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Elizabeth L. Banks est une de ses pionnières du journalisme d’immersion qui, comme Nelly Blye, défraya la chronique à la fin du XIXe et au début du XXe siècle par ses enquêtes journalistiques dérangeantes.
La jeune Américaine éprise de liberté débarque à Londres en 1892 dans l’espoir d’y percer dans le journalisme. Pour décrocher ses premiers papiers dans la presse, elle décide d’interpréter différents personnages afin d’enquêter au coeur des métiers qui font l’objet de son travail : se faisant passer tour à tour pour une domestique, une blanchisseuse, une bouquetière, une balayeuse de rue ou une riche héritière américaine, elle n’aura jamais froid aux yeux et publiera des textes engagés, signés d’une plume franche et caustique, mettant en scène une société anglaise victorienne sur le déclin.
Ces (mé-)saventures, rassemblées dans ce volume et traduites en français pour la première fois, se lisent comme un témoignage historique qui n’a pourtant pas pris une ride ! Vivifiant.
Delphine
Paru en octobre 2018. Existe aussi au format numérique.
Les éditions Phaidon ont le don de publier des livres aussi précieux par le fonds que par la forme. C’est le cas de ce bel ouvrage, aux dimensions modestes mais au contenu dense et à l’iconographie de qualité.
Ce livre met en lumière comment les artistes ont représenté le livre et la lecture à travers le temps : 300 oeuvres artistiques de tous les âges, dessins, peintures, sculptures, gravures, photographies, sont reproduites et organisées par paires, chaque image étant le double symbolique de celle présentée en vis-à-vis, certaines accompagnées de citations. On y découvre avec émerveillement des enfants, des femmes, des hommes de tous les temps, captivés par la lecture, des décors de bibliothèques soigneusement ordonnées ou dans un désordre indescriptible, des scènes de lecture en chambre ou à la campagne, des livres enluminés ou des vieux grimoires. Le livre y est objet mais aussi personnage à part entière de l'oeuvre artistique.
Un livre qu’on ne se lasse pas de feuilleter. Pour les amoureux du livre et de l’art.
Delphine
Paru en juin 2018.
Edité en 1958 en Allemagne, ce petit guide pratique fraîchement réédité par les éditions Allia, a pour ambition de libérer l’ivresse créatrice de tous les artistes qui sommeillent en nous, (surtout si nous n’avons aucune aptitude artistique).
Sur le ton de la farce, à la manière d’un Marabout flash des années 1950, les auteurs nous proposent dans ce livre vintage illustré de nous initier à de nombreuses techniques de peinture abstraite, aussi absurdes qu’inventives : lancer de poissons rouges trempés dans la couleur, peinture propulsée à l’aide d’un ventilateur, coups de marteau sur des tubes de peinture, bébé jetant sa nourriture sur le support… le lecteur se délectera de ces propositions hyper créatives !
Petit joyau d’humour décalé dont la lecture est jubilatoire, ce livre jette un pavé dans la mare et nous fait réfléchir aux formes de l’art et à sa commercialisation. Un livre clin d’œil à offrir à tous les amateurs d’art.
Delphine
Paru en octobre 2018.
Catherine Meurisse nous invite à la suivre dans son passé, celui de son enfance émerveillée en plein coeur de la nature. Car elle a grandi dans une ferme du Poitou que ses parents ont décidé de retaper, préférant à la ville et ses odeurs de pots d’échappement, la campagne, ses champs de tournesols et ses bouses de vache.
Avec humour et poésie, tendresse et légèreté (celle-là même qu'elle craignait de perdre après l'attentat de Charlie Hebdo auquel elle a échappé et qui faisait l'objet de son album précédent), elle nous raconte cette enfance atypique, élevée dans l’amour des arbres, des fleurs, de l’art et de la littérature. Heureux retour à la terre qui n’est pas sans dénoncer en passant les dérives de l’agriculture moderne et insuffler une envie de résistance…
Catherine Meurisse a choisi une palette de couleurs chaleureuses et un crayon bien taillé pour dessiner ces décors champêtres avec une précision virtuose. Les dialogues sont délicieusement incisifs, les personnages croqués avec malice et le ton, frais et pétillant. Par ce retour à l'enfance, elle semble renouer avec une certaine paix intérieure, douce et joyeuse. Ode à la liberté, l’imaginaire et la nature, cette bande dessinée se lit avec beaucoup de plaisir !
