Si vous ne le connaissez pas, c’est un auteur à découvrir assurément. Si vous avez déjà eu la chance de le lire, vous retrouverez avec plaisir son style et son art de raconter des histoires.
Nous recevons l'auteur le mardi 25 septembre à 19h30 à la librairie.
Catherine M.
Août 2018. Existe aussi en format numérique.
Paula, Kate et Jonas se rencontrent à Bruxelles, dans une école artistique qui forme des peintres décorateurs, maîtres de l'illusion des matières. C'est l'occasion pour Maylis de Kerangal de nous emporter dans ce monde particulier du trompe l'oeil, qu'elle décrit de sa plume virtuose et habitée. Roman d'apprentissage, Un monde à portée de main nous invite à suivre l'évolution et l'émancipation de Paula, jeune femme un peu paumée qui va se révéler à elle-même au fil des pages et au gré de ses expériences professionnelles qui la feront passer par Cinecittà, avant d'intégrer l'équipe artistique chargée de la réalisation de Lascaux IV.
Voici un très beau roman, sensible et esthétique !
Catherine D.
Paru en août 2018. Existe aussi en format numérique.
Une passion dévorante lie la narratrice à Sarah, musicienne hyperactive, rieuse, vivante et folle. Leur histoire d'amour fusionnelle et déchirante les épuise puis s'interrompt soudainement et, peu de temps après, Sarah révèle à son ex-amante qu'elle est atteinte d'une maladie grave.
La raison de la narratrice tangue et bascule.
Pauline Delabroy-Allard parvient à nous accrocher, à nous embarquer dans cette histoire qui prend pourtant sa source dans le thème intemporel et parfois éculé de la passion amoureuse. C'est la très belle qualité de l'écriture qui nous retient et traduit brillamment les ressorts merveilleux et destructeurs de ce qui paraît d'abord un pur enchantement puis dévore de l'intérieur.
Un très bon roman qui se lit d'une traite.
Natacha
Paru en septembre 2018.
Arcadie est un roman un peu fou, un peu déjanté, à la verve truculente. Mené tambour battant, il nous offre le portrait d'une communauté libertaire et végétarienne (pour faire simple) qui accueille les blessés de la vie en tous genres. C'est aussi l'histoire de la narratrice, Farah, qui y vit depuis ses 6 ans.
Gorgée de nature et de liberté, Farah se construit et se cherche dans cet univers si particulier qui gravite autour de la figure lumineuse et charismatique d'Arcady, quinquagénaire "même pas beau" mais irradiant d'un pouvoir d'attraction sublime aux yeux de la fillette qui devient adolescente. Dotée d'un physique hors normes, elle doit s'émanciper, se forger une identité qui finira par faire d'elle une jeune personne rayonnant à son tour d'un charisme unique.
Il est question de sexe, de frontières, de migrants, d'utopie, de contradictions, de pastèques et d'électrosensibilité. Et d'amour !
On retrouve avec plaisir l'humour d'Emmanuelle Bayamack-Tam, son enthousiasme verbal, celle d'une auteure qui n'a peur de rien. Le livre est prenant, atypique, touchant et drôle. Plaisir et même jubilation au rendez-vous !
Nous recevons l'auteure le samedi 26 janvier 2019 à 15h30.
Natacha
Août 2018.
Robert Capa, photographe-reporter, a 23 ans quand sa compagne, Gerda Taro, photographe elle aussi, est tuée à Brunete lors de la guerre d'Espagne. Pierre-François Moreau retrace les semaines qui ont suivi la perte de celle qu'il aimait, ce deuil que Capa entamera en partant à New-York et en y retrouvant ses amis, sa famille, en y cherchant du travail comme photographe, en noyant son désespoir dans l'alcool et les nuits sans fin... Et puis, ce sera la réalisation d'un livre hommage aux photos prises par Taro, intitulé "Death in the Making" et conçu avec André Kertész, qui évoque la guerre civile qui ravage l'Espagne des années 1936-1937. Ce livre mêle la petite et la grande histoire, l'histoire d'amour du couple Capa-Taro et leur collaboration pour la cause révolutionnaire et l'histoire de l'Europe tout au long de ces années de violences et de troubles qui influencèrent durablement l'avenir du monde. Une lecture intéressante et touchante pour tous les amateurs de photographie !
Catherine D.
Paru en mai 2018. Existe aussi au format numérique.
