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Kimiâ attend dans la salle d’attente d’un hôpital parisien et se souvient. C’est
le début d’un récit foisonnant, qui alterne les bonds dans le passé de cette famille
iranienne forcée à l’exil dans les années 1980, et le présent qui convoque
la procréation médicalement assistée et l’homosexualité de son héroïne. A
l’image de ces récits orientaux chatoyants, l’histoire que nous conte Négar Djavadi
nous plonge dans la Perse luxuriante des harems, mais aussi dans l’Iran
des années 1970 qui verra le déclin du Shah, la révolution de 1979 et l’avènement
de Khomeiny. Voici un livre sur l’identité, l’exil, la famille, mais aussi sur
la politique d’un pays qui n’en finit pas de se révolter.
Catherine D.
Paru en avril 2018. Existe aussi au format numérique.
Palpitant roman d’anticipation, mais pas que, Station Eleven est une exploration
de la vie — avant et après le virus qui a décimé la majorité des humains — et de
ce qui survit quand l’humanité a presque disparu : Shakespeare, la musique, la
solidarité, mais aussi la méfiance envers les autres. L’auteur décrit le destin de
plusieurs personnages et nous permet de reconstituer leur biographie et les
liens qui les unissent les uns aux autres, à la fois dans l’ancien monde (le nôtre)
et le nouveau, en cours de reconstruction. Le tout, magnifiquement écrit.
Hélène
Paru en mai 2018. Existe aussi au format numérique.
Avec ce très bon premier tome de sa nouvelle trilogie, Arnaldur Indridason nous plonge dans une période trouble de l'Histoire de son Islande natale, l'occupation anglaise et américaine au début de la deuxième guerre mondiale. Un représentant commercial, Eyvindur, est retrouvé mort au domicile d'un autre représentant, Félix Lunden, tué d'une balle provenant d'un Colt américain et marqué d'une croix gammée sur le front avec son propre sang. C'est le début d'une enquête menée par Flovent issu de la police criminelle islandaise, secondé de Thorson, Canadien né de parents islandais et donc parfait bilingue, désigné par l'état major américain qui ne croit pas en la capacité des Islandais à résoudre cette affaire... Tour à tour, nous allons les accompagner dans la compréhension de la personnalité de la victime, ainsi que de ses proches, pour en arriver à l'intérêt que les Nazis portaient à la race nordique des Islandais et du coup, à leurs recherches anthropologiques et génétiques pour retrouver cette "race restée pure depuis les Vikings", le tout mâtiné d'espionnage et de contre-espionnage... Plus qu'un excellent roman policier, il s'agit également ici de l'exploration sociale et historique du contexte particulier de cette époque, la "Situation", qui a amené nombre de jeunes femmes à rencontrer et séduire les soldats étrangers en espérant ainsi échapper à leur destin souvent pauvre et rural.
La force d'Indridason est de retranscrire avec force et sensibilité tout ce contexte historique méconnu dans nos contrées, tandis que nous nous attachons progressivement aux personnages des deux enquêteurs, inexpérimentés mais volontaires à la recherche de la vérité. Un très bon polar, au rythme plus lent, mais à l'atmosphère dense et palpitante! On attend avec impatience le tome 2, dont le premier chapitre clôt l'ouvrage.
Catherine D.
Paru en février 2017 aux éditions Métaillé. En format poche depuis février 2018. Existe aussi en format numérique.
Des Etats-Unis à la France en passant par Berne, Berlin et Moscou, de la télé-réalité au Bauhaus, on traverse avec ce Bal mécanique un siècle d’Histoire et de culture, de modernité et d’avant-garde, des spoliations nazies aux « purges » opérées dans ces émissions télévisuelles si convoitées pour téléspectateurs en mal de gloire éphémère.
Roman scindé en deux grandes parties faisant référence à deux périodes historiques éloignées et à la chronologie éclatée, nous sommes plongés dès la première ligne dans le tournage de l’émission de téléréalité créée par Josh Shors, qui connaît un immense succès aux Etats-Unis. Son père octogénaire, Carl, artiste-peintre renommé, alcoolique et dépressif, vit dans un petit village français et ne semble pas très proche de son fils. Lui-même est le fils de Théodore Grenzberg, grand marchand d’art du début du 20ème siècle en Allemagne, qui a préféré confier son fils à un couple d’amis en partance pour les Etats-Unis lors de la montée du nazisme. Dès lors, Carl est déraciné et ne reverra plus jamais ses parents pris dans le tourbillon de l’Histoire. Un peu par hasard, en lisant le journal, celui-ci va faire une découverte qui va bouleverser sa fin de vie et par ricochet, celle de son fils et de sa belle-fille… On amorce alors la deuxième partie du livre qui met en lumière la célèbre école artistique du Bauhaus à travers le personnage lumineux et libre de Magdalena, jeune femme indépendante des années '20, dont le parrain n’est autre que Paul Klee, grand ami de… Théodore Grenzberg.
