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Voici un excellent roman américain qui nous transporte dans une histoire familiale complexe, une vaste fresque romanesque où la petite histoire (celle de la famille du narrateur) et la grande Histoire (celle des Etats-Unis d'Amérique du XXe et du XXIe siècle) se rejoignent. Nathan Hill signe un premier roman dense aussi abouti qu'audacieux. Passionnant ! Prix Folio des libraires 2019.
Delphine
(Traduit de l'américain par Mathilde Bach. Paru aux Editions Gallimard en août 2017, et en version poche chez Folio en août 2018. Existe au format numérique)
Mercy, Mary, Patty, ou trois jeunes femmes qui ont osé défier la société bien-pensante dans laquelle elles ont été éduquées pour rallier la cause de ceux qui les ont kidnappées : les deux premières au XVIIe et XVIIIe siècle, la troisième au XXe siècle. Et c’est autour de cette dernière que les recherches menées par Gene Neveva, professeure universitaire américaine exilée pour un an dans les Landes françaises, et Violette (rebaptisée Violaine), son assistante française, vont se focaliser. Patty, pour Patricia Hearst, cette héritière de 18 ans qui sera enlevée par un groupuscule révolutionnaire en février 1974 et qui va progressivement embrasser leurs idéaux, jusqu’à manier les armes lors d’un braquage quelques semaines plus tard. En cavale, elle sera finalement arrêtée en 1975 et, en prévision du procès, les avocats du clan Hearst vont chercher à s’entourer de spécialistes en tous genres, dont Gene Neveva, avec la mission toute délicate de prouver que Patty (devenue Tania au sein du groupuscule) a subi un lavage de cerveau et qu’elle est victime du syndrome de Stockholm. C’est avec le regard tendre et naïf de Violaine que Neveva va revisiter toute cette affaire, cette même Violaine/Violette dont la vie va être à tout jamais bouleversée par cette quinzaine vécue en-dehors du temps. Les conclusions de Gene Neveva sont fortement attendues dans ce procès, car elle-même a tourné le dos à l’establishment et a acquis une certaine célébrité dans son pays…
Dans ce nouveau roman qui mêle subtilement réalité et fiction, il est question de rencontres, de liberté et d’emprisonnement, et à travers ces trois, voire six personnages féminins (féministes ?) réels et fictionnels, Lola Lafon questionne habilement les conséquences de l'anti-conformisme et les peurs qui l'accompagnent, cette crainte à l'encontre de celles qui défient les lois "naturelles" et qui va mener la petite fille riche devant un tribunal sans savoir précisément de quelle nature est son crime, puisque la seule revendication de Patricia Hearst était sa soif de liberté… Grâce à cette lecture, notre connaissance de cet épisode qui a marqué l’adolescence des jeunes Américain-e-s s’en trouve enrichie et on a envie de mener ses propres recherches pour comprendre à quel moment tout bascule, ce point de non-retour qui nous fait tourner le dos à nos origines et à notre vie d’avant. Fascinant, ce roman à voix multiples met en lumière de façon singulière et percutante ces destins de femmes libres, qui ont traversé les siècles, et qui continuent de questionner la condition féminine actuelle.
Catherine D.
Paru en mai 2019 (Babel). Aussi disponible en format numérique.
Le roman tourne autour de deux femmes, Adèle, 17 ans et Dora, de 13 ans son aînée. Adèle vit avec sa mère, Rosaria et sa soeur Jessica "quinze ans, tartinée de fond de teint, avec une minijupe qui laissait voir sa culotte, dès qu'elle se penchait, un papillon tatoué dans le cou". Elles habitent aux "Lombriconi", près de Bologne, un ensemble de tours, "Huit cents mètres de longs, énorme : six cent soixante-douze appartements, cinq étages, vingt-huit escaliers". Avant le départ de leur père, elles habitaient dans un joli quartier. Et Adèle est enceinte d'un bébé qu'elle ne désire pas vraiment. Dora est professeur de lettres, dans un lycée renommé du centre de Bologne. Elle a épousé le beau gosse du collège, mais ce qui lui manque par dessus tout, c'est d'être mère. Tout son être aspire à la maternité qui semble lui être refusée, ce qui mine son couple à petit feu. Autour d'elles gravitent le beau Manu, petit ami d'Adèle et père de l'enfant à venir, et Zeno, le voisin, élève studieux des "Lombriconi", amoureux secret d'Adèle...
