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Ernst Ritcher semble être un jeune homme ambitieux, businessman plein de talents et de charmes. Après avoir fait fortune dans l'informatique, il a, depuis quelques années, mis sur pied une société qui fournit des alibis aux époux et épouses infidèles. C'est malheureusement un des pieds de Ritcher qui sortira un jour du sable prés d'une plage en Afrique du Sud.
Deon Meyer nous entraîne une fois de plus dans son pays natal et construit avec brio un polar tout à la fois haletant et plein de charme. Dès le départ, deux récits parallèles se font face et on anticipe qu'ils se rejoindront un jour ou l'autre. Les ingrédients sont là pour faire un bon roman policier : histoires de famille, trafics de drogue, héritages, le tout dans un décor d'exploitation viticole; et le texte suit pour tenir le lecteur en haleine, dialogues bien rythmés ou monologues intérieurs qui laissent percevoir les doutes et les failles des protagonistes. C'est un livre où le mensonge tient une place centrale. En effet, les héros, les victimes, les bourreaux y recourent tous pour sauver la face, masquer des dettes ahurissantes, camoufler une escroquerie qui permet de sauver la famille, dissimuler un penchant pour la boisson qui pourrait faire replonger un des héros du livre dans le cauchemar de la dépendance.
Catherine M
Janvier 2016, traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Georges Lory - existe aussi en format numérique.
Nous sommes à Londres en 1920. Deux années ont passé depuis la fin de la terrible guerre où tant de choses ont changé pour tous : les hommes revenus vivants qui, profondément marqués, peinent à retrouver du travail, un amour simple et une place dans ce monde. Et les femmes, qui tentent de les comprendre, tout en pansant leurs propres blessures - celles de la perte, souvent.
Dans cette époque où tous les équilibres semblent rompus, nous suivons trois magnifiques personnages.
Hettie a 19 ans et, tous les soirs, elle travaille pour gagner de l'argent pour elle, pour sa terrible mère et pour son frère rendu amorphe par la guerre. Son travail est particulier: pour six pence, elle accompagne dans un salon de danse les hommes qui n'ont pas de partenaire. Avec son amie Di, elle sort aussi danser pour le plaisir et fait l'étrange rencontre d'Ed dans une soirée où la musique l'enivre.
Evelyn, elle, a perdu son fiancé pendant les combats. Elle voit chaque jour défiler devant son bureau les anciens soldats qui revendiquent une meilleure pension, et pour qui elle remplit des formulaires en trois exemplaires.
Ada a perdu son tout jeune et unique fils. Elle voudrait comprendre, n'a reçu que des informations lacunaires sur les circonstances de sa mort au front. Entre elle et son mari, Jack, ce deuil impossible creuse un fossé qui s'agrandit...
Ces trois femmes attachantes, nous les suivons ainsi que leurs frères, maris, collègues, amies, pendant les cinq journées qui précèdent le 11 novembre 1920, jour où une immense cérémonie est organisée en mémoire du soldat inconnu britannique.
Tout est si juste, émouvant, équilibré dans ce roman : la construction, la pudeur, le poids de l'Histoire sur les liens d'amour, d'amitié, de famille. C'est un roman des nœuds qui se délient, des paroles qui libèrent. C'est bien plus encore et nous vous invitons chaleureusement à le découvrir !
Un grand coup de cœur, vraiment.
Natacha
Janvier 2016
Certains livres vous prennent les tripes et vous transforment : sans bien que vous sachiez comment, ils vous ont repétri comme de la glaise. Celui-ci en fait partie.
Le roman de Bob Shacochis est une immense fresque qui contient plusieurs romans dans un seul, sans pour autant perdre son fil conducteur, au point qu’on peut dire que sa construction relève du génie.
L’auteur nous fait voyager de l’île d’Haïti dans les années 90 à la Croatie de la fin de la seconde guerre, puis à la Turquie en 1986 et à nouveau aux années 90 sur le continent américain, et il truffe son histoire de détails et d’évocations sur le contexte géopolitique entre ces différents époques et lieux. Il nous laisse entendre que les trajectoires humaines prises dans les brutalités des guerres peuvent avoir des répercussions sans fin sur d’autres pays, d’autres guerres, d’autres générations.