Tout y est, l’art, la culture, le divertissement ; à chaque époque ses visionnaires et ses détracteurs, ses éclats artistiques et ses mensonges, ses succès et ses rejets… Voici une véritable ode à la liberté et au pouvoir de la création, une formidable épopée familiale dont on ne peut se détacher une fois la dernière page achevée. Sombre et éblouissant !
Catherine D.
Paru en août 2016 chez Anne Carrière. En format poche depuis janvier 2018. Existe aussi au format numérique.
Voici un roman dense à l'écriture acérée pour raconter l'histoire de Laus Hirschkuh, un jeune allemand de 19 ans qui aime les hommes et qui passera quatre années remplies d'effroi à Buchenwald. Revenu à Leipzig, la difficulté de dire l'horreur, le difficile retour à la "normalité" au sein d'une famille qui ne cherche ni à comprendre ni à accepter sa différence, le poussent à s'exiler en France. Là-bas, peut-être qu'une nouvelle vie est possible, même si les cauchemars de l'enfermement, des violences physiques et psychologiques et l'omniprésence de la mort ne le quitteront jamais complètement.
Un roman dur, mais essentiel sur un sujet peu traité en littérature.
Catherine D.
Pau en mars 2016 chez Actes Sud. En format poche depuis janvier 2018, existe en format numérique.
On est en 1963. La Seconde Guerre est encore tout près dans les souvenirs et la guerre d'Algérie fait des dégâts... C'est pour fuir cette dernière que Franz, 8 ans, et son père Abraham, sont venus s'installer dans la petite ville de Tilliers.
Franz adore lire des illustrés, se balancer, explorer la grande maison et les passages secrets. Il a des questions plein la bouche, surtout une qu'il gardera pour lui jusqu'à la fin du livre : qu'est-il arrivé à sa maman ? Quant à Abraham, le père de Franz qui est aussi médecin, il dégage la sympathie et l'empathie de toute sa grande taille. Ces deux-là vont faire plusieurs rencontres en se créant leur nouvelle vie à Tilliers. Autant de personnages attachants que Martin Winckler excelle à rendre plus vrais que nature. On retrouve avec plaisir le talent de Martin Winckler pour raconter des histoires tout en appuyant les propos qui lui sont chers : notamment une certaine vision de la médecine, humaine et à l'écoute. On retrouve aussi son grand savoir-faire de romancier, habile à nous ficeler des constructions qui tiennent en haleine, des atterrissages superbes et à truffer son livre de références historiques ou littéraires. Captivant, romanesque, délicieux, et à mettre entre toutes les mains.
Natacha
Paru en janvier 2016 chez POL. En format poche depuis août 2017. Existe en format numérique.
Son destin est une mise en garde. Mais en même temps, je ne connais pas d’autre femme écrivain. C’est que les poètes sont des hommes. J’ai compris alors que je ne devais parler de mes projets à personne.
Hekla a 21 ans et débarque à Reykjavik avec en tête un seul objectif : devenir écrivain. Mais dans l’Islande des années soixante, ce n’est pas exactement ce qu’on attend d’une jeune femme... Entourée de son ami homosexuel Jon John qui rêve de stylisme et de son amie d’enfance, Isey, devenue mère au foyer mais qui rêve elle aussi de mots couchés sur le papier, Hekla va bousculer les cases et refuser le déterminisme de genre. Elle fera tout pour y arriver, peu importe les moyens utilisés.
Dans sa langue poétique et douce, Audur Ava Olafsdottir nous offre une fois de plus un roman dans lequel l’énergie créatrice est reine et où les rêves nous tiennent éveillés.
Catherine D.
Paru en août 2019, traduit de l’islandais par Eric Boury. Existe aussi au format numérique.
Voici un roman à rebondissements, conté d’un rythme soutenu qui nous transporte du Maghreb à Paris, puis à Berlin, dans les années 1920. Hédi Kaddour nous montre comment peuvent cohabiter trois civilisations dans une petite ville imaginaire du Nord du Maghreb : les autochtones, assez traditionnels, les colons français plutôt conservateurs qui se disent « Prépondérants » et les excentriques Américains venus y tourner un film hollywoodien. Hédi Kaddour a le don pour conter les histoires et nous faire aimer ses personnages hauts en couleurs.