Delphine
Paru en septembre 2018.
Artistes d’exception en France, le ton est donné. Il sera question, dans ce lourd volume, d’aborder le travail artistique d’une trentaine de street artistes confirmés, hommes et femmes, qui ont participé activement à l’élaboration de cet ouvrage. C 215, L’Atlas, Mademoiselle Maurice, Mesnager, Speedy Graphito, Tetar, pour n’en citer que quelques-uns, ont répondu présents et leurs oeuvres se déploient sur quelques pages, l’occasion de rappeler d’où ils viennent et qui ils sont. Le temps d’une conversation qui retrace leur parcours, nous sommes au plus proche de ces artistes dont on peut découvrir les traces au détour des rues françaises et internationales.
Catherine D.
Paru en novembre 2018.
Un doigt de rouge est plus rouge qu'un seau entier - Henri Matisse
Rouge... Cette couleur a autant de significations que de nuances, elle véhicule autant d'émotions qu'elle suscite des réactions, elle interpelle, rassure, indique un danger et a cette puissance métaphorique qui se retrouve à travers les cent-cinquante édifices proposés dans cet ouvrage magnifique. Avec pour seul critère de sélection l'esthétique de la couleur rouge, nous voyageons de par le monde à la découverte de bâtiments impressionnants, de musées, installations artistiques, maisons de campagne, temples, théâtres, écoles et usines, signés Lina Bo Bardi, Steven Holl, Frank Gehry, Tadao Ando, Jean Nouvel et Philippe Johnson, pour n'en citer que quelques-uns. Le tout est joliment illustré de photographies qui valorisent au mieux ces ouvrages, et parsemé de citations d'écrivains, stylistes, cinéastes, peintres, poètes, créateurs de mode, artistes. Une réussite !
Catherine D.
Paru en novembre 2018.
Sous-titré De Casablanca à Kill Bill, pourquoi ces films nous ont tant marqués, Cultissime ! propose à l’amateur ou cinéphile averti une anthologie de 70 films que son auteur, Guillaume Evin, a eu « la faiblesse de considérer comme “cultes”». Car, qu’est-ce qu’un film culte ? Un film qui marque une génération, un blockbuster comme un nanar, un film qu’on aime dans son entièreté, un film original, décalé, inclassable, un film qui a sa petite musique particulière, un film qui éveille toujours la même émotion, même après plusieurs visions... Alors, entre Drive, Psychose, La Dolce Vita, Casablanca, C’est arrivé près de chez vous, A bout de souffle, Pulp Fiction et bien d’autres, quels sont vos films cultes? Chaque film est recontextualisé et décrypté, et l’envie est bien tentante de tous les regarder à nouveau !
Catherine D.
Paru en novembre 2018.
Aujourd'hui, chacun d'entre nous connaît au moins une personne qui fait du skate, mais qui connaît encore l'origine de ce sport de glisse? Christophe Perez s'emploie à retracer l'histoire du skateboard, dérivé du surf et précurseur du snowboard, dans ce livre richement illustré et découpé en 12 chapitres chronologiques. Ces trois disciplines sont devenues des phénomènes sociaux importants du 20e siècle et des emblèmes de la contre-culture, tout comme de la jeunesse anti-conformiste des années 1960 à nos jours. Sport de rébellion, le skateboard a influencé aussi bien les arts plastiques que la musique, la mode ou la photographie, et a donné naissance à de nombreuses vocations d'adolescents. C'est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons au fil des pages les figures légendaires de ces sports de glisse que sont Tony Hawk, Kelly Slater ou autre Shaun White, à travers des photographies qui sont les témoins de toute la beauté (mais aussi de la prise de risque) de ces sports. Un must pour tous les amateurs de sports de glisse et/ou de contre-cultures !