Avec une écriture magnifique et qui laisse le lecteur sans repos, il nous présente aussi des personnages bouleversants, anges et démons à la fois, rendus fous par la guerre et la brutalité des hommes, tout en rendant bien, parfois, cette brutalité.
Dottie Chambers, adolescente puis jeune femme qui constitue un des fils conducteurs de cette aventure littéraire hors du commun, étincelle littéralement par sa force étonnante : autonome et intrépide dans les rues d’Istanbul, gardant son sang-froid dans un naufrage, inconsciente de la cruauté que la vie lui impose, elle ne sort néanmoins pas indemne de l’histoire d’amour et d’abus qui la lie à son père, lui-même à la fois brisé par la guerre et rendu fou par la soif de vengeance.
C’est un portrait bien noir des dessous de la géopolitique que nous fait aussi Shacochis : des hommes assoiffés tantôt d’argent tantôt de vengeance tirent des ficelles invisibles, face auxquelles les tentatives de lutte pour les droits humains paraissent bien dérisoires et impuissantes.
On pourrait encore dire bien des choses de ce roman : découvrez-le par vous-mêmes, plongez-vous dans cette aventure au long cours qui exige une lecture vigilante et concentrée mais qui tient mille fois ses promesses. Waw.
Natacha
Janvier 2016
A travers le destin de Dorrigo Evans, jeune officier médecin australien et non moins héros de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, Richard Flanagan nous fait découvrir un pan étonnamment méconnu de ce conflit : celui de la "Voix ferrée de la mort", cette ligne de chemin de fer construite de force par les prisonniers de guerre des Japonais dans la jungle asiatique.
L'ancien héros de guerre se souvient de cet épisode particulièrement sombre et violent de son existence, où à chaque instant, il a dû se battre avec les hommes de son bataillon pour garder un semblant de condition humaine, pour survivre surtout. Il comprend à quel point l'entraide, la solidarité, mais aussi les liens avec les personnes chères laissées au pays ont permis à certains d'entre eux de garder l'énergie de vivre dans cet enfer. Car Dorrigo a été porté par un amour vibrant pour Amy, l'épouse de son oncle avec laquelle il a vécu une passion intense juste avant de partir au front, et cet amour impossible traversera non seulement ces années dans les camps de travail japonais, mais le hantera toute son existence, jusqu'à sa mort, cinquante ans plus tard.
De son écriture âpre et très belle, Richard Flanagan nous plonge dans l'esprit de Dorrigo Evans, dans ses pensées tourmentées, dans ses souvenirs parfois confus, où amour et mort se mêlent obscurément et qui l'auront marqué tout au long de sa vie. Car c'est bien la question de l'oubli et de la mémoire qui est au coeur de ce livre.
Richard Flanagan s'intéresse aussi aux bourreaux de ces camps : simples officiers ou haut dignitaires japonais, gardes coréens, et tente de comprendre comment ils ont suivi les ordres de l'empereur, portés par un sens du devoir et du sacrifice aveugles, et ont balayé tout sentiment humain. Il nous les décrit pendant la guerre, mais aussi après le conflit, dans un Japon dévasté, puis en progressive reconstruction, dont nous connaissons peu l'histoire depuis notre Occident.
Un roman puissant et bouleversant, parfois dérangeant par sa violence, qui ne laisse pas indifférent.
Cet ouvrage a été récompensé par le Man Booker Prize en 2014.
Delphine
Janvier 2016
Cyril Dion, poète, auteur et cofondateur de l'ONG Colibris initiée par Pierre Rahbi, est porté par la conviction que l'on peut sortir de la crise économique, écologique et sociale que traverse notre société. Selon lui, toutes ces crises sont intimement liées mais absolument pas irréversibles. Persuadé que des solutions existent, il décide de monter un projet avec la comédienne et réalisatrice Mélanie Laurent : celui d'aller rencontrer tous ceux qui partagent comme lui cette nouvelle vision du monde, expérimentent, inventent et coopèrent pour bâtir des modèles de vie en commun qui soient respectueux de la nature et de l'être humain.
