On dévore ce récit en une respiration, transporté par la fine et subtile plume de Akira Mizubayashi, capable d'exprimer avec une infinie délicatesse et subtilité les passions les plus intenses. Nous retrouvons les thèmes chers, quasi obsessionnels, de l'auteur : l'horreur et la déshumanisation de la guerre, les dangers des impérialismes, les destins individuels broyés, et surtout l’art d’une façon générale, ici la musique et la peinture en particulier.
Chronique douce et lente de trois existences tumultueuses, l'écriture de Mizubayashi apaise les passions, surpasse les drames, et couvre d'un voile pudique les élans les plus torrides. Nous suivons au Japon le destin de trois personnages, Ren, Bin et Yuki, qui se rencontrent dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale. Le destin enverra Ren, le peintre, au front dont il reviendra estropié. Encouragé par Yuki, il trouvera pourtant la force de continuer à peindre dont une série de grands tableaux, intitulée La forêt de flammes et d’ombres, représentation fantasmée de la bataille qui transforma son existence.
La narration avance tel un concerto : la partition se déroule, les trois voix se répondent, se perdent, se retrouvent, dans un mouvement souple où chaque silence compte. Mizubayashi ne tombe jamais dans la grandiloquence : la douleur est là, entière, mais tenue à distance par la délicatesse de l'écriture.
Olivier C.
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