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Quitter Londres pour aller s'installer sur une petite île des Hébrides, un rêve?
Tamsin Calidas et son mari quittent la capitale anglaise en 2004, lassés par l'insécurité et le brouhaha régnant sur la ville. Ils achètent un croft (une parcelle de terre arable) dans l'archipel des Hébrides, au large de l'Écosse; et se lancent dans la rénovation de la maisonnette pour laquelle ils ont eu un coup de foudre, au début de l'été. Ils achètent quelques moutons et découvrent, par essais et erreurs, la gestion quotidienne d'une ferme.
La situation paraît idyllique dans les premiers temps, mais l'ambiance n'est pas toujours au beau fixe: la communauté de l'île n'est pas des plus accueillantes, et l'isolement pèse sur le couple, déjà aux prises avec l'infertilité...
Le livre de Tamsin Calidas est une ode à l'île sur laquelle elle a élu domicile, à ses ressources, sa beauté, la rigueur de ses saisons, la force de ses tempêtes et de ses vagues. C'est aussi le témoignage de son incroyable résilience face aux défis qu'elle a dû relever au cours de ses presque 20 ans sur l'île: l'ostracisme de la part des habitants, la misogynie du milieu agricole, les violentes disputes avec son conjoint et la rudesse des conditions de vie dans sa maisonnette à certains moments. Mais le tout est traversé de très beaux passages sur la nature et le lien que l'autrice développe avec elle, les amitiés qui malgré tout fleurissent dans cette petite communauté, et surtout l'espoir qui renaît quand les mentalités s'ouvrent et que les racines s'enfouissent plus profondément dans la terre qu'elle aime et qu'elle a choisie.
Un récit puissant et émouvant.
Hélène
Paru en avril 2022. Traduit de l'anglais par Caroline Bouet. Aussi disponible au format numérique.
Ils s'appellent Bern, Nicola et Tommaso. Ils sont adolescents et empreints d'idéaux, dans cette ferme isolée au coeur des Pouilles. Teresa les rencontre un été et toute sa vie en sera bouleversée, marquée de leur(s) empreinte(s). Fascinée par Bern, le plus jusqu'au-boutiste des trois "frères", elle épousera sa soif d'absolu, son amour de la nature, la vie en communauté et toujours leurs vies vont se croiser, se fondre les unes dans les autres, au plus près des corps et des pensées, malgré les absences, les non-dits, les secrets. Teresa va lutter pour garder cet amour intact, elle abandonnera quelques plumes dans cette quête éperdue d'amour et d'avenir dans ce monde en transition.
Paolo Giordano nous convie au coeur de l'adolescence, dans ses ruptures et ses désirs, dans ses extrêmes et son innocence. Les années 90 sont évoquées, les combats en faveur de l'écologie et la préservation de la nature sont le terreau de cette histoire où la vie et la mort se côtoient de près, où les tentations destructrices sont assumées, où la soif d'appartenance au clan se dispute à la réalisation de rêves plus concrets...
Très beau!
Catherine D.
Paru en août 2020, traduit de l'italien par Nathalie Bauer. Existe au format numérique.
Vinicius, Jobim et les autres étaient brillants, ils apporteraient un souffle nouveau dans la musique, celle que l'on emportait partout avec soi grâce aux transistors et qui saturait l'air comme la fumée de cigarettes : dans les cuisines, sur la plage, dans les automobiles, au coeur des amours adolescentes. Oui, leur musique pourrait bien déclencher un engouement mondial.
Si certains personnages portent des noms différents, c'est bien l'histoire revisitée du tournage du film Orfeu Negro de Marcel Camus (Palme d'Or à Cannes en 1958, Oscar du meilleur film étranger en 1960) que nous conte l'écrivaine Estelle-Sarah Bulle. Dès les premières pages, nous voici emportés dans la chaleur moite des rues de Rio et de ses favelas au rythme de la Bossa Nova, genre musical nouvellement créé par Joao Gilberto, Carlos Jobim et Vinicius de Moraes pour ne citer qu'eux, parmi la population bigarrée qui compose ce pays en quête de reconnaissance à la fin des années 1950. A travers cette histoire qui entremêle habilement fiction et réalité, c'est tout un pan de l'histoire des relations internationales entre la France - en pleine guerre d'Algérie, les Etats-Unis - où les luttes pour les droits civiques s'intensifient, et le Brésil qui est retracée ici, alors qu'une des particularités de ce film est d'être entièrement tourné avec des acteurs noirs amateurs, à l'exception du rôle d'Eurydice confié à une jeune danseuse métisse américaine. Nous sommes conviés à découvrir l'envers du décor, à tenter de comprendre tout ce qui se joue dans les coulisses d'un film, les angoisses et les joies des protagonistes principaux, leurs rivalités et leurs espoirs aussi, et c'est dans un tourbillon d'émotions et d'images contrastées d'une ville fantasmée que nous plongeons allègrement ! C'est un véritable bonheur de revisiter cette tragédie grecque au son de la Bossa Nova qui nous berce tout au long de ce très beau roman.