Silvia Avallone nous avait déjà séduit par son roman D'acier, récit planté dans la cité industrielle de Piombino en Toscane. La vie parfaite s'inscrit de nouveau dans l'Italie contemporaine, dans une société en crise, décrit des êtres fragilisés par des enfances fracassées, aux avenirs plus qu'incertains, des vies brisées, chacun aspirant à vivre un petit bout de ce que serait "une vie parfaite". D'une écriture parfaitement maîtrisée, ce roman social est aussi empreint d'une grande tendresse et offre de très belles pages sur la maternité.
Véronique
Paru en avril 2018, traduit de l'italien par Françoise Brun, existe aussi sous format numérique.
Lorsque Maddy et Dalton se rencontrent, c'est une évidence, comme le nez au milieu de la figure : ils s'aimeront d'un amour pur, pimenté d'un humour sauvage, au gré des descentes de rivières sinueuses et de poissons pêchés comme des trophées. Et puis, la vie s'ébroue, se carapate, c'est la sortie de route pour Mad qui, alors qu'elle est enfin enceinte de ce premier enfant qu'ils attendent depuis plusieurs années, se découvre atteinte de la sclérose en plaques... C'est toute la force et le talent de Pete Fromm de nous plonger dans un mélodrame qui se joue des codes, sans être larmoyant ni englué dans le pathos. Mad et Dalt vont affronter la maladie en continuant de rire à leurs blagues pas si subtiles que ça mais si importantes pour faire face à la déchéance du corps et de la mémoire de Mad, ils auront deux enfants, déménageront, changeront de métier, mais en s'aimant toujours plus fort au gré des nombreuses remises en question que traversera leur couple profondément uni.
D'une écriture limpide comme l'eau qui scellera leur amour éternel, ce roman nous emporte avec lui et on se prend à glisser avec eux dans les rapides du Wyoming, à subir le sort qui s'acharne et à mettre de l'amour dans les gestes quotidiens. Un roman intense, qui perdure dans nos mémoires longtemps après l'avoir refermé...
Catherine D.
Paru en mars 2019 (Totem), traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Juliane Nivelt. Existe aussi au format numérique.
Peut-on sérieusement mener à terme des études barbantes de droit, quand on est amoureux de Tante Julia (qu’on commence par emmener au cinéma...) et qu’on est, de surcroît, embarqué dans l’aventure de Radio Panamericana en compagnie de Pedro Camacho, un OVNI de la création littéraire à la mitraillette ?
Dans cette saga jubilatoire teintée d’humour noir, le prix Nobel péruvien nous brosse une galerie de portraits inoubliables du Lima des années 1950.
A (re-)découvrir.
Véronique
Les Frères Sisters, Eli et Charlie, sont deux tueurs professionnels aux services du Commodore qui les envoie, une fois de plus (la dernière?), à la poursuite d'un certain Hermann Kermit Warm, chercheur d'or, pour l'exécuter après avoir récupéré ce qu'il avait supposément volé. Le décor est planté, nous sommes bien plongés dans un western qui respecte les codes du genre, mais un western aussi complètement décalé ! Celui-ci est d'ailleurs davantage encore la description d'une époque révolue, celle de la Ruée vers l'or, des progrès technologiques et des avancées notoires en termes d'hygiène, comme l'usage de la brosse à dent et du dentifrice qui offre au lecteur de bons moments d'hilarité ! Eli est le "bon" méchant, le narrateur de cette histoire qui tombe amoureux de chaque femme rencontrée lors de leur périple plutôt sanglant, tandis que Charlie a la gâchette facile et peu d'états d'âme. Malgré tout, ces deux-là sont liés par un amour inconditionnel et l'on suit avec un plaisir non dissimulé leur chevauchée jusqu'en Californie. Le ton est juste, l'écriture limpide, et cette lecture, jubilatoire !!
Catherine D.
Paru au format Babel en septembre 2018. Existe aussi au format numérique.
