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"A travers les feuilles d'un bon livre, on pourra entendre un écho qui ressemble au bruit des forêts." Henry David Thoreau

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une vie entiereAndreas Egger, né à l'aube du 20ème siècle, en Autriche, a survécu à son enfance, à une avalanche et à la guerre. Doté d'un pouvoir de résilience peu commun car "un homme, selon lui, doit élever son regard pour voir plus loin que son petit bout de terre, le plus loin possible", il est le témoin dubitatif d'une époque en pleine mutation.

Après le décès de sa mère, il est envoyé dans un village où il est le bâtard qu'un fermier rudoie, ce qui lui vaut une jambe boiteuse. Il travaille dur, s'offre un petit lopin de terre et épouse Marie, "cheveux courts, d'un blond de lin", serveuse à l'auberge. Il intègre l'équipe du chantier de la construction du téléphérique, "avec lequel les montagnes semblent avoir perdu un peu de leur toute-puissance éternelle". Et le village assoupi est dès lors illuminé grâce à l'électricité. Le téléphérique développe un tourisme pour lequel, plus tard, il se fait le guide, "Les gens viennent chercher dans les montagnes quelque chose qu'ils croient avoir perdu...quelque insatiable nostalgie".

En 1942, Egger est envoyé en renfort sur le front russe, endure le froid de l'hiver caucasien, est fait prisonnier dans un camp, "où la mort fait partie de la vie comme les moisissures font partie du pain". De retour au village, "à la place des croix gammées, les géraniums ornent de nouveau les fenêtres des maisons". L'avènement de la télévision, "un appareil grand comme un buffet", d'où sortent, "des voix un peu nasillardes", remplace l'habituelle rumeur de la taverne.

C'est toute une vie qui défile sous nos yeux, celle d'un homme humble et intègre, avec ses joies et ses épreuves, un homme amoureux d'une nature qui est le deuxième personnage du récit.

Robert Seethaler écrit un roman nostalgique, doux et triste, dans un très belle langue épurée et poétique.
 
Véronique B
 
Octobre 2015 - traduit de l'allemand (Autriche) par Elisabeth Landes