Catherine D.
Paru en août 2021 en grand format et en édition poche en septembre 2022. Existe aussi au format numérique.
Alors qu’il vit sous protection policière, Roberto Saviano voit l’âge des caïds de son quartier baisser drastiquement. Il se lance alors dans la rédaction de ce roman choquant, de par son sujet qui colle trop à la réalité napolitaine et symptomatique d’autres grandes villes gangrénées par la mafia. En utilisant la comparaison avec les bancs de piranhas, Roberto Saviano nous plonge dans l’univers de ces baby-gangs, composés de jeunes adolescents armés (de 10 à 18 ans) qui ne rêvent que d’une vie criminelle, même si parfois écourtée, pleine de pouvoir, de fric et de gloire à diffuser à coups de publications chocs sur les réseaux sociaux, tellement préférable à une vie rangée et studieuse. Violent et glaçant.
Catherine D.
Paru en juin 2020, traduit de l’italien par Vincent Raynaud. Existe aussi au format numérique.
Maggie O’Farrell se livre dans un récit autobiographique, découpé en dix-sept chapitres, chacun nommé d’après une partie du corps : le cou, le système sanguin, le ventre, le cervelet, les poumons… L’auteure irlandaise raconte dix-sept rencontres manquées avec la mort (brushes with death, en version originale). Il y a cette fois où son chemin a croisé celui d’un homme qui allait assassiner une jeune femme, au même endroit, deux semaines plus tard. Celle où ses poumons ont cessé de fonctionner, brièvement, après un saut dans l’eau sombre. Celle où elle a failli se vider de son sang, lors de son premier accouchement.
Le récit est percutant, haletant. Bien que la mort guette à chaque page, il est lumineux, plein d’espoir, farouchement du côté de la vie. Maggie O’Farrell passe de son adolescence à son enfance, revient à son expérience de mère, sans que ce « non-respect » de la chronologie ne soit dérangeant puisqu’à chaque chapitre elle nous livre un petit bout de son histoire qui vient éclairer le reste.
Une belle réussite.
Hélène
Publié en mars 2019, traduit de l’anglais par Sarah Tardy. Disponible aussi en version numérique.
Voici un très beau roman, un des premiers romans écrit par une afro-américaine, en 1937, et aujourd’hui traduit en français, grâce aux éditions Zulma, qui régulièrement nous invitent sur les chemins de la découverte. Janie, petite fille d’esclaves, est élevée par sa Nanny (grand-mère), dans une petite ville des Etats-Unis. A l’âge où Janie n’est plus une enfant, à l’âge où elle rêve d’un avenir plein de promesses et de surprises. Sa Nanny, pour préserver celle qu’elle a toujours aimée, du monde et de ses dangers, la marie à un vieux monsieur... Il faudra trois mariages et autant de vies pour que Janie atteigne son rêve d’indépendance.
C’est un roman d’amour (surtout pas niais), c’est surtout l’histoire d’une émancipation, écrit dans une langue savoureuse et chatoyante.
Véronique
Paru en janvier 2020, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sika Fakambi. Existe aussi au format numérique.
Employé au Ministère de l'agriculture, proche de la cinquantaine, Florent-Claude vit avec Yozu, sa compagne pour qui il n'éprouve que peu de sentiments. Dépressif, fumeur intempestif et en quête de sens à sa vie, il décide de disparaître du jour au lendemain. Ce départ le mène sur les routes et les hôtels de France, mais surtout, le replonge dans le souvenir de ses relations passées et échouées. Au travers de son amitié avec un agriculteur, le narrateur dépeint aussi un monde agricole dur et sans issue, à l'image de la vie.
De son regard tranchant, Houellebecq dresse le portrait d'une société contemporaine en perdition, de valeurs en déséquilibre. Touchant d'amour et d'un peu d'espoir (ce qui n'est pas toujours le cas chez cet auteur), Sérotonine est un roman cynique et juste, parfois trash. On y sourit jaune tout du long.
Olivier
Paru en octobre 2020. Existe aussi au format numérique.
