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Cette histoire rocambolesque nous entraîne dans les pas d'un fakir hindou, en quête d'un nouveau sommier à clous. Avec beaucoup d'humour et de finesse, derrière un récit à dormir debout, c'est une grande interrogation sur l'immigration et la question des frontières qui est posée dans ce roman.
L'écriture est de qualité, vive, dynamique et on ressort de ce bon moment de lecture avec des questions plein la tête. Un coup de cœur!
Yannick Haenel, à travers son roman « Les renards pâles », remet en question notre société conformiste, organisée où tout est contrôlé. C'est un livre révolutionnaire sans l'être car il dénonce aussi les mécanismes qui étouffent les tentatives d'insurrection. Un texte déroutant où le héros qui semble amorphe, statique, se dévoile au fil des pages de plus en plus surprenant.
Un vrai coup de poing, le tout dans une langue riche, belle et douce.
Dans son dernier roman, David Foenkinos nous entraîne avec malice et habileté dans une intrigue rythmée au coeur du monde de l'édition : Delphine, éditrice talentueuse et ambitieuse, et son compagnon, Frédéric, romancier en quête d'un premier succès, découvrent dans une bibliothèque recensant les manuscrits refusés par les éditeurs, un roman exceptionnel. Ce manuscrit est signé du nom d'Henri Pick. Après enquête, le dénommé Henri Pick s'avère être un pizzaiolo décédé quelques années plus tôt et qui, aux dires de sa veuve, n'aurait jamais écrit la moindre ligne de toute sa vie... Le mystère reste entier autour de la personnalité de l'auteur présumé de ce livre, mais la maison d'édition décide de le publier, et de profiter de l'aura liée à ce mystère pour asseoir la popularité de l'ouvrage. Grand succès commercial, le roman sera bientôt au coeur de bien des questions et l'objet d'enquêtes du monde littéraire.
Laissez-vous porter par ce récit enlevé, amusant, enjoué, où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Voilà un roman léger qui vous fera passer un agréable moment de lecture.
Delphine
Avril 2016 - existe aussi en format numérique.
Nous sommes en 1505 dans l'Italie de la Renaissance. Michelangelo quitte Rome bouleversé par le décès, non expliqué, d'un moine dont il était épris. C'est un homme solitaire et taciturne qui se rend à Carrare afin de choisir les plus beaux marbres qui serviront à exécuter la commande du pape, le tombeau de Jules II. Là-bas, dans la campagne toscane, au contact des carriers, des tailleurs de pierre et d'un petit garçon qui vient de perdre sa mère, Michel-Ange se métamorphose en douceur. Pour l'anecdote, cette épisode de la vie de Michel- Ange précède de peu son voyage à Constantinople raconté par Mathias Enard dans son très beau livre « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants ».
Dans ce texte subtil et poétique qui parle de l'art, de l'amour et de la mort, Léonor de Récondo décrit avec talent l'amour de l'artiste pour son art, son soin à choisir la pierre, la travailler, la polir.
Ce roman de Jean Hatzfeld nous plonge sans ménagement dans la guerre de Sarajevo, une guerre implacable et violente qui a pris dans ses engrenages le destin de deux amants maudits : Marija et Vahilin. Avant que Sarajevo ne soit assiégée, ces deux amoureux vivent en Bosnie, s'entraînent au tir olympique pour les jeux de Barcelone et s'aiment. Mais quand la guerre éclate, ils sont arrachés l'un à l'autre et enrôlés comme tireurs d'élite dans des camps adverses. Car Vahilin est musulman et Marija serbe...
Au-delà de la tragédie et de la violence, Jean Hatzfeld insuffle une réelle humanité et une note d'espoir dans ce roman fort et lumineux.
