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En ce moment, dans les livres sur l'école, l'éducation et la pédagogie, cela bouillonne. A tout moment, nous nous attendons à voir les volumes du rayon "école" sortir de leur armoire et brandir des calicots pour réclamer d'autres pratiques en matière de politiques scolaires.
Au-delà de la boutade et du phénomène de société, voici un livre qui nourrit assurément la réflexion sur l'école en proposant un radical changement de regard. Pour peu que l'on passe au-dessus de la tonalité "américaine" et parfois sans nuances, on se nourrira richement du propos.
L'auteur commence par témoigner de sa propre expérience de parent, le parent d'un adolescent qui rejette et que rejette l'école. Il se penche sur les ressources éducatives du jeu et en particulier du jeu en autonomie, hors du contrôle des adultes. Il appuie ses dires sur des recherches scientifiques et les illustre en nous parlant de l'école de Sudbury Valley. Il remonte aussi dans l'histoire de l'humanité et de son rapport à l'apprentissage, avec un point de vue qui peut sembler partial mais dont qui a l'avantage de nous inviter à décaler notre regard.
Aucun livre n'est neutre et tous s'appuient sur un système de valeurs : à nous de resituer le nôtre en les lisant. Pour ma part, j'ai trouvé ce livre nourrissant, inspirant et vraiment différent de ce que j'ai pu lire ailleurs à ce sujet. L'écriture est par ailleurs fluide et agréable à lire.
Natacha
Parution octobre 2016.
Brillant, intelligent, passionnant, le génialissime historien David Van Reybrouck nous revient avec un texte très court mais bouillonnant de réflexions.
Dans Zinc, Van Reybrouck nous raconte l'histoire d'Emil Rixen, né au début du XXe siècle à Moresnet, petit village actuellement situé dans la Province de Liège. Rixen va changer cinq fois de nationalité, sans pour autant déménager. Il combattra sous l'armée allemande mais également sous l'armée belge et aura une kyrielle d'enfants. A travers le récit de la vie de cet homme que les frontières traversent, ce livre propose notamment de réfléchir à la notion de frontière (bien à propos ces jours-ci). C'est aussi un petit bout de l'histoire de Belgique qu'on découvre et ça se lit comme un roman. Merci David Van Reybrouck de rendre l'histoire si attrayante ! A lire, à conseiller sans hésiter pour un large public.
Catherine
Paru en novembre 2016, traduit du néerlandais (Flandre) par Philippe Noble - existe aussi en format numérique.
Ce livre est paru en anglais en 1973 et ceci est sa première traduction en français, traduction que nous propose en février 2016 la très bonne collection Sorcières aux éditions Cambourakis.
Les deux auteures y présentent tout d'abord une étude de la perception de la santé des femmes à la fin du XIXème siècle et soulignent la grande différence de grille de lecture appliquée entre les femmes issues de milieux aisés et les femmes ouvrières. Les premières étant encouragées à rester à la maison, inactives et même alitées au nom de la santé fragile propre à leur sexe, les autres étant censées travailler jusqu'à l'épuisement (il n'est plus alors question de santé fragile...), et soupçonnées de communiquer des maladies aux grandes dames qu'elles côtoient ou servent. Les auteures articulent ces observations avec une petite sociologie des pratiques médicales de l'époque : beaucoup de médecins, tentés de s'assurer une patientèle aisée en alimentant l'imaginaire d'une supposée fragilité des femmes riches ; des connaissances médicales peu scientifiques et donc laissant une large place à l'interprétation ; etc.
Dans une seconde partie, les textes observent les pratiques médicales vis-à-vis des femmes à leur époque, en 1973. Et une postface, actuelle celle-ci, d'Eva Rodriguez, articule le tout avec notre XXIème siècle.
Tant les auteures que la postfacière ont une grille de lecture féministe et prennent soin de souligner l'articulation entre sexisme, racisme et capitalisme.
Passionnant, riche en décodages et en outils de pensée !
Les auteures, Barbara Ehrenreich et Deirdre English : écrivaines et militantes féministes étatsuniennes, engagées dans le Mouvement pour la santé des femmes dans les années 1970, elles ont publié ensemble trois pamphlets : Sorcières, sages-femmes & infirmières (1973, Cambourakis, 2015), Fragiles ou contagieuses (1973, Cambourakis, 2016) et Des experts et des femmes (1978, Le Remue-Ménage 1982).
Un mot sur la collection Sorcières de l'éditeur Cambourakis. Cette collection rassemble des textes féministes souvent publiés dans les années 70 mais jamais encore traduits en français et méconnus chez nous. Pour en savoir plus, une petite vidéo de la directrice de collection Isabelle Cambourakis :
https://www.youtube.com/watch?v=SwkRNgmMbBM
Natacha
Abdennour Bidar est un philosophe, un penseur de notre monde contemporain, spécialiste des évolutions de l'Islam aujourd'hui. Ses textes sont brillants, intelligents, plein de bons sens et surtout trés agréables à lire. Dans son dernier opus "Les tisserands" paru aux éditions Les liens qui libèrent, Bidar tente de voir par où notre société peut s'élever vers un monde meilleur. Il considère les individus comme de véritables acteurs du vivre-ensemble qui tissent entre eux des liens nouveaux qui ne s'inscrivent plus dans les institutions classiques établies (religieuses notamment).
Outre l'analyse qu'il propose du monde contemporain, Bidar nous encourage à développer un "triple lien" (lien à soi, lien à la nature, lien aux autres) comme une véritable philosophie de vie où les valeurs de tolérance (puisque pour être en lien, il faut être deux et donc accepter l'autre) et de créativité (réinventons de nouveaux liens) sont à l'honneur. Une lecture remplie d'espoir et qui fait un bien fou. A bas la hiérarchie, vive la coopération!