Platine, c'est la biographie romancée du premier sex-symbol du cinéma, dans les années 20 à Hollywood. Régine Detambel nous emmène sur les traces tragiques de Jean Harlow, morte à 26 ans dans la douleur, physique et morale, alors qu'elle crevait l'écran dans des seconds rôles d'écervelée, de pouffe ou de danseuse sans rien dans le cerveau... La poitrine généreuse, la chevelure d'ange phosphorescente, la bouche en coeur, Jean Harlow fut une étoile filante qui a montré la voie à une certaine Marilyn Monroe et qui n'a eu de cesse de tenter de prendre le contrôle de ce corps qui lui a tout permis, mais qui lui a aussi apporté son lot d'humiliation, d'abus et de mépris. Evocation éclatante, charnelle et féministe d'une "blonde" cinématographique!
Catherine D.
Paru en mai 2018. Existe aussi au format numérique.
L'aventure épique d'un héros atypique, le général anglais Charles Gordon, chargé en 1884 par le gouvernement anglais de défendre Khartoum des soldats du Mahdi, ce dernier prônant le retour à un islam radical (les dirigeants actuels du Soudan se prévalent par ailleurs de son idéologie). Le temps du siège de la ville, on y suit la vie des derniers Européens qui, pour des raisons diverses, n'ont pas voulu quitter la ville et tentent de survivre, voire de trouver du sens, à leur présence dans ce climat harassant de menace perpétuelle -et à une probable victoire des assaillants. Basé sur un épisode historique réel, ce roman est admirablement servi par la plume féconde d'Etienne Barilier.
Gregory R.
Paru en juin 2018
Claude, jeune homme solitaire et un peu terne, rend visite tous les samedis à sa tante Adrienne. Elle est veuve, plus âgée que lui mais incarne à ses yeux la beauté et le charme féminin dont tout homme peut rêver. Un samedi, il la découvre morte. Or elle voulait lui confier un secret, ce qu’il avait refusé. Claude se lance alors dans une enquête qui va lui dévoiler des secrets familiaux, des non-dits, des amours et des jalousies, et la vie d’une femme qui n’a pas toujours eu le choix. Comme dans la plupart de ses romans, Armel Job nous enchante par ses descriptions claires et hautes en couleurs des lieux et décors wallons et aussi des traits psychologiques de ses différents personnages. Et comme toujours, son style est tantôt poétique, tantôt corrosif mais toujours clair et précis.
Isabelle
Merveilleux écrivain que Ruiz Zafon qui, une fois de plus, clame son amour pour Barcelone, ville chargée d'Histoire.
Le roman couvre la période franquiste depuis la guerre civile. L'héroïne, Alicia Gris, alors petite fille, est blessée gravement, sous les bombardements de Mussolini, venu appuyer Franco. Des années plus tard, devenue une femme au caractère trempé et rongée par son passé, Alicia travaille au "Corps", sorte de police parallèle. Aidée par l'inspecteur Vargas, elle va enquêter sur la disparition d'un ministre et sur une liste de chiffres bien mystérieux, dont l'explication dévoilera une des pages les plus sombres de la période dictatoriale, lorsque opposants politiques, artistes, écrivains étaient enfermés dans la tristement célèbre prison-forteresse militaire de Montjuic.
Ces pages ne font pas de ce roman un livre triste. Pour les lecteurs de "L'ombre du vent", on y retrouve Daniel, devenu adulte et père à son tour, ayant à charge aujourd'hui la librairie Sempere, Fermin, au langage fleuri, toujours conseiller littéraire de ladite librairie, et la magie du cimetière des livres oubliés...
Si les quatre tomes de la série du "Cimetière des livres oubliés" (L'ombre du vent - Le jeu de l'Ange - Le prisonnier du ciel - Le labyrinthe des esprits) forment un tout, si des liens sont tissés entre eux, chacun peut se lire indépendamment ou dans le désordre.
L'écriture jouissive, le récit à rebondissements, l'Histoire avec un grand H, font de cette lecture un grand moment de plaisir, une célébration de la littérature, une lecture qu'on a envie de partager.
Véronique
Paru en mai 2018, traduit de l'espagnol par Marie Vila Casas. Existe aussi en format numérique.
Aurélie et son petit frère Christophe prennent la plume ensemble pour nous livrer un bout de leurs enfance/adolescence sur fond de terrils dans la région liégeoise. Les chapitres s’alternent et l'on retrouve une fois la voix de la sœur, une fois celle du frère. L'écriture à deux (ou quatre ?) mains est une vraie réussite. Ils réussissent à nous faire percevoir deux points de vue, sans que l'on soit dérangé pour le changement de narration.