Voici un roman noir haletant où l'on suit Angel Dare, ancienne actrice de charme reconvertie en agent pour les filles du métier. Un beau jour, elle se retrouve embarquée contre sa volonté dans une sordide affaire d'argent volé, lié à un trafic pas très net impliquant des ex-collègues du porno...
Money shot est un road trip au rythme effréné motivé par le désir de vengeance, mené par une héroïne qui n'a pas froid aux yeux. Une belle découverte, désormais disponible dans la super collection Totem, et dont la suite vient de paraître chez Gallmeister.
Hélène
Traduit de l'américain par Christophe Cuq. Paru en mai 2018, aussi disponible en version numérique.
Mikel Santiago est un auteur espagnol qui nous emmène au coeur de l’Irlande dans ce premier roman/thriller qui est une vraie réussite. Peter Harper est un compositeur en panne d’inspiration et fraîchement divorcé. Pour changer d’air, il décide de louer une petite maison sur la côte irlandaise. Il arrive dans une région plutôt accueillante, se lie d’amitié avec ses voisins. Mais Peter devient malheureusement sujet à de fortes migraines cauchemardesques, ce qui va ruiner son séjour. Avec beaucoup de subtilité, l’auteur introduit une légère pointe de paranormal et parvient à tenir le lecteur en haleine de bout en bout.
Catherine
Paru au format poche en janvier 2018. Existe aussi au format numérique.
Hervé Le Corre n’a pas son pareil pour nous plonger dans des univers sordides,
où chaque personnage tient le cap de sa vie comme il peut, toujours à la limite
d’une rupture… Roman noir, un peu social, à l’écriture tranchante et juste.
Coincé dans une maison perdue de la campagne girondine avec sa belle-famille,
Franck, qui vient de sortir de prison, ne sait comment tuer le temps. Franck va
replonger et les évènements vont le dépasser. Un roman qu’on lit d’une traite !
Grégory
Paru au format poche en janvier 2018. Existe aussi au format numérique.
Mathilde est la fille des tenanciers du café Le Balto, au coeur d’un petit village de province. Lorsque ses parents sont touchés par la tuberculose, la vie bascule et Mathilde tente envers et contre tout de maintenir sa famille en lien.
Nous sommes dans les années 1950, c’est le début des Trente Glorieuses qui ne sont pas glorieuses pour tout le monde... L’auteure dépeint magnifiquement une époque, l’écriture est fluide et belle. Et malgré la dureté de l’histoire, nous sommes face à un roman lumineux : le personnage de Mathilde rayonne de rêves, d’illusions, d’envie de liberté, de courage.
Catherine
Paru en mai 2018. Existe aussi au format numérique.
David Foenkinos nous entraîne avec malice et habileté dans une intrigue rythmée au coeur du monde de l'édition : Delphine, éditrice talentueuse et ambitieuse, et son compagnon, Frédéric, romancier en quête d'un premier succès, découvrent dans une bibliothèque recensant les manuscrits refusés par les éditeurs, un roman exceptionnel. Ce manuscrit est signé du nom d'Henri Pick. Après enquête, le dénommé Henri Pick s'avère être un pizzaiolo décédé quelques années plus tôt et qui, aux dires de sa veuve, n'aurait jamais écrit la moindre ligne de toute sa vie... Le mystère reste entier autour de la personnalité de l'auteur présumé de ce livre, mais la maison d'édition décide de le publier, et de profiter de l'aura liée à ce mystère pour asseoir la popularité de l'ouvrage. Grand succès commercial, le roman sera bientôt au coeur de bien des questions et l'objet d'enquêtes du monde littéraire.
Laissez-vous porter par ce récit enlevé, amusant, enjoué, où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Voilà un roman léger qui vous fera passer un agréable moment de lecture.
Delphine
Paru en janvier 2018. Existe aussi au format numérique.
Ce très beau roman est le portrait d’une famille sur trois siècles, entre la Côte
d’Or (Ghana) et les États-Unis, à partir d’une femme et de ses deux filles,
demi-soeurs qui ne se rencontreront jamais. Chaque chapitre est comme
un petit roman, évoquant une tranche de vie de la descendance de ces deux
femmes. Une mosaïque finement construite qui aborde les sujets universels
de la famille, de l’héritage et de la filiation, mais aussi les thèmes plus graves
de l’esclavage, du racisme et de la violence sociale. Superbement prenant.