Véronique
Paru en août 2015 chez Gallimard, ce roman est paru au format poche chez Folio en octobre 2017. Existe aussi en version numérique.
Dans ce très beau roman, on suit le personnage de Wendy (13 ans), subitement confrontée à la disparition de sa mère dans les attentats du 11 septembre à Manhattan. Ayant des difficultés à continuer à vivre « comme avant », ne sachant pas comment gérer son propre deuil et celui de ses proches, elle saisit l’occasion que lui offre son père de le rejoindre en Californie. À l’autre bout du pays, elle apprendra à connaître son père (jusque-là plutôt absent, mais idéalisé par l’adolescente).Maynard nous offre encore une fois des personnages très bien campés et une histoire remplie d’émotion, que l’on dévore avec un plaisir plein de larmes.
Hélène
Paru en septembre 2016 aux éditions Philippe Rey, ce roman a été édité en septembre 2017 en poche chez 10/18. Aussi disponible en version numérique.
Londres, 1920. Deux années ont passé depuis la fin de la terrible guerre. Dans cette époque où tous les équilibres semblent rompus, nous suivons trois personnages féminins attachants, ainsi que leurs frères, maris, collègues, amis, pendant les cinq journées qui précèdent le 11 novembre 1920, jour de la cérémonie en mémoire du soldat inconnu britannique. Tout est si juste, émouvant, équilibré dans ce roman : la construction, la pudeur, le poids de l’Histoire sur les liens d’amour, d’amitié, de famille. C’est un roman des nœuds qui se délient, des paroles qui libèrent. Nous vous invitons chaleureusement à le découvrir !
Natacha
Paru chez Gallimard en janvier 2016, ce roman est sorti en édition poche en août 2017. Aussi disponible en édition numérique.
Si proche et si lointain... La vie d’un homme à travers trois moments importants de sa vie : la fin de l’adolescence et le décès de sa mère ; l’âge mûr, le divorce et le travail de prof, si prenant ; enfin la soixantaine, la retraite, la douce liberté retrouvée. Il vibre de passions, politiques et amoureuses, il est discret et attachant mais aussi singulier et profond. Si proche et si lointain... Un ami, somme toute... Grondhal signe un excellent roman, très juste.
Véronique G.
Paru en janvier 2016 chez Gallimard, ce roman a été édité chez Folio en édition poche en novembre 2017. Aussi disponible au format numérique.
Aalyia a 72 ans, vit à Beyrouth et a les cheveux bleus. Chaque premier jour de l’an, elle entame une nouvelle traduction en arabe d’une voix atypique de la littérature étrangère. Nous voilà partis à la rencontre d’une femme libanaise iconoclaste, mariée à 16 ans, répudiée à 20, libraire autodidacte et retraitée. Nous partageons son amour de la littérature et de citation en citation, nous passons un excellent moment en compagnie de cette grande dame qui prend plaisir à nous conter « son » Beyrouth et qui n’a cessé de lutter contre les diktats de la société libanaise. Un grand roman qui a reçu le Prix Femina Etranger 2016.
Catherine D.
Paru en août 2016 aux Escales, ce roman est sorti en édition poche chez 10/18 en août 2017. Aussi disponible en version numérique.
Deux couples, unis depuis plusieurs décennies par une amitié indéfectible et une passion commune pour la littérature, se réunissent dans une maison isolée dans le Nord des États-Unis. Quand ils se sont rencontrés, ils avaient 25 ans et entamaient leurs carrières académiques dans une Amérique blessée par la Grande Dépression. À présent, plus de quarante ans plus tard, ils se retrouvent à cet endroit, où ils ont passé tant de vacances et où tant de leurs souvenirs sont inscrits. Mais cette fois, l'ombre de la mort ploie sur l'un deux, et c'est l'occasion pour le narrateur de revenir sur cette moitié de XXème siècle écoulée.
Wallace Stegner aborde ici des thèmes universels, dans lesquels chaque lecteur pourra se retrouver: l'amitié, l'amour, la carrière, la nature humaine et la nécessité (ou non) de combattre ses propres inclinations. Un roman simple, juste, et beau.
Hélène
Publié en 2003 chez Phebus, sorti en poche chez Gallmeister en septembre 2017. Aussi disponible en version numérique.