On plonge donc avec eux dans cette campagne où l'aventure côtoie l'ennui. Venant d'une famille traditionnelle chrétienne, la marge de manœuvre des narrateurs n'est pas énorme et la messe du dimanche est un rendez-vous incontournable. Mais au fil des années, les sorties avec la bande du village vont se multiplier et les enfants gagneront petit à petit un peu de liberté. Premiers émois, premières disputes avec les parents, les enfants grandissent et dans ce récit du quotidien, surgit un drame qui ébranle tout le village...
Un livre teinté de pas mal d'humour malgré une ambiance un peu moite et noire également. Des auteurs à suivre assurément.
Aurélie Levaux est également auteure-illustratrice de romans graphiques.
Catherine M
Paru en mars 2018.
Dans cet ouvrage, Florent Loiseau nous dépeint une situation relativement précaire et dramatique, avec pourtant beaucoup d'humour. C'est l'histoire de Fred, un jeune homme qui accumule les petits boulots, dont la banquière réclame le remboursement de ses emprunts et qui vient de se faire licencier... Bref, une situation non enviable. Acculé financièrement, il accepte un nouveau job mal payé, il devient accompagnateur pour une compagnie privée pour assurer un service de nuit sur la ligne ferroviaire qui relie Paris à Venise. Et le voici qui s'embarque pour une aventure haute en couleur. Ce train a des allures de cour des miracles, il transporte des touristes mais aussi des migrants, et le personnel qui y travaille fait preuve de beaucoup de "créativité" pour améliorer les fins de mois. C'est le règne de la débrouille, de l'arnaque.
Finalement sous ses allures un peu foutraques, Paris-Venise est une lecture vraiment instructive et intéressante qui nous permet de découvrir un microcosme particulier et qui nous parle aussi du monde du travail et de ses petits boulots précaires. Par ailleurs, le côté anti-héros et l'autodérision du narrateur en font aussi une lecture ludique et amusante, car pleine d'humour.
Catherine
Paru en février 2018
Quel beau texte! Une écriture maîtrisée, fluide, belle, travaillée mais sans fioriture, un vrai bijou littéraire, porté par une histoire qui tient le lecteur en haleine.
Deux jeunes amoureux, mariés depuis quelques années, sans enfant, passent le dimanche après-midi en forêt. Nous sommes dans les années 1950, dans un milieu modeste, ils viennent de s'acheter deux beaux vélos flambants neufs. Après un petit pic-nic, ils s'endorment dans une petite clairière éloignée du chemin... mais sont éveillés un peu plus tard pour une petite odeur de brûlé. La forêt a pris feu.
Petit à petit le feu s'étend et il devient difficile de le maîtriser. Tandis qu'ils tentent de l'éteindre et de fuir (avec leurs vélos sur le dos car on ne va quand même pas les abandonner), un dialogue s'installe entre les deux amants revenant sur leur histoire et sur de vieilles rancœurs. L'adversité les place face à face et nous donne un spectacle palpitant tout à la fois de leur fuite et de leur couple.
Catherine M
Paru en avril 2018
Voici un roman, et non une biographie, qui met en lumière la vie et le travail du peintre anglais toujours vivant David Hockney. Catherine Cusset nous entraîne à travers la seconde moitié du vingtième siècle, de Londres à Los Angeles, de Paris à New York en passant par de longues vacances en Italie ou encore. On y suit le besoin irrépressible pour ce gamin élevé dans une famille ouvrière de dessiner, de jouer avec les couleurs, avant d'oser aller à contre-courant du modèle établi et de s'imposer comme un artiste à part entière, reconnu par ses pairs. Bien sûr, on y découvre également un David Hockney intime, amoureux de son art et amoureux de ses amants, un artiste qui s'est véritablement révélé en même temps qu'il découvrait la lumière et la chaleur de Los Angeles, généreux et colérique aussi, égocentrique mais attentif à ses amis dans le besoin. Le roman nous permet de contextualiser chaque tableau important et cette lecture a été un réel plaisir de (re)découverte de cette oeuvre monumentale qui a bénéficié l'été dernier d'une vaste et foisonnante rétrospective au Centre Pompidou de Paris.
A lire aussi bien par les connaisseurs que par ceux qui veulent découvrir autrement ce grand artiste contemporain!
Catherine D.
Paru en janvier 2018. Existe aussi en format numérique.