P.D. James, décédée récemment, était la reine de la subtilité policière grâce au ténébreux et complexe Adam Dagliesh, son commissaire préfèré. Dans La mort s'invite à Pemberley, pour une fois éloignée de la dissection de l'époque contemporaine, elle s'offre le divin plaisir de revisiter Jane Austen, en nous proposant rien de moins qu'une suite criminelle d'Orgueil et préjugés ! Elle imagine l'arrivée chez les Darcy, un soir, veille de grand bal, une soirée sombre, sombre, sombre, d'une calèche dont les passagers font état d'un meurtre dans la forêt... Affaires de famille, querelles d'argent, secrets enfouis, tous ces ingrédients de l'Angleterre du début du XIXe siècle sont servis de main de maître par une écriture magnifique et une intelligence hors du commun.
Véronique G.
Automne 2014 - disponible aussi en format numérique.
Ce troisième livre de Khaled Hosseini nous entraîne à nouveau en Afghanistan. La plongée dans un autre univers est immédiate, dès les premières pages on s'immerge dans un paysage tout à la fois grandiose et désolant. L'histoire commence dans les années 1950 dans un petit village dénué de toutes les commodités au cœur d'une famille en plein drame. Un père, perd sa femme en mettant au monde un troisième enfant. Cette famille extrêmement pauvre va alors "céder/vendre/abandonner" la petite Pari à une famille kaboulienne riche et en mal d'enfant. Une chape de silence est ensuite posée sur cette affaire et tout au long du roman, nous allons suivre le destin des différents protagonistes.
Grande et ambitieuse fresque familiale, Hosseini a une fois de plus écrit un magnifique roman, captivant, émouvant, profondément humain. C'est un livre qui marque, qui bouleverse, qui est loin d'être lisse mais qui se lit pourtant aisément malgré la densité et la complexité des sujets traités.
Catherine
Nouveauté poche 2014 - disponible également en format audio et en format numérique
On est en 1963. La Seconde Guerre est encore tout près dans les souvenirs et la guerre d'Algérie fait des dégâts... C'est pour fuir cette dernière que Franz, 8 ans, et son père Abraham, sont venus s'installer dans la petite ville de Tilliers.
Franz adore lire des illustrés, se balancer, explorer la grande maison et les passages secrets. Il a des questions plein la bouche, surtout une qu'il gardera pour lui jusqu'à la fin du livre : qu'est-il arrivé à sa maman ?Â
Quant à Abraham, le père de Franz qui est aussi médecin, il dégage la sympathie et l'empathie de toute sa grande taille.
Ces deux-là vont faire plusieurs rencontres en se créant leur nouvelle vie à Tilliers. Autant de personnages attachants que Martin Winckler excelle à rendre plus vrais que nature.
On retrouve avec plaisir le talent de Martin Winckler pour raconter des histoires tout en appuyant les propos qui lui sont chers : notamment une certaine vision de la médecine, humaine et à l'écoute.
On retrouve aussi son grand savoir-faire de romancier, habile à nous ficeler des constructions qui tiennent en haleine, des atterrissages superbes et à truffer son livre de références historiques ou littéraires.
Captivant, romanesque, délicieux, et à mettre entre toutes les mains.
Natacha
Paru en janvier 2016 chez POL. En format poche depuis août 2017. Existe aussi en format numérique.
L'excellentissime livre de David Van Reybrouck est sorti en poche en ce mois d'octobre. Si vous ne l'avez pas encore découvert, c'est l'occasion ou jamais de vous plonger dans cette oeuvre qui ne cesse de remporter des prix de part le monde. Et c'est bien mérité.
Le livre débute dans les flots du fleuve Congo, à l'approche de Kinshasa et nous happe dans l'histoire foisonnante, dramatique, complexe du Congo et plus largement de tout le continent africain. C'est ardu, foisonnant, c'est un essai plus qu'un roman mais cela reste passionnant. David Van Reybrouck a réalisé un véritable travail d’historien sur le terrain. Il a cherché à interroger des témoins connus ou moins connus. Il tente de ne pas porter de jugement et de nous amener à comprendre avec nuance toute une série d’événements qui ont façonné ce que le Congo est aujourd'hui.