Ils voyageront dans dix pays, écouteront des penseurs de renom comme Pierre Rhabi, David Van Reybrouck, Olivier de Schutter, Jeremy Rifkin, Bernard Liétar ou Vandana Shiva. Ils rencontreront tout autour du globe des hommes et des femmes de terrain, autant d'acteurs qui proposent des voies alternatives dans les domaines de l'alimentation, de l'énergie, de l'économie, de la démocratie ou de l'éducation.
En tant que lecteurs, nous pouvons découvrir des mouvements citoyens innovants et tout à fait viables pas si loin de chez nous. Savez-vous que Copenhague est une capitale neutre en émission de CO2 ? Qu'il existe des monnaies locales complémentaires et sans intérêts qui ont permis de relancer l'économie locale ? En Suisse (le WIR) ou dans différentes villes du monde (Bristol par exemple) ? Que la ville de Détroit renaît de ses cendres grâce à un projet d'agriculture urbaine co-géré par ses habitants ? Que San Fransisco a pu enrayer son taux de chômage grâce à sa politique de traitement et de recyclage des déchets (80% des déchets sont recyclés dans la ville et l'objectif est d'atteindre les 100% en 2020 : le fameux Zero Waste) ? Qu'en Finlande, les écoles proposent un modèle d'éducation centré sur le bien-être et l'épanouissement des enfants, et que les résultats scolaires y sont quasi les meilleurs au monde ?
Ce livre regorge d'exemples aussi étonnants que porteurs d'espoir. Car la démarche de Cyril Dion est de se concentrer sur les aspects positifs et inspirants de chaque initiative. Meme s'il est conscient que sa vision a quelque chose d'utopiste, il veut nous raconter une autre histoire, nous inspirer, nous donner envie d'imaginer l'impossible.
De ce projet, sont nés ce livre et un film documentaire qui sortira en salles début janvier en Belgique. (Nous serons partenaires de la projection en avant-première le 6 janvier au Caméo à Namur.)
N'hésitez pas à offrir ce livre passionnant, il vous ouvrira de nouveaux horizons et vous embarquera peut-être, dans ce nouveau monde, en marche...
Delphine
Décembre 2015
Voici un livre qui ravira autant les amateurs du ballon ovale que les amateurs de graphisme et d’infographie ! Et si votre petit dernier joue au rugby et que vous désespérez de comprendre les règles de ce jeu étrange qui prône les passes en arrières pour aller de l’avant, cet ouvrage est aussi fait pour vous. Ce sport dont l’engouement populaire ne cesse de croître vient de connaître, en 2015, la 8e édition de la Coupe du Monde (qui a vu les All Blacks s’imposer) et c’est l’occasion pour l’auteur de revenir, de façon ludique, sur l’histoire passionnante de ce jeu et de ses règles souvent complexes pour le néophyte. On vous le promet, après l’avoir lu, vous deviendrez incollable sur la question !! Un livre inventif et original à déposer au pied du sapin.
Catherine D.
Août 2015
Avec ce titre qui fait référence à la célèbre pièce de théâtre de Edward Albee, Qui a peur de Virginia Woolf ?, ce bel oubrage a le mérite de surprendre et d’attirer l’attention sur le rôle des femmes dans la création artistique. Catalogue complet faisant écho à l’exposition en cours au Musée d’Orsay, ces quelques 300 pages invitent au voyage à travers l’histoire de la photographie et proposent une réflexion sur la question du genre, en mettant à l’honneur les multiples réussites photographiques féminines, de Julia Margaret Cameron (grand-tante de… Virginia Woolf !) à Berenice Abbott, sans oublier Madame Yevonde et ses portraits glamour. Une histoire de la modernité et du féminisme qui a pour ambition de montrer comment les femmes s’emparèrent du médium photographique pour enfin s’affirmer artistiquement et professionnellement, et bousculer les territoires bien gardés des hommes ! A offrir aux amateurs de l’art photographique, mais aussi à ceux qui aiment l’histoire en mouvement et surtout, à vos amies artistes et photographes !
Catherine D.