Catherine D.
Paru en octobre 2018 pour la nouvelle édition; initialement édité en 2014, il a reçu le prix Sportel 2014, décerné par le Comité olympique français.
La Société de Géographie, créée en 1821 à Paris, a récolté d’immenses collections de photographies, réalisées lors des premiers voyages d’explorateurs partis à la découverte du vaste monde, dans des contrées encore inconnues. L’ouvrage présente ici ces premières images, réalisées selon différents procédés comme les tirages albuminés, négatifs sur verre, positifs de projection, cyanotypes, et qui témoignent toutes du travail de documentation entrepris par le voyageur photographe. Ces photographies sont non seulement chargées d’histoire, mais également porteuses d’idéologies, comme le souligne très justement Olivier Loiseaux, conservateur en chef du département des Cartes et Plans de la BnF, où il est en charge des collections de la Société de Géographie. Ces photographies nous rappellent le temps lointain où les rues de Buenos Aires étaient désertes, où le Spinx n’était pas encore désensablé, où les esclaves étaient encore enchaînés et où, parfois, l’ethnologue se transformait en colon dominant. Ce superbe ouvrage essentiel pour tout amateur d’histoire de la photographie nous rappelle que la photographie est un “outil de déchiffrement et de mémoire du monde”.
Pour les passionnés, sachez que depuis 1997, la BnF numérise cet important fonds de plus de 145 000 photographies, disponibles sur les sites Gallica et Gallica intra muros. Et pour aller plus loin, n'hésitez pas à vous plonger dans le magnifique roman graphique Etunwan, qui met en scène une expédition scientifique chargée de faire le relevé cartographique de la région des Montagnes Rocheuses en 1867 et dont le photographe, Joseph Wallace, va revenir bouleversé...
Catherine D.
Paru en octobre 2018.
Dominique A se dévoile et nous révèle des instants de sa vie d’homme et d’artiste, dans cette biographie tout en intimité et en chansons... Un pur moment de bonheur, et l’on se surprend à chantonner Le courage des oiseaux, En surface (duo avec Etienne Daho) ou encore Eléor. Beau !
Catherine D.
Paru en octobre 2018. Existe aussi au format numérique.
Le Centre Pompidou-Metz nous convie à une balade nocturne au sein de l’exposition ouverte et généreuse, Peindre la nuit (exposition à voir jusqu’au 15 avril 2019). Le catalogue édité pour l’occasion offre une vision romantique de la nuit, grâce aux oeuvres d’artistes des 20e et 21e siècles, comme, pour n’en citer que quelques-uns, René Magritte, Edward Hopper, Van Gogh, Marcel Duchamp, Paul Klee, Eugène Bennett, Henri Michaux, Caspar David Friedrich, Anselm Kiefer, Francis Bacon... Superbe !
Catherine D.
Paru en octobre 2018.
Ce sont 40 années de créations originales qui sont retracées ici, sous la forme de plus de 300 dessins originaux, de lettres manuscrites, de témoignages de sa proche collaboratrice, de photographies, le tout puisé dans les archives personnelles de la maison Kenzo. Arrivé à Paris à l’aube de l’année 1965 et âgé de moins de 25 ans, le jeune japonais va très vite s’imprégner de l’ambiance parisienne et créer sa première boutique en mars 1970. Ce sera le premier défilé du couturier qui va à contre-courant des codes du milieu : le ton est joyeux, les mannequins rient, la place est aux couleurs et aux vêtements amples. Un style est né, le style Kenzo qui révolutionne la mode et casse les conventions en proposant une collection ethnique, colorée, nomade qui perdure encore aujourd’hui !
Catherine D.