Catherine
Nouveauté poche - octobre 2014 - Format numérique disponible
Un énième livre de souvenirs savoureux d'une gloire du cinéma français ? Non, celui-ci est complètement foutraque, chaleureux, sans queue ni tête, ce genre de choses… Car il est unique, Rochefort, et son livre est comme lui. Pas de couplets attendus sur l'enfance mais les images nauséabondes d'une certaine Libération gravées en lui, pas d'accumulations de rencontres illustres mais de vrais copains, qui s'appellent quand même Belmondo, Marielle ou Crémer.
Une femme merveilleusement aimée ? Non, des histoires d'amour bancales et au-dessus de toutes, la beauté de Delphine Seyrig dont il se dit "frère orphelin". Son époque, les aveuglements politiques, Sartre, il n'était dupe de rien… Mais rien n'égalera sa passion des chevaux, qu'il partagea le temps d'un dîner à l'Elysée sous Giscard avec la reine des Anglois elle-même, Elisabeth, s'isolant avec elle dans une bulle équestre… Bref, de l'humour, de l'amour, de l'amitié, ce genre de choses...
Véronique G.
Nouveauté poche - septembre 2014
« Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux. »
Holly ressasse cette pensée, en ce jour de Noël, à propos de Tatiana, sa fille adoptive de 15 ans, arrachée depuis 12 ans à un orphelinat russe. Quelque chose ne va pas, une tempête de neige se déchaîne au dehors, son mari est parti chercher ses parents à l'aéroport, les autres invités n'arrivent pas et Tatiana semble très bizarre... Holly s'angoisse, se culpabilise et revit, depuis ses débuts, cette relation mère-fille, ses zones d'ombre et ses espoirs parfois démesurés. Quelque chose de terrible se noue, au cœur du blizzard, de l'esprit d'hiver...
Un livre formidablement construit mais attention, il bouscule profondément votre tranquillité.
Véronique G.
Nouveauté poche - octobre 2014
Ce livre est aussi disponible en livre audio chez Audiolib et en format électronique.
Wildlife. Nom de code d'une opération menée à Gibraltar en 2008. Objectif : débusquer et enlever un acheteur d'armes djihadiste. Un partenariat public-privé (commandos anglais et mercenaires américains) peu reluisant, construit dans la plus grande opacité, et qui ne va pas se passer comme prévu. Trois ans plus tard, l'opération et ses dommages collatéraux ont été soigneusement enfouis dans les poubelles des services secrets de sa Majesté. Mais les voilà qui resurgissent, exhumés par deux protagonistes rongés par les remords.
Ils sont là, les lanceurs d'alerte de Le Carré, le genre Snowden, pas des héros mais des sans-grade ou presque, des gens qui ont avalé mille couleuvres au nom du patriotisme et qui en sont dégoûtés, des citoyens s'armant de courage pour dénoncer les magouilles épouvantables d'un État ordinaire. C'est clairement le choix de l'auteur, refuser de se battre "pour des putains de multinationales avec des comptes offshore", avec des "psychopathes attirés par le fric et l’adrénaline". Et le résultat est puissant, brillant, bluffant.
En colère, John Le Carré ? Définitivement, oui. Et bien décidé à nous le faire savoir.
Véronique G.
Nouveauté poche - septembre 2014
Au début du roman, nous sommes en 2003, tandis que s'annonce l'intervention américaine en Irak. Meredith Ruth, dite MR, est au sommet de sa carrière universitaire en tant que présidente d'une prestigieuse université. Elle lutte quotidiennement contre le machisme et le conservatisme qui animent certains professeurs, jaloux de sa forte personnalité et de sa position. Dans ce récit, de nombreuses incursions racontent l'enfance douloureuse de MR, petite fille abandonnée pas sa mère, enfance qu'elle a toujours tenté d'oublier. Mais peut-on échapper à son passé ? Un très beau roman, écrit par une grande dame de la littérature américaine.
Véronique B.