Octobre 2015
Considérée par les nombreux amateurs qui la pratiquent comme une activité récréative, la photographie des années 1880-1900 n’a cessé d’être explorée à ses débuts pour ses capacités multiples : surimpression, mise en scènes, trompe l’œil, ombres chinoises… Ces opérateurs du dimanche se sont amusés à jouer de l’effet de réalité de la photographie et ainsi prendre le spectateur au dépourvu, avec des images tour à tour hilarantes ou inquiétantes (femme-papillon ou fantômes et revenants). Les artistes ne s’y sont pas trompés (Man Ray, André Kertész, Claude Cahun, Bérénice Abbott) et l’ont transformée en acte créatif après que le cinéma, la presse et le monde forain se sont emparés de ce médium novateur dès le début du XXe siècle et qu’ils aient participé à la popularité du jeu photographique. Clément Chéroux, directeur du Cabinet de la photographie du Centre Pompidou, retrace pour notre plus grand bonheur ce pan méconnu de l’histoire de la photographie, accompagné d’une iconographie riche de plus de 300 images. Ou comment la photographie est passée de la récréation à la création en un demi-siècle, tout en démontrant que les artistes n’ont pas attendu l’ère des réseaux sociaux pour se prendre au jeu du selfie ! Un ouvrage étonnant et passionnant, doté d’une jolie couverture à la typographie résolument moderniste !
Catherine D.
Octobre 2015
Pour s’amuser entre amis cinéphiles, voici deux petits livres qui remettent les devinettes sur le devant de la scène, grâce à des illustrations soit de repas soit de décors de films. Une seule image donc pour trouver le titre du film auquel le plat de pâtes bolognaise fait référence (La Belle et le Clochard) ou un décor tel le bel hôtel tout en nuances de rose/lila du Grand Budapest Hotel. Un jeu tout en finesse pour tester ses connaissances cinématographiques !
Catherine D.
Août 2015
Une chouette idée de cadeau de Noël pour les amoureux du 7e art et des rébus !! De savoureux dessins, six par film, pour (re-)mettre en scène 100 films célèbres et moins célèbres, du vieux film noir au blockbuster, en passant par une kyrielle de vieux films des années 70. Paul Rogers, designer, a étudié de près l’architecture et la signalétique présente dans sa sélection de films préférés pour en dégager six éléments suffisamment évidents pour nous faire deviner de quel film il s’agit… A vous de jouer !!
Catherine D.
Octobre 2015
Sophie Calle est une artiste conceptuelle française, écrivaine, photographe et cinéaste, qui n’hésite pas à mettre en scène des éléments de sa propre vie pour en faire des oeuvres artistiques. Tout réunit, en 54 images, 54 projets réalisés à ce jour par l’artiste. Un jeu de cartes pour retrouver l’univers singulier et parfois très intime de Sophie Calle, dans une jolie boîte dorée. Une image pour résumer un projet, qui donnera sans aucun doute envie d’en découvrir davantage ou, pour les fans de la première heure, de sourire à l’évocation du souvenir artistique, qu'il s'agisse d’organiser sa propre filature, de devenir femme de chambre pour immortaliser le spectacle d'une chambre d'hôtel dont les occupants sont absents ou de demander à 107 femmes d'interpréter la lettre de rupture envoyée de son ex. Original et légèrement subversif !!
Catherine D.
Novembre 2015
"La petite histoire des personnages de ce livre passe par la grande histoire des faits qui ont ébranlé les fondations de la société catalane et même au-delà".