Catherine
Mai 2016 - existe aussi en format numérique.
Voici un petit texte court publié par nos amis d'Allia qui éditent des pépites dans des livres très soignés et à des prix hyper démocratiques. Le texte date de 2014, mais il n'a pas pris une ride. L'auteur propose quelque chose qui se situe entre le récit et l'essai philosophique. Armé d'une douzaine de billets d'avion Easyjet, Alexandre Friederich va en quelques jours prendre une vingtaine de vols Easyjet et observer ce qu'il s'y passe. Il nous livre alors une belle réflexion sur l'Europe, sur nos habitudes en terme de mobilité aérienne, sur l'évolution de notre société. Il dévoile aussi l'histoire de la compagnie low cost, et tente de décoder ses modes de management.
C'est instructif, vif et percutant.
Catherine
Avril 2015 (mais pour un ouvrage édité en 2014) - existe aussi en format numérique.
Cyril Dion, poète, auteur et cofondateur de l'ONG Colibris initiée par Pierre Rahbi, est porté par la conviction que l'on peut sortir de la crise économique, écologique et sociale que traverse notre société. Selon lui, toutes ces crises sont intimement liées mais absolument pas irréversibles. Persuadé que des solutions existent, il décide de monter un projet avec la comédienne et réalisatrice Mélanie Laurent : celui d'aller rencontrer tous ceux qui partagent comme lui cette nouvelle vision du monde, expérimentent, inventent et coopèrent pour bâtir des modèles de vie en commun qui soient respectueux de la nature et de l'être humain.
Ils voyageront dans dix pays, écouteront des penseurs de renom comme Pierre Rhabi, David Van Reybrouck, Olivier de Schutter, Jeremy Rifkin, Bernard Liétar ou Vandana Shiva. Ils rencontreront tout autour du globe des hommes et des femmes de terrain, autant d'acteurs qui proposent des voies alternatives dans les domaines de l'alimentation, de l'énergie, de l'économie, de la démocratie ou de l'éducation.
En tant que lecteurs, nous pouvons découvrir des mouvements citoyens innovants et tout à fait viables pas si loin de chez nous. Savez-vous que Copenhague est une capitale neutre en émission de CO2 ? Qu'il existe des monnaies locales complémentaires et sans intérêts qui ont permis de relancer l'économie locale ? En Suisse (le WIR) ou dans différentes villes du monde (Bristol par exemple) ? Que la ville de Détroit renaît de ses cendres grâce à un projet d'agriculture urbaine co-géré par ses habitants ? Que San Fransisco a pu enrayer son taux de chômage grâce à sa politique de traitement et de recyclage des déchets (80% des déchets sont recyclés dans la ville et l'objectif est d'atteindre les 100% en 2020 : le fameux Zero Waste) ? Qu'en Finlande, les écoles proposent un modèle d'éducation centré sur le bien-être et l'épanouissement des enfants, et que les résultats scolaires y sont quasi les meilleurs au monde ?
Ce livre regorge d'exemples aussi étonnants que porteurs d'espoir. Car la démarche de Cyril Dion est de se concentrer sur les aspects positifs et inspirants de chaque initiative. Meme s'il est conscient que sa vision a quelque chose d'utopiste, il veut nous raconter une autre histoire, nous inspirer, nous donner envie d'imaginer l'impossible.
De ce projet, sont nés ce livre et un film documentaire qui sortira en salles début janvier en Belgique. (Nous serons partenaires de la projection en avant-première le 6 janvier au Caméo à Namur.)
N'hésitez pas à offrir ce livre passionnant, il vous ouvrira de nouveaux horizons et vous embarquera peut-être, dans ce nouveau monde, en marche...
Delphine
Décembre 2015
Quand on parle de la Russie contemporaine, l'image de Vladimir Poutine s'impose à bon nombres d'entre nous, pourtant la Russie ne se résume pas à cet homme. Les autres visages de la Russie est un ouvrage collectif et collaboratif, réalisé par plusieurs ONG, soutenu par Médiapart, et proposant une galerie de portraits qui nous montre qu'en Russie des artistes, des journalistes, des citoyens se mobilisent, réfléchissent, agissent pour dénoncer les injustices du pouvoir, questionner l’État, tenter de changer les choses.
Une lecture enrichissante, vivifiante, un rien effrayante aussi parfois, tant la liberté d'expression semble muselée dans ce pays. Un prix abordable (10€) pour découvrir des nouveaux visages de la Russie.
Catherine M
Avril 2015
Dans Les enfants des jours, Eduardo Galeano propose un calendrier annuel en revenant pour chaque jour de l'année sur un évènement de l'histoire mondiale qui s'est déroulé ce jour-là. On apprend ainsi que le 3 janvier 47, la bibliothèque d'Alexandrie brûlait mais qu'au Xe siècle, le Grand Vizir de Perse transportait une bibliothèque ambulante à dos de chameaux. Les quelques quatre cents chameaux étaient utilisés comme catalogue répartis en 32 groupes correspondant au 32 lettres de l'alphabet perse. Le 18 septembre, en 2008, la bourse d'Amérique s'effondra. Le 14 novembre 1889, Nelie Bly (que vous pouvez découvrir à travers l'excellent livre chroniqué ici) commença son tour du monde qu'elle accomplit en 72 jours.
Vous l'aurez compris, ce livre nous amène à voyager à travers l'histoire et le monde en 365 chapitres. Galeano est parfois poète, la lecture est donc fluide et agréable . Évidemment, on n'approfondit pas un évènement puisque chaque jour occupe une page de livre, pas plus, mais cela donne des idées pour explorer les recoins de l'histoire. Une petite pépite qui sort de l'ordinaire. A offrir sans hésiter.
Catherine M
Octobre 2015