Nouveauté poche - octobre 2014
Alexandre le Grand s'écroule au milieu d'un banquet et sombre dans une fièvre qui va le conduire à la mort... Tandis que sa maladie génère autour de lui les premiers frémissements des luttes de succession, Dryptéis, jeune femme de sang royal, est arrachée à sa retraite. Et un messager mystérieux se hâte de rejoindre Babylone...
Gaudé nous happe et nous emporte dans un texte épique et envoûtant où se côtoient la soif de conquête, la force de l'affiliation, le deuil, l'arrachement, la quête de ce qui nous dépasse, le pouvoir époustouflant et destructeur de l'Empire et la force de ceux qui s'en affranchissent.
Un livre grandiose, captivant de bout en bout, qui va chercher en nous des vibrations éminemment humaines, existentielles et l'écho du souffle de l'Histoire ou de la légende.
Natacha
Nouveauté poche - septembre 2014
Ce texte de David Vann est un inédit, sorti uniquement en poche. Dans Dernier jour sur terre, David Vann s'intéresse à Steve, jeune Américain auteur d'une fusillade mortelle sur le campus de Virginia Tech en février 2008. Il enquête sur ce qu'était la vie de ce jeune homme pour tenter de comprendre ce qui l'a amené à devenir un tueur de masse.
En parallèle, c'est sa propre histoire et son rapport aux armes à feu qu'il dévoile. En effet, à l'âge de 13 ans, suite au suicide de son père, David Vann hérite d'une belle collection d'armes, rien de bien étonnant pour un enfant né en Alaska qui a tué son premier cerf à 11 ans.
C'est un livre fascinant, glaçant, qui amène à s'interroger sur la question du port d'armes. Plus largement, c'est aussi les rapports humains que David Vann tente de décortiquer. En effet, pourquoi un jeune Américain relativement brillant en arrive à tuer des étudiants innocents ? Comment une telle violence s'est-elle installée dans l'esprit de Steve ? Est-ce le fruit du hasard ? D'un coup de tête ? Ou un acte mûrement réfléchi, conséquent d'une série d'expériences de vie et de rapports aux autres ?
Catherine
Nouveauté poche (inédit) - octobre 2014
Avant, Béatrice était danseuse, toujours sur les routes, amoureuse d'un artiste et membre d'une troupe underground délirante et fusionnelle.
Aujourd'hui, elle est auxiliaire puéricultrice en hôpital.
C'est le choc de deux mondes...
Béatrice fait le compte-rendu de ses journées de travail et des rencontres des patientes, des naissances et des accouchements, parfois beaux, parfois dramatiques: chaque histoire nous touche et la touche, elle aussi, dans l'exercice d'un métier où il n'y a plus beaucoup de place pour l'émotion. Entre ses passages de chambre en chambre, elle se souvient de son autre vie, celle d'avant.
Un récit charnu, gorgé de vie, détonnant. A lire!
Natacha
Un homme âgé, très âgé, choisit les quatre personnes qui vont l'entourer pour la suite de sa vie. Cette vie, il la veut vivante jusqu'au bout... Chacun des quatre êtres choisis aura un rôle précis à jouer autour de lui, dans cette grande maison qu'il habite seul. Un très beau livre, des personnages attachants et de belles rencontres humaines entre eux.
Emmanuel Dongala est d'origine congolaise et réfugié aux Etats-Unis depuis 1997. Il est notamment l'auteur de Johnny chien méchant, adapté depuis lors au cinéma, fiction qui se déroulait dans le Congo en pleine guerre civile. Dans Photo de groupe au bord du fleuve, il raconte la lutte d'un groupe de femmes contre le pouvoir en place.
Méréana, la narratrice et une quinzaine d'autres femmes se retrouvent tous les jours sur un chantier à casser des blocs de pierre pour obtenir des cailloux. Elles apprennent que la construction d'un aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles décident que le sac qu'elles cèdent aux intermédiaires coûtera désormais plus cher, et que Méréana sera la porte-parole dans cette négociation. Leur ténacité sera, au départ, réprimée par la force, qui plongera l'une d'elles, Batatou, dans le coma.