Ils sont quatre enfants, ballottés par la vie, deux garçons, Germinal et David et deux filles, Mireia et Joana. C'est Germinal, alors âgé de 80 ans passé, qui nous conte ce récit. Dans la Barceloneta des années 20, la "bande des quatre", amis inséparables, jouit d'un bonheur sans nuages. Issus de milieux modestes, ils grandissent dans un monde coloré, solidaire. Leurs jeux et leurs secrets se partagent à l'ombre de la "Sarita", une felouque, le plus beau des gréements de la plage. Les hommes, pour la plupart, travaillent au port. Les femmes arrondissent les fins de mois de la famille avec divers travaux, couture, vente de poissons, et même pour les plus téméraires, livraison de marchandises en contrebande. C'est à cette époque que les garçons fréquentent "L'Ecole de la mer", une école progressiste dont la devise est "apprendre à penser, à ressentir, à aimer", un lieu qui façonnera leur esprit à tout jamais. A l'adolescence, à l'époque où l'enfant se mue en homme, ils reçoivent une autre éducation au café "La Dorita" avec les "doritas". C'est aussi le temps où Germinal découvre son homosexualité et son amour pour David, "l'Ami Aimé". Pour parfaire leur instruction, ou lorsqu'une question difficile se présente, les quatre se rendent au "Crépuscule du capitalisme", une librairie résistante, tenue par un vieux sage, Ramon Romanguer.
Mais dès les années 30, l'histoire, la grande, celle qui va détruire ce monde chatoyant, cette harmonie, gronde en Espagne et en Europe. En 1933, la droite espagnole renverse la République. En 1936, les républicains gagnent les élections, mais c'est sans compter sur la montée des idées fascistes. La même année, le Coup d'Etat mène au pouvoir les généraux, dont Franco, avec l'appui de l'église catholique. Ainsi débute la guerre civile. Josep, le père de Germinal, homme progressiste, féministe, poète à ses heures, est un syndicaliste actif du mouvement ouvrier anarchiste. Comme ses frères de combat, sa lutte pour la liberté et la révolution est l'engagement de toute une vie. La misère à laquelle sont réduites les familles, la lutte révolutionnaire de leurs parents ouvriers et les répressions brutales signent, pour la petite bande, la fin de l'innocence. Les événements de la deuxième guerre mondiale s'enchaînent inexorablement, Hitler envahit la Pologne..." c'est "l'échec de cette Europe "démocratique" qui, à peine quelques mois plus tôt, nous avait laissé crever à petit feu sous la botte qui se levait pour l'écraser à son tour..."
Lluis Llach est un chanteur catalan qui a mené sa lutte politique à travers la chanson. Exilé à Paris, sous Franco, il revient à Barcelone à la mort de ce dernier. Il est l'auteur de 'L'Estaca", l'hymne de toutes les revendications catalanes durant la dictature.
Il signe avec Les yeux fardés un magnifique roman qui allie poésie, tendresse envers ses personnages et hommage à l'esprit de résistance, écrit dans une très belle écriture.
Véronique B.
Octobre 2015
Voici un livre d'une totale délicatesse , fruit de nombreuses rencontres et de la connivence entre l'écrivain Christophe Bataille et la cultissime Charlotte Rampling. Pas d'égocentrisme de vedette mais une réflexion presque poétique sur ce qui l'a façonnée : l'amour de sa sœur unique, compagne et presque jumelle, seul pilier d'une enfance chahutée par de nombreux déménagements et la perte terrible lorsque cette tant aimée se suicide à 23 ans, à l'autre bout du monde.
Par la grâce des mots de Christophe Bataille se dessine le portrait de Charlotte, forte et fragile, d'une tolérance et d'une douceur peu communes. Ses yeux, magnifiques, ont une âme... très belle, elle aussi.
Véronique G.
Septembre 2015
Chacun, surtout en Grande-Bretagne, se souvient de l'endroit où il était, de ce qu'il faisait quand la nouvelle de la mort de la Princesse Diana est tombée. Pas de chance pour ceux qui espèrent que le temps a tout effacé... Il ne faut pas passer à côté des livres de Denise Mina, de son portrait de Glasgow et de son inspectrice Alex Morrow, sorte de David contre Goliath, alias la corruption de sa ville. Forte contre les pressions professionnelles, des avocats ou de ses collègues, mais aussi familiales parce que son demi-frère est un grand voyou de la pègre, elle avance, encore et toujours, discrète, intelligente, lucide mais aussi terriblement humaine.
Véronique G.
Novembre 2015
Quatorze mois avant le début du récit, Angus et Sarah ont eu le malheur de perdre Lydia, 6 ans, l'une de leurs jumelles, dans un accident.