Craig a quinze ans quand il intègre une école prestigieuse à New York, ultra-motivé à l'idée d'assurer son avenir. Il se plonge dans le travail mais avant la fin de l'année scolaire, il est pris d'angoisses de plus en plus paralysantes. L'anxiété l'attaque et le mortifie. Sans pouvoir dormir ni se lever, pris dans une spirale d'inquiétudes qui le fiche en l'air et l'empêche de faire quoi que ce soit, il se retrouve acculé par la dépression.
Ce roman est conté de façon très juste par un auteur qui a souffert de dépression pendant de longues années. Il s'inspire ici d'un de ses séjours en hôpital psychiatrique pour décrire cette maladie de l'intérieur, sans perdre son sens de l'humour, et sans perdre de vue ce que c'est qu'être adolescent. Un très beau livre, qui brise d'autant plus le cœur quand on sait que l'auteur a malheureusement fini par se jeter du haut d'un building de Brooklyn à l'âge de 32 ans...
Hélène
Publié en janvier 2016 à La Belle Colère, sortie en poche en août 2017 chez 10/18.
Une histoire d'amour fou où le quotidien est sublimé par mille poésies fantaisistes, mille aventures imaginaires, le tout arrosé de cocktails enivrants ! Une danse effrénée à la vie, entre tristesse et sensualité, au rythme du "Mr Bojangles" de Nina Simone. Un premier roman captivant et tourbillonnant, qui rappelle que la folie n'est pas l'apanage des seuls "désaxés" et que l'amour permet tout !
Catherine D.
Paru en janvier 2016 chez Finitude, le roman est paru au format poche chez Folio en mai 2017. Existe aussi au format numérique.
Joseph est acteur, surtout dans des pubs pour du dentifrice. Del (Delphine) est biologiste, spécialiste des reptiles et travaille au zoo en attendant d'obtenir sa Green Card. William est le meilleur ami de Joseph, acteur lui aussi, mais moins talentueux et donc jaloux de celui-ci. Madi est la meilleure amie de Del et aussi la soeur d'un de ses ex. Tout ce petit monde évolue tant bien que mal dans le milieu assoiffé, arty et défoncé de New-York, et la rencontre entre Madi et William va entraîner le lecteur dans une toile poisseuse dont il ressortira chancelant et k.o. Brillant!
Catherine D.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny. Paru en janvier 2016 chez Calmann-Levy, le roman est paru au format poche chez Points en mars 2017. Existe aussi en format numérique.
"La petite histoire des personnages de ce livre passe par la grande histoire des faits qui ont ébranlé les fondations de la société catalane et même au-delà".
Ils sont quatre enfants, ballottés par la vie, deux garçons, Germinal et David et deux filles, Mireia et Joana. C'est Germinal, alors âgé de 80 ans passé, qui nous conte ce récit. Dans la Barceloneta des années 20, la "bande des quatre", amis inséparables, jouit d'un bonheur sans nuages. Issus de milieux modestes, ils grandissent dans un monde coloré, solidaire. Leurs jeux et leurs secrets se partagent à l'ombre de la "Sarita", une felouque, le plus beau des gréements de la plage. Les hommes, pour la plupart, travaillent au port. Les femmes arrondissent les fins de mois de la famille avec divers travaux, couture, vente de poissons, et même pour les plus téméraires, livraison de marchandises en contrebande. C'est à cette époque que les garçons fréquentent "L'Ecole de la mer", une école progressiste dont la devise est "apprendre à penser, à ressentir, à aimer", un lieu qui façonnera leur esprit à tout jamais. A l'adolescence, à l'époque où l'enfant se mue en homme, ils reçoivent une autre éducation au café "La Dorita" avec les "doritas". C'est aussi le temps où Germinal découvre son homosexualité et son amour pour David, "l'Ami Aimé". Pour parfaire leur instruction, ou lorsqu'une question difficile se présente, les quatre se rendent au "Crépuscule du capitalisme", une librairie résistante, tenue par un vieux sage, Ramon Romanguer.
Mais dès les années 30, l'histoire, la grande, celle qui va détruire ce monde chatoyant, cette harmonie, gronde en Espagne et en Europe. En 1933, la droite espagnole renverse la République. En 1936, les républicains gagnent les élections, mais c'est sans compter sur la montée des idées fascistes. La même année, le Coup d'Etat mène au pouvoir les généraux, dont Franco, avec l'appui de l'église catholique. Ainsi débute la guerre civile. Josep, le père de Germinal, homme progressiste, féministe, poète à ses heures, est un syndicaliste actif du mouvement ouvrier anarchiste. Comme ses frères de combat, sa lutte pour la liberté et la révolution est l'engagement de toute une vie. La misère à laquelle sont réduites les familles, la lutte révolutionnaire de leurs parents ouvriers et les répressions brutales signent, pour la petite bande, la fin de l'innocence. Les événements de la deuxième guerre mondiale s'enchaînent inexorablement, Hitler envahit la Pologne..." c'est "l'échec de cette Europe "démocratique" qui, à peine quelques mois plus tôt, nous avait laissé crever à petit feu sous la botte qui se levait pour l'écraser à son tour..."