Qui sont ces femmes qui cassent des cailloux au bord du fleuve ? L'histoire de chacune d'entre elles enrichit le récit : femme violée, femme répudiée, veuves dépouillées de leurs biens... femmes qui luttent pour survivre et élever leurs enfants. Méréana, conteuse de cette histoire, a quitté son mari de son plein gré, elle est la plus cultivée et économise pour reprendre des études. Comme en écho à sa parole, la radio qu'elle écoute de temps à autre, relate d'autres faits, d'autres misères en Afrique et de par le monde.
Par ce magnifique récit, écrit à la deuxième personne, Emmanuel Dongala montre une Afrique peu exotique où les rapports de force entre hommes de pouvoir et hommes de la rue, entre hommes et femmes, sont considérables. Pas de misérabilisme, mais un roman profondément humain, social, dans lequel pointe constamment une note d'humour.
Merveilleuse et fine Siri Hustvedt....
Elle se dit "à part" et elle l'est, attachante en diable dans ce roman où l'héroïne, confrontée à l'adultère de son mari, s'écroule au point de sombrer dans la folie puis se redresse grâce à son merveilleux souci des autres, mais aussi à ses innombrables et chères lectures.
Quelle force de vie !
Grand humaniste ? Héros ? Traître ?
Haut fonctionnaire envoyé par le Foreign Office pour enquêter sur la situation au Congo sous le règne de Léopold II, Roger Casement en ramène un rapport qui fait grand bruit et lui vaut une estime universelle. Dès lors, il lui est demandé de faire les mêmes investigations au Pérou, où les Indiens sont réduits en quasi-esclavage - et parfois massacrés - par les sociétés exploitant le caoutchouc.
Au risque de sa vie, il remplit sa mission. Mais il ne peut s'empêcher de faire, de plus en plus, le parallèle entre la situation des peuples colonisés et la sienne : Irlandais, il découvre que son pays est une colonie anglaise. Il s'engage donc pour la cause indépendantiste, ce qui l'amènera (les ennemis de mes ennemis sont mes amis...) à pactiser avec l'Allemagne pendant la Grande Guerre et lui vaudra, finalement, la peine de mort.
Dans un livre bouleversant d'humanité, Mario Vargas Llosa, Prix Nobel 2010, retrace le parcours de cet homme intègre, passionné, mais parfois miné par ses contradictions, tant il est vrai que nous sommes plusieurs hommes à la fois.
Un livre indispensable !
Suite au décès de son mari, Inga, photographe suédoise de renom, décide de passer quelques mois dans la maison familiale sur l’île de Mastrand, sur la côte ouest de la Suède. L’occasion de prendre du recul et de retrouver un lieu et d’anciens amis chers à son cœur. Elle y découvre par hasard une lettre intrigante datant de 1916, écrite par une certaine Léa et adressée à sa grand-mère. De là, c’est tout un secret familial, précieusement gardé, qu’elle va peu à peu percer… Voilà un roman comme on les aime pour les vacances ! Des personnages attachants et consistants, une intrigue réellement haletante, une construction habile entre le présent et le passé, une belle écriture. Un livre de Maria Ernestam, fraîchement sorti en format poche, dont se dégage un réel charme !
Delphine
Après son très joli "Cœur cousu", Carole Martinez nous séduit de nouveau avec un conte médiéval empreint de sensualité et de merveilleux. Elle a le don de faire revivre des femmes extraordinaires qu'elle sort des coins sombres de l'Histoire. En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui". Elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe.
Lire un livre de Carole Martinez, c'est planer sur un petit nuage, c'est se laisser emporter dans une belle histoire et se laisser bercer par sa plume poétique.
Stefan Hertmans réussit son pari, celui d'honorer la mémoire de son grand-père, et de le situer dans son siècle à travers des extraits des carnets dans lesquels ce dernier a consigné ses souvenirs, des histoires de familles, le tout nourri de réflexions personnelles.
