Nelly Bly était journaliste à la fin du XIXème siècle. Les éditions du Sous-Sol publient un recueil qui reprend trois de ses passionnantes enquêtes et sera suivi de deux autres livres.
Dans ce titre où les trois sujets résonnent de façon très actuelle, l'enquête principale a conduit la journaliste à se faire passer pour folle pour être internée dans un asile de femmes passablement lugubre et isolé sur une île. Elle s'aperçoit vite qu'avec elle, d'autres femmes tout aussi saines d'esprit ont été embarquées là pour des raisons plus sociales que réellement médicales. Mais une fois étiquetée "cas psychiatrique", difficile de convaincre les médecins de l'erreur. La brutalité du personnel et l'indifférence des médecins le disputent à la dureté des repas et des conditions de vie.
Le processus journalistique (il rappelle Florence Aubenas, en particulier dans la deuxième enquête) et le ton du récit font de ce document une perle agréable à lire et prêtant à réflexion.
Natacha
Octobre 2015
La collection Domaine du possible, chez Actes Sud, nous propose à nouveau un texte interpellant, engagé et qui par ailleurs se lit comme un roman. Lionel Astruc nous entraîne auprès de Vandana Shiva, physicienne et militante indienne. La vie de cette femme est pour ainsi dire passionnante. Véritable militante écologiste, féministe intelligente, son discours a tout du bon sens, que ce soit en matière alimentaire, sociale ou environnementale... Mais notre société est-elle encore capable de bon sens lorsque les enjeux financiers sont énormes?
Véritable plaidoyer contre les semences hybrides fabriquées par les géants de l'agro-industrie (Monsanto et consorts), ce livre présente les grands enjeux en matière d'agriculture et d'alimentation en Inde aujourd'hui et fait la lumière sur le travail de Vandana Shiva qui se bat pour réintroduire des banques de graines en Inde, permettant de (re)donner aux agriculteurs une autonomie nécessaire à leur subsistance. Ces banques permettent aux agriculteurs de se procurer des semences sans s'endetter, des graines qui leur permettent de cultiver la terre de leur région, et de produire des aliments destinés à nourrir leurs familles et la population locale.
Une lecture passionnante et donneuse d'espoir.
Catherine
Passionnant, ce recueil d'entretiens est tout simplement passionnant. On rencontre Raoul Vaneigem évidemment (un des membres de l'Internationale situationniste) mais aussi Guy Debord, Michèle Bernstein, Attila Kotányi, Mustapha-Khayati... et surtout on part à la rencontre de l'histoire de ces penseurs et de leurs idées, de ces hommes en révolte qui voulaient proposer "autre chose". A l'heure où notre pays est en crise, où les grandes grèves des années 60 sont évoquées par beaucoup d'entre nous, il est passionnant de se plonger dans l'histoire de ces contestataires qui cherchaient sans cesse à réfléchir à notre monde, à son avenir.
La lecture est agréable, dynamique, rythmée par des questions, des réponses, des bribes de vie, des anecdotes, des théories aussi. De nombreux documents (articles de presse, lettres, photographies, etc.) insérés dans le texte font de cette oeuvre un véritable beau-livre.
Le livre débute à Lessines, près de Ath, quand les sirènes des usines rythment la vie des citoyens. Vaneigem nous livre une part de son enfance, et répond aux questions de Berréby qui tente de comprendre d'où viennent le caractère et la force de conviction qui ont façonné le parcours de cet homme, auteur du "Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations". Au fil de la discussion, nous partons à la découverte de la poésie, de l'art, qui ont aussi nourri le mouvement situationniste et les réflexions d'ordre politique.
Profondément anticlérical, antibureaucrate, libertaire, Vaneigem est surtout et avant tout un grand humaniste. Le retour sur le mouvement situationniste, et plus largement sur l'histoire sociale, qui est proposé dans ce livre est une source infinie de réflexions qui pourrait donner naissance à de nouveaux projets (et il en faut) car aujourd’hui, rien n'est fini... tout commence.