Hélène
Paru en janvier 2018. Existe aussi au format numérique.
Kimiâ attend dans la salle d’attente d’un hôpital parisien et se souvient. C’est
le début d’un récit foisonnant, qui alterne les bonds dans le passé de cette famille
iranienne forcée à l’exil dans les années 1980, et le présent qui convoque
la procréation médicalement assistée et l’homosexualité de son héroïne. A
l’image de ces récits orientaux chatoyants, l’histoire que nous conte Négar Djavadi
nous plonge dans la Perse luxuriante des harems, mais aussi dans l’Iran
des années 1970 qui verra le déclin du Shah, la révolution de 1979 et l’avènement
de Khomeiny. Voici un livre sur l’identité, l’exil, la famille, mais aussi sur
la politique d’un pays qui n’en finit pas de se révolter.
Catherine D.
Paru en avril 2018. Existe aussi au format numérique.
Palpitant roman d’anticipation, mais pas que, Station Eleven est une exploration
de la vie — avant et après le virus qui a décimé la majorité des humains — et de
ce qui survit quand l’humanité a presque disparu : Shakespeare, la musique, la
solidarité, mais aussi la méfiance envers les autres. L’auteur décrit le destin de
plusieurs personnages et nous permet de reconstituer leur biographie et les
liens qui les unissent les uns aux autres, à la fois dans l’ancien monde (le nôtre)
et le nouveau, en cours de reconstruction. Le tout, magnifiquement écrit.
Hélène
Paru en mai 2018. Existe aussi au format numérique.
Avec ce très bon premier tome de sa nouvelle trilogie, Arnaldur Indridason nous plonge dans une période trouble de l'Histoire de son Islande natale, l'occupation anglaise et américaine au début de la deuxième guerre mondiale. Un représentant commercial, Eyvindur, est retrouvé mort au domicile d'un autre représentant, Félix Lunden, tué d'une balle provenant d'un Colt américain et marqué d'une croix gammée sur le front avec son propre sang. C'est le début d'une enquête menée par Flovent issu de la police criminelle islandaise, secondé de Thorson, Canadien né de parents islandais et donc parfait bilingue, désigné par l'état major américain qui ne croit pas en la capacité des Islandais à résoudre cette affaire... Tour à tour, nous allons les accompagner dans la compréhension de la personnalité de la victime, ainsi que de ses proches, pour en arriver à l'intérêt que les Nazis portaient à la race nordique des Islandais et du coup, à leurs recherches anthropologiques et génétiques pour retrouver cette "race restée pure depuis les Vikings", le tout mâtiné d'espionnage et de contre-espionnage... Plus qu'un excellent roman policier, il s'agit également ici de l'exploration sociale et historique du contexte particulier de cette époque, la "Situation", qui a amené nombre de jeunes femmes à rencontrer et séduire les soldats étrangers en espérant ainsi échapper à leur destin souvent pauvre et rural.
La force d'Indridason est de retranscrire avec force et sensibilité tout ce contexte historique méconnu dans nos contrées, tandis que nous nous attachons progressivement aux personnages des deux enquêteurs, inexpérimentés mais volontaires à la recherche de la vérité. Un très bon polar, au rythme plus lent, mais à l'atmosphère dense et palpitante! On attend avec impatience le tome 2, dont le premier chapitre clôt l'ouvrage.
Catherine D.
Paru en février 2017 aux éditions Métaillé. En format poche depuis février 2018. Existe aussi en format numérique.
Des Etats-Unis à la France en passant par Berne, Berlin et Moscou, de la télé-réalité au Bauhaus, on traverse avec ce Bal mécanique un siècle d’Histoire et de culture, de modernité et d’avant-garde, des spoliations nazies aux « purges » opérées dans ces émissions télévisuelles si convoitées pour téléspectateurs en mal de gloire éphémère.