Antonia, photojournaliste d'une trentaine d'années reconvertie en photographe de mariage, meurt au petit matin dans un accident de voiture, éblouie par le soleil levant sur une route sinueuse corse. Ce huitième roman de Jérôme Ferrari revient sur la vie de cette jeune femme à travers les souvenirs des différents protagonistes qui l'ont connue et qui lui rendent un dernier hommage à son enterrement. L'homélie est longue, chantée par un choeur inspiré, et le prêtre n'est autre que l'oncle et parrain d'Antonia, celui qui lui offrit pour son quatorzième anniversaire son premier appareil photo, celui qui l'encouragea, malgré lui, à poursuivre sa route et à se rendre sur les champs de bataille en ex-Yougoslavie ou ailleurs.
Jérôme Ferrari nous propose une réflexion sur le pouvoir de la photographie, intimement liée à la mort, tout comme la guerre et la représentation du réel. Il aborde également, comme il l'avait déjà fait avec le philosophe Oliver Rohe dans le troublant et questionnant "A fendre le coeur le plus dur" (éditions Inculte), le caractère obscène de la représentation de la violence par la photographie, des milieux autonomistes corses des années 1980-1990 à la guerre en Irak du début des années 2000, avec un plongeon dans le passé colonial de la conquête italo-turque des années 1900 et les premières photographies de cadavres ennemis... Où se situe la liberté de représenter le monde? Antonia, devenue lasse après avoir été photo-reporter de guerre, va se lancer dans les reportages photo de mariage... Quels sont les choix qu'il nous reste lorsque tout semble vain?
C'est avec beaucoup de talent que Ferrari nous emmène à la suite d'Antonia, dont on voudrait croire que cet accident n'est pas réel et qu'elle va revenir nous montrer ses trésors cachés, toutes ces photographies oubliées au fond d'une caisse en carton... Exigeant et très beau !
Catherine D.
Paru en août 2020. Existe aussi en format numérique.
Finaliste du prestigieux Booker Prize en 2020, ce roman est une claque qui coupera le souffle à son lecteur.
Fresque sociale poignante dans le Glasgow des années Tatcher, celui des quartiers ouvriers précarisés où se débattent les laissés-pour-compte de la société, ce texte est aussi une histoire d’amour déchirante et passionnée d’un fils pour sa mère, alcoolique. La noirceur est omniprésente, mais éclairée par la lumière de cet amour sans limite.
Un texte puissant, au scalpel, qui donne la nausée autant qu’il bouleverse. Un premier roman dont on salue la force.
Delphine
Paru août 2022. Traduit de l’anglais (Ecosse) par Charles Bonnot. Existe aussi au format numérique.
Fascination, attachement, révolte se succèdent à la lecture de cet entrelacs d'histoires, qui convergent vers la maison écossaisse en face de l'îlot de Bass Rock... Une atmosphère d'étrangeté mais aussi des comportements humains portraiturés avec finesse et qui nouent le ventre.
Ruth, dans la grande maison côtière, est touchée par le sort par ses deux beaux-enfants orphelins de mère et envoyés au pensionnat, mais est délaissée par leur père et sent sa vie vaciller, entre les traditions étranges de ce coin de terre et la brusquerie perverse de son mari. Viviane, une génération plus tard, apprivoise la même demeure tout en démêlant quelques fils de l'histoire familiale. Et quelques siècles plus tôt, c'est Sarah, accusée de sorcellerie, qui doit fuir sous la protection d'une famille de pasteur... Cette histoire est littéralement envoûtante, habilement construite et émaillée de personnages qui nous prennent aux tripes. Sans déroger à un certain héritage littéraire anglais peuplé de maisons où résonnent des sons mystérieux...
Excellent roman !
Natacha
Traduit de l'anglais par Mireille Vignol. Paru en janvier 2022.
De son écriture délicate et attachante, Gaëlle Josse nous livre le portrait sensible et troublant d’une femme artiste, comme elle, d’une femme photographe passionnée par les visages, comme elle, d’une vie parsemée de silences, d’absences, d’une femme si discrète à l’enfance tragique qui fut une nurse aimante et lointaine à la fois, d’une artiste insaisissable dont l’oeuvre fut découverte par hasard et qui fait d’elle, à titre posthume, l’une des plus grandes photographes de rue au monde.
Avec une sensibilité à fleur de mots, Gaëlle Josse nous conte l’histoire de la mystérieuse Vivian Maier, entre zones d’ombre et révélations, comme un négatif se révélant délicatement à la lumière du monde, avec tous ses possibles et les espoirs qu’il porte en son grain...
Catherine D.
Paru en août 2020. Existe aussi au format numérique.