Ils veulent prendre un nouveau départ et l'héritage de la grand mère d'Angus tombe à pic : une minuscule île des Hébrides, en Écosse, avec une maison où tout est à refaire. Nouvel environnement, nouvelles relations, le projet s'engage avec une ombre gigantesque au tableau : Kristie, la jumelle survivante, prétend avec insistance être Lydia, sa sœur morte dont elle ne peut pas être distinguée, copie parfaite. Pourquoi l'a-t-elle caché jusque-là si c'est vrai, pour lequel de ses proches se serait-elle tue ?
Un très bons suspense, efficace et bien mené.
Véronique G.
Septembre 2015
Sully Carter, journaliste au passé de reporter de guerre, est un excellent professionnel. Sa ville de Washington frémit sous le choc du meurtre d'une adolescente blanche, fille d'un juge puissant promis aux plus hautes fonctions. Les médias s'emballent en traçant à très grandes lignes les ingrédients du drame : quartier noir pauvre comme lieu du crime, trois jeunes blacks comme suspects, bref, apparences et préjugés pour faire monter les audiences et les ventes. Seul Carter, malgré ses whiskys du matin, prend le temps de chercher plus loin, très loin, ravagé lui-même par les atrocités du passé et sa proximité des racines du mal... Puissant !
Véronique G.
Novembre 2015
Quand on parle de la Russie contemporaine, l'image de Vladimir Poutine s'impose à bon nombres d'entre nous, pourtant la Russie ne se résume pas à cet homme. Les autres visages de la Russie est un ouvrage collectif et collaboratif, réalisé par plusieurs ONG, soutenu par Médiapart, et proposant une galerie de portraits qui nous montre qu'en Russie des artistes, des journalistes, des citoyens se mobilisent, réfléchissent, agissent pour dénoncer les injustices du pouvoir, questionner l’État, tenter de changer les choses.
Une lecture enrichissante, vivifiante, un rien effrayante aussi parfois, tant la liberté d'expression semble muselée dans ce pays. Un prix abordable (10€) pour découvrir des nouveaux visages de la Russie.
Catherine M
Avril 2015
Dans Les enfants des jours, Eduardo Galeano propose un calendrier annuel en revenant pour chaque jour de l'année sur un évènement de l'histoire mondiale qui s'est déroulé ce jour-là. On apprend ainsi que le 3 janvier 47, la bibliothèque d'Alexandrie brûlait mais qu'au Xe siècle, le Grand Vizir de Perse transportait une bibliothèque ambulante à dos de chameaux. Les quelques quatre cents chameaux étaient utilisés comme catalogue répartis en 32 groupes correspondant au 32 lettres de l'alphabet perse. Le 18 septembre, en 2008, la bourse d'Amérique s'effondra. Le 14 novembre 1889, Nelie Bly (que vous pouvez découvrir à travers l'excellent livre chroniqué ici) commença son tour du monde qu'elle accomplit en 72 jours.
Vous l'aurez compris, ce livre nous amène à voyager à travers l'histoire et le monde en 365 chapitres. Galeano est parfois poète, la lecture est donc fluide et agréable . Évidemment, on n'approfondit pas un évènement puisque chaque jour occupe une page de livre, pas plus, mais cela donne des idées pour explorer les recoins de l'histoire. Une petite pépite qui sort de l'ordinaire. A offrir sans hésiter.
Catherine M
Octobre 2015
Merci, Mona Chollet... A la seule lecture de la table des matières, je jubilais déjà tant la tonalité, le choix des sujets, la grille de lecture me parlent! Mona Chollet, par ailleurs journaliste au Monde diplomatique, nous régale avec ce livre intelligent et rigoureux mais aussi très fluide dans son écriture et souvent drôle.
Comment le fonctionnement de notre société affecte-t-il et structure-t-il notre façon d'habiter? Comment habiter pleinement son lieu? Comment la présence d'Internet au sein de la maison ou de l'appartement impacte-t-elle notre façon d'y vivre? Et le temps, ce nerf de la guerre, comment se le réapproprier? Quid aujourd'hui des "vieux" modèles où fée du logis se décline au féminin?