Lluis Llach est un chanteur catalan qui a mené sa lutte politique à travers la chanson. Exilé à Paris, sous Franco, il revient à Barcelone à la mort de ce dernier. Il est l'auteur de 'L'Estaca", l'hymne de toutes les revendications catalanes durant la dictature.
Il signe avec Les yeux fardés un magnifique roman qui allie poésie, tendresse envers ses personnages et hommage à l'esprit de résistance, écrit dans une très belle écriture.
Véronique B.
Paru chez Actes Sud en octobre 2015, le roman est paru au format poche chez Babel en mai 2017. Existe aussi au format numérique.
Nous sommes en 2037, Antoine sort de prison après 20 ans de détention et foule à nouveau les trottoirs de Paris. Ancien révolutionnaire criminel, il va redécouvrir le monde tel qu’il est devenu : pas si différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, un peu plus technologique, un peu plus violent surtout. Après 20 ans d’isolement, il va aussi apprendre à renouer des relations humaines : avec des voisins de la cité Molière, avec ses nouveaux collègues, avec sa fille, qui semble elle aussi portée par sa volonté de changer le monde, radicalement. Mais de manière plus pacifiste que son père à l’époque…
Dans ce récit d’anticipation habilement mené, Denis Lachaud nous interpelle sur notre société, et ses possibles dérives futures. Inspiré de l’actualité brûlante du moment, l’affaiblissement de l’Europe, l’endettement de la Grèce ou de l’Espagne, l’augmentation de l’immigration et le manque criant de place pour les migrants, les mouvements révolutionnaires populaires qui se soulèvent un peu partout, ce futur qu’il nous décrit nous paraît crédible, et nous fait sans doute un peu peur par sa radicalisation. Mais Denis Lachaud trouve un ton juste et sincère qui n’est ni moralisateur, ni culpabilisant, mais plutôt volontairement utopiste, fantaisiste, parfois drôle, un ton percutant qui fait mouche.
Un roman qui donne à penser, sans se prendre trop la tête. Qui donne à rêver surtout à un autre monde. Et rien que pour ça, sa lecture en vaut le détour.
Delphine
Paru en août 2015 chez Actes Sud, le roman est sorti en édition poche chez Babel en avril 2017. Aussi disponible au format numérique.
Ari est le personnage principal du roman, dont la vie nous est racontée par son meilleur ami d'enfance. Ari revient à Keflavik, une terre âpre, en Islande, de 10 000 âmes, d'où il est parti depuis deux ans, fuyant une rupture amoureuse et bien des souvenirs, et toujours la douleur de la perte de sa mère, décédée alors qu'il était tout jeune. "On peine à respirer dans les petites sociétés, le manque d'air est suffocant, je m'en vais avant d'étouffer" écrit-il à son ami et confident de toujours.
Dans cette chronique familiale, Jon Kalman Stefansson construit son récit en trois temps : l'histoire d'Oddur, le grand-père, pêcheur renommé qu'Ari n'a pas vraiment connu mais dont il a si souvent entendu parler et de sa grand-mère Margret, Ari, jeune garçon et son père Jakob, avec lequel les mots sont si difficiles à partager, et Ari, de retour aujourd'hui, à la recherche de ses souvenirs sur la terre aride de Keflavik. Jon Kalman Stefansson alterne les époques avec virtuosité.
Poète, avec une tendresse pour ses personnages et son pays natal qu'est l'Islande, Stefansson émeut, nous parle de la vie, de la mort, de nos erreurs... avec intelligence,
Assurément un beau et grand livre.
Véronique B.
Paru en août 2015 chez Gallimard, ce roman est paru en poche en février 2017 chez Folio. Le roman est aussi disponible au format numérique.