Urbain Martien, né à Gand en 1891 et décédé en 1981, "toujours tiré à quatre épingles dans son costume bleu nuit", impressionne le petit garçon qu'est alors Stefan Hertmans. Ce digne grand-père aime la peinture, sa passion et son réconfort, dans une vie qui ne l'a pas épargné. La petite chambre à l'entresol où il passe ses journées, debout devant la petite fenêtre, sent l'huile de lin, la térébenthine, la toile, la peinture à l'huile... Il s'applique à imiter les grands : Rubens, Le Titien, Rembrandt, "C'est un copiste virtuose". Les peintres du genre de Van Gogh, Cézanne, sont à ses yeux, "des bricoleurs du dimanche". Il prend sa retraite prématurément à 45 ans pour invalidité de guerre. Quatre femmes nourrissent sa vie sentimentale, sa mère, son amour défunt, la sœur aînée de cette dernière et sa fille, la mère de l'auteur.
Le récit mélange avec brio la petite et la grande histoire. En voici quelques points forts :
Urbain Martien est l'aîné d'une famille nombreuse. Fils de la belle et téméraire Céline et de Franciscus, peintre d'église, décédé trop tôt de ses crises d'asthme. La vie est dure pour les familles ouvrières. "Avec ses vieux bas qui flottent, ses sabots trop grands, sa blouse grise, il attend sagement à côté de la porte latérale de la cour du couvent, qu'une sœur apporte deux gamelles..." Au début du siècle, les révoltes ouvrières apparaissent, "les rouges sillonnent les quartiers ouvriers", des grèves éclatent à La Louvière et à Charleroi. La population est divisée. "Le dogme catholique de l'époque donne le ton... Les rouges sont des envieux vulgaires", on parle "des rebelles impies". L'Eglise a une grande influence sur "les travailleurs affolés... qui se replient dans leur petite vie silencieuse. Tout jeune garçon, il travaille dans une fonderie.
En 1911, à Gand, a lieu l'Exposition universelle, l'insolence de l'élite francophone pousse les flamingants à s'allier avec les Allemands qui s'investissent aussi dans ce projet. "Ainsi les intérêts allemands et français s'opposent déjà, un des multiples signes alarmants de ce qui s'annonce".
Et c'est la première Guerre Mondiale qui s'étale dans toute son horreur. Blessé à la guerre, bien que décoré pour sa bravoure, Urbain est consterné par l'attitude de la hiérarchie militaire "le mépris des officiers francophones, l'humiliation publique et le traitement dont font l'objet les soldats flamands... Le comportement des officiers contraste fortement avec la manière dont les Wallons ordinaires nous témoignent leur amitié et se montrent la plupart du temps solidaires : de la chair à canon, voilà ce que nous sommes tous." Mépris d'une classe sociale dominante pour de simples soldats. Avec l'enfer des tranchées "les cruautés et les massacres transforment définitivement l'éthique, la conception de la vie, les mentalités et les moeurs de cette génération".
De retour du front, de nouveau, "il se plaint... que la famille royale n'a pas récompensé les Flamands après la guerre", comme elle l'a fait pour ses compatriotes wallons. "Est-ce pour cette raison que le flamingantisme montra le bout de son nez ? "
Remarquable travail, soutenu par une belle écriture, sur la mémoire, la filiation, la transmission d'une génération à l'autre, sur l'histoire d'un siècle, traversé par deux guerres qui ont changé notre monde.
Véronique B.
Octobre 2015 - existe aussi en format numérique.
Dans ce livre, l'auteur revient sur la période trouble précédant le génocide rwandais, en nous plongeant dans la vie de jeunes adolescentes en pension. Celles-ci veulent découvrir la vie, en s'échappant quelques heures de leur école, mais les tensions entre les adultes qui les entourent marquent déjà leurs amitiés.
Un livre tout en finesse, qui montre à quel point le destin de jeunes adolescentes rwandaises n'est pas si éloigné des préoccupations de jeunes occidentaux mais que le contexte de tension dans lequel elles sont plongées va complètement transformer leur avenir.