Grande fresque historique (de 1873 à 1896) narrant la colonisation de l'Afrique, notamment celle du Congo de Léopold II, et parallèlement, la difficile émancipation des Noirs Américains. Roman choral qui alterne les lieux et les combats de figures emblématiques telles que David Livingstone, Henry Morton Stanley, Pierre Savorgnan de Brazza, Georges Washington Williams, Booker Taliaferro Washington, Roger Casement et Joseph Conrad... Livingstone, Stanley et Savorgnan de Brazza, ces trois explorateurs, désireux d'abolir l'esclavage pratiqué par les Arabes, ouvrent la voie de l'Afrique aux Européens. Léopold II n'hésitera pas à se servir d'eux et à abuser de leur confiance. Car derrière ce simulacre de désir de justice, abolition de l'esclavage et apport de civilisation, c'est d'argent et de pouvoir dont il est question.
Rencontre entre Roger Casement et Joseph Conrad, le 6 septembre 1890
Vous semblez un homme intelligent, avait dit Casement en haussant le ton pour se faire entendre de son camarade. Alors prenez garde à vous, puisque vous allez remonter le fleuve. Soyez préparé à découvrir une part de vous-même que vous ne soupçonniez pas. Nous sommes nés blancs, c'est ainsi et on ne peut rien y faire. Nous ne saurons jamais ce que signifie être nègre, alors autant ne pas essayer. Mais en tant qu'être humain, je vous le dis, nous aurons à répondre de ce qu'il se passe ici. Vous vouliez de l'aventure, vous en aurez. Mais vous ne vous en apercevrez pas, trop occupé à surmonter les chocs que vous subirez. Vous allez voir des morts... Mais ça n'est rien comparé aux conséquences du pillage de l'ivoire et du caoutchouc. La civilisation ? La lutte contre l'esclavage ? Un tissu de mensonges. A l'intérieur, ce sont des centaines, des milliers de morts que vous allez voir. C'est ça le Congo... Quand vous rentrerez en Europe, souvenez-vous des morts. Quand vous jouerez au billard, ou aux échecs, quand vous utiliserez une canne pour vous déplacer. Souvenez-vous des morts que cet ivoire a coûtés, pour le seul plaisir des Européens.
Dans le même temps, en Amérique, malgré certaines lois passées, les Noirs sont toujours lynchés, tués, dans les Etats du Sud. Au fil des pages, Georges Washington Williams et Booker Taliaferro Washington, militants pour la cause des Noirs, livrent leur combat. Par ailleurs, George.W.Williams se rendra au Congo et critiquera ouvertement l'attitude des colonies belges.
A lire d'urgence, tant ces lignes résonnent encore furieusement aujourd'hui. Assurément, Jennifer Richard signe un grand roman.
Véronique
Paru en mai 2020. Existe au format numérique.
L'entrée en matière de ce livre passionnant et singulier mérite d'entrer dans le top 20 des incipit les plus surprenants : nous voici pris aux tripes, tout de suite. Et le livre de poursuivre, de nous guider sans ménagement ni brusquerie dans le Grand Nord avec Uqsuralik, toute jeune fille accompagnée de cinq chiens et d'une lance brisée.
Sans didactisme, Bérengère Cournut nous immerge aussi dans la culture des Inuit, où les chants et les jeux de scène régulent la vie sociale, où les âmes voyagent et où rester en vie est banalement précaire. Naissances et morts, conflits et chasses marquent le rythme des saisons, qui basculent de la lumière totale à la nuit permanente. Et dans cet univers de grande interdépendance avec la nature, une femme trace son chemin, viscéralement attachée à la vie et faisant naturellement face à la mort qui rôde, dans un livre qui scintille comme la glace.
Rien de trop dans ce livre magnifique !
Natacha
Paru en octobre 2020. Existe aussi au format numérique.
En regardant cette fillette dont on encourageait la vocation, dont on applaudissait le don singulier - qu'elle possédait assurément, comme chacun d'entre nous possède les siens -, je songeai à tout ce dont j'avais été privé, à tout ce dont étaient systématiquement privés les millions d'enfants noirs élevés sous le joug de l'Asservissement.
Ta-Nehisi Coates nous offre avec ce premier roman une véritable épopée au temps de l'esclavage, sur les pas de l'émancipation du jeune Hiram, fils illégitime d'un propriétaire terrien blanc et d'une esclave noire qui sera vendue alors qu'il n'a pas dix ans. La danse de l'eau nous raconte l'histoire de l'esclavage et de l'asservissement, des tentatives avortées d'évasion et de l'amour qui unit ceux qui n'ont rien, mais plus que tout, c'est l'histoire de la transmission et de la mémoire d'un peuple soumis qui trouve dans ses mythes et ses légendes la force de rester debout et de se battre. Auréolé de réalisme magique, voire de fantastique, ce très beau roman nous emporte loin, grâce à l'écriture sensible et engagée de son auteur, qui ne ménage pas ses efforts pour partager sa poésie et son enchantement à dire le monde.