Etienne est photographe de guerre. Il a passé plusieurs mois enfermé, pris en otage dans un pays en conflit. Otages intimes, c'est l'histoire de son retour à la vie libre, retour qui ne coule pas de source et s'accompagnera d'autres douloureuses ou heureuses libérations. Car c'est peut-être le principal sujet de ce roman beau et touchant qui porte si bien son titre: les délivrances intérieures des autres personnages répondent à celles d'Etienne et en refermant le livre, le lecteur lui-même a l'impression d'avoir dénoué certains de ses liens. Otages intimes, c'est aussi une plongée dans la nature, une belle méditation sur l'enfance et un portrait de mère qui ne laissera pas indifférent... Si vous avez aimé Profanes, vous retrouverez avec bonheur l'écriture fine et sensible de Jeanne Benameur pour un livre qui, tant par le choix du sujet que par son traitement, égale largement le précédent.
Natacha
Paru chez Actes Sud en août 2015, ce roman est paru en édition poche chez Babel en mai 2017. Existe en format numérique.
Eleanor Oliphant vit depuis des années selon une routine immuable qui tourne principalement autour de son travail (du lundi au vendredi), du coup de fil hebdomadaire de sa mère (le mercredi soir), et des bouteilles de vodka (du samedi au dimanche). Elle vit seule dans un appartement de Glasgow et se satisfait très bien de son isolement - de manière générale, les autres lui semblent plutôt frivoles et déconcertants et certaines conventions sociales ne valent, selon elle, pas la peine d'être observées.
Vient toutefois le jour où elle rencontre l'homme de sa vie, en tout cas en est-elle persuadée. Consciente de ses particularités, Eleanor va mettre en route un plan pour faire apparaître la meilleure version d'elle-même afin d'être réunie avec sa moitié. Dans le même temps, une succession de rencontres va lui faire reconsidérer sa solitude, et nous faire découvrir son passé hors normes et pour le moins traumatique.
Ce roman se lit de façon limpide et pourtant chaque chapitre nous retourne un peu le cœur, particulièrement les passages sur la solitude et, finalement, l'importance du lien avec les autres. L'écriture n'est pas dénuée d'humour et l'on rit avec les personnages à plusieurs reprises. Une belle découverte, donc, à lire sans hésiter!
Hélène
Paru au format poche en septembre 2018. Existe aussi en version numérique.
Un roman étourdissant qui suit au plus près les pensées de Fiona Maye, juge respectée aux affaires familiales. L'intérêt de l'enfant est une notion qu'elle maîtrise parfaitement, délicatement, sereinement,
Face au cas d'Adam, dont la leucémie nécessite une transfusion interdite par la religion de ses parents, témoins de Jéhovah, elle va, bien sûr, faire son métier au mieux mais est-ce que ce sera suffisant, dans l'intérêt de l'enfant ?
Véronique G.
Paru chez Gallimard en octobre 2015, le livre est passé en poche en avril 2017 - également disponible en format numérique.
Au commencement de cette histoire : une famille américaine traditionnelle, une maison de banlieue, un gamin joueur de base-ball. Le père, Arthur Wise, est un avocat ambitieux.
La réussite de ce dernier va conduire la famille au Cape Cod dans une superbe maison où l'argent coule à flots, où la mère, de simple ménagère, devient une femme au consumérisme frénétique.
Hilly, le fils, fil rouge de ce roman en trois temps, raconte son adolescence à Bluepoint (Cape Cod), l'été où il tombe amoureux fou de Savannah, jeune noire et nièce du boy de la famille, Lem Dawson. Un amour interdit dans ce pays où la ségrégation persiste.
Hilly devient journaliste puis père de quatre filles. Toute sa vie, il sera hanté par cet amour de jeunesse et rongé de culpabilité par la mort de Lem, le boy de couleur. Il n'aura de cesse de retrouver Savannah. C'est un homme tourmenté par la fortune de son père, fortune qu'il n'acceptera que bien plus tard et qu'il gérera à sa manière.
Mais la culpabilité et les bonnes intentions peuvent-elles racheter le passé ?
Un premier roman américain ambitieux et réussi.
Véronique B
Paru en février 2015 chez Albin Michel, ce livre est passé en poche en avril 2017 - existe aussi en format numérique.
Virgil, Chancal, Assan, Iman fuient la guerre, la violence, la misère... Tantôt brutalement, parfois délicatement, on découvre leurs histoires sous la plume de Pascal Manoukian, ça retourne les tripes, ça secoue, ça perturbe nos univers douillets.
Au fil du livre, le quotidien dur et cruel des réfugiés et migrants en Europe est décrit. Une terrible scène nous amène sur un parking, à la fine pointe de l'aube, dans la banlieue parisienne. Les camionnettes passent chercher la main d’œuvre nécessaire pour la journée, on négocie (ou pas) les prix, les tâches, les conditions de travail. Si on est seul, non intégré dans une communauté, un réseau, c'est l'exploitation assurée...