Catherine
Le prix Médicis essai 2014 attribué au troisième volume de cet objet littéraire, politique et artistique, c'est l'occasion de redécouvrir l'ensemble de la trilogie.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est la beauté de ce livre semé de dessins à l'encre de Chine, qui répondent au texte avec une grande liberté, laissant au lecteur le soin et le choix de ce qui fait sens entre l'écrit et le dessin.
La forme à la fois libre et limpide du texte éclaire, par fenêtres entrouvertes, l'histoire du XXe siècle, et fait chambre d'échos entre notre présent et l'avant-guerre, ici la fin des années trente et le tout début de la seconde guerre. L'oeuvre livre en effet un portrait de Walter Benjamin, qui se suicidera en 1940, en alternance avec les remous d'un attentat qui eut lieu en 1980.
C'est l'occasion de faire connaissance avec Walter Benjamin à travers un objet très littéraire et artistique, étayé d'extraits de lettres et de citations. La liberté prise par l'auteur dans la forme rend la lecture captivante et en fait de ces livres qui nous font, entre deux temps de plongée dans le texte, relever la tête pour réfléchir, à nous-mêmes et à notre monde...une qualité incontestable.
Natacha
Par une approche philosophique, psychanalytique, historique et étymologique, Dany-Robert Dufour invite à une réflexion prodigieusement intéressante sur ce qu'on appelle communément "le progrès". Ce faux progrès qui tend à rendre l'homme superflu, qui entraîne la destruction des savoir-faire et des savoir-vivre : la déchéance physique et sociale des individus, la marchandisation progressive du monde, les accidents industriels et la pollution massive...
Pour se diriger vers un véritable progrès, Dufour donne ici quelques pistes de réflexion pour que le monde soit vivable et pérenne : "Il faut inventer un nouvel usage de la technique, un usage éclairé". Un livre à la portée de tous, car Dany-Robert Dufour est aussi un excellent pédagogue.
Véronique B.
Rentrée littéraire - octobre 2014 - disponible aussi en format numérique
A travers un travail journalistique, Lieve Joris porte un regard empathique sur les Chinois et les Africains avec lesquels elle a réussi à instaurer une relation de confiance. Les rapports entre les hommes, les liens entre la Chine et l'Afrique sont complexes et à des années lumières des clichés habituels de ce que veut bien en percevoir l'Europe.
Voici un texte pour mieux appréhender ce qu'il en est aujourd'hui de l'Afrique, de ses rapports au monde et à l'Asie en particulier. Un texte qui se lit avec plaisir et facilité car on suit l'auteur dans ses pérégrinations, ses échanges, son quotidien de journaliste.
Catherine M.
Ce matin, jour de congé pour moi, je me plonge dans ce livre après avoir conduit les enfants à l"école. Comme souvent, les minutes sont comptées pour préparer chacun à temps, la lecture du livre tombe donc à point pour méditer sur cette organisation matinale. Dans cet ouvrage, l'auteur propose de prendre le temps, de s'arrêter dans le tumulte du quotidien pour respirer, se détendre, s'écouter, s'étirer, tout cela avec des mots abordables pour les enfants à partir de 5 ans. On y lit des choses qu'on connait parfois, mais cela fait du bien de les entendre à nouveau. On y découvre aussi de nouvelles idées, de nouvelles pistes pour aider nos enfants (et nous-mêmes) à vivre dans un monde d’hyper stimulation. Un CD accompagne le livre pour proposer des exercices à faire seul ou en famille. Voilà un bien chouette bouquin.
Catherine
Prix Médecis essai, sacré meilleur livre de l'année du magazine Lire, "La fin de l'homme rouge" mérite bien ses marques de reconnaissance. Ce recueil de témoignages sur la Russie d'hier et d'aujourd'hui est terriblement éclairant et dramatique. Victimes, bourreaux, jeunes, vieux, simples citoyens ou hommes politiques haut placés, Svetlana Alexievitch a recueilli leurs récits depuis plus de 20 ans. Autant d’histoires qui nous apprennent beaucoup sur le soviétisme et sa chute, sur la mentalité russe et l'histoire de ce peuple bigarré et pourtant uni par une histoire commune très forte. Son empathie transparaît au fil des récits tous terriblement poignants.
Catherine