Roman scindé en deux grandes parties faisant référence à deux périodes historiques éloignées et à la chronologie éclatée, nous sommes plongés dès la première ligne dans le tournage de l’émission de téléréalité créée par Josh Shors, qui connaît un immense succès aux Etats-Unis. Son père octogénaire, Carl, artiste-peintre renommé, alcoolique et dépressif, vit dans un petit village français et ne semble pas très proche de son fils. Lui-même est le fils de Théodore Grenzberg, grand marchand d’art du début du 20ème siècle en Allemagne, qui a préféré confier son fils à un couple d’amis en partance pour les Etats-Unis lors de la montée du nazisme. Dès lors, Carl est déraciné et ne reverra plus jamais ses parents pris dans le tourbillon de l’Histoire. Un peu par hasard, en lisant le journal, celui-ci va faire une découverte qui va bouleverser sa fin de vie et par ricochet, celle de son fils et de sa belle-fille… On amorce alors la deuxième partie du livre qui met en lumière la célèbre école artistique du Bauhaus à travers le personnage lumineux et libre de Magdalena, jeune femme indépendante des années '20, dont le parrain n’est autre que Paul Klee, grand ami de… Théodore Grenzberg.
Tout y est, l’art, la culture, le divertissement ; à chaque époque ses visionnaires et ses détracteurs, ses éclats artistiques et ses mensonges, ses succès et ses rejets… Voici une véritable ode à la liberté et au pouvoir de la création, une formidable épopée familiale dont on ne peut se détacher une fois la dernière page achevée. Sombre et éblouissant !
Catherine D.
Paru en août 2016 chez Anne Carrière. En format poche depuis janvier 2018. Existe aussi au format numérique.
Voici un roman dense à l'écriture acérée pour raconter l'histoire de Laus Hirschkuh, un jeune allemand de 19 ans qui aime les hommes et qui passera quatre années remplies d'effroi à Buchenwald. Revenu à Leipzig, la difficulté de dire l'horreur, le difficile retour à la "normalité" au sein d'une famille qui ne cherche ni à comprendre ni à accepter sa différence, le poussent à s'exiler en France. Là-bas, peut-être qu'une nouvelle vie est possible, même si les cauchemars de l'enfermement, des violences physiques et psychologiques et l'omniprésence de la mort ne le quitteront jamais complètement.
Un roman dur, mais essentiel sur un sujet peu traité en littérature.
Catherine D.
Pau en mars 2016 chez Actes Sud. En format poche depuis janvier 2018, existe en format numérique.
On est en 1963. La Seconde Guerre est encore tout près dans les souvenirs et la guerre d'Algérie fait des dégâts... C'est pour fuir cette dernière que Franz, 8 ans, et son père Abraham, sont venus s'installer dans la petite ville de Tilliers.
Franz adore lire des illustrés, se balancer, explorer la grande maison et les passages secrets. Il a des questions plein la bouche, surtout une qu'il gardera pour lui jusqu'à la fin du livre : qu'est-il arrivé à sa maman ? Quant à Abraham, le père de Franz qui est aussi médecin, il dégage la sympathie et l'empathie de toute sa grande taille. Ces deux-là vont faire plusieurs rencontres en se créant leur nouvelle vie à Tilliers. Autant de personnages attachants que Martin Winckler excelle à rendre plus vrais que nature. On retrouve avec plaisir le talent de Martin Winckler pour raconter des histoires tout en appuyant les propos qui lui sont chers : notamment une certaine vision de la médecine, humaine et à l'écoute. On retrouve aussi son grand savoir-faire de romancier, habile à nous ficeler des constructions qui tiennent en haleine, des atterrissages superbes et à truffer son livre de références historiques ou littéraires. Captivant, romanesque, délicieux, et à mettre entre toutes les mains.
Natacha
Paru en janvier 2016 chez POL. En format poche depuis août 2017. Existe en format numérique.
Son destin est une mise en garde. Mais en même temps, je ne connais pas d’autre femme écrivain. C’est que les poètes sont des hommes. J’ai compris alors que je ne devais parler de mes projets à personne.
Hekla a 21 ans et débarque à Reykjavik avec en tête un seul objectif : devenir écrivain. Mais dans l’Islande des années soixante, ce n’est pas exactement ce qu’on attend d’une jeune femme... Entourée de son ami homosexuel Jon John qui rêve de stylisme et de son amie d’enfance, Isey, devenue mère au foyer mais qui rêve elle aussi de mots couchés sur le papier, Hekla va bousculer les cases et refuser le déterminisme de genre. Elle fera tout pour y arriver, peu importe les moyens utilisés.