Catherine D.
Paru en septembre 2021 en grand format et en août 2022, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Demarty. existe aussi au format numérique.
Nous sommes au tout début des années 1990, dans la banlieue de Chicago. Brian Oswald a 17 ans, il est fan de musique punk, et il est en colère. Parce que ses parents font chambre à part et que leur couple n'a pas l'air de s'arranger, parce que les enseignants de son lycée catholique ont des idées trop arrêtées sur les tenues vestimentaires acceptables, parce qu'il découvre la politique et les injustices, mais surtout parce qu'il est amoureux de Gretchen, sa meilleure amie, qui ne rêve que de sortir avec un tocard de 26 ans. Ancien loser invisible, il tâche tant bien que mal de devenir cool (tout en restant authentique et punk) - même si sa moustache ne pousse pas, et qu'il est encore loin de pouvoir acheter un van pour draguer les filles.
On plonge avec grand plaisir dans la vie quotidienne de Brian: ses questionnements, sa découverte des filles, ses indignations... Le tout au rythme des groupes punks et hard rock américains et de la quête de la compil/playlist ultime qui lui permettra de déclarer sa flamme à Gretchen.
Une super découverte et un véritable régal de lecture!
Hélène
Traduit de l'américain par Estelle Flory. Paru en août 2020. Aussi disponible en version numérique.
Un récit, un essai, un conte… peu importe ! Voici une œuvre foisonnante, originale, écrite en vers libres, qui retrace l’épopée de la famille Lehman (Brothers), de son arrivée à New York en 1844 jusqu’ à la faillite de son empire financier en 2008. Avec énormément de talent, d’humour et de verve, Stefano Massini nous emporte dans l’histoire des Etats-Unis et du capitalisme. Il ne s’agit pas d’un cours d’histoire et encore moins d’économie mais plutôt d’une sorte de fable prophétique… de marchands de coton à marchands de chiffres et de vent, les Lehman Brothers se sont noyés dans le tourbillon incontrôlable de la finance. A qui le tour ? Enorme coup de cœur ! Prix Médicis essai 2018.
Grégory
Paru en août 2020, traduit de l'italien par Nathalie Bauer. Existe aussi au format numérique.
Ce récit autobiographique revient sur l’enfance et l’adolescence de l’auteure dans une petite ville de l’Idaho, aux États-Unis. Tara Westover est la cadette d’une fratrie élevée au sein d’une communauté de mormons fondamentalistes. Ses parents, une herboriste sage-femme et un ferrailleur, se préparent au Jugement Dernier en enterrant de l’or, de l’essence et des armes dans leur jardin. Leurs enfants ne sont pas inscrits à l’école, n’ont jamais vu un médecin ou mis le pied dans un hôpital, n’ont même pas d’acte de naissance, pour les deux derniers.
Vers l’âge de quinze ans, l’auteure exerce des petits boulots depuis quelques années pour mettre de l’argent de côté, poussée par un instinct d’indépendance. Elle commence également à lire de vieux manuels scolaires trouvés dans la cave de sa maison. Elle qui a appris à lire avec son grand frère, qui ne s’est jamais assise dans une salle de classe, dont le monde s’arrête presque aux frontières de sa ville et aux écrits religieux, sent alors grandir en elle une inextinguible soif d’apprendre. Pour s’éloigner d’un frère devenu extrêmement violent et d’un père en proie à des crises de paranoïa, pour se mettre en sécurité, Tara Westover passe et réussit les tests d’admission à l’Université et part étudier en Utah. De là, sa curiosité et son intelligence la mèneront à Oxford, puis à Harvard pour un doctorat en Histoire.
C’est un récit qui se lit comme un roman, qu’on prendrait presque pour de la fiction tellement la réalité des Westover est éloignée de la nôtre. L’auteure décrit des passages particulièrement poignants sans pour autant s’apitoyer sur ce qu’elle a enduré, et elle nous fait sentir la loyauté et l’amour qui la lient, malgré tout, à sa famille. Une lecture marquante, assurément.
Hélène
Paru en octobre 2020. Traduit par Johan Frédérik Hel Guedj. Disponible également en version numérique.
A l’approche de la quarantaine, Josie, une mère dépassée par son quotidien décide de tout laisser derrière elle. Son ex-mari lâche, son métier pénible et ingrat, ses mauvais choix passés. Elle loue un camping car et prend la route vers l’Alaska, avec ses deux jeunes enfants. Dans l’espoir d’un nouveau départ. Entre les incendies, les péripéties, les rencontres en tous genres, la boisson et les frasques des deux adorables gamins, Dave Eggers écrit un récit initiatique et une ode au changement et à l’aventure.