Ce premier roman nous a particulièrement touchées. Le texte bien construit nous entraîne au cœur des vies de chacun de personnages. L'auteur dépeint une réalité amère et âpre mais il nous montre aussi que des petits gestes, des rencontres, peuvent changer la destinée. Une texte à découvrir sans hésiter, tant pour son contenu (malheureusement terriblement actuel) que pour la plume de l'auteur qui tient son lecteur en haleine tout au long du roman.
Catherine
Paru chez Don Quichotte en 2015, ce livre est passé en poche en janvier 2017. Existe aussi au format numérique.
Bill Bryson, l'érudit aventurier du quotidien, nous avait déjà régalés avec "Une histoire du monde sans sortir de chez moi" (aussi édité en poche dans la géniale Petite Bibliothèque Payot), où l'on faisait à la fois le tour de son presbytère anglais et de l'histoire des objets qui s'y trouvent.
Revenu en Amérique, Bryson décide de se lancer à l'assaut de l'Appalachian Trail, le plus long sentier de randonnée des États-Unis, qui relie le Maine à la Géorgie. Randonneur novice mais optimiste, il arpentera en compagnie d'un vieil ami (pas vraiment en meilleure forme physique) des centaines de kilomètres à travers monts et vallées, montagnes et forêts. Entre les considérations propres à la marche, au camping et à l'effort, Bryson nous instruit sur les politiques écologiques américaines, sur la création des sentiers de randonnées et des parcs nationaux.
Comme d'habitude, on rit beaucoup, et en plus on apprend plein des choses!
Hélène
Paru chez Payot en 2012, ce livre est passé en poche en mai 2013. Existe aussi au format numérique.
"Le temps est un cheval de course qui avale les kilomètres en galopant vers la ligne d'arrivée" : telle est la vie d'Amory Clay. Femme amoureuse, aventurière, passionnée, qui capte le 20ème siècle à travers son viseur.
"J'aime photographier les gens en pleine action...cette capacité de l'appareil à saisir à l'improviste de l'animé en suspens...seule la photographie peut réussir ce tour de magie". Tout au long de sa carrière, elle reste la plus fidèle possible à "un art de la photographie sans tabou".
Son parcours professionnel est atypique et l'amène à faire de nombreux aller-retour entre Londres et New York, en passant par Berlin, Paris, et enfin le Vietnam. Initiée très jeune par son oncle Greville, elle débute comme photographe, en 1927, pour "Beau monde", un magazine mondain pour lequel elle tire les portraits de la bourgeoisie londonienne. Très vite lassée de cet univers étriqué et capricieux, elle part à Berlin et revient à la capitale avec suffisamment de photos pour mettre sur pied sa première exposition "Berlin bei Nacht", qui scandalise Londres mais lui donne un nom. Sur les conseils de son ami et protecteur, Cleve Finzi, elle travaille de nombreuses années d'abord à New York, puis à Londres pour le magazine américain "Global-Photo-Watch" ou "le monde dans notre viseur".
Elle devient correspondante de guerre, photojournaliste, pendant la deuxième guerre mondiale et plus tard, au Vietnam, en 1967. Elle ressent le besoin d'être confrontée à la guerre, qui l'a déjà meurtrie à sa façon, à travers son frère Xan, son père et son mari Sholto. Le premier décédé, les deux autres, revenus du front, marqués à tout jamais.
Les vies multiples d'Amory Clay sont aussi le récit de sa vie intime : un mariage, deux filles, des amants car "les désirs du cœur sont aussi tordus qu'un tire-bouchon".
Grâce aux clichés photographiques qui enrichissent le récit, William Boyd rend ce beau portrait de femme encore plus tangible.
Et nous de rêver devant les "pouvoirs" d'un "Ensignette, d'un Zeiss Contax, Rolleiflex, Leica, ou d'un Voigtlander".
Véronique B
Paru au Seuil en octobre 2015, ce roman est paru en poche en octobre 2016 - existe aussi en format numérique.
Quand Maurice, chef d'une petite société comptable, se retrouve hébergé quelques jours pas son jeune employé Mahmoud, cela donne lieu à une situation de départ plutôt originale. C'est que ces deux hommes n'ont pas grand chose en commun : ni l'âge, ni la mentalité, ni la culture, ni la religion. Car Maurice est un quinquagénaire danois d'un certain âge plutôt désabusé par la vie, et Mahmoud, un jeune musulman naïf encore sous l'emprise de sa mère envahissante. Au fil des pages, le lecteur se laissera porter par un récit enlevé, rythmé, où les personnages se trouveront embarqués malgré eux dans un tourbillon d'événements qu'ils ne maîtrisent pas et qui donneront lieu aux scènes les plus cocasses.