Dans sa langue poétique et douce, Audur Ava Olafsdottir nous offre une fois de plus un roman dans lequel l’énergie créatrice est reine et où les rêves nous tiennent éveillés.
Catherine D.
Paru en août 2019, traduit de l’islandais par Eric Boury. Existe aussi au format numérique.
Voici un roman à rebondissements, conté d’un rythme soutenu qui nous transporte du Maghreb à Paris, puis à Berlin, dans les années 1920. Hédi Kaddour nous montre comment peuvent cohabiter trois civilisations dans une petite ville imaginaire du Nord du Maghreb : les autochtones, assez traditionnels, les colons français plutôt conservateurs qui se disent « Prépondérants » et les excentriques Américains venus y tourner un film hollywoodien. Hédi Kaddour a le don pour conter les histoires et nous faire aimer ses personnages hauts en couleurs.
Véronique
Paru en août 2015 chez Gallimard, ce roman est paru au format poche chez Folio en octobre 2017. Existe aussi en version numérique.
Dans ce très beau roman, on suit le personnage de Wendy (13 ans), subitement confrontée à la disparition de sa mère dans les attentats du 11 septembre à Manhattan. Ayant des difficultés à continuer à vivre « comme avant », ne sachant pas comment gérer son propre deuil et celui de ses proches, elle saisit l’occasion que lui offre son père de le rejoindre en Californie. À l’autre bout du pays, elle apprendra à connaître son père (jusque-là plutôt absent, mais idéalisé par l’adolescente).Maynard nous offre encore une fois des personnages très bien campés et une histoire remplie d’émotion, que l’on dévore avec un plaisir plein de larmes.
Hélène
Paru en septembre 2016 aux éditions Philippe Rey, ce roman a été édité en septembre 2017 en poche chez 10/18. Aussi disponible en version numérique.
Londres, 1920. Deux années ont passé depuis la fin de la terrible guerre. Dans cette époque où tous les équilibres semblent rompus, nous suivons trois personnages féminins attachants, ainsi que leurs frères, maris, collègues, amis, pendant les cinq journées qui précèdent le 11 novembre 1920, jour de la cérémonie en mémoire du soldat inconnu britannique. Tout est si juste, émouvant, équilibré dans ce roman : la construction, la pudeur, le poids de l’Histoire sur les liens d’amour, d’amitié, de famille. C’est un roman des nœuds qui se délient, des paroles qui libèrent. Nous vous invitons chaleureusement à le découvrir !
Natacha
Paru chez Gallimard en janvier 2016, ce roman est sorti en édition poche en août 2017. Aussi disponible en édition numérique.
Si proche et si lointain... La vie d’un homme à travers trois moments importants de sa vie : la fin de l’adolescence et le décès de sa mère ; l’âge mûr, le divorce et le travail de prof, si prenant ; enfin la soixantaine, la retraite, la douce liberté retrouvée. Il vibre de passions, politiques et amoureuses, il est discret et attachant mais aussi singulier et profond. Si proche et si lointain... Un ami, somme toute... Grondhal signe un excellent roman, très juste.
Véronique G.
Paru en janvier 2016 chez Gallimard, ce roman a été édité chez Folio en édition poche en novembre 2017. Aussi disponible au format numérique.
Aalyia a 72 ans, vit à Beyrouth et a les cheveux bleus. Chaque premier jour de l’an, elle entame une nouvelle traduction en arabe d’une voix atypique de la littérature étrangère. Nous voilà partis à la rencontre d’une femme libanaise iconoclaste, mariée à 16 ans, répudiée à 20, libraire autodidacte et retraitée. Nous partageons son amour de la littérature et de citation en citation, nous passons un excellent moment en compagnie de cette grande dame qui prend plaisir à nous conter « son » Beyrouth et qui n’a cessé de lutter contre les diktats de la société libanaise. Un grand roman qui a reçu le Prix Femina Etranger 2016.
Catherine D.
Paru en août 2016 aux Escales, ce roman est sorti en édition poche chez 10/18 en août 2017. Aussi disponible en version numérique.