À la fois légère et tranchante, drôle et amère, la plume de l’auteur nous offre un regard limpide sur les doutes intimes de notre société.
Olivier
Paru en octobre 2020, traduit de l'anglais (USA) par Juliette Bourdin. Existe aussi au format numérique.
Le roman commence par l'histoire d'Ilaria, la quarantaine, à Rome, en 2010, qui, en rentrant d'une journée de travail, trouve sur son palier, un jeune Africain, Shimeta Ietmgeta, qui prétend être le petit-fils du père d'Ilaria, soit son neveu. A partir de cette rencontre, Ilaria va fouiller dans le passé de son père, Attilio Profeti, à ce jour, 93 ans. "Tous sauf moi" a clamé ce dernier tout au long de sa vie, fils chéri de sa mère, beau comme un dieu, Attilio a mené sa vie d'un pied léger, enfouissant le plus souvent sa conscience sous une bonne dose d'opportunisme. Dans son envie de comprendre, Ilaria se met à étudier l'histoire coloniale de l'Italie, les envies de conquête de Mussolini, son projet de colonisation de l'Ethiopie, pour profiter, notamment, de la richesse du sol du pays. Et nous, lecteurs, de suivre, en alternance, les années de jeunesse d'Attilio, l'enfer que vivent les Ethiopiens dans leur parcours migratoire, et l'Italie des années de Berlusconi. Attilio, dans les années 30, épouse les théories fascistes, s'engage dans "les chemises noires", part en Ethiopie, y tombe amoureux, union ignorée de sa famille italienne. Shimeta raconte son parcours, son passage cauchemardesque par la Libye.
A travers les découvertes d'Ilaria, c'est toute l'histoire contemporaine de l'Ethiopie qui nous est dévoilée. Francesca Melandri montre comment le passé et le présent se rejoignent. Un demi-millénaire d'histoire coloniale et le présent des grandes migrations ne sont pas deux histoires différentes, mais seulement deux chapitres de la même histoire, de la même longue époque...
Roman foisonnant, bien documenté, passionnant, Francesca Melandri, auteure déjà remarquée des livres Eva dort et Plus haut que la mer, est ici au sommet de son talent.
Véronique
Publié en septembre 2020, traduit de l'italien par Daniele Valin. Existe aussi en numérique.
On retrouve avec grand plaisir toute la délicatesse de cette autrice islandaise dans ce cinquième roman traduit en français. Olafsdottir n’a pas son pareil pour illuminer la noirceur de son propos, puisqu’il s’agit ici du dernier voyage d’un homme de 49 ans qui a décidé d’en finir avec la vie, n'ayant plus aucune femme dans sa vie (son ex-femme l'a quitté 8 ans auparavant, sa fille vole de ses propres ailes et sa mère est à l'hospice; toutes trois prénommées Gudrun). On suivra donc, d’abord avec inquiétude, puis très vite avec empathie, le voyage entrepris par Jonas Ebeneser dans un pays ravagé et traumatisé, emportant avec lui quelques outils dont sa fidèle perceuse et devenant le locataire inhabituel de l’Hôtel Silence, dirigé par un couple frère/soeur, rescapé d’une guerre jamais nommée.
De même que dans Rosa Candida, Audur Ava Olafsdottir parvient à aborder ici des sujets difficiles - le suicide, la solitude, les cicatrices accumulées au fil du temps - avec légèreté et poésie et c’est bien là que réside toute la force et l’humanité de son écriture. Une histoire lumineuse, simple et tendre, qui (re)donne foi en l’humanité !!
Catherine D.
Paru en octobre 2020 (Zulma Poche), traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson.
Girl est l’histoire d’une jeune adolescente nigériane, enlevée par Boko Haram et qui nous raconte, à la première personne, la nuit de l’enlèvement, ses années de captivité mais aussi sa fuite, son retour au village. Une histoire d’une grande force littéraire et narrative. Dès les premières pages, on est happé par le récit et le style de l’autrice qui vient d’ailleurs d’être récompensée par le jury du Prix Femina. C’est un livre assez dur mais qu’on n’a pourtant pas envie de lâcher. Après ce genre de lecture, on se dit que l’être humain est plein de ressources et que les rencontres peuvent mener au pire comme au meilleur. Une lecture essentielle.
Prix spécial Femina étranger 2019.
Catherine M.
Paru en août 2020. Traduit de l'anglais (Irlande) par Aude de Saint-Loup.