Catherine
Ce roman coup de poing nous entraîne à Beyrouth au début des années 80 dans une ville déchirée par la guerre. Au milieu de ce chaos, Samuel, metteur en scène, rêve de monter Antigone avec une troupe de comédiens issus des différents camps, un projet utopique pour un moment de paix au cœur de la tourmente. Arrivera-t-il à ses fins ? Samuel étant gravement malade, c'est Georges, un de ses amis français, idéaliste et doucement révolutionnaire, qui va prendre le relais et partir à Beyrouth. Mais peut-on ressortir indemne et continuer à vivre lorsqu'on a été confronté à l’horreur ? Comme toujours, Chalandon dessert cette histoire à travers une magnifique langue riche et fine. Ce livre a reçu le prix Goncourt des lycéens.
Catherine
Vient de paraître en poche - août 2014
C'est l'histoire d'une famille, celle de Charonne, petit fille métisse, adoptée à l'âge de cinq ans par un couple de trentenaires blancs, enfants de riches rentiers.
Le récit est raconté successivement par trois femmes: Charonne, sa grand-mère et sa mère adoptive. Chacune apporte un éclairage nouveau. La formule est relativement connue, différents narrateurs complètent notre compréhension de mêmes événements. On ne se lasse pourtant pas des richesses que ce procédé d'écriture apporte à cette oeuvre.
Un roman délicieusement féroce et comique, servi par une belle écriture.
Véronique B.
Janvier 2015. Paru en poche en juin 2016. Aussi disponible en format numérique.
Encore un tout bon roman paru aux éditions Cambourakis, et disponible en poche chez 10/18 depuis janvier 2016, un roman qui sous des apparences légères nous livre une belle critique de notre société hyper médiatisée et un brin superficielle. L'histoire commence par une banale découverte, un ours trouve dans une forêt une mallette contenant un manuscrit et le propose à une maison d'édition. Cela parait loufoque, et ça l'est évidemment, mais dès qu'on se laisse porter par l'histoire, on rit, on sourit pendant toute la lecture, et par les temps qui courent, ce n'est pas si courant.
Alors, envie d'un bon moment de lecture, envie de réfléchir un peu à la frénésie du monde, envie de miel et de douceurs...? Lisez ce chouette et bon roman.
Catherine M
Octobre 2014
L'histoire intime et poignante d'une femme malmenée dans sa vie conjugale. Un roman qui interpelle, entre lumière et désespoir. C'est bien écrit, très personnel: Eric Reinhardt se penche avec douceur, profondeur et finesse sur son personnage féminin, Bénédicte Ombredanne.
Ce livre inspire aussi la révolte, même (et peut-être surtout) si ce n'est pas la voie que choisit Bénédicte, harcelée pourtant par un mari oppressant et insultant...
Le roman a encore la qualité de ne pas vous laisser tranquille une fois que vous l'avez terminé, il laisse des questions, donne envie de partager sa lecture. A souligner notamment, un passage magnifique au bar de l'aile psychiatrique d'un hôpital où Bénédicte confie son histoire à d'autres personnes internées qui se racontent elles aussi. Est-ce que ce sont eux les fous, ou notre monde qui le serait ? Même s'il n'est pas le premier à poser cette question, l'auteur le fait là en romancier de talent.
Natacha
Août 2014 - disponible également en format numérique.
Curieux destin que celui de Jasper Gwyn, écrivain à succès britannique, qui décide du jour au lendemain d'abandonner l'écriture de romans pour s'essayer à la réalisation de portraits... littéraires. Avec cette idée originale, Alessandro Baricco dresse un portrait touchant de cet homme solitaire et rêveur en quête d'épanouissement, et met au centre de son roman la question de la création artistique, et du rapport à l'autre.
Comme toujours avec Baricco, voici un roman intelligent et sensible, à l'ambiance intimiste et à la très belle écriture.
Delphine