Deux couples, unis depuis plusieurs décennies par une amitié indéfectible et une passion commune pour la littérature, se réunissent dans une maison isolée dans le Nord des États-Unis. Quand ils se sont rencontrés, ils avaient 25 ans et entamaient leurs carrières académiques dans une Amérique blessée par la Grande Dépression. À présent, plus de quarante ans plus tard, ils se retrouvent à cet endroit, où ils ont passé tant de vacances et où tant de leurs souvenirs sont inscrits. Mais cette fois, l'ombre de la mort ploie sur l'un deux, et c'est l'occasion pour le narrateur de revenir sur cette moitié de XXème siècle écoulée.
Wallace Stegner aborde ici des thèmes universels, dans lesquels chaque lecteur pourra se retrouver: l'amitié, l'amour, la carrière, la nature humaine et la nécessité (ou non) de combattre ses propres inclinations. Un roman simple, juste, et beau.
Hélène
Publié en 2003 chez Phebus, sorti en poche chez Gallmeister en septembre 2017. Aussi disponible en version numérique.
Craig a quinze ans quand il intègre une école prestigieuse à New York, ultra-motivé à l'idée d'assurer son avenir. Il se plonge dans le travail mais avant la fin de l'année scolaire, il est pris d'angoisses de plus en plus paralysantes. L'anxiété l'attaque et le mortifie. Sans pouvoir dormir ni se lever, pris dans une spirale d'inquiétudes qui le fiche en l'air et l'empêche de faire quoi que ce soit, il se retrouve acculé par la dépression.
Ce roman est conté de façon très juste par un auteur qui a souffert de dépression pendant de longues années. Il s'inspire ici d'un de ses séjours en hôpital psychiatrique pour décrire cette maladie de l'intérieur, sans perdre son sens de l'humour, et sans perdre de vue ce que c'est qu'être adolescent. Un très beau livre, qui brise d'autant plus le cœur quand on sait que l'auteur a malheureusement fini par se jeter du haut d'un building de Brooklyn à l'âge de 32 ans...
Hélène
Publié en janvier 2016 à La Belle Colère, sortie en poche en août 2017 chez 10/18.
Une histoire d'amour fou où le quotidien est sublimé par mille poésies fantaisistes, mille aventures imaginaires, le tout arrosé de cocktails enivrants ! Une danse effrénée à la vie, entre tristesse et sensualité, au rythme du "Mr Bojangles" de Nina Simone. Un premier roman captivant et tourbillonnant, qui rappelle que la folie n'est pas l'apanage des seuls "désaxés" et que l'amour permet tout !
Catherine D.
Paru en janvier 2016 chez Finitude, le roman est paru au format poche chez Folio en mai 2017. Existe aussi au format numérique.
Joseph est acteur, surtout dans des pubs pour du dentifrice. Del (Delphine) est biologiste, spécialiste des reptiles et travaille au zoo en attendant d'obtenir sa Green Card. William est le meilleur ami de Joseph, acteur lui aussi, mais moins talentueux et donc jaloux de celui-ci. Madi est la meilleure amie de Del et aussi la soeur d'un de ses ex. Tout ce petit monde évolue tant bien que mal dans le milieu assoiffé, arty et défoncé de New-York, et la rencontre entre Madi et William va entraîner le lecteur dans une toile poisseuse dont il ressortira chancelant et k.o. Brillant!
Catherine D.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny. Paru en janvier 2016 chez Calmann-Levy, le roman est paru au format poche chez Points en mars 2017. Existe aussi en format numérique.
"La petite histoire des personnages de ce livre passe par la grande histoire des faits qui ont ébranlé les fondations de la société catalane et même au-delà".