Gus Voorheest, médecin dans un Centre pour femmes, dans l'Ohio, est assassiné le 2 novembre 1999, par Luther Dunphy. Gus est un idéaliste et un travailleur acharné, père de trois enfants, Naomi, Darren et Mélissa, il s'éloigne souvent de sa famille pour accomplir ce qu'il considère comme son devoir. Dans l'Etat de l'Ohio, un mouvement antiavortement très organisé est financé par des Républicains conservateurs. Bien que Gus sauve des foetus, autant qu'il pratique l'avortement, pour ses ennemis, il est un "tueur d'enfants".
"Les gens qui venaient à la clinique devaient passer devant ces ardents chrétiens ...qui s'élançaient souvent en hurlant à l'arrivée d'une jeune fille ou d'une femme;"
"Fervents, exaspérants, semblant répéter infatigablement, à l'infini, ces mots... cessez de vous mentir, aucun bébé ne choisit de mourir..."Dieu aime votre bébé.."
Luther Dunphy est un excellent charpentier, un peu bourru, de 39 ans. Qu'est-ce qui a pu pousser ce père de famille à un tel crime ? Luther, blessé par différents événements qui ont jalonné sa vie, se sent investi d'une mission divine qui lui occulte la réalité. Meurtri, par un sentiment de culpabilité dans l'accident mortel qui a tué un de ses enfants et, par son échec à l'école pastorale, qui l'a empêché d'être le pasteur de l'église qu'il fréquente assidûment, l'église missionnaire de Jésus de Saint Paul. Sa rencontre avec le charismatique activiste antiavortement , le professeur Wohlman, sera décisive. "Nous déclarons notre allégeance à la Parole de Jésus et non à la Loi des hommes.
Ce meurtre et ses conséquences dramatiques laissent leurs familles respectives dans un désarroi extrême. Les deux filles aînées sont particulièrement ébranlées par la perte de leur père. Sept ans après l'enterrement de Gus, Naomi cherche à en dresser le portrait et retourne sur les lieux des faits. Dawn Dunphy se lance dans le monde de la boxe comme exutoire et cherche à dépasser ses limites.
Sept ans après la tragédie, trouveront-elles une forme de paix ?
J.C Oates construit ce roman sous forme de kaléidoscope et donne la parole à tous les protagonistes. Elle étudie chaque personnage, ses motivations, les justifications que chacun se donne. Elle met en cause la frontière ténue entre le bien et le mal, sans jugement. Brillant!
Véronique
Paru en septembre 2019, traduit de l'américain par Claude Seban. Existe aussi au format numérique.
Il en souvent des êtres comme des simples, moins le sol leur donne, plus robustes ils sont.
Les simples, ce sont ces plantes médicinales utilisées telles qu’elles sont fournies par la nature ; ce sont ces plantes que sœur Clémence, doyenne et herboriste de la communauté de bénédictines de l’abbaye de Notre-Dame du Loup, utilise pour soulager et guérir parfois les maux des habitants de ce village de Provence. Cette vie ordonnée va être bouleversée par l’arrogance et la cupidité du nouvel évêque de Vence, Jean de Solines, qui ne peut tolérer l’indépendance et l’autonomie dont bénéficient ces religieuses. Le scandale va alors secouer la communauté et les accusations de sorcellerie se succéder… Roman qui dénonce les exactions des hommes de pouvoir, Les simples nous conte une histoire de rivalités, ponctuée de recettes de plantes en vers et de dictons médiévaux inventés (Sainte Vérane du ciel ouvre les vannes ou encore S’il pleut sur la chandelle, il pleure sur la javelle).
Catherine D.
Paru en septembre 2020. Existe aussi au format numérique.
Quel plaisir de retrouver l’écriture fluide et le style de William Boyd! Cette fois, il nous emmène à la suite du jeune Brodie Moncur, fils d’un pasteur intraitable et accordeur surdoué à l’oreille absolue, employé d’un fabricant de pianos à Edimbourg en cette fin de 19e siècle. Sa vie est romanesque en diable, entre voyages à Paris, Saint-Pétersbourg ou Vienne et un duel à l’ancienne qui l’enverra s’exiler sur les îles de la côte indienne, le tout sur fond d’amour passionné et absolu, de musique évidemment et de bouleversements du monde. Emotions et aventures sont au rendez-vous pour un roman enthousiasmant !
Catherine D.
Paru en juin 2020 (Points), traduit de l'anglais par Isabelle Perrin. Existe aussi au format numérique.