Flemming Jensen n'a plus à faire ses preuves dans l'art de nous divertir, ses textes sont toujours acérés, drôlissimes (certaines scènes sont à pleurer de rire) et intelligents. Entre vaudeville et réflexion aiguisée sur le besoin d'ouverture dans notre société multiculturelle, on ne peut que savourer cette lecture !
Delphine
Paru aux éditions Gaïa en 2013, ce roman est paru en poche chez Babel en octobre 2016. Existe aussi en format numérique.
Premier roman de Steve Tesich, auteur du génialissime "Karoo", "Price" a été écrit en 1982, mais traduit pour la première fois en français en 2014... Et c'est une excellente chose car ce roman est d'une force immense ! Steve Tesich nous y raconte comment Daniel Price, jeune américain des années soixante, fraîchement sorti de terminale, s'égare le temps d'un été dans son monde intérieur et se complait à errer dans cette zone floue coincée entre le monde facile de l'adolescence et la réalité brutale d'un monde adulte qu'il n'ose encore affronter. Mais cet été est d'une violence rare pour Daniel, entre l'agonie de son père en phase terminale d'un cancer, et la découverte d'un amour tempétueux avec la troublante Rachel. "Price" est une oeuvre fondatrice, fougueuse, vibrante, lumineuse et obscure à la fois qui nous donne à réfléchir sur la liberté de tout un chacun de vivre sa vie dans un monde où les destins semblent tout tracés. « Aujourd'hui, j'ai quitté l'endroit où j'ai grandi, convaincu que le destin n'est qu'un mirage. Pour autant que je sache, il n'y a que la vie, et je me réjouis à l'idée de la vivre. » Un roman à lire sans hésiter.
Delphine
Paru en 2014 aux éditions Monsieur Toussaint L'Ouverture, ce roman est passé en édition poche chez Points en septembre 2016. Existe aussi en format numérique.
Pietro est un enfant de la ville, un Milanais. Ses parents, amoureux des montagnes, ont migré vers Milan pour le travail. Cependant, dès que possible, lors de congés et de vacances, ils retournent à Grana, au cœur du Val d'Aoste. C'est là que Pietro va rencontrer Bruno, fils de berger, destiné à suivre la voie de son père. Entre les deux enfants, une amitié très forte se noue. Ensemble, ils parcourent les alpages, les glaciers, les forêts. Lors de ses séjours, le père de Pietro l'emmène (ou les emmènent) régulièrement marcher. Peu de mots lors de ces escapades, mais le partage de tout ce que la montagne offre au randonneur : la beauté, le calme, la sérénité, le défi...
Pietro et Bruno restent en contact tout au long de leur vie mais suivent des parcours bien distincts. Pietro trimbale sa solitude à travers le monde et semble rester toujours sans attache, sans repères. Bruno, de son côté, reste dans la vallée de Grana, conduit son troupeau, construit sa maison, construit une famille.
A la mort du père de Pietro, un étrange héritage l'amène à revenir à Grana où il vivra un vrai "retour" à la montagne. C'est alors une relation nouvelle à cet univers qui se construit, ce n'est plus la montagne de l'enfance qu'il parcourait à côté d'un père taiseux, c'est la montagne de l'âge adulte qui l'apaise et qui le rend heureux.
Ce livre est une ode magnifique à la montagne, il est à conseiller à tous les amoureux de ces espaces qui se reconnaîtront dans les personnages de ce roman (à conseiller aux autres aussi). C'est aussi un livre sur une amitié, sur la filiation, sur l'identité... C'est un livre juste incroyablement beau, qui a bien mérité le prix Strega reçu en Italie.
Catherine M
Paru en août 2017 aux Editions Grasset et en août 2018 au Livre de poche .Traduit de l'italien par Anita Rochedy. Existe aussi en format numérique.
Emmanuel Carrère nous raconte avec humour et honnêteté un pan d'histoire a priori pas « sexy » : celle des hommes qui ont contribué à installer le christianisme, au premier siècle. Ce faisant, il nous captive et nous questionne. Son livre est érudit, intelligent, ouvertement partial (on l'est toujours). Il se met lui-même en scène sans complaisance. C'est bien Emmanuel Carrère... A lire, une fois de plus.
Natacha
Paru en août 2014 aux Editions P.O.L., ce roman est paru en août 2016 en édition poche chez Folio.