Ce livre est une délectation: loin des recettes sur comment la magie du rangement va changer votre vie Madame et autres phénomènes marketing, il nous invite à réfléchir, à éveiller toute notre intelligence, notre créativité, notre liberté. Il se lit aisément, avec un vrai plaisir et de temps en temps un bon rire franc!
A mettre entre toutes les mains.
Natacha
Avril 2015
Les mots sont importants: tous ceux qui formulent une critique sociétale en sont conscients. Pour faire évoluer une culture, il est indispensable d'inventer le vocabulaire qui accompagne le changement, et qui par conséquent permet de modifier son regard. Ce livre-dictionnaire, qu'on peut lire en choisissant sa porte d'entrée, rassemble ainsi les définitions de toute une série de termes associés de près ou de loin à la décroissance: autrement dit, à la remise en question radicale du dogme de la croissance économique.
Chaque petit chapitre s'attache donc à la définition d'un mot. Certains développent un concept ou un courant de pensée: Partage du travail. Anti-utilitarisme. Critique du développement. D'autres racontent des initiatives concrètes: Monnaies communautaires. Jardinage urbain. Eco-communautés. Etc.
Les contributeurs sont nombreux et, selon les cas, le discours est tantôt pointu, tantôt pragmatique, parfois les deux. Dans tous les cas, les articles sont courts et brossent un panorama éclairant, inspirant, souvent militant. Ce livre se déguste avec intérêt et plaisir quand on a envie d'approfondir sans lourdeur une certaine envie d'un autre monde possible. Il outillera aussi ceux qui sont convaincus de la nécessité d'une alternative, mais se sentent parfois à court d'arguments!
Natacha
Novembre 2015
En 2014, paraissait "La librairie de la pomme verte et autres lieux merveilleux", ouvrage qui donnait la parole à 30 grands écrivains américains à propos de leurs librairies préférées. Ici, Alexandre Fillon, journaliste littéraire, contacte des écrivains français et leur demande de nous raconter les livres et les librairies qui ont changé leur vie. Vingt et un écrivains acceptent de témoigner, avec leurs plumes propres et leurs souvenirs. Autant de récits narrés avec passion et humour qui vous feront peut-être penser à vos propres expériences livresques et vous feront aimer (un peu, beaucoup, passionnément) les livres et les librairies.
Comme dans tout ouvrage collectif, les témoignages partent dans toutes les directions et abordent la question avec des tons bien différents. On voyage de Paris aux quatre coins de France. L'ensemble est hétéroclite mais c'est ce qui fait aussi sans doute le charme de ce livre, comme celui d'une bouquinerie. On y retrouve entre autres, Olivier Adam, Jean-Philippe Blondel, Arnaud Cathrine, Anne-Marie Garat, François Rivière, et bien d'autres, ainsi qu'un David Foenkinos très en verve qui nous dit :"Ce livre sur les libraires qu'on aime ne doit pas être l'éloge nostalgique d'un monde perdu. Allez faire un tour dans la librairie la plus proche de chez vous! Comme ça, tout de suite, histoire de voir que ça existe bien réellement. Et tâtez votre libraire. Physiquement. C'est toujours ça de gagné face au virtuel. »
En tant que libraires, on salue évidemment l'initiative des Arènes et en tant que lectrices passionnées, on confirme le propos : lire c'est vivre, c'est rêver.
Delphine
Septembre 2015
Après la sortie récente du long-métrage inspiré de l'album "Paul à Québec", voici le huitième opus des aventures absolument savoureuses de Paul, ce jeune Québécois "so cute" qui fait chavirer le coeur de tous les amateurs de bons romans graphiques et du pays des caribous : le Québec. Comme dans ses albums précédents, Paul se livre à nous en toute simplicité, dans une ambiance québécoise franchement typique. Après nous avoir raconté Paul jeune adulte dans ses albums précédents, Rabagliati remonte dans le temps dans cet épisode, et nous fait retrouver Paul adolescent, en 1976. Il a 16 ans, n'est pas très bien dans sa peau, vient de changer de quartier et d'école, se fait de nouveaux copains, et passe pas mal de temps dans la maison de vacances de ses parents dans les Laurentides, au Nord de Montréal, au milieu des grands espaces. Cet album est celui des premières fois pour Paul : première cuite, première mobylette, premier joint, premier amour et premier chagrin. Bref, on retrouve en Paul tout ce qu'on a pu vivre en tant qu'adolescent, avec ses côtés exaspérants et ses côtés touchants, ce qui nous le rend une fois de plus très attachant. Traité en bichromie, avec ce trait expressif qui lui est propre, cet album est toujours aussi juste et sent bon la nostalgie et le sirop d'érable. Délicieux !
Delphine
Novembre 2015
Vous connaissez peut-être cette émission sur «Â La Première Radio » animée par Sophie Moens et son acolyte Carlo de Pascale qui passe sur les ondes le samedi à l’heure de l’apéro ? Le sympathique duo remet le couvert en passant à l’étape «Â papier ». L'objectif du bel ouvrage «Â Bientôt à Table, le livre » ? Nous faire rencontrer 30 petits producteurs artisanaux qui croient en une agriculture et un élevage plus humain, plus respectueux de la terre et de nos assiettes. Le débat est criant d'actualité à cette époque où l'agriculture et l'élevage industriels intensifs posent bien des questions. Mais le ton du livre n'est pas dénonciateur, l'idée étant plutôt de nous faire prendre conscience qu'une alternative alimentaire existe, tout près de nous, et qu'une alimentation saine de qualité peut être synonyme de vrai plaisir ! Car entre chaque dossier, Carlo De Pascale nous propose une recette alléchante et simple mettant à l'honneur chacun de ces produits de terroir. Le tout dans un ouvrage de belle facture, à la couverture accrocheuse et aux belles photos vivantes. Bref, une très bonne idée de cadeau pour ceux qui aiment se faire plaisir en toute simplicité !
Delphine
Novembre 2015
Petit bijou d'humour décalé, Mamika the best compile les meilleures photos de Sacha Goldberger consacrées à son exceptionnelle grand-mère, Frederika, 96 ans. Le travail de Goldberger, ce photographe français dont la famille est originaire d'Europe centrale, est déjà reconnu dans le monde entier. Fleuve noir en a tiré une édition best of au format beau-livre qui vous époustouflera par la beauté de ses photos et le côté ultra délirant de ses mises en scène. On y sent aussi toute la tendresse entre un petit-fils photographe et une grande mère au caractère bien trempé... Car il ne faut pas avoir froid aux yeux pour se déguiser à plus de 90 ans en lapin blanc, en sapin de Noël ou en super héroïne en bas collants, et ce, avec sens de l'autodérision qui en est presque touchant. Images étonnantes, servies par les dialogues burlesques entre le petit-fils et sa grand-mère. C'est loufoque et poétique à la fois, vraiment unique. Et c'est le meilleur moyen qu'a trouvé Goldberger pour rendre sa mamie éternelle et lui rendre hommage. Mamika est un remède au vieillissement, une force de la nature qui rend cet âge joyeux et fait un pied de nez à la mort à travers des prises de vue plus délirantes les unes que les autres. Coup de coeur !
Delphine
Novembre 2015
Nelly Bly était journaliste à la fin du XIXème siècle. Les éditions du Sous-Sol publient un recueil qui reprend trois de ses passionnantes enquêtes et sera suivi de deux autres livres.
Dans ce titre où les trois sujets résonnent de façon très actuelle, l'enquête principale a conduit la journaliste à se faire passer pour folle pour être internée dans un asile de femmes passablement lugubre et isolé sur une île. Elle s'aperçoit vite qu'avec elle, d'autres femmes tout aussi saines d'esprit ont été embarquées là pour des raisons plus sociales que réellement médicales. Mais une fois étiquetée "cas psychiatrique", difficile de convaincre les médecins de l'erreur. La brutalité du personnel et l'indifférence des médecins le disputent à la dureté des repas et des conditions de vie.
Le processus journalistique (il rappelle Florence Aubenas, en particulier dans la deuxième enquête) et le ton du récit font de ce document une perle agréable à lire et prêtant à réflexion.
Natacha
Octobre 2015