Voyage au cœur de La Havane, colorée, odorante. Mario Condé, ex-flic, 60 ans, désenchanté, reconverti en bouquiniste de livres anciens, se voit projeté dans une enquête à la demande de son vieil ami Bobby. Ce dernier s’est fait léser d’une belle fortune, dont une vierge noire aux pouvoirs magiques. Sur les traces de cette vierge, Condé est ballotté entre les quartiers miséreux et les nouveaux riches, qui ont fait fortune grâce au trafic d’œuvres d’art. Confondue avec une Vierge de Regla (cubaine), la vierge de Bobby a une autre histoire. En 1936, un certain Antoni se rend à Cuba, fuyant la guerre civile espagnole. Pour tout bagage, il emmène la vierge qui ornait la chapelle de son village, icône adorée, entourée d’une belle légende moyenâgeuse.
Roman foisonnant, empreint d’humour noir et de mélancolie, par un grand auteur cubain.
Véronique
Paru en juin 2020. Traduit de l'espagnol (Cuba) par Elena Zayas. Existe aussi en version numérique.
1948, Atlanta. Huit policiers “de couleur“ sont, pour la première fois dans l’histoire, engagés pour intégrer le corps de police de la ville alors que des lois ségrégationnistes sont toujours d’application. Ce polar nous entraîne donc auxÉtats-Unis et dresse le portrait de cette époque où des lois restreignaient fortement la liberté de certains êtres humains. Àla fois un très bon roman historique mais également un excellent polar, car l’intrigue est bien ficelée. Un livre qui se dévore.
Catherine M.
Par en mars 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Marie Carrière. Existe aussi en version numérique.
Arcadie est un roman fou, déjanté, virtuose. Mené tambour battant, il nous invite dans une communauté libertaire et végétarienne, sorte de cour des miracles en marge de notre société. Gorgée de liberté, la narratrice Farah se cherche dans cet univers qui gravite autour de la figure d’Arcady, quinquagénaire irradiant d’un pouvoir d’attraction sublime aux yeux de la fillette, qui devient adolescente. Dotée d’un physique hors normes, elle doit s’émanciper, se forger une identité, tracer sa propre voie. Il est question de sexe, de frontières, de migrants, d’utopie, de contradictions, de pastèques, d’électrosensibilité. Et d’amour !
On retrouve avec plaisir l’humour d’Emmanuelle Bayamack-Tam, son enthousiasme verbal, celui d’une auteure qui n’a peur de rien. Le livre est prenant, atypique, touchant et drôle. Plaisir et même jubilation au rendez-vous.
Natacha
Paru en mai 2020. Existe aussi en version numérique.
Laissez-vous emporter par la nature sauvage d’Alaska dans ce roman captivant, légèrement étrange et brillamment écrit. Tracy est une jeune femme de 17 ans, connectée de manière très singulière à la faune qui l’entoure ; un don hérité de sa mère décédée un peu plus tôt. Contre l’avis de son père, ancien champion, elle prépare une grande course avec ses chiens de traîneaux. Attaquée par un inconnu dans la forêt lors d’une promenade, Tracy se réveille couverte de sang et persuadée d’avoir tué son agresseur… Une histoire hypnotique, qui met en scène des personnages mystérieux et qui sort des sentiers battus.
Hélène
Paru en juin 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jacques Mailhos. Existe aussi en version numérique.
Roman qui se dévore, La vraie vie brosse le portrait d’une famille dans laquelle la fille aînée refuse dès l’enfance d’être fataliste face à l’ambiance de terreur installée par leur père. Enfants, la narratrice et son petit frère assistent à un accident choquant qui les traumatise, surtout le petit Gilles, dont les yeux cessent alors de sourire. Mais le pire est peut-être à l’intérieur de leur propre maison... Est-ce dans les yeux de la hyène empaillée ramenée par leur père d’une de ses expéditions de chasse ? Avec une détermination à couper le souffle, la jeune fille déploie toute son énergie pour rendre à son jeune frère le rire qu’il a perdu.
Adeline Dieudonné nous tient en haleine de bout en bout et déploie un très beau sens de la formule enfantine puis adolescente, nous tirant des larmes et des sourires et nous poussant à lire ce roman d’une traite !
Natacha
Paru en mai 2020. Existe aussi en version numérique.
Saga familiale, écriture incisive, personnages aussi attachants que cruels, plongée dans l’Amérique. Voici un livre dense où les époques s’entremêlent, où petite et grande histoire se croisent, une lecture qui marque, qui nous emporte dans un tourbillon. Extrêmement touchant, prenant.
Un roman de 600 pages où on ne s’ennuie pas une minute.
Catherine M.
Paru en janvier 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Mathilde Bach. Existe aussi en version numérique.