Ils sont quatre enfants, ballottés par la vie, deux garçons, Germinal et David et deux filles, Mireia et Joana. C'est Germinal, alors âgé de 80 ans passé, qui nous conte ce récit. Dans la Barceloneta des années 20, la "bande des quatre", amis inséparables, jouit d'un bonheur sans nuages. Issus de milieux modestes, ils grandissent dans un monde coloré, solidaire. Leurs jeux et leurs secrets se partagent à l'ombre de la "Sarita", une felouque, le plus beau des gréements de la plage. Les hommes, pour la plupart, travaillent au port. Les femmes arrondissent les fins de mois de la famille avec divers travaux, couture, vente de poissons, et même pour les plus téméraires, livraison de marchandises en contrebande. C'est à cette époque que les garçons fréquentent "L'Ecole de la mer", une école progressiste dont la devise est "apprendre à penser, à ressentir, à aimer", un lieu qui façonnera leur esprit à tout jamais. A l'adolescence, à l'époque où l'enfant se mue en homme, ils reçoivent une autre éducation au café "La Dorita" avec les "doritas". C'est aussi le temps où Germinal découvre son homosexualité et son amour pour David, "l'Ami Aimé". Pour parfaire leur instruction, ou lorsqu'une question difficile se présente, les quatre se rendent au "Crépuscule du capitalisme", une librairie résistante, tenue par un vieux sage, Ramon Romanguer.
Mais dès les années 30, l'histoire, la grande, celle qui va détruire ce monde chatoyant, cette harmonie, gronde en Espagne et en Europe. En 1933, la droite espagnole renverse la République. En 1936, les républicains gagnent les élections, mais c'est sans compter sur la montée des idées fascistes. La même année, le Coup d'Etat mène au pouvoir les généraux, dont Franco, avec l'appui de l'église catholique. Ainsi débute la guerre civile. Josep, le père de Germinal, homme progressiste, féministe, poète à ses heures, est un syndicaliste actif du mouvement ouvrier anarchiste. Comme ses frères de combat, sa lutte pour la liberté et la révolution est l'engagement de toute une vie. La misère à laquelle sont réduites les familles, la lutte révolutionnaire de leurs parents ouvriers et les répressions brutales signent, pour la petite bande, la fin de l'innocence. Les événements de la deuxième guerre mondiale s'enchaînent inexorablement, Hitler envahit la Pologne..." c'est "l'échec de cette Europe "démocratique" qui, à peine quelques mois plus tôt, nous avait laissé crever à petit feu sous la botte qui se levait pour l'écraser à son tour..."
Lluis Llach est un chanteur catalan qui a mené sa lutte politique à travers la chanson. Exilé à Paris, sous Franco, il revient à Barcelone à la mort de ce dernier. Il est l'auteur de 'L'Estaca", l'hymne de toutes les revendications catalanes durant la dictature.
Il signe avec Les yeux fardés un magnifique roman qui allie poésie, tendresse envers ses personnages et hommage à l'esprit de résistance, écrit dans une très belle écriture.
Véronique B.
Paru chez Actes Sud en octobre 2015, le roman est paru au format poche chez Babel en mai 2017. Existe aussi au format numérique.
Nous sommes en 2037, Antoine sort de prison après 20 ans de détention et foule à nouveau les trottoirs de Paris. Ancien révolutionnaire criminel, il va redécouvrir le monde tel qu’il est devenu : pas si différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, un peu plus technologique, un peu plus violent surtout. Après 20 ans d’isolement, il va aussi apprendre à renouer des relations humaines : avec des voisins de la cité Molière, avec ses nouveaux collègues, avec sa fille, qui semble elle aussi portée par sa volonté de changer le monde, radicalement. Mais de manière plus pacifiste que son père à l’époque…
Dans ce récit d’anticipation habilement mené, Denis Lachaud nous interpelle sur notre société, et ses possibles dérives futures. Inspiré de l’actualité brûlante du moment, l’affaiblissement de l’Europe, l’endettement de la Grèce ou de l’Espagne, l’augmentation de l’immigration et le manque criant de place pour les migrants, les mouvements révolutionnaires populaires qui se soulèvent un peu partout, ce futur qu’il nous décrit nous paraît crédible, et nous fait sans doute un peu peur par sa radicalisation. Mais Denis Lachaud trouve un ton juste et sincère qui n’est ni moralisateur, ni culpabilisant, mais plutôt volontairement utopiste, fantaisiste, parfois drôle, un ton percutant qui fait mouche.
Un roman qui donne à penser, sans se prendre trop la tête. Qui donne à rêver surtout à un autre monde. Et rien que pour ça, sa lecture en vaut le détour.
Delphine
Paru en août 2015 chez Actes Sud, le roman est sorti en édition poche chez Babel en avril 2017. Aussi disponible au format numérique.