Paru en novembre 2018
Voici un ouvrage magnifique qui ravira les créateurs de tous horizons, tant la diversité des palettes de couleurs proposées est riche et variée. Présentés selon un ordre chronologique qui nous emporte du 15e siècle aux années 2000, les 115 textiles et papiers peints présentés ont été sélectionnés davantage pour leur beauté (subjective, il est vrai) que pour la représentativité de leur époque. Nous voyageons de France en Turquie, en passant par l’Angleterre, le Pérou et le Japon, et découvrons les différentes modes de décoration d’intérieur, qui ne cessent d’inspirer les artistes encore aujourd’hui. Chaque détail de textile est accompagné d’une grille de couleurs et peut être visionné dans son entièreté sur le site du musée londonien Victoria & Albert Museum. Inspirant !
Catherine D.
Paru en octobre 2018.
Une histoire vagabonde des musiciens et de leurs oeuvres Ce petit opus plaira aussi bien aux amateurs de musique qu’à ceux de jeux de langage, tant il est plaisant de découvrir ces anagrammes et les histoires qui les accompagnent ! On y croise Debussy, Beethoven, Bach, Chopin, Satie, Maria Callas, le tango et la valse, mais aussi les Beatles, Portishead, La Compagnie Créole, Alice au pays des merveilles, Beaudelaire, Gainsbourg, René Magritte, Charles Trenet, Alice Cooper et bien d’autres. Un exemple pour la route ? The Beatles devient The best ale, et on vous explique même pourquoi !
Catherine D.
Paru en novembre 2018. Existe aussi au format numérique.
Parce que quoi d'autre après plus rien?
Sophie Calle dédie ce magnifique ouvrage au photographe Denis Roche, disparu en 2015, à l’origine de cette nouvelle proposition artistique. Déclic, c’est le bruit réalisé par l’appareil photo à l’instant de la prise de vue, c’est exactement le temps de ce déclic que les photographies de Denis Roche ont pu être vues par le public d’une exposition à Arles en 1985... Sophie Calle reprend l’idée et nous offre trente-deux instantanés de sa vie, accompagnés d’un texte bref, qui se dévoilent entre deux feuillets et que nous pouvons décider de regarder avant ou après avoir lu le texte dont le sens éclaire ou non l’image. Subtil, drôle et beau !
Catherine D.
Paru en octobre 2018.
On avait adoré Comment j’ai rencontré les poissons, on poursuit la découverte de l’oeuvre du journaliste, écrivain et multi-tâches Ota Pavel dans ce nouveau recueil d’articles intitulé A chacun sa part de gâteau. Composé de quinze récits contant les exploits et déconvenues d’athlètes de haut niveau, ce recueil nous touche par l’empathie qui se dégage de l’écriture sensible et émouvante de son auteur, lui-même sportif, qui a côtoyé chacun de ces sportifs de différentes disciplines (vol à voile, cyclisme, ping-pong, gymnastique, football, canoé, hockey) jusqu’à, pour certains, devenir leur ami proche. Il rend justice, sans larmes ni fanfare mais tout en finesse, à leur souffrance et à leur capacité d’abnégation. Un très bel hommage à de grands champions !
Ils ne seront plus jamais champions du monde.
Mais est-ce que tout le monde peut et doit devenir champion du monde?
Catherine D.
Paru en octobre 2018, traduit du tchèque par Barbora Faure.
Alors qu’il vit sous protection policière, Roberto Saviano voit l’âge des caïds de son quartier baisser drastiquement. Il se lance alors dans la rédaction de ce roman choquant, de par son sujet qui colle trop à la réalité napolitaine et symptomatique d’autres grandes villes gangrénées par la mafia. En utilisant la comparaison avec les bancs de piranhas, Roberto Saviano nous plonge dans l’univers de ces baby-gangs, composés de jeunes adolescents armés (de 10 à 18 ans) qui ne rêvent que d’une vie criminelle, même si parfois écourtée, pleine de pouvoir, de fric et de gloire à diffuser à coups de publications chocs sur les réseaux sociaux, tellement préférable à une vie rangée et studieuse. Violent et glaçant.
Catherine D.
Paru en octobre 2018, traduit de l’italien par Vincent Raynaud. Existe aussi au format numérique.
Fable écologique, roman choral et initiatique, réflexion humaniste et plaidoyer environnemental en faveur du monde végétal, c’est tout ce qui nourrit, et bien plus encore, cet Arbre Monde du génial Richard Powers. On y découvre et on s’attache inexorablement aux destins des 9 personnages principaux, chacun relié à une essence végétale particulière, et qui vont se rencontrer, s’aimer parfois, s’entraider surtout, à l’image de ces arbres dont la botaniste fictive Patricia Westerford va s’attacher à comprendre le système de communication et d’interdépendance. Ici, ce sont les arbres les héros, l’humain doit se réinventer et reprendre sa place dans une vision holistique du monde... Coup de coeur absolu !
Catherine D.
Paru en septembre 2018, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin. Existe aussi au format numérique.
Pourquoi écrivons-nous ? Irruption du cœur.
Parce que nous ne pouvons pas simplement vivre.
La création, et le geste créatif, sont au coeur de ce texte qui nous livre les impressions de Patti Smith lors d’un voyage à Paris et alentours; impressions qu’elle intériorisera et transformera pour en écrire la nouvelle qui donne son titre à ce livre, Dévotion. Magnifique, tout simplement !
Catherine D.
Paru en novembre 2018. Existe aussi au format numérique.
James Baldwin nous propose une lecture personnelle des films qu’il a découverts étant encore un enfant, en compagnie d’une jeune enseignante blanche, et puis plus tard, tandis qu'il est invité à écrire le scénario du film de Alex Haley et Malcom X L’autobiographie de Malcom X, scénario qui n’a pas abouti... C’est surtout l’occasion de découvrir le gouffre qui sépare le monde représenté à et par Hollywood et son propre monde, et de mieux comprendre la naissance d’une identité et d’un écrivain noir vivant au sein d’une société profondément ancrée dans une vision manichéenne de la vie. James Baldwin revient sur des films comme Naissance d’une nation, Lawrence d’Arabie, L’Exorciste, ou encore J’irai cracher sur vos tombes, et développe un regard acéré sur les fantasmes, illusions et préjugés véhiculés dans ces oeuvres qui ont marqué sa vie. Brillant !
Catherine D.
Paru en septembre 2018, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pauline Soulat. Existe aussi au format numérique.
Nicéphore Niepce et Edouard-Léon Scott de Martinville sont les inventeurs respectivement de la photographie et du phonographe; mais qui se souvient encore d'eux? Christophe Donner excelle à leur redonner vie, dans le tourbillon d'une France et d'un 19e siècle plein de promesses et d'innovations technologiques, de liberté, de passion(s) et de savoirs. Touchant, drôle et instructif, à lire !
Catherine D.
Paru en août 2018. Existe aussi au format numérique.
Il s'agit de la biographie romancée et poétique de la première femme peintre grecque, Eléni Altamura-Boukoura (1821-1900). Nous partons sur les traces de cette artiste sauvage, libre et fascinante, qui n'hésitait pas à voler les restes de bougies du pensionnat pour enfreindre l'interdit et peindre durant la nuit, ou encore à se travestir en homme pour intégrer les académies des Beaux-Arts de Rome, Naples et Florence, alors réservées aux seuls hommes. Elle pourra ainsi y assouvir sa passion pour la peinture, tout apprendre de cet art qui la prend tout entière et tomber éperdument amoureuse de celui qui la convertira au catholicisme pour pouvoir l'épouser, qui lui donnera trois enfants et l'abandonnera dix ans plus tard... De retour dans sa maison natale, elle sombre dans la mélancolie, brûle ses tableaux, entreprend de se raconter et tombe dans l'oubli collectif. C'est aussi, à travers le destin méconnu de cette artiste brillante, tout un pan de la culture grecque et de ses mythes qui nous est dévoilé, tout le long de ce 19e siècle européen jalonné de bouleversements politiques majeurs. On remercie chaleureusement les éditions Cambourakis de traduire en français ce roman important de l'auteure grecque Rhéa Galinaki !
Catherine D.
Paru en août 2018, traduit du grec par René Bouchet.
Un voyage méconnu réalisé par Frida Khalo à Paris, en 1939. Frida Khalo n'a pas encore acquis la notoriété qu'on lui connaît aujourd'hui, mais elle est invitée à montrer quelques oeuvres dans le cadre d'une exposition initiée par les surréalistes français, dont André Breton évidemment, mais aussi Pablo Picasso, Dora Maar et quelques autres. Elle rencontre Michel Petitjean, le père du narrateur, avec lequel elle va vivre une brève mais intense et passionnée relation amoureuse, au point de lui offrir en guise de cadeau d'adieu "Le Coeur", tableau sublime, intime et énigmatique. Marc Petitjean cherche à comprendre la force de cette relation et évoque tout en doucuer le quotidien parisien de cette artiste engagée, à la veille d'une guerre dévastatrice. Lumineux!
Catherine D.
Paru en août 2018.
Encore une pépite publiée par les géniales éditions Allia !
Herman Van Breda, prêtre franciscain et philosophe, est doctorant dans les années 1930 et s'intéresse à la phénoménologie d'Husserl, philosophe allemand d'origine juive qui décède en 1938. A ce moment-là, Van Breda prend conscience que les travaux d'Husserl (ses nombreuses notes et archives, et sa bibliothèque) sont en danger, vu la montée du nazisme et l'hostilité du régime vis-à-vis de tous les penseurs et scientifiques juifs. Herman Van Breda va alors se rendre chez l'épouse d'Husserl, à Fribourg, là où la majorité des ses archives sont conservées, et mettre sur pied le sauvetage de ses documents, et leur conservation jusqu'à la fin de la guerre.
C'est le récit de ce sauvetage que Van Breda rédige en 1958 et que les éditions Allia rééditent aujourd'hui dans leur très belle petite collection à 6,20€. Cela peut sembler anecdotique et peut-être pas très passionnant comme sujet... Détrompez-vous! Cela se lit d'une traite, comme un récit d'espionnage. C'est aussi un excellent portrait de l'année 1938 en Allemagne et de la montée en puissance du régime nazi. Et c'est un bel éclairage sur le danger que courent les philosophes et les penseurs dans un régime totalitaire.
Ce sauvetage a permis non seulement de créer à Louvain le Fond des Archives Husserl qui est encore aujourd'hui reconnu internationalement, mais aussi et surtout de rendre accessibles, dans l'après-guerre, les idées du philosophe Husserl, père de la phénoménologie.
Catherine
Paru en octobre 2018.
1948, Atlanta. Huit policiers "de couleur" sont, pour la première fois dans l'histoire de la ville, engagés pour intégrer le corps de police de la ville d'Atlanta. Cependant, des lois ségrégationnistes sont toujours d'application, les policiers noirs ne peuvent en effet pas rentrer dans le commissariat de police, ni travailler dans les mêmes bureaux que leurs confrères, ni avoir accès aux mêmes dossiers et aux mêmes sources d'information.
Un soir, une patrouille de policiers noirs intercepte une voiture conduite par un blanc qui vient de percuter un réverbère. A son bord, une jeune fille noire l'accompagne et il semble être violent avec elle. Une autre patrouille (de policiers blancs cette fois) arrive rapidement sur les lieux et chasse les policiers noirs pour s'occuper elle-même de cette affaire. Quelques jours plus tard, le corps sans vie d'une jeune fille est retrouvée, celle-ci est noire et personne au commissariat ne semble vouloir s'intéresser à ce qui s'apparente pourtant à un homicide. Enfin, presque personne... Car dans l'ombre, plusieurs individus vont se pencher sur cette affaire.
Ce polar très bien écrit et très bien traduit nous entraîne donc aux Etats-Unis et dresse un portrait de cette époque pas si lointaine où le racisme était décomplexé, et où des lois absurdes restreignaient fortement la liberté de certains êtres humains. C'est donc à la fois un très bon roman historique mais également un excellent polar, car l'intrigue est intéressante et bien ficelée. Un livre qui se dévore en quelques jours.
Catherine
Paru en septembre 2018, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Marie Carrière. Existe